Lorsque je me réveille, Vicente n’est plus là. Je passe une main sur son oreiller glacé. Cela fait plusieurs heures qu’il est parti. Je me sens seule, mais je ne lui en veux pas de ne pas m’avoir réveillée.

Je me redresse puis je me déplace jusqu’à ma chambre. Le t-shirt du criminel que je porte, sens la lessive mélangée à son parfum. Je le retire puis je prends une douche rapide le sourire aux lèvres.

Hier soir, Vicente m’a invité à le rejoindre dans son lit. Découvrir cette nouvelle facette de sa personnalité me ravie. Je l’aime est je veux profiter de chaque instant à ses côtés.

Il est presque midi et je décide de me préparer des œufs brouillés au jambon. Je viens à peine de terminer mon plat que quelqu’un sonne à la porte. Je me déplace pour aller ouvrir mais la personne n’attend pas mon approbation pour pénétrer dans la villa.

- Salut, me lance poliment Lejos.

- Bonjour, Vicente n’est pas là, je réponds.

- Je sais, c’est toi que je suis venu voir Marina.

Je suis surprise par cette déclaration mais je l’invite à m’accompagner dans le salon. Le quadragénaire s’assois dans le canapé. Son air sérieux m’inquiète beaucoup et je me demande vraiment ce qu’il vient me dire. Afin de ne pas montrer ma nervosité, je m’assieds également sur le sofa.

- Je vois bien que Vicente a changé depuis quelques semaines, commence-t-il les mains jointes. Je sais que c’est grâce à toi qu’il est devenu plus patient et de meilleure humeur.

- Je ne comprends pas, je lui avoue.

- Avant qu’il décide de te kidnapper, Vicente était une personne très appliquée dans son travail, explique Lejos. Il ne pensait qu’à aider les mexicains dans le besoin et de temps en temps se détendre dans un bordel. Mais, depuis que tu es là, il est moins en colère contre les injustices, moins violent et plus réfléchit. C’est un homme qui prenait beaucoup de risques sur le terrain.

Face à ses aveux, j’observe mon interlocuteur bouche bée. Je ne m’attendais vraiment pas à que le bras droit de La pantera débarque ici pour me révéler ce genre de choses.

- Tu n’es pas de notre monde Marina et je crois que ça a touché Vicente puisqu’il passe beaucoup de temps avec toi, poursuit-il. Je pense qu’il éprouve des sentiments sincères pour toi mais je dois te mettre en garde.

Alors c’est pour ça, qu’il prend un air si grave.

- Les hommes comme Vicente ne vivent pas bien longtemps. C’est important qu’il n’ait pas d’attache et tu représentes un danger de ce côté-là. J’espère qu’il se montrera raisonnable et te rendra ta liberté comme il te l’avait promis.

Entendre ces paroles me fait mal au cœur mais je sais que Lejos a raison.

- Vous ne pouvez pas être ensemble, conclu-t-il. Pour ton bien comme pour le sien, il prendra la bonne décision. Je sais que tu l’aimes, Vicente est une personne exceptionnelle mais il a choisi de donner sa vie pour son pays. Tu dois savoir que même s’il est dans l’illégalité, La pantera possède des alliés aux gouvernements.

- Accordez-moi les jours qu’il nous reste, je réponds enfin.

- Il vous reste une semaine avant que tu rentres chez toi.

Il est difficile de ne pas pleurer après avoir été mise face à la vérité. Une vérité que je connaissais au plus profond de moi mais que je voulais cacher afin de profiter pleinement de l’homme que j’aime.

Une fois Lejos parti, je m’assieds sur le tapis du salon. Mes larmes coulent de tristesse et le désespoir s’empare de moi à nouveau. La fin de mon histoire avec Vicente m’atteint plus que les paroles de Lejos au sujet de ses sentiments. Même si le criminel est réellement amoureux de moi, jamais il ne l’avouera.

Vicente pense probablement comme son bras droit. Ce dernier lui a vraisemblablement parlé de notre relation. Personne n’est aveugle et ceux qui sont au courant pour moi savent que je suis responsable des changements du criminel.

Depuis que Lejos est venu me parler, je ne sais plus quoi penser. Certes, il faut que je profite de mes derniers moments avec l’homme que j’aime. Toutefois, j’aimerais que Vicente m’avoue ses sentiments et reste avec moi pour toujours.

En pensant cela, je me rends compte à quel point mes idées son utopiques. Le quadragénaire a raison, même si je reste aux côtés de Vicente, je serais tôt ou tard en danger. Le criminel ne doit pas avoir d’attache car dans le cas contraire, je représenterais son point faible.

Mon cœur est déchiré en mille morceaux mais un jour cela va passer. Il ne me reste que quelques jours à vivre dans la ville. La séparation sera terrible mais je finirais par m’en remettre lorsque je serais chez moi.

En pensant au futur, je me convaincs qu’il vaut mieux que je quitte le Mexique. Je dois recommencer une nouvelle vie et pour y parvenir, je dois partir. Sinon, je ne cesserais de penser à Vicente en me demandant où il est et ce qu’il fait.

Je sèche mes larmes puis je me redresse. Maintenant que j’ai pu soulager ma peine, je me sens mieux. Au lieu de m’apitoyer, je vais plutôt préparer une surprise pour Vicente. Il me reste pas mal de temps à tuer avant qu’il arrive.

Je fais une liste de chose à acheter puis je la donne à l’un des gardes devant la porte. Il passe un coup de fil tandis que je retourne à l’intérieur. Maintenant, ils ne sont plus que trois à surveiller la villa.

Au bout d’une petite heure, une personne toque à la porte. Je bondis du sofa pour l’ouvrir. Le garde vient dans la cuisine déposer deux énormes sacs de course. Je ne sais pas qui les a faites mais grâce au réseau du criminel, ça été rapide.

Je prends le livre de cuisine que j’ai demandé pour préparer des plats italiens. J’espère n’avoir oublier aucun ingrédient au passage. Je commence par faire des pâtisseries dont je ne parviens pas à prononcer le nom. Je ne suis pas particulièrement douée en cuisine mais je pense pouvoir faire des choses comestibles.

Les pâtisseries me prennent beaucoup de temps à faire. J’enroule les biscuits autour de la crème pâtissière puis je mets le dessert quelques minutes au four. Ensuite, je prépare plus rapidement la sauce pesto et la sauce tomate.

Une fois que le dessert est prêt, je le place dans le frigo. Je fais cuire les pâtes tout en préparant de magnifiques bols sur deux plateaux. Ce n’est pas italien, mais je confectionne des toasts à la tomate et à l’avocat.

Je termine ma présentation avec un bol de pâtes au pesto et un bol à la sauce tomate pour chacun. J’enfourne les deux plateaux dans le four tiède.

Je suis en nage et fatiguée alors je me rafraichis un peu avant de monter dans ma chambre. Je prends des sandales à talon ainsi que ma robe à fleurs. Etant donnée que Vicente ne devrait pas tarder à rentrer, je me dépêche de me maquiller et de me coiffer.

La touche finale effectuée, je reviens dans le salon où l’odeur de cuisine est très forte. Je n’ai pas à attendre bien longtemps avant de la porte d’entrée s’ouvre.

- Ça sent vraiment bon, constate le criminel avant même que je ne vois son visage.

Il finit par apparaitre puis détaille la cuisine avec attention. Vicente pose enfin les yeux sur moi. Un sourire se peint sur les lèvres et il s’avance dans ma direction. Mon cœur bat la chamade lorsqu’il me regarde comme ça.

- Que me vaut l’honneur de cette tenue princesa ? demande-t-il après avoir déposé un baiser sur mes lèvres.

- Je voulais te faire une surprise, j’explique en souriant. Je sais que tu travailles beaucoup et je voulais t’offrir une soirée de détente.

- De détente… répète-t-il troublé en me lançant un regard suggestif.

Je sors les jolis plateaux blancs que j’ai fait acheter avec la vaisselle. Ce que je viens de faire à une allure romantique même si ce n’est pas mon but premier. Ensuite, je les dépose sur la table du salon sur laquelle j’ai allumé des bougies et placé un bouquet de fleurs. Nous ne mangeons pratiquement jamais là mais j’ai envie de changer.

Installés face à face, la carrure de Vicente encore en costard me parait imposante. Il détaille le repas avant de me regarder à mon tour.

- Merci pour cette attention Marina, ça me fait plaisir de partager à manger avec toi après une dure journée de travail, dit-il avec sincérité.

Nous nous observons quelques instants avant de commencer à manger nos plats. Le regard de Vicente est la plus belle chose que j’ai vu aujourd’hui.