Chapitre 9

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Sonnerie....



– Bonjour, madame. Je suis à la recherche d'Emma.

– Qui êtes-vous ?

– Nathalie Parker.

– Ah, vous êtes la fameuse Nathalie. Excusez-moi, je l'ignorais. Mademoiselle Emma vous attend dans sa chambre. Venez, je vous y accompagne.

– Merci.

Elles gravirent les escaliers, et madame Spencer frappa à la porte.

– Mademoiselle Emma, je suis avec Nathalie.

Emma ouvrit la porte, un sourire illuminant son visage à la vue de son amie.

– Salut, ma belle. Tu peux entrer. Merci, madame Spencer, vous pouvez disposer.

– De rien, mademoiselle. En fait, j'oubliais. À 10 heures, je devais faire les courses pour le dîner de ce soir. Je ne reviendrai pas avant 18 heures. Vous avez besoin de quelque chose ? dit-elle en les fixant tour à tour.


– Oh non, ne vous inquiétez pas. On se débrouillera toutes seules comme des grandes, rassura Emma.

– Bon d'accord. À plus, mesdemoiselles, et passez une bonne journée.

– À plus !

La servante se retourna, et Emma referma la porte. Elle constata que son amie était préoccupée.

– Pourquoi cette mine ? Il y a quelque chose ? interrogea-t-elle.

– Pas très accueillante, la vieille.

– Madame Spencer ? Non, ne t'inquiète pas. Elle est juste un peu sur ses gardes. Elle est plutôt sympa et protectrice.

– Si tu le dis. Tu as dit quoi à tes parents pour qu'ils te croient ?

– Juste qu'on n'avait rien de concret à faire aujourd'hui à l'école et que toi et moi devions organiser un exposé de classe.

– Parfait. J'espère qu'on est seules.

– Pas une mouche ici. On est toutes seules.

– Bien, mon chaton.

– Quoi de prévu aujourd'hui, dit Emma toute excitée.

– On va s'éclater comme des folles.

– Que la fête commence !!

Nathalie alluma la musique à fond, et les deux se lancèrent dans une danse effrénée. Emma sortit sa boîte de maquillage, une pratique rare pour elle, étant peu familière avec cet art. Nathalie lui tendit la main, et elles expérimentèrent des looks séduisants, immortalisant le tout avec des photos que Nathalie ne tarda pas à partager, accompagnées du hashtag « Amies pour la vie ». Dans l'euphorie, Emma passait un moment agréable avec son amie. Pour ajouter du piquant à la journée, Nathalie prit les mains d'Emma et l'entraîna dans la cuisine.

– On cherche quoi ici !? questionna Emma toute excitée.

– De l'alcool, ma belle. Quoi ? Ne me dis pas que vous n'en avez pas dans cette grande maison.

– C'est que... j'y suis pas habituée... ou plutôt... j'en ai jamais pris.

– Tout commence par un début, ma beauté. Tu vas adorer. Je vais t'apprendre à faire des cocktails ? Tequila ?

– C'est par ici.

Nathalie avait le savoir-faire. Emma l'observait avec admiration. En quelques minutes, elles se servirent et trinquèrent. Emma, initialement hésitante, se laissa emporter par le goût. Elles riaient, s'amusaient. Dans sa chambre, Emma s'installa dans le lit et s'endormit. Nathalie, quant à elle, était encore en pleine vigueur. Elle entreprit de fouiller dans les affaires d'Emma, quand soudain un bruit retentit. Prise de peur, elle sortit doucement de la chambre.
– Madame Spencer... Emma, tu es là, ma puce ?

Une voix résonna, figeant Nathalie. C'était Hector. Un soupir de soulagement s'échappa d'elle avant de descendre en sa direction.

– Bonsoir, Monsieur Hector. Emma s'est endormie, et Madame Spencer est sortie, murmura-t-elle doucement, un sourire espiègle persistant sur ses lèvres.

– Pourquoi es-tu seule dans ma maison ? Et Emma ? Pourquoi dort-elle à cette heure ? Ce n'est pas dans ses habitudes. Excuse-moi , je dois voir ma fille.

Hector gravit les escaliers d'un pas lourd, pénétra dans la chambre, et constata que sa fille dormait paisiblement. Pendant ce temps, Nathalie s'affaira avec empressement dans la cuisine pour rectifier le désordre qu'elles avaient créé, puis revint à sa position initiale. Hector ne voulait pas perturber le sommeil de sa fille et quitta la chambre. Il redescendit ensuite.

– Vous voyez que j'ai raison, dit Nathalie d'une voix calme.

– J'espère qu'elle va bien, ce n'est vraiment pas dans ses habitudes de dormir tôt. Elle a l'air très fatiguée.

– Hum... On travaillait sur un exposé, elle et moi, et elle ne pouvait plus tenir, elle était très fatiguée. Vous savez, votre fille dort moins ces temps-ci à cause des examens que nous avons passés. Moi, je suis habituée à veiller, mais elle, par contre, je n'y pense pas.

– Je vois, je comprends. J'avais laissé quelques dossiers à la maison. J'irai les prendre et reviendrai, j'ai beaucoup de travail.

– Un instant.

– Oui, Nathalie ? Tu as quelque chose à me dire ?

Elle s'approcha de lui, posa délicatement sa main gauche sur les épaules de Hector et renifla doucement son cou.

– Je voulais juste sentir votre parfum. Il est très excitant... hum.

Hector retira ses épaules, surpris par ce geste inattendu.

– Qu'est-ce que tu fais ?

– Vous n'aimez pas ? Vous devriez... vous êtes tellement craquant, insista-t-elle en tentant de l'embrasser.

Il recula en arrière, la repoussa fermement et lui dit d'une voix tranchante :

–Plus Jamais . Je ne veux pas revivre cette scène. Je ne sais pas ce qui te traverse l'esprit, mais l'odeur d'alcool émane de toi. Rentre chez toi immédiatement. Je m'occuperai de ma fille.

– Comme vous voulez, répondit Nathalie, déçue. J'essayais juste de vous aider. Je sais que vous et moi avons une longue histoire devant nous. Ça se voit que vous craquez pour moi, haha. Je l'ai su depuis le premier jour où nos regards se sont croisés, Monsieur Hector. Je vois l'étincelle dans vos yeux.

– Tu es folle. Dehors !

– Bisous. Muah.

Elle éclata de rire, se dirigea vers la chambre d'Emma, prit ses affaires, et toujours en riant, quitta la maison. Hector ne la quitta pas des yeux, perplexe. Était-elle sous l'emprise de l'alcool, ou était-elle sérieuse ? Comment osait-elle, cette gamine, lui faire des avances ? Décidément, comme sa femme, il n'appréciait pas la nouvelle compagnie de sa fille. Cette fille est un mauvais exemple. Il retira sa cravate, s'assit sur le canapé, choqué et sous les nerfs. Il attendrait que sa fille se réveille pour avoir une conversation avec elle.

Deux heures après l'incident, Emma se réveilla avec une migraine. Elle découvrit sa chambre en désordre, se souvint de la présence de son amie, l'appela sans obtenir de réponse. Remarquant l'absence des affaires de Nathalie, elle descendit et trouva son père sur le canapé en train de travailler.

– Papa, t'es rentré ?

– Oui, ma puce. Ça fait un moment déjà, déclara son père en la fixant.

– Et Nathalie, tu l'as vue ?

– Viens t'asseoir à côté de moi. J'ai quelque chose à te dire.

Emma s'approcha de son père et prit place à ses côtés.
– Tu as bu de l'alcool ?

– Euh... Non... enfin oui... juste un peu.

– Ce n'est pas dans tes habitudes, ma chérie. Qu'est-ce qui ne va pas ? En rentrant, j'avais oublié quelques dossiers à la maison et j'ai trouvé Nathalie presque dans le même état que toi. Je lui ai ordonné de rentrer chez elle.

– Tu l'as renvoyée ? Papa, tu as renvoyé mon amie ?, s'exclama Emma en haussant le ton.

– Cette fille a une mauvaise influence sur toi, et je ne la sens pas du tout. Tu ferais mieux de t'éloigner d'elle, et tu n'hausses pas le ton quand tu me parles, jeune fille !

– Je rêve ! Vous vous plaignez que je traîne seule, et lorsque je trouve une amie qui m'aime et qui me correspond, tu ne trouves rien de mieux que de la renvoyer et de m'interdire de la voir sans aucune raison valable !

– Sans aucune raison valable ? Cette fille s'incruste chez nous, te force à boire, et Dieu seul sait dans quelle horreur elle a pu t'entraîner. Tu n'es plus la même ces derniers temps. Tu boudes et t'énerves pour rien. Elle a une mauvaise influence sur toi, et je ne veux plus la voir ici. Point final.

– Premièrement, elle ne s'est pas introduite ici. Je l'ai invitée parce qu'on avait un exposé à faire tous les deux. Deuxièmement, elle ne m'a pas non plus forcée à boire. Je l'ai fait toute seule, comme une grande. J'ai dix-huit ans, je te rappelle, et je suis une grande. Et dernièrement, j'en ai marre. Marre de jouer à la petite fille modèle, marre que vous décidiez tout le temps à ma place, que vous choisissiez qui peut rester dans ma vie. J'ai le droit de vivre ma propre vie. Nathalie est la seule qui se soucie réellement de moi. Elle me protège et me comprend. Elle a été là pour moi quand vous deux étiez occupés. Je lui serai toujours reconnaissante et jamais, je ne l'abandonnerai. Jamais, papa. Jamais de la vie.

Au bord des larmes, elle courut dans sa chambre. Hector était déboussolé, éprouvant pour la première fois une sensation d'impuissance. Il appela son ami.

– Oui, Tony. J'espère que tu vas bien. Tu te souviens de la fille dont je t'ai parlé... La nouvelle amie de ma fille.

– Oui bien sûr. Celle que tu avais l'impression d'avoir rencontrée quelque part ?

– Oui, c'est bien ça. Je veux finalement que tu enquêtes sur elle et que, si possible, tu mobilises tes hommes pour la suivre. Je t'en revaudrai cela, mon frère.

– Mais avec plaisir. Tout est sous contrôle.

– Parfait.

Il raccrocha le téléphone. Il était résolu à découvrir qui était réellement cette Nathalie, pourquoi il avait l'impression de l'avoir croisée quelque part, et quelles étaient ses véritables intentions. Il devait, coûte que coûte, protéger sa fille.



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