Chapitre 19 - Démasqué

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Le criminel écarquille à nouveau les yeux puis s’écarte de moi. Il arrache son bandana de son visage puis m’assassine du regard.

- Comment connais-tu ce nom ? demande-t-il les pupilles remplis de rage.

- A la télévision il y avait une interview avec un financier du nom de Vicente, je me contente de répondre calmement. Je n’avais pas vu ton visage avant ce moment, donc je n’ai pas fait le lien entre vous deux avant aujourd’hui.

Le criminel tourne en rond dans la cuisine et tape violemment son poing contre la table. J’ai du mal à croire que j’ai visé juste. Le riche financier qui aide les pauvres n’est autre que Vicente, La pantera et Lino, les trois en même temps. S’il peut aider les pauvres alors pourquoi appartient-t-il à El Barrio ? A moins que ses trois identités se complètent mutuellement.

Tout à coup, Vicente se précipite sur moi et me saisit par le cou tout en me maintenant contre le mur. Je n’aurais peut-être pas du dévoiler son secret finalement.

- Si tu dévoiles à qui que ce soit ma véritable identité, je n’hésiterais pas à te tuer lentement et de la pire manière qui soit, me menace-t-il d’une voix terriblement calme. C’est clair ?

- Oui, je couine en respirant tant bien que mal.

Le criminel me relâche puis s’éloigne de moi, encore sous le choc d’avoir découverte sa véritable identité. Maintenant, six personnes sont au courant et cela ajoute à La pantera des chances de sombrer.

- Je n’arrive pas à croire que mon putain de business soit menacé par une putain de française, gronde-t-il pour lui-même.

- Je ne dirais rien, je confirme en me massant le cou.

- J’espère bien, parce qu’où que tu sois je te retrouverais pour te faire la peau. Tu as pu le constater à la Souricière, j’ai le pouvoir sur absolument tout.

Son téléphone sonne et il lâche un juron. Vicente ramasse son bandana qu’il place à nouveau sur son visage. Il récupère une veste puis dissimule son arme de poing dans son dos.

- Lejos me confirme que les autres nous attendent au club, me renseigne-t-il. Nous devons partir maintenant.

Je suis le criminel jusqu’à la voiture où Lejos nous attend. Je suis déçue de ne pas constater la présence de Tiana. Les gardes montent dans les voitures et nous filons dans la nuit noire.

Le véhicule nous dépose devant un club luxueux. Je repère rapidement les hommes de Lino… pardon Vicente, grâce à leur bandana rouge. Certaines personnes qui fument devant la boite nous remarquent descendre et quittent immédiatement les lieux.

- Partons avant de finir au milieu d’une fusillade, commente une femme en s’éloignant.

Nous rejoignons le reste du groupe à l’entrée et ils se saluent d’un signe de tête. Le vigile nous fait signe d’entrer et le criminel pose sa main sur ma hanche pour me rapprocher de lui. Ce contact me fait frissonner mais je ne dis rien.

C’est la première fois que je rentre dans une boite de nuit et je suis étonnée de voir à quel point elle est luxueuse. Quelques groupes de personnes se pavanent sur la piste de danse. Le lieu est vaste, éclairée de couleurs violettes et rouges. Le mobilier et les décorations sont dans un style futuriste tandis qu’un immense cristal grimpe jusqu’au plafond.

Le groupe se dirige vers une estrade où est déjà installé un groupe d’hommes qui regarde des femmes danser sur des barres. De larges canapés confortables sont disposés convivialement. Le vigile qui tient la carré VIP baisse le cordon pour nous laisser passer.

Au centre du sofa se trouve un homme entouré de deux prostituées. A notre arrivée celui qui semble être El Huerfano – l’orphelin en français – nous faits signe.

- Bienvenu aux généraux de La pantera, sourit-il en levant son verre de champagne. Asseyez-vous avec moi.

Je remarque qu’ils sont tous sur la défensive, sauf notre hôte. Lejos et les autres s’installent stratégiquement aux quatre coins du carré VIP. Le chef fait signe à Vicente de s’approcher. Il me guide jusqu’au canapé où nous nous asseyons à une certaine distance de l’individu.

- Dans quelques jours, nous devons prendre le quartier d’Iztapalapa divisé entre plusieurs groupes criminels, commence-t-il. J’espère que nous pourrons compter sur l’aide de La pantera.

- J’ai reçu un message de conformation ce matin, approuve Vicente.

Nous sommes en début de soirée alors je suppose que c’est pour cela que la musique n’est pas très forte et que je peux entendre ce qu’ils disent. Le regard de certains hommes sur moi me dégoute et je me rapproche malgré moi de Vicente.

- J’ai du mal à croire que personne n’a encore démasqué cet homme, réplique El Huerfano. Je sais que son réseau est puissant et ses membres très nombreux. Aucun de vous six n’a essayé de savoir de qui il s’agit ?

- Nous sommes fidèles aux idéaux de La pantera, affirme fermement Vicente.

Le chef éclate de rire alors que ses femmes sont en train de toucher son corps. Ses yeux se plantent alors dans les miens et je déglutis en détournant le regard.

- Ta puta est plutôt mal à l’aise, remarque-t-il.

Vicente passe sa main chaude sur ma cuisse dénudée et je frissonne de dégoût. Il me lâche un regard d’avertissement avant de se tourner vers son interlocuteur.

- Elle n’a pas l’habitude d’assister à des entrevues, assure-t-il. Elisa doit juste apprendre à se détendre.

Elisa ? Sur ces mots, il me presse la cuisse. Je suis terrifiée mais je parviens à lâcher un sourire. J’observe le comportement de mes consœurs puis je fais comme elles. Je croise mes jambes puis je pose ma tête contre l’épaule de Vicente en me tournant dans sa direction. Ensuite, je mets une main sur son torse puis je colle mon corps au sien. Je comprends les personnes qui disent être prêtes à tout pour survivre. Je n’ai pas la même définition de la dangerosité que El Barrio.

A ce simple geste, les hommes détournent le regard. Vicente se crispe sous ma main puis se détend au fur et à mesure qu’il discute avec El Huerfano. Lejos et l’Italien qui ne sont pas loin participent également. Finalement, cette petite sortie n’est pas si dangereuse que ça même si je constate que tous ont des armes dissimulées.

Une serveuse sexy s’approche de notre table et dépose des coupes avec deux bouteilles de champagnes fraiches. Elle sert un verre aux hommes et je suis outrée d’être laissée de côté avec les autres femmes. Je ne sais pour quelle raison, mais Vicente me tend une coupe.

- Rafraichis-toi princessa, me chuchote-t-il à l’oreille.

A demi assoiffée, je bois élégamment l’entièreté de ma boisson. Le liquide frais coule dans ma gorge et me permet de me rafraichir. Ensuite, je me baisse pour déposer l’objet vide sur la table basse. Je rougis lorsque ma robe remonte sur mes cuisses.

Les hommes des deux camps sont plus détendus et entrainés dans l’ambiance festive. Je croise le regard du DJ dans une cabine. Il me lance un sourire charmeur puis se tourne vers sa platine. Je ne suis vraiment pas faite pour être pute de criminel.

- Je vais danser, dit La pantera en se dégageant de mes bras.

Il me tend la main et je le suis jusqu’à la piste de danse presque pleine. Une horloge indique minuit passé et la musique est devenue plus forte. La main immense du criminel est chaude dans la mienne.

Je suis un peu perdue lorsque tous les corps se dandinent autour de nous. Certaines personnes se poussent, effrayées mais d’autres sont trop alcoolisées pour remarquer un homme de La pantera. Vicente commence à bouger au rythme de la musique et pose ses mains autour de ma taille. Il m’invite à le suivre alors je me laisse aller.

Nos corps sont très proches et il passe une main dans mon dos. Lorsqu’une personne me pousse, il me rattrape. Je croise son regard vert à la fois hypnotique et désarment. J’espère qu’il pense que c’est la chaleur qui me fait rougir et non notre proximité.

Je suis complètement détendue au bout de plusieurs danses mais mes pieds commencent à me faire souffrir. Vicente le remarque et me prend par la main pour quitter la piste. Nous retournons au carré VIP mais notre bonne humeur s’envole lorsque nous constatons que l’ambiance est tendue.

- Maintenant que tu es revenu Lino, tu vas pouvoir nous dire qui est La pantera, gronde El Huerfano.

- Je ne sais pas qui c’est, répond le concerné d’une voix dure.

Le chef fait signe à ses hommes et la seconde d’après des pistolets sont pointés sur nous. Vicente se place devant moi pour me protéger. Je remarque Lejos sur le côté, une de ses mains est dans la poche de son blouson, trop petite pour accueillir une arme. Terrifiée à l’idée de me retrouver au centre d’une fusillade, je m’agrippe à la veste de mon kidnappeur.

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