Chapitre 47 - En amoureux

6 minutes de lecture

Aujourd’hui, nous sommes samedi et ça fait une semaine que je suis blessée. Malgré ma bonne humeur et les recommandations du docteur, ma blessure ne guérie pas aussi rapidement que je le voudrais. En effet, il faudra au moins deux mois d’après les pronostics pour que je remarche normalement.

Vicente ne travaille pas mais il garde à l’œil son organisation à l’aide de son téléphone. Il faut dire que les choses peuvent rapidement changer. Le criminel pense que des chargements de drogues peuvent être attaqués.

Les quartiers sont calmes en ce moment grâce aux milices de l’organisation qui s’occupent de régler les problèmes. La pantera tient à ce que les choses fonctionnent correctement sans violence gratuite de la part de ses hommes. Il existe même des genres de tribunaux au sein des quartiers afin de juger de façon équitable les fauteurs de troubles.

- Nous passerons la journée en ville rien que tous les deux, m’indique-t-il lorsque nous descendons la montagne dans sa voiture de sport.

- Je suis contente de sortir d’ici.

- Tu n’aimes pas l’endroit ? raille-t-il en levant un sourcil.

- J’ai connu mieux, je réplique en riant.

Vicente sourit en regardant la route. Je suis sûre qu’il doit être en train de penser que je suis une princesse qui n’a pas l’habitude de vivre dans des endroits sans aucun luxe. Heureusement que nous sommes en été car en hiver, j’aurais pu choper des microbes et m’abimer les os à cause de l’humidité.

- La maison a du potentiel alors c’est dommage qu’elle ne soit pas dans un meilleur état, je me défends. Avec tout l’argent que tu possèdes, tu pourrais même construire une porte blindée en or.

- Si je faisais ça, la planque ne serait plus secrète, analyse le criminel. Je n’ai pas confiance à tous les employés qui viendraient sur le chantier. Un d’entre eux donnerait forcément une information capitale.

- Comment savoir que c’est toi si tu n’es jamais sur les lieux ? je questionne avec étonnement.

- Il y a toujours une trace quelque part princesa, personne n’est un fantôme même moi, dit-il l’air sombre. Je sais qu’un jour où l’autre, je finirais par tomber, mon identité sera découverte. Ce jour-là, je devrais passer la main et tout arrêter avant que je finisse en prison ou mort.

- Pourquoi ne pas arrêter maintenant ?

- J’ai vécu une grande partie de ma vie dans la violence. C’est comme une dépendance, je ne peux pas partir et abandonner tous les gens qui comptent sur moi pour avoir une vie meilleure. L’argent de l’organisation est dissimulé dans mon entreprise financière pour la faire tourner.

Je comprends que le criminel soit piégé dans ce cercle. Toutefois, je suis inquiète de vivre avec une personne qui risque de mourir à tout moment. Au fond de moi, j’aimerais qu’il reprenne une vie normale mais Vicente est très attaché à sa cause. Il voue sa vie aux autres pour rendre leur existence meilleure.

La voiture prend le périphérique pour rejoindre la ville de Mexico. Nous arrivons dans un parking souterrain pour garer le véhicule.

Je marche lentement, ce qui désespère le criminel. Il finit par me faire grimper sur son dos immense avec mes béquilles dans une main. Les gens nous regardent dans la rue mais ils sont intimidés par la taille du criminel : un mètre quatre-vingt-dix-huit m’a-t-il dit un jour.

- Où tu veux qu’on aille ? je demande après avoir mis mes lunettes de soleil.

- Dans un escape game qui vient d’ouvrir, m’indique-t-il. Avec ton pied, on ne peut pas faire des trucs complètements fous comme du parapente ou de l’escalade dans les montagnes.

- Ton nouveau programme me convient, j’approuve en vomissant rien qu’à l’idée de devoir encore faire des trucs dangereux.

Je sais que pour mon amoureux, le risque est quelque chose qui fait partie de sa vie. Même s’il ne l’avouera jamais, il aime l’adrénaline produit par le danger et l’euphorie. Nous sommes différents sur ce point car je préfère le calme et la douceur.

Vicente n’a pas pris la peine de prendre un sac, tout est sur son téléphone dernier cri. Au contraire, je n’aime pas partir sans rien sur le dos. Je prévois toujours du ravitaillement et des objets utiles comme des mouchoirs.

Le thème de nos salles tourne autour des zombies. Evidemment, je devais me douter qu’il allait choisir un sujet aussi glauque et angoissant. L’animateur a accepté de me donner une chaise pour que je puisse m’asseoir.

La pièce est morbide avec du sang partout et aménagé comme un laboratoire. Nous devons trouver le code du remède pour pouvoir sortir.

- Je te dis que ce n’est pas le bon ordre ! je réplique après que Vicente tape plusieurs numéros pour déverrouiller la porte de la seconde salle.

- Je suis certain que c’est ça, on a suivi toutes les indications, s’énerve-t-il.

Je m’approche du digicode puis je tente plusieurs combinaisons avant que le voyant s’allume en vert. Je lance un sourire amusé à mon amant qui grommelle de mécontentement.

- Bien mademoiselle l’intello, dit-il. Quel est le nouveau code avec tous les éléments que nous avons trouvé ?

Vicente ne se donne même plus la peine de réfléchir et croise les bras en attendant que je lui donne une réponse. Je suis certaine qu’il est vexé de ne pas avoir réussi la dernière fois. Son égo est fragile comme chez la plupart des hommes.

- Bravo petit génie, me complimente-t-il à la fin de la partie. Grâce à toi, nous ne sommes pas morts dévorés par les zombies.

- Pas la peine d’être contrarié, je souffle.

- Je suis juste énervé que certaines énigmes soient si chiantes à résoudre, grogne mon amant. Mais je suis fier de toi, tu es digne de pouvoir travailler dans mon entreprise.

Le criminel me fait un clin d’œil et je lève les yeux au ciel. Maintenant, il est l’heure de manger alors nous choisissons un restaurant qui sert d’excellente tartines avec des légumes et de la viande. Bien sûr, Vicente prend une énorme tranche avec du bœuf et des oignons alors que je sélectionne uniquement des légumes.

- J’ai besoin de beaucoup manger, se justifie mon amoureux. Vu mon gabarit, tu comprends que je ne peux pas grignoter comme une fille.

Face à son arrogance, je lui donne une tape sur l’épaule. Je lui pique les frites qu’il a pris en supplément et il me fait les gros yeux.

- Tu veux vraiment jouer à ça ? demande-t-il en plissant les paupières.

Je lui réponds avec un sourire énigmatique avant de lui en chiper une autre. Pour se venger, le criminel me vole un bout de poivron.

- Tu abuses Marina ! s’exclame-t-il quand je lui prends le dernier bout de sa tartine.

A la vitesse de l’éclair, il se l’approprie puis l’engouffre sous mon regard amusé. La manière dont il a englouti la nourriture est vraiment drôle.

Une fois que nous avons fini de faire les enfants à table, Vicente me conduit au musée d’histoire naturelle de la ville.

- Je n’aime pas trop les musées, ils sont remplis de trucs chiants mais celui-là, je le trouve cool depuis que je suis gamin, explique-t-il.

L’homme que j’aime ne me porte plus sur son dos et je fais la visite en béquille pour bouger un peu. Je ne pensais pas que marcher normalement me manquerais autant. Utiliser des objets pour marcher n’est franchement pas la chose la plus agréable. Mes coudes me font mal lorsque je marche trop longtemps avec.

- Tu ne trouves pas que cet animal a un nez de souris ? demande-t-il en pointant une espèce d’hérisson du doigt.

Je pouffe de rire en constatant l’imagination du criminel. Depuis le début de notre visite, il s’amuse des animaux étranges qu’il voit. Il aime bien les comparer entre eux.

- T’imagines si notre enfant devenait comme toi ? je me moque.

Vicente cesse ses plaisanteries et se tourne vers moi en serrant les poings et la mâchoire. Constatant que j’ai sûrement fait une gaffe, je reste muette.

- Je n’aurais jamais d’enfants, dit-il sèchement.

L’ambiance est un peu tendue alors que mon amant s’éloigne pour observer les insectes. Je ne pensais pas que c’était quelque chose de tabou chez lui. De plus, j’ai sortie ça de façon naturelle, sans réfléchir.

Je me rapproche de mon amant qui semble s’être détendu. Il observe calmement les papillons et je lui demande quel est son préféré.

- Le noir, il me fait penser à une panthère, dit-il en souriant sournoisement pour que je saisisse l’ironie.

- Le miens c’est le vert car il a la même couleur que tes yeux, je réponds à mon tour.

Vicente me prend doucement la main puis nous nous éloignons dans le jardin du musée pour nous rafraichir à la fontaine. Le soleil brille au-dessus de nos têtes tandis que nous nous embrassons près des pieds de rosiers, symbole de la passion.

Annotations

Vous aimez lire WrittenByChloé ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0