Chapitre 37 - Drogue et amour

7 minutes de lecture

Nous descendons du véhicule en même temps que le chauffeur, un mexicain d’une vingtaine d’année. Ensuite, nous pénétrons dans l’immense hangar où travaillent plusieurs dizaines de personnes. Une ombre familière apparait devant nous.

- Salut Lino, s’exclame un homme aussi grand que mon amant.

- Delgado mon ami, réplique Vicente en lui faisant une accolade.

Je me rappelle que Delgado est responsable des livraisons. Je ne sais pas vraiment à quoi il ressemble car il porte un foulard rouge sur le visage.

Je remarque que des hommes sont en train de charger des palettes de fruits et légumes. Je fronce les sourcils en me demandant ce qu’ils sont réellement en train de faire.

- Voilà comment on fait passer la drogue aux Etats-Unis, explique-t-il. On planque des petits sacs de cocaïne à l’intérieur des palettes puis on range le tout dans les camions. Des fois les douanes mettent leur nez dedans mais l’odeur de la marchandise est si forte que ça perturbe l’odorat des chiens.

- Et vous ne vous êtes jamais fait prendre ? je demande surprise.

- Impossible de remonter jusqu’à Vicente, chuchote-t-il après s’être rapproché de moi. Les camions sont aux logos d’une entreprise de location qui n’est au courant de rien afin de limiter les risques de fuite. Ensuite, l’entrepôt n’appartient à personne mais nous l’avons retapé pour faire croire le contraire. Nous en avons plusieurs à travers le Mexique avec des rôles différents.

Vicente me prend par les épaules puis vient me montrer un stand sur le côté où des personnes sont en train de croiser la cocaïne. Il pèse la poudre blanche puis la range dans des sachets. Je note qu’ils font la même chose avec l’herbe. Ils la coupe avec je ne sais quoi puis la mettent dans un pot à côté de différentes épices.

- Ingénieux, je ne peux m’empêcher de faire remarquer.

Le criminel doit probablement lâcher un sourire sous son bandana car ses yeux se plissent.

- Toutes les idées viennent de La pantera, dit-il avec malice.

Mon amant me montre en détails le camion avec la marchandise. J’apprends qu’ils achètent les légumes à des petits propriétaire et qu’ils les revendent de manière légale aux Etats-Unis. Des hommes de La pantera déchargent les palettes dans une bourgade près de Harlingen au Texas. Ensuite, les légumes sont diffusés à travers l’Etat par des collaborateurs réglos tandis que la drogue se disperse dans tout le pays.

- On fait plus ou moins la même chose avec les armes, ajoute-t-il. C’est plus compliqué à cacher mais nous avons des contrats secrets avec les pays d’Europe.

- L’Europe ? je répète.

- Vendre des armes au Moyen-Orient et en Afrique serait plus lucratif mais j’ai tout de même des principes moraux de ce côté-là. Les armes de première main qui sont vendus sont généralement acheté par d’autres gangs et groupes armées européens.

- Tu en vends beaucoup ? je demande.

- L’organisation de La pantera vend dix fois plus de drogue car la demande est forte. Donc la vente d’armes n’est que secondaire.

L’entrepôt comporte peu de matériel pour la grandeur du bâtiment. Delgado nous rejoint et chuchote quelque chose à l’oreille de Vicente.

- On y va ! s’écrit Delagado à l’intention de tout le monde.

Je n’avais pas vu que les employés ont rapidement rangé le matériel. Ils portent presque tous le foulard de l’organisation sur leur visage. Eux aussi arborent le tatouage de l’organisation qui a terrifié Estella.

Cela fait un moment que je n’ai pas pensé à elle ni à Palma et encore moins aux garçons de mon quartier. Je me demande ce que mes amies sont en train de faire. Estella se doute-t-elle de quelque chose ? Après tous, c’est elle qui m’a averti pour La pantera.

Je ne me sens plus prisonnière même si je n’ai toujours pas mon téléphone. Je n’ai pas beaucoup parlé à mes parents de vive voix.

Je me suis habituée à me détacher des objets superflus. Toutefois, il faut quand même que j’en parle avec la personne concernée.

- J’aimerais récupérer mon téléphone, je murmure lorsque nous sommes à nouveau seul.

Vicente fronce les sourcils et pendant plusieurs secondes, je me dis qu’il ne va pas accepter. Cependant, il finit par hocher la tête puis envoie un message sur son smartphone. Il m’indique que Lejos viendra me l’apporter. A-t-il douté de moi l’espace d’un instant ? Cela est compréhensible, il a peur que je parle ou que je m’enfuis. Pourtant, je ne compte faire ni l’un ni l’autre.

Une fois que tout est en place, les deux immenses camions quittent l’entrepôt après l’ouverture des volets roulants. Les hommes se dirigent tous vers les véhiculent garés dans l’autre pièce. Le hangar parait vide à présent. Delgado donne une tape à Vicente puis s’éclipse avec le reste de ses hommes.

- Les voitures vont partir dans des directions différentes, explique mon amant. Attendons quelques minutes avant de partir.

Le criminel s’appuie contre le mur puis ferme les yeux. Je ne peux pas admirer son beau visage caché par un bout de tissu.

Je m’approche de l’une des tables où les hommes pesaient la cocaïne. Il reste une fine trainée de poudre blanche. Je passe mon doigt qui se recouvre de la fine poussière. Ensuite, je lève mon index vers mon nez. C’est la première fois que je touche de la drogue.

- Si j’étais toi, je ne ferais pas ça, intervient la voix grave de Vicente.

Je me tourne dans sa direction et il m’observe avec ses sublimes yeux verts.

- Ne touche pas à cette merde si tu ne veux pas finir avec le cerveau en pagaille.

- Tu en vends, ne me dit pas que tu n’en pique pas de temps en temps.

- Je ne touche pas à ce genre de truc, se défend-t-il en secouant la tête.

J’observe le criminel en fronçant les sourcils, les poings sur les hanches.

- Ok, capitule-t-il, j’ai déjà pris trois ou quatre fois de cette merde mais ce n’est pas une habitude. C’était cool pendant un temps et puis quand tu redescends c’est la dépression.

Vicente se rapproche de moi alors que j’ai mon doigt toujours tendu. Il baisse la tête puis suce mon index. Je suis terriblement gênée par cet acte et je rougis. Mon amant baisse son foulard puis dépose un baiser rapide sur mes lèvres.

Il n’y a plus aucun bruit dans l’entrepôt et le criminel me fait signe de le suivre. Le garage est ouvert mais toutes les voitures sont parties. Le conducteur nous attend puis démarre une fois que nous sommes à l’arrière.

- Où veux-tu aller ? demande Vicente. Je n’ai plus rien à te montrer, les patrouilles sont trop ennuyeuses et dangereuses pour toi.

Je réfléchis un instant avant que mon regard s’illumine. Je ne lui avouerais jamais, mais je rêve d’un moment romantique à l’extérieur avec lui.

- Nous pourrions aller au parc et manger ensuite, je propose.

- Au parc ? s’étonne le criminel.

Je commence à regretter ma proposition mais le regard de mon amant s’adoucit.

- Ça fait un moment que je n’ai pas mis les pieds dans ce genre d’endroit.

Le véhicule s’arrête devant l’immense parc de Chapultepec. J’y suis déjà allée plusieurs fois mais venir avec Vicente c’est tout autre chose. Il retire le bandana qu’il place dans la poche arrière de son jean puis me prend la main.

Nous déambulons sur le chemin entouré d’arbres. Le soleil n’est plus à son zénith mais il fait quand même chaud. Les habitants sont habitués et un grand nombre d’entre eux ont élu domicile dans le parc pour l’après-midi.

La main de Vicente est large par rapport à la mienne mais ce contact me réchauffe le cœur. J’ai l’impression que nous sommes un couple normal et les gens nous reconnaissent comme tel.

Je nourris les canards avec des miettes de pain trouvé près d’un banc. Le lac est vraiment grand et le décor est harmonieux. Ensuite, nous prenons une glace chez un marchand ambulant. Nous sommes tous les deux de bonne humeur alors je décide d’entamer la conversation.

- J’ai remarqué que ta relation avec Lejos était particulière, je commence.

- Il est comme un second père pour moi, avoue-t-il sans gêne. Il m’a beaucoup aidé quand j’ai repris la tête de l’organisation. Lejos n’a jamais eu d’enfant et il éprouve une grande affection paternelle pour moi.

Je souris et mon épaule frôle le bras de Vicente. Ce dernier me conduit sur un tapis d’herbe à l’ombre. Le criminel s’allonge tandis que je reste en tailleur près de lui. Son téléphone émet un bip puis il regarde son écran.

- Lejos est venu déposer ton téléphone, m’indique-t-il. Il sera comme il y a deux mois, les informaticiens ne l’ont pas abimé.

Je remercie mon amant qui me fait un clin d’œil. Il sait que je ne dirais rien qui puisse lui faire du tort. Personne ne saura que j’ai été enlevé lorsque je revendrais. De plus, ma peau a un peu bronzé ce qui devrait justifier mon passage sur les plages de France.

Le criminel tend la main vers moi puis me tire le poignet. Surprise par son geste, je tombe sur son torse. Il passe la main derrière mon épaule tandis que ma tête repose sur sa poitrine. Vicente me pousse pour se mettre au-dessus de moi. Ses yeux son emplis de désir et… d’amour. Comme hypnotisée, je lâche la bombe.

- Je t’aime.

Annotations

Vous aimez lire WrittenByChloé ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0