Chapitre 28 - Marina 1 Vicente 0

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La maquilleuse me propose une robe sans manche à paillette doré ouverte sur le côté. Le vêtement est simple avec un décolleté en cœur pas très prononcé. Une parure de bijoux en or est prévue avec la tenue. Je sélectionne également une paire de sandale à talon blanche. Je pense qu’il ne faut pas que je choisisse une robe de couturier trop sophistiquée.

La facture va être salée mais après tous ce que j’ai subit à cause de lui, il me doit bien ça. Tania appelle le magasin de Veracruz pour commander les articles que j’ai choisi. Ils devraient arriver dans une trentaine de minutes. Les chaussures coûtent l’équivalent de trois cent euros tandis que la robe vaut cinq mille euros. La parure à bijoux s’élève à deux mille euros. En tant normal, je ne me permettrais pas de choisir des articles pareils mais je n’ai aucun scrupule envers Vicente.

Tania m’offre une tasse de thé glacé faite au bar. Je n’ai pas l’habitude d’être traitée comme une princesse alors je vais en profiter. Mon père choisi des hôtels quatre ou cinq étoiles mais pas des palaces. Tout le personnel est à notre petit soin.

Deux employées finissent par arriver avec une housse et deux boites. La maquilleuse m’aide à m’habiller dans une pièce séparée. Lorsque je me regarde dans le miroir, je ne me reconnais pas. Le maquillage est précis mais pas trop chargé. J’ai l’impression de m’habiller pour participer à Miss Univers et je lâche un sourire.

- Merci Tiana.

- Vous êtes magnifique Marina, me complimente-t-elle. Je suis heureuse de vous avoir aidé.

- A quelle heure commence la soirée ? je demande.

- Dix-neuf heure trente.

C’est bientôt l’heure d’y aller mais avant ça, je vais repasser par la chambre. Je remercie Tiana et l’équipe de soin avant de m’éclipser dans l’ascenseur.

Je me sens sereine et de meilleure humeur qu’à mon arrivée. Finalement, je me fiche de ce que Vicente va penser de moi. Même si j’ai des sentiments pour lui, je dois avant tout penser à prendre soin de ma personne. A force de réfléchir à une échappatoire, j’ai négligé mon corps et mon bien-être.

Je passe la carte dans le boitier magnétique puis je la pose dans le hall. Mes talons font du bruit sur le bois parfaitement ciré.

- Qu’est ce que c’est que ce bordel ? me parvient la voix énervée de Vicente. J’arrive pas à croire que tu m’ai fait cramer autant d…

Lorsqu’il me voit, il se fige dans le couloir. Mon cœur ne peut s’empêcher de bondir dans ma poitrine. C’est la première fois que j’arrive à le surprendre de manière aussi spontanée.

- Je me suis préparée pour la soirée d’aujourd’hui, j’explique en avançant nonchalamment vers lui. Avec ou sans toi, j’ai besoin de me détendre.

- Tu étais au fond du trou en partant et tu reviens comme un rayon de soleil, constate-t-il avec suspicion.

Je hausse les épaules puis je me dirige dans ma chambre. J’entends le criminel se demander ce qui me prend. Je m’observe encore un peu dans le miroir avant d’ouvrir la porte pour rejoindre le salon.

Vicente est en train de boutonner sa chemise froissée. Ensuite, il attache sa cravate avec habileté.

- J’espère que tu n’as pas cru que j’allais te laisser partir seule, dit-il en me jetant un regard énervé.

- Peut importe ce que je pense, il n’y a que toi qui compte à tes yeux, je cingle irritée par son comportement.

C’est la goute d’eau qui fait déborder le vase. En quelques enjambées, Vicente est sur moi. Il saisit mon bras et me force à le regarder.

- Tu ne sais rien, fulmine-t-il les yeux brillant de colère. J’ai perdu bien plus que toi, alors ne me dit pas que rien ne compte pour moi.

- Tu me reproches mon ignorance mais tu n’es pas très bavard, je le repousse en me dégageant.

Je me dirige ensuite vers la porte d’entrée afin de rejoindre le couloir. Je sens la présence du criminel derrière moi mais il reste de marbre. Durant tout le trajet jusqu’à la salle de bal, il ne m’adresse pas la parole.

La pièce est immense décoré dans un style du XIXème siècle. Quelques miroirs anciens sont disposés sur les murs et un gigantesque lustre en cristal trône au centre de la pièce. Le carrelage est parfait comme s’il sortait de l’usine. Après avoir vu la misère qui règne dans certaines rues de la capitale, j’ai beaucoup de mal à me dire que je suis encore au Mexique.

Ce doit être étrange pour Vicente de passer d’un monde à l’autre. Il fréquente des gens qui ont tout et d’autres qui n’ont rien. A sa place, je serais déstabilisée par ses changements. C’est aussi pour ça que La pantera est une personne à part. Il appartient à la fois aux deux mondes et à aucuns. Sa personnalité a dû se construire comme ça, c’est pour cela qu’il est si dur à cerner.

Beaucoup de personnes sont présentes et je vois que de nombreux hommes me regardent. Je fronce les sourcils en sentant Vicente se rapprocher de moi. Du coin de l’œil je le vois serrer la mâchoire et les poings.

Je me demande bien pourquoi il fait ça parce que je ne suis pas sa propriété. Je m’écarte de lui pour aller au bar. L’employé me sert un verre de vin rosé qui pétille. Je ferme les yeux pour savourer le goût. Lorsque je les réouvre, je croise le regard du criminel situé à quelques mètres de moi. Il m’observe avec intensité comme quand nous étions dans l’eau.

Même s’il a du désir pour moi, je ne dois pas tomber dans le piège. Pourtant, lui faire tourner la tête comme maintenant n’est pas pour me déplaire. La solution la plus sage aurait été de ne pas m’habiller comme ça et de rester tranquillement dans ma chambre. Toutefois, le voir rager dans son coin me procure un sentiment de satisfaction.

- Puis-je vous offrir un autre verre ? demande une voix à côté de moi.

Prise au dépourvue, je détourne le regard vers la personne qui s’est adressée à moi. Concentrée sur Vicente, je n’ai pas vu l’homme placé à un mètre de moi. Le visage sympathique et jeune, les cheveux un peu longs, il arbore un accent anglais. Je reste quelques secondes déstabilisée avant de lui lancer un sourire.

- Avec plaisir, je réponds.

Je jette un œil vers Vicente qui serre les poings et jette un regard noir à l’inconnu. Le barman me sert un nouveau verre de rosé.

- Que fait une si jolie demoiselle seule ? demande-t-il en espagnol avec un accent anglais. Vous êtes une actrice en vogue ou un mannequin ?

- Bien sûr que non, je le contredis en lâchant un petit rire.

En tant normal, ces possibilités ne se posent même pas. Je fais plus âgée attifée comme tel, alors je comprends sa question.

- Yaël Anderson, se présente-il en me tendant la main.

Je lui serre la main sans cacher mon étonnement qu’il remarque aussitôt. Heureusement, il n’a pas remarqué mon léger accent français.

- Vous connaissez ma famille ? questionne-t-il en haussant les sourcils.

- Je… je crois que j’ai dû vous confondre avec quelqu’un d’autre, je réponds.

- Percy Anderson est mon oncle, insiste l’anglais. Il est très connu dans le pays, cela ne me choque pas que vous connaissiez ma famille.

Je me détends après être sûre de ne pas avoir fait de gaffe. Cependant, il est peut-être dangereux de rester auprès de cet homme alors que le matin même j’ai prouvé l’implication de son oncle dans des affaires louches.

- Je te trouve enfin, intervient Vicente dans mon dos.

Il passe sa main sur mes omoplates et fait face à Yaël Anderson. Ce dernier lui lance un regard étrange avant de se tourner vers moi.

- Je ne savais pas que vous étiez en charmante compagnie. Je vais vous laissez mademoiselle.

Anderson s’éloigne du bar puis Vicente vient placer son immense corps en face moi.

- Reste loin des Anderson, m’ordonne-t-il. Je te rappelle que j’enquête sur son oncle. Bien entendue, aucun d’entre eux n’est au courant de tous ça.

Il demande un verre au barman avant de le porter à sa bouche. J’observe ses lèvres charnues posé sur le cristal. Il reporte son attention sur moi et je détourne immédiatement le regard vers les bouteilles d’alcool alignées.

- Ce genre de soirée guindées me donnent envie de vomir, commente-t-il ennuyé.

Vicente me regarde avec curiosité comme s’il attendait une réponse de ma part. Son comportement est désarmant. Tout naturellement, je lui réponds en le regardant dans les yeux.

- Alors, allons ailleurs.

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