Chapitre 42 - Vivante

7 minutes de lecture

Mon esprit vagabonde et des bandes imagées de ma vie défilent devant mes yeux. Rapidement, je me vois petite puis dans les bras de ma grand-mère, au collège et enfin au Mexique. Ma mère m’engueule encore une fois tandis que mon père fait la sieste sur le transat devant la piscine. Ma sœur range définitivement ses poupées au fond du placard pour me montrer qu’elle a grandi.

J’entends un bruit de plus en plus fort qui me martèle la tête. C’est comme si je n’étais plus dans mon corps. Est-ce que je suis morte ? Ce n’est pas du tout l’image que je me faisais de la mort. Il fait très sombre et je nage dans les méandres de mon passé.

Je commence à paniquer car mon crâne me fait de plus en plus mal et j’ai l’impression que je vais exploser. Soudain, une douleur traverse mon corps. Je cri mais je suis la seule à entendre.

- Marina ? appelle une voix lointaine que je ne suis pas sûre de reconnaitre.

Je fais un effort surhumain pour remonter à la surface. Je commence à sentir mes bras, mes jambes, mon thorax puis mon visage. Après plusieurs tentatives, j’arrive à ouvrir les yeux. Ma vue se trouble à plusieurs reprises mais je finis par y voir plus ou moins clair.

Je suis dans un lit d’hôpital avec une jambe dans le plâtre. Mes membres me paraissent très lourds car je parviens à bouger que de quelques millimètres. J’ai un masque avec de l’oxygène sur le visage et je sens quelque chose dans ma main.

- Marina ! s’exclame une voix masculine.

Je fais basculer tant bien que mal ma tête sur le côté. Je rencontre les yeux verts remplis d’inquiétude de Vicente. Il me serre les doigts avec plus de force tandis que j’essaye de me rappeler pourquoi je suis là.

- C’est normal si elle encore un peu confuse, intervient une infirmière qui vient d’entrer.

- Pourquoi je suis là ? je demande d’une voix pâteuse et faible. Je ne me rappelle pas m’être cassé la jambe en tombant.

Evidemment, je me souviens des hommes qui ont pénétré chez Vicente. Je suis passée par-dessus le balcon mais le corps du chef du groupe séparait mon corps du sol.

- Mademoiselle, vous avez fait une sacrée chute mais aucune commotion cérébrale. Cependant, vous êtes restée deux jours inconsciente et récoltée quelques bleus avec une cheville cassée.

Je cligne des yeux pour observer l’infirmière en train de régler une perfusion que je n’avais pas vu. Ensuite, elle m’indique que le docteur passera me voir dans la journée et que je devrais faire quelques tests.

Je me tourne vers Vicente qui tient ma main contre son visage. Je retire le masque d’oxygène pour respirer plus tranquillement.

- J’ai eu si peur, j’ai cru que tu étais morte, m’indique-t-il d’une voix grave et éteinte. Je t’ai immédiatement amené à l’hôpital avec ma voiture de course. J’ai cru t’avoir perdu pour toujours mais tu as fini par respirer normalement.

- J’ai pensé que j’étais morte moi aussi, je lui confie.

- Si le corps de ton agresseur ne t’avait pas retenu tu te serais brisée la nuque c’est certain, reprend le criminel. Il a amorti ta chute mais ton pied gauche s’est fracassé contre le sol.

Vicente s’approche de moi pour m’embrasser le poignet. L’odeur des antiseptiques de l’hôpital cache les fragrances du parfum de mon amant. Même si j’ai dormi deux jours, je me sens fatiguée et un peu à l’ouest.

- Raconte-moi ce qu’il s’est passé, tu n’étais plus là à mon réveil.

- J’étais parti régler une affaire urgente avec Lejos, explique le regard noir. Toute la base informatique s’est alarmée indiquant que la villa était attaquée. Quand j’ai vu ça j’ai cru que j’allais devenir fou et j’ai immédiatement foncé avec une grosse partie de mes gardes. Nous les avons tous tué et c’est Delgado qui a tiré sur ton geôlier depuis le jardin. J’ai d’ailleurs failli le déglinguer lorsque j’ai cru que tu étais morte.

- Que va-t-il se passer maintenant ? je demande.

- Tu vas rester un peu à l’hôpital puis nous partirons dans une nouvelle base. Elle sera mieux sécurisée et surveillée.

Je le regarde avec des yeux ronds ne comprenant pas ce retournement de situation. Je devais partir il y a deux jours chez mes parents et maintenant, je vais rester à ses côtés ?

- Je ne veux pas me séparer de toi, je te protégerais, avoue Vicente le regard brillant. Tu es la personne la plus importante pour moi et… je t’aime.

Je prends quelques secondes pour enregistrer ce qu’il vient de dire. Ce n’étais pas une illusion, avant que je ne perde connaissance il me l’a déjà confié. Une larme perle sur ma joue avant de se transformer en raz-de-marée.

Vicente se lève puis s’assois sur le lit. Je me colle contre lui tandis qu’il m’entoure de ses bras. Mon corps est encore douloureux mais je retrouve mes capacités motrices. Ma peau est pâle sous la lumière du plafond.

- Comment allons-nous vivre ? je questionne d’une voix éteinte.

- Tu pourrais devenir officiellement la petite amie de Vicente Alcarón, mentionne le criminel. Mais, il ne faudra plus que tu traine avec Lino ni La pantera. Personne ne doit faire le lien car tu pourrais nous mettre en danger tous les deux.

- Je ne peux pas appartenir aux deux mondes, je comprends.

- Si les élites connaissent notre relation, tu pourrais obtenir une certaine protection. Ce sera comme si le monde criminel que tu as fréquenté n’avait jamais existé.

Mon cœur se serre en imaginant une vie aussi opulente et au vu de tous. Je veux être avec Vicente mais serais-je vraiment heureuse en étant la copine d’un financier ? J’aimais bien notre vie secrète même si elle est dangereuse. Mais peut-être est-ce le sacrifice à donner pour un amour criminel ?

Pourquoi ne suis-je pas amoureuse d’un homme normal ? Parfois je me le demande. Aimer une personne telle que Vicente n’est vraiment pas facile. Pourtant, je comprends désormais pourquoi les personnes parlent de l’amour comme la chose la plus puissante du monde.

Je suis très fatiguée tout à coup. Mon amant le remarque et revient sur son siège toujours en me tenant la main. Le soleil est bas dans le ciel mais il reste encore du temps avant que la lune s’impose. Un homme en blouse blanche apparait suivi d’une infirmière.

- Bonjour Marina, je suis le docteur Valero et je vais m’occuper de vous, déclare-t-il.

Il brandit une petite torche qui me brûle la rétine. Je termine l’exercice les larmes aux yeux sous le regard furieux de mon amant. Ensuite, le médecin teste mes réflexes avec un marteau. Il note plusieurs choses dans mon dossier.

L’infirmière me montre une radio avec la fracture de ma cheville. Malgré le choc, la rupture est moins forte que ce que je pensais. Encore une chose à expliquer à mes parents quand je rentrerais. Parce que oui, je rentrerais chez moi à la date prévue. J’attendrais un moment avant de présenter Vicente à ma famille.

- Les résultats sont encourageants, proclame Valero. Vos réflexes sont bons même si vous êtes encore un peu désorientée et sensible au niveau des yeux. Votre sommeil était long probablement dû au fait que votre corps a subit un traumatisme important et qu’il doit se reconstituer. Si tout va bien, vous pourrez sortir après-demain.

Je suis soulagée d’entendre ça car passer un long moment dans cet endroit m’aurait vraiment déprimée. J’ai quelques bleus sur le corps et un énorme bleu sur le pied, mais avec du repos ma cheville cassée devrait guérir.

- Le créneau des visites est bientôt terminé, indique l’infirmière avant de se diriger vers la porte.

Le docteur s’éloigne puis mon amant appelle l’employée avant qu’elle sorte. Il sort une liasse de billet de son sac de sport sous mon regard médusé.

- Laissez-moi dormir ici, ordonne-t-il avec un sourire charmeur.

L’infirmière hésite mais finit par prendre l’argent en hochant la tête.

- Ce n’est pas bien de faire ça, je lui reproche. Je ne te pensais pas capable d’utiliser la le niveau de vie des habitants pour obtenir des faveurs.

- Pour toi je suis prêt à tout, réplique-t-il d’une voix profonde.

Ses yeux se perdent dans les miens et je sens mon cœur battre. La machine émet un bruit strident qui me fait sursauter. Je retire la pince à mon doigt mais l’infirmière qui revient avec un homme m’ordonnant de le remettre. Ce truc trahit les battements de mon cœur.

Une fois le lit de camp installé, Vicente s’affale dessus. Il l’a déplacé pour être le plus proche de moi. Discrètement, il cache sous l’oreiller son arme de poing.

- Pour information, j’ai aussi payé un vigile de l’hôpital pour monter la garde à l’étage, dit-il avec un air innocent.

- Je te reconnais bien là, je ris.

- Réflexe de criminel !

Je baisse le dossier de mon lit car je vais bientôt dormir. Mon amant se met debout pour retirer ses vêtements. Les yeux ronds, je fixe mon regard sur ses abdominaux. Nos yeux se croisent puis il me lance un sourire charmeur.

- Autant que tu puisses te rincer l’œil, dit-il.

Il s’allonge en boxeur sur le lit puis lève le drap jusqu’à mes épaules.

- Tu peux t’endormir tranquille, chuchote-t-il. Je veille sur toi, personne ne te fera de mal.

Annotations

Vous aimez lire WrittenByChloé ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0