Chapitre 22 - Révélations

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Après avoir terminé de manger le plat dans un étrange silence, Vicente souhaite m’amener dans un autre endroit. Pendant le repas j’ai beaucoup pensé à ce qu’il vient de me dire. Il n’a pas arrêté de me regarder comme s’il attendait une réaction de ma part.

- Où est-ce qu’on va ? je demande en entrant dans la voiture.

- Manger des yaourts glacés.

- Pourquoi as-tu choisi ce dessert ?

- Parce que les filles de ton âge adorent ça et qu’il fait une chaleur à en crever, répond-t-il en esquissant un sourire.

Nous descendons à grande vitesse les montagnes. Vicente a évité de justesse le chariot d’un paysan qui était en train de monter la côte. J’ai cru mourir plusieurs fois avec lui au volant, mais je dois avouer qu’il maitrise bien sa voiture.

Le criminel se gare à une certaine distance de là où nous allons, surement pour ne pas attirer l’attention. Je remarque que le tatouage du gang est recouvert de crème pour le masquer. A mon grand étonnement, personne ne reconnait celui que tout le monde appelle Lino. Peut-être que les lunettes de soleil et l’absence du tatouage joue en sa faveur.

Des marchands vendent de la nourriture dans les rues de ce quartier populaire. Je m’éloigne pour regarder une vitrine. Des jeunes de mon âge m’observent et commencent à s’approcher de moi. Une ombre apparait dans mon dos et ils prennent une autre direction. La pantera passe une main sur ma taille pour m’éloigner de la vitrine.

- Evite de te perdre encore parce que la prochaine fois tu n’auras pas de chance, mentionne-t-il en poursuivant notre route.

- Tu es en train d’insinuer que c’est une chance que je sois tombée sur toi le jour de mon escapade ? je le questionne avec étonnement.

Vicente laisse sa main posée sur ma hanche et j’aurais donné cher pour voir les émotions qui traversent ses yeux cachés par les lunettes.

- Ces mecs t’auraient probablement amené dans un coin perdu pour te faire des choses inimaginables, chuchote-t-il en se baissant près de mon oreille.

- Ma personne t’importe peu alors pourquoi tu m’as sauvé ?

Le criminel semble prendre un air sérieux puis me montre l’endroit où nous allons nous asseoir. Le commerce ne paye pas de mine à première vu mais il semble chaleureux. Je choisi un yahourt glacé avec des fruits et du chocolat. Pour sa part, Vicente préfère le manger nature. Le yaourts sont meilleurs que tous ceux que j’ai goûtés parce qu’ils sont artisanaux.

- Dis-moi, j’insiste en prenant la cuiller en plastique.

- Pour te dire la vérité, j’avais rendez-vous avec les mecs de Ayello. Notre rencontre devait être pacifiste mais voilà qu’une étrangère s’interpose entre nous. Au début, ça m’a fait chier car ton arrivée n’était pas dans mes plans. Ensuite, j’ai compris à la façon dont ces trous du cul se comportaient que si je ne faisais rien, tu allais devenir leur propriété et gâcher mon rencard. J’ai ordonné à mes gars de faire diversion pour te sauver. Mais tu m’as récompensé avec un coup dans les couilles. Je te jure que ça m’a énervé au plus haut niveau.

A la mention de cette dernière altercation, j’évite son regard et je triture mon pot en carton.

- Tu étais vraiment terrifiant, je me défends peu assurée.

- Je ne me rends pas toujours compte de l’effet que je fais aux autres, justifie-t-il en me lançant un sourire charmeur.

- Tu as mis en danger ta relation avec un chef de gang pour me sauver, je réalise avec inquiétude.

- Même si mes relations avec Ayello ne sont pas au beau fixe, mon groupe reste le plus fort de Mexico, me rassure-t-il en posant sa main sur mon épaule.

Surprise par ce geste, je regarde avec curiosité sa main posée sur moi. Vicente la retire immédiatement et termine rapidement son pot.

- Il faudrait y aller, demain j’ai un rendez-vous important avec mon entreprise, explique-t-il en se levant de sa chaise.

- Ton entreprise ? je questionne étonnée.

- La pantera et moi-même utilisons cette entreprise pour le bien commun du peuple mexicain, répond-t-il avec un sourire énigmatique. Je n’ai pas de temps à perdre avec mes blessures

Je lui lance un sourire crispé avant de reprendre le chemin inverse jusqu’à la voiture. Alors que le soleil est en train de descendre dans le ciel, je me rends compte que je suis contente que La pantera se soit confiée à moi.

Finalement, on ne peut jamais connaitre la véritable nature des gens même si cette personne est un criminel. Un sentiment de paix m’envahit alors que je suis toujours loin de ma famille. Je me sens étrangement plus proche de Vicente et il a baissé la garde avec moi. J’espère pouvoir bientôt rentrer chez moi.

Je repasse dans ma tête ma première rencontre avec le criminel. Nos points de vue sur ce moment étaient si différents. Pourtant, j’ai réalisé qu’il m’a vraiment sauvé la vie au détriment d’une alliance avec un gang. Cela me pousse à croire que Vicente Alcarón, le grand criminel de Mexico a plus d’humanité qu’il ne me l’a laissé croire au début.

Je me tourne vers le criminel en me demandant si j’ai bien réussi à le percer à jour. Il retire ses lunettes et je croise ses magnifiques yeux émeraudes. En rougissant je détourne le regard alors que les battements de mon cœur s’accélèrent.

Maintenant que je regarde Vicente comme un homme et non plus comme un être sans cœur, je remarque à quel point il est séduisant. Une beauté à la fois sauvage et sexy avec un physique peu banal. Mais ce qui me plait le plus, c’est l’objet de ma crainte : ses yeux verts. De plus sa taille et sa musculature imposante obligent au respect voire à la soumission. Je comprends pourquoi de nombreuses femmes se tournent sur son passage et à quel point je dois faire tâche à côté de lui.

Je suis étonnée de constater que je n’ai pas pensé une seule fois à m’enfuir. Paradoxalement, je me suis trouvée bien en la compagnie du criminel. Mais peut-être que titiller ma curiosité était dans les plans de La pantera pour m’éviter de penser à cela. Mon cœur se serre à cette simple idée, alors je la chasse de mon esprit.

Plongée dans mes pensées, je remarque à peine la voiture arriver dans le garage. Dans l’obscurité, je descends du véhicule puis je monte directement les marches.

- Puis-je me rafraichir dans la piscine ? je demande au propriétaire.

- Bien sûr, me confirme-t-il en montant les escaliers à son tour.

Malgré ses blessures de la veille, le boitillement du criminel et à peine visible. Seul son bras reste contracté sur le côté quand il n’en a pas besoin. Habitué à ce genre de chose, il doit bien supporter la douleur et les médicaments.

Arrivée dans ma chambre, je reste quelques instants à méditer sur le lit. J’ai beaucoup de mal à comprendre ce qui se passe en moi. Je suis passée de la personne terrifiée par La pantera à une fille qui apprécie presque sa compagnie. Je dois bien garder à l’esprit que ce ne sont pas des vacances et que je peux mourir à n’importe quel moment à cause des affaires louches de cet homme.

Je me change assez rapidement puis je prends ma serviette de plage avant de descendre à la piscine. Il est dix-huit heures passé mais il fait encore chaud et j’ai besoin de rafraîchir mon corps que je sens brûlant.

Je rentre sans réserver dans l’eau froide puis je me laisse aller sur le dos comme je le faisais dans ma propre piscine. J’observe quelques instant le ciel bleu avant de fermer les paupières. Mon corps parvient à se détendre et j’ai presque l’impression de sentir l’odeur de mon foyer. J’ai aussi la sensation de sentir la main de ma sœur me parcourir le bras.

Je fronce les sourcils en me disant que cette sensation est un peu trop réaliste à mon goût. J’ouvre les yeux et je remarque Vicente penché au-dessus de moi. Prise de panique, je me redresse d’un coup sec, manquant de glisser.

- Du calme, ce n’est que moi, me rassure-t-il un sourire mi amusé mi moqueur sur les lèvres. Je voulais vérifier que tu ne pas fasse pas un malaise.

- Je vais bien, je réponds le cœur battant à mille à l’heure.

Je reprends ma respiration mais avec Vicente à quelques centimètres de moi, il est difficile d’y parvenir. Je sens mes joues rougir alors que mes yeux sont perdus dans ceux du criminel. Ma peau semble chauffer l’eau du bassin et je me sens partir.

Des bras musclés me rattrapent avant que mon corps soit engloutit dans l’eau. Il me regarde avec intensité mais je peux desceller de l’inquiétude et de la douleur dans ses yeux. Vicente me porte jusqu’à une chaise longue.

- Ça va ? demande-t-il en touchant doucement son bras blessé.

- Je crois que tu m’as fait peur, je réponds.

Lorsque je parviens enfin à reprendre mon souffle, Vicente m’aide à me relever. Nos regards se croisent à nouveau tandis que ma poitrine vient toucher son torse musclé. Mon visage n’a jamais été aussi proche du sien et je reste figée sur place le cœur battant à mille à l’heure.

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