Chapitre 23 - Nouveau projet

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Je m'écarte doucement de lui afin de ne pas tomber une nouvelle fois. Je récupère ma serviette puis je quitte le jardin pour rejoindre la cuisine. Je me sers un verre d'eau pour me rafraichir.

Quand je me retourne vers la piscine, Vicente a disparu. Ma peau est encore chaude alors je décide de monter prendre une douche froide.

L'eau coule sur ma peau et je suis parfaitement détendue. Je sors de la salle de bain pour enfiler mon pyjama d'été. J'hésite à descendre prendre des biscuits pour manger tout à l'heure.

Il s'est passé quelque chose que je ne saurais pas décrire entre Vicente et moi. Il est l'homme qui m'a kidnappé et je suis sa prisonnière. Tout devrait être simple dans notre relation sauf que ce n'est pas le cas, car La pantera n'est pas un criminel comme les autres.

J'ai envie de rentrer chez moi mais l'envie de fuir à tout prix ne me traverse plus l'esprit. Peut-être que je me sens en sécurité ici ? A moins que notre sauvetage mutuel nous ait rapproché ? Les individus qui vivent des moments aussi intenses finissent surement par ressentir un certain lien.

Plus je réfléchis et plus je me dis que tout cela est absurde. Vicente est un homme extrêmement fascinant et peut-être que je ressens une certaine attirance comme toutes les autres femmes.

Je finis par descendre les escaliers en espérant de ne pas le croiser. Je me sens mal à l'aise après ce moment étrange dans la piscine. Je n'arrive vraiment pas à cerner ce type qui a des comportements trop variables.

J'ouvre l'un des placards du haut pour prendre un paquet de biscuit. Je fixe l'emballage plusieurs secondes en me disant que les marques françaises me manquent. Peu de choses me rappelle chez moi et la télévision est mon seul contact avec l'extérieur.

Je me retourne pour constater que la télévision est allumée alors que le son est coupé. Je fronce les sourcils en remarquant que ce n'était pas le cas en montant les escaliers tout à l'heure. Je reconnais plusieurs personnes familières. Je saute sur la télécommande pour augmenter le son.

- Samedi prochain, le rassemblement entre les riches familles étrangères du Mexique et les entrepreneurs mexicains aura lieu au palais présidentiel, indique le présentateur en montrant la longue liste floutée des invités et les préparatifs de l'évènements.

Je suis certaines que les parents de certains de mes camarades de lycée seront présents à cet évènement. Et Vicente aussi.

Ce genre de rencontres sont parfaites pour faire des attentats et je ne peux m'empêcher d'être inquiète. Il me semble avoir entendu mon père en parler. Il est invité mais ne viendra pas car il par en road trip avec ma mère et ma sœur.

- Je peux lire en toi comme dans un livre ouvert, commente une voix qui ne vient pas de la télévision.

- Arrête de faire ça, je gronde Vicente en me tournant brusquement vers lui.

- Je ne compte pas mener un raid, si c'est ce qui t'inquiète, commente-t-il.

La pantera de moi s'approche avec souplesse malgré sa blessure. Je me tourne vers l'écran afin de ne pas croiser son regard. Un malaise s'empare de moi car je peux sentir les effluves de son parfum viril.

- Ça m'étonnerait que tu aies mis cette chaine au hasard, je réplique avec scepticisme.

- Tu as raison, j'ai un objectif bien précis et j'ai besoin de ton aide, répond-t-il.

- Ne compte pas sur moi.

Je m'assieds sur le canapé puis ouvre mes biscuits pour en manger. Je me sens épuisée tout à coup et je n'ai pas envie de jouer les faire valoir.

- Il n'y aura aucun danger puisque tu seras là en tant qu'invité de Vicente Alcarón, le grand financier mexicain, explique-t-il en souriant. J'ai besoin de toi pour obtenir une information capitale au sujet des alliés de ton père.

Je me tourne vers lui après qu'il m'a chipé un biscuit. C'était évident qu'il finisse par se mêler de près à mon géniteur et je suis de plus en plus inquiète. J'espère que le criminel ne découvrira rien de compromettant à son sujet.

- Tiana viendra te transformer pour que tu ne sois plus Marina Enriquez Portier mais Emma David, une amie française.

- Sérieusement ? Je te remercie, grâce à toi je vais passer pour une michto, je grommelle.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Qui va croire que tu peux devenir amie avec des femmes ?

- Et pourquoi pas ?

Je le détaille de la tête aux pieds puis je baisse les yeux vers ma boite à biscuit.

- Ça va, j'ai compris, intervient-il en riant.

- Je n'ai rien dit ! je m'exclame indignée.

- Ton regard voulait tout dire princesa, termine Vicente avant de quitter la pièce.

Merce, maintenant il va penser que je craque pour lui. Ce connard serait capable de me mener la vie dure et d'utiliser ses charmes contre moi.

Enervée, je laisse le paquet de gâteau sur le comptoir puis je grimpe dans ma chambre. De nouveaux vêtements m'attendent dans une housse. Je n'ai pas envie de regarder à l'intérieur mais la curiosité l'emporte. Plusieurs robes décontractés et élégantes sont disposées les unes derrières les autres.

Je remarque des paires de chaussures près de ma valise éternellement ouverte. J'ai mis très peu de chose dans l'armoire comme si j'espérais être libérer à n'importe quel moment. En soupirant, je range les vêtements dans la penderie.

- J'espère que t'essayes pas de m'acheter ducon, je marmonne avec rage.

Je n'ai pas du tout envie de jouer à l'espionne, surtout si c'est pour faire du tort à mon père. Ce mec me prend vraiment pour un objet qu'il peut utiliser à sa guise. Ce rapport de force m'exaspère mais je ne peux rien faire contre. La pantera est invisible et je ne peux pas lui faire du mal en dévoilant des informations sur son identité. Même s'il ne veut pas me tuer, je sais que dans ce cas extrême, il serait prêt à le faire.

Je m'apprête à fermer ma porte lorsque j'entends la voix du criminel au téléphone. Je sors dans le couloir puis je suis la voix jusqu'à la pièce inconnue. La porte entrebâillée me permet de voir un cabinet presque vide. Il y a juste un bureau, quelques étagères avec des livres et des documents, un ordinateur portable, un pot à crayon et des altères de musculations.

Vicente est torse nu avec une serviette autour du cou. Il finit par raccrocher puis prend la plus grosse altère pour se muscler le bras valide. Sa peau transpire à grosse goûte. Je n'aurais jamais cru dire ça un jour mais sous l'effort il est vraiment très sexy.

Au moment où il lève les yeux vers la porte, je bloque ma respiration en m'éloignant de la pièce. Je recule vers ma chambre à pas de loup sur la moquette. Si ça avait été du parquet, j'aurais été cramée à coup sûr.

Je n'entends que la respiration saccadée de La pantera. Je ne crois pas qu'il m'ait vu. Peut-être qu'un jour, je serais aussi discrète que lui.

Il n'est pas tard, pourtant j'ai envie de dormir. Je me préparer à aller me coucher lorsque j'entends la porte s'ouvrir. Les muscles saillant de Vicente me font face et je regarde par la fenêtre du couloir afin d'éviter de rougir.

- Je te donnerais plus d'informations le jour J, m'explique-t-il. Une fois que j'aurais tous ce dont j'ai besoin de savoir, je te libèrerais.

- Quoi ?! je m'exclame en me tournant vers lui.

- Tu as bien entendu Marina, termine La pantera avant de refermer la porte.

Il m'a semblé voir une expression étrange dans son regard après ces derniers mots. Tandis que l'espoir renaît, je me demande ce qu'il pense vraiment de moi. Je suis heureuse de pouvoir rentrer chez ma famille bientôt, pourtant quelque chose me perturbe.

Comment retrouver une vie normale après ça ? Je ne pourrais même pas parler de Vicente à mes parents. Je devrais faire comme si tout était normal. Je dirais probablement que je suis rentrée plus tôt de France. Après une telle expérience, je pense réellement à quitter le pays.

Tous mes espoirs de faire mes études dans une grande école américaine s'envolent. Les inscriptions sont closes J'ai l'impression que le seul endroit où je serais en sécurité serait la France. Je ferais face à d'autres dangers mais le pays n'est pas soumis à la violence extrême du Mexique.

Je ne me suis inscrite à aucune école française, mais peut être que le statut de mon père et mes notes pourront jouer en ma faveur. Je me rends compte que ça fait longtemps que je n'ai pas pensé à mon avenir, comme si celui-ci était suspendu au bord du vide.

Bientôt, je reprendrais ma vie. Pourtant, je ne pourrais jamais oublier le mois passé ici avec La pantera. Malgré tout ce qu'il m'a fait, sa personnalité et ses idéaux m'ont beaucoup touché.

Je ne sais pas pourquoi mon cœur se serre à l'idée d'oublier son visage. Je ne veux pas oublier la tête de celui qui m'a ouvert les yeux sur certaines réalités du Mexique. 

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