Quand maman retente l'aventure de la plage (sans doute parce qu'elle est un peu maso)

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17h30 : Etant une maman formidable, je ne m'avoue jamais vaincue. Jamais. C'est pourquoi j'ai décidé, ce soir, de retourner à la plage avec mes chers enfants. Pas de sea, sex, and sun, non, plutôt du sea, childs, and sun. Je sais, ça donne moins envie.

Naïve que je suis. Comme s'il y avait une chance que les choses aient changé depuis la veille.

17h45 : On sort du parking. Bidule 1 ne veut donner pas donner la main à Bidule 2. Bidule 2, vexé comme un pou, pleure et décide de se rouler par terre sur le trottoire. Je sens les nerfs qui montent. Par chance, le chien d'un passant, dont l'autorité est manifestement supérieure à la mienne, règle la situation de manière inopinée en allant renifler Bidule 2. Mort de trouille, ce dernier se relève et se remet en marche, aggripé à ma jambe.

Ô joie.

17h50 : Ayant pour habitude de tirer des leçons de mes erreurs, cette fois, tout le monde est déjà en maillot.

Pas de pipi ni de caca intempestifs.

Pas d'affaires éparpillées sur la plage.

Pas de larmes de crocodile.

Je suis un génie.

17h55 : "Maman, y'a de l'eau partout."

"Oui, mon chéri, c'est le principe de la mer."

18h : "Regarde, maman, le monsieur i plonge. Je vais plonger moi aussi."

Aussitôt dit, aussitôt fait, ma fille saute dans l'eau. Heureusement que je suis là pour la repêcher. Je ne garde de cet élan qu'une forme de bravoure quand d'autres pourraient arguer de stupidité.

18h05 : Non, je n'ai pas laissé les brassards à la maison. Ils ont fait les bébés nageurs, ils sont donc particulièrement à l'aise dans l'eau. Oui, ça fait mieux de dire ça que "j'ai encore oublié un truc."

18h10 : Je n'ai pas non plus oublié les pelles et les seaux, j'estime simplement qu'il est préférable de laisser leur imagination travailler.

18h15 : L'imagination travaille bien. Ils ont pris un bain de sable. Evidemment, ils pleurent. On va se rincer, il n'y a plus de sable. Evidemment, ils pleurent à nouveau.

18h25 : Je suis allongée dans l'eau, sur le ventre, les mains ancrées dans le sable pour me maintenir. Mes chérubins étant particulièrement créatifs, leur imagination se révèle encore.

"Oh, une maman bateau !"

Moins de trois secondes plus tard, 25 kg de marmaille atterisse sur mon dos. Heureusement que la pesanteur n'est pas la même dans un liquide que sur la Terre ferme.

"Allez, avance, maman !"

J'avance, ma chérie, j'avance.

Ils sont formidables quand même, mes petits. Ils pensent même à me faire faire mon sport. Quelle chance j'ai.

"C'est le bateau-pirate ! Allez, on va sauver les gens !"

Non, mon ange, on ne peut se sauver que soi-même, les autres se démerdent. Crois-moi, parole de femme, ça t'évitera un certain nombre d'emmerdes.

18h35 : "Regarde, des bateaux là-bas !"

Elle me montre les engins, des vrais, pas une transformation maternelle en objet de transport, et, tout de suite, je perçois un truc fondamental. Ils sont loin, les bateaux. Très loin.

"On va les voir ?"

Je sais bien, je suis encore une héroïne à leurs yeux, mais, parfois, il faut pouvoir exposer nos limites très clairement.

"Je peux pas nager aussi loin, ma chérie. On ira les regarder plus tard."

Genre, jamais. C'est bien, jamais.

" On pourra monter dessus ?"

"Non mon ange, ce ne sont pas nos bateaux. On ne peut aller que sur celui de Vanou et de Yvan."

Ma fille me dévisage, perplexe. Si mon fils a tout pigé du capitalisme, elle semble davantage versée vers le communisme. Les futurs repas de famille vont être charmants.

18h45 : "Maman n'a qu'une boucle d'oreille."

Et merde. Ce soir, ce n'est pas une crotte qui voguera, mais une boucle qui coulera. Je me demande ce qu'en diront les générations futures quand ils découvriront le truc. J'aurais aimé leur offrir un histoire passionnante, genre un remake du Titanic version XXIème siècle, mais le bijou est en toc et Jake a disparu. Pas de bol.

19h : "On rentre !"

Je les écoute répondre "non" en coeur, émue. Il faut se satisfaire des moments où ils sont en accord, c'est si rare.

19h15 : On est rentrés. La voiture est dégueulasse, pleine de sable. Je leur ai demandés d'attendre dans l'entrée pendant que je l'époussetais grossièrement. Comme on pouvait s'y attendre, ils ne l'ont pas fait. Maintenant, la maison aussi est pleine de sable.

19h30 : "Maman a des gros cotons blancs"

Je cherche, je cherche, et je ne trouve pas du tout de quoi elle parle. Dépitée, je suis son regard. Soudain, tout s'éclaire. Je suis en soutien-gorge blanc, en train de m'habiller après une douche salvatrice tout en essayant de ne pas faire cramer le repas.

"Ce sont des seins, ma puce."

"Maman a de gros seins".

Si j'ai pu entendre cette phrase dans quelques bouches, je n'aurais jamais cru qu'elle sorte un jour des lèvres de mon enfant. Comme quoi, la vie est pleine de surprises.

19h45 : Je ne suis pas en forme.

"Pourquoi elle est triste, maman ?"

Je décide de sauter sur cette occasion pour leur apporter une nouvelle leçon de vie : trouver du beau, même dans le mauvais.

Imany, Silver lining. Elle passait à la radio quand je rentrais. Elle es tout à fait appropriée.

There’s always a Silver Lining
Bless those who know what that is
We think we need everything
But the love’s found in a wrong kind of dreams
There’s always time to ask for help
There’s always space to find your ways
At times you wait for the storms ahead and
Sometimes you hide or you run away
All Clap Your Hands
All Clap Your Hands
All Clap Your Hands
GO Ahead, Clap Your Hands
All Clap Your Hands
All Clap Your Hands
All Clap Your Hands
Let GO, Clap Your Hands

Because we’re afraid of losing
We have lost the meaning of sharing
But with love there is something to win
Today my love be as hard as it seems
There’s always room to make mistakes
Not always time to make a mend
There is no shame to ask for help and
There’s always hope in a lending hand
All Clap Your Hands
All Clap Your Hands
All Clap Your Hands
Let GO, Clap Your Hands
All Clap Your Hands
All Clap Your Hands
All Clap Your Hands
Let GO, Clap Your Hands
Take your chance
Take your chance
Don’t be scared to make a change

On chante, on tape des mains, on danse. La bouffe est cramée, comme des milliers de trucs dans ma vie, mais on s'en fout. On est bien.

Profitons le temps que ça dure.

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