Chapitre 43 - Déclaration

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Vicente n’a pas quitté mon chevet depuis que je suis à l’hôpital. Il est très attentif et n’hésite pas à m’apporter tous ce que je demande. Hier, j’ai eu une envie de donuts et il est sorti pour m’en acheter. Pendant ce temps, Lejos s’occupe de coordonner discrètement les différents réseaux de l’organisation.

Aujourd’hui, je peux sortir de l’hôpital. J’ai respecté les consignes des docteurs afin d’accélérer ma guérison. Même si physiquement je ne suis pas au top, la présence de mon amant est un baume au cœur. Quand le mental va bien, le corps ne peut que suivre le rythme de la cicatrisation.

Le docteur entre dans la chambre suivit de l’infirmière. Cette dernière me retire mon intraveineuse puis prend ma température.

- Je suis satisfait de l’évolution de vos blessures, entame le docteur en observant sa feuille en hochant la tête. Je vais faire remplir un bon de sortie mais vous devez absolument vous reposer. Je vous donne des béquilles pour que vous puissiez marcher, c’est très important de ne pas rester immobile.

- Trouvez un juste milieu, marchez un peu tous les jours ça vous fera du bien, ajoute l’infirmière.

- Très bien merci beaucoup.

L’employée m’indique que je peux quitter la chambre une fois prête mais que je dois prendre mon temps. Vicente me donne quelques affaires qu’il a ramené. Je lui fais signe de se tourner puis je retire la blouse d’hôpital.

Je déteste ce truc et je suis bien contente de ne plus le sentir sur ma peau. A place, je mets tant bien que mal une culotte propre et un short élastique. Une fois que je suis habillée, je me redresse en posant mon pied valide au sol.

Vicente se précipite vers moi pour m’aider à me lever. Je parviens à m’asseoir sur les toilettes de ma salle de bain. Ensuite, je me brosse les dents et les cheveux. Le criminel range mes affaires dans un sac puis m’assiste pour mettre une basket à mon pied.

A l’aide des béquilles, je rejoins la voiture de mon amant dans le parking. Je suis un peu dégoutée de ne pas pouvoir marcher normalement mais je suis contente d’être en vie. En effet, sur ce coup-là je l’ai échappé belle.

Le criminel se dirige dans un endroit encore plus reculé que le quartier où se trouvait notre villa. Le véhicule finit par s’arrêter devant une maison à moitié perché dans la montagne. Elle est moins luxueuse et plus cosy. Les arbres peuvent la cacher et seul un petit chemin de terre permet d’y accéder.

La maison est plus petite et encore plus vide que la villa. La baie vitrée donne accès à une piscine dont l’eau est verte et la terrasse mal nettoyée. Cet endroit a du potentiel donc c’est dommage qu’il soit dans cet état.

Je m’installe tranquillement sur un transat à l’ombre pour profiter de l’extérieur. Vicente revient quelques instants plus tard avec un verre d’eau fraiche.

- Tu te montres vraiment très serviable et gentleman, je fais remarquer un sourire sur les lèvres.

- Je n’ai pas toujours été un gros connard, répond-t-il en s’asseyant sur le transat d’en face. J’aurais dû bien me comporter dès le début au lieu de faire le gars égoïste et imbuvable.

Je bois le verre d’eau alors que mon amant m’observe.

- C’est fou ce que l’amour peut changer les gens, remarque-t-il. Je ne pensais pas que ce sentiment pouvait être aussi fort.

- Tu n’as jamais été amoureux ? je questionne en haussant les sourcils.

- Non jamais, j’étais trop occupée à conquérir des territoires, plaisante le criminel en riant. Mes relations avec les femmes n’ont jamais été très développées et j’ai toujours refusé d’avoir une copine jusqu’à aujourd’hui.

Vicente tend la main pour me caresser les cheveux. Je me redresse pour venir m’asseoir sur ses genoux et me blottir contre son torse. Il est tout d’abord surpris mais il finit par m’entourer avec ses bras.

- Je veux profiter du temps qu’il me reste avec Lino avant d’aller aux côtés du financier Alcarón, je murmure en fermant les yeux et en respirant son odeur.

Je peux sentir son cœur battre contre mon dos.

- C’est la seule façon de te protéger princesa.

- D’où tu sors ce surnom ?

- Tu ressemblais à une princesse lorsque je t’ai enlevé. Avec ta valise de marque et tes airs de petites filles modèles, j’ai trouvé que c’était ce qui te convenait le mieux même si ton innocence m’énervait. Au final tu ne connaissais rien de ce milieu est c’était bien mieux comme ça.

- Maintenant c’est trop tard, je souffle.

Vicente me serre contre lui et je m’accroche à son t-shirt comme si j’allais le perdre. Ce sentiment de plénitude qui m’envahit contraste avec la tempête qui s’emparait de moi quelques jours plus tôt. Je suis de plus en plus persuadée que je ne peux pas vivre sans lui.

- Je ne t’ai pas raconté toute la vérité, soupire-t-il le cœur battant de plus en plus vite.

Je me redresse pour pouvoir capter son regard mais ses yeux observent la piscine sale. Est-ce grave ? La nervosité se fraye un chemin dans mon corps. Le criminel s’empare de l’une de mes mains pour les empêcher de trembler. Sa paume est si large par rapport à la mienne.

- Ça concerne ma famille, reprend-t-il. Je ne t’ai pas parlé de mon petit frère, Santiago qui avait un an et demi de moins que moi. Je m’entendais très bien avec lui et je m’en suis toujours voulu de ne pas l’avoir écarté de ce monde de criminel. Mais il voulait faire comme moi et papa alors je l’ai laissé faire.

- Que s’est-t-il passé ? je demande. Comment est-il mort ?

Vicente baisse la tête sur ses chaussures, son regard vert perdu dans un autre monde. Toute la douleur qu’il ressent m’atteint et je ne peux m’empêcher de me dire que cette mort est la plus traumatisante.

- Un groupe criminel avec qui on avait des accords s’est retourné contre nous afin de prendre l’ascendant, poursuit-il. De terribles massacres ont eu lieu il y a huit ans. Le gouvernement a même fait appel à l’armée. La bande rivale voulait se venger de tous ses morts tout comme nous, alors une terrible vendetta sans fin a débuté. C’était peu après la mort de mon père que j’ai engagé de nombreux hommes pour mettre fin à tous ce cirque. Mon frère a participé à de nombreuses batailles mais il a disparu.

- Alors il n’est pas mort ?

- Pendant plusieurs années un calme oppressant régnait dans la ville entre les gangs. Une adresse m’est parvenu alors je suis allée sur les lieux pour retrouver mon frère. Avec une grande armée, je suis arrivée dans un vieil endroit désaffecté. J’ai à peine reconnu Santiago. Il avait été découpé en morceaux, torturé et ses entrailles ont été éparpillé dans la pièce. Peu de temps après, j’ai reçu sa tête dans une boite en carton.

Le criminel commence à trembler et je vois des larmes de colère perler autour de ses yeux. Je lui caresse doucement le bras pour le rassurer mais d’une voix dure il continue.

- Après ça, j’ai fait massacrer tous nos adversaires. Il n’en reste aucun à l’heure d’aujourd’hui. Cet évènement est au cœur de la légende de La pantera. La mort de mon frère a changé quelque chose en moi et je suis devenu une personne sans pitié. Mais les anges ont été indulgents envers moi et t’ont mis sur mon chemin.

Mon amant me regarde dans les yeux puis pose son front contre le mien. Je n’ose même pas imaginer la scène de la mort de son frère. Je connais la violence et la cruauté de certains cartels et je suis vraiment triste que ce soit arrivé à Santiago. Je comprends pourquoi Vicente a pété un câble et s’est réfugié dans El Barrio.

- Tu m’as apprise à être plus forte, j’ajoute. Tu m’as apporté bien plus que tu ne m’as enlevé de choses.

Il secoue la tête pour me faire signe qu’il ne me croit pas. Pour lui, je l’ai sauvé et ça ne va pas dans les deux sens. Il doit probablement se sentir coupable me m’avoir fait endurer autant de souffrance. Pourtant, j’ai tout oublié aujourd’hui car mon cœur est rempli d’amour pour cet homme.

- Je t’aime Marina et j’aimerais rester toujours à tes côtés pour apprendre à être quelqu’un de bien, me confit-il.

Nous nous redressons en même temps pour nous embrasser. Le baiser est doux et rempli d’amour. Je ne regrette pas d’avoir choisi un amour criminel. Mais une part de moi m’indique que les obstacles ne sont pas encore derrière nous.

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