Chapitre 18 - Mission dangereuse

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Lino n’a pas voulu me révéler cette fameuse « mission » qu’il veut me confier. Etant donnée le sourire machiavélique qu’il m’a offert, je doute que l’idée me plaise. Pire que ça, j’ai peur de devoir faire quelque chose de dangereux.

Le jour suivant ma venue à la Souricière, je suis restée seule à la maison. La pantera m’a une fois de plus enfermée dans ma chambre. Depuis nos petites altercations, il me soupçonne de vouloir m’échapper à nouveau.

A la fin de cette journée, je maitrise parfaitement toutes les connaissances concernant les armes et quelques techniques de combats. Je pose les magazines sur le côté. Il me reste juste un livre ou plutôt un témoignage d’un ancien chef de gang mexicain.

Je passe ma main sur la couverture alors que la porte s’ouvre sur Lino. Je repousse le livre puis je me lève pour le rejoindre après un signe de la main.

Le salon est occupé par Lejos et une femme d’une trentaine d’année. Tous deux me lancent un sourire amical.

- Je te présente Tiana, la femme de Lejos, m’indique le criminel.

L’inconnue est vraiment jolie avec d’épaisses boucles noires qui lui tombe sur le visage. Elle porte un pantalon blanc, une chemisette jaune ainsi qu’une paire de sandales marron. Je me demande bien ce qu’elle fabrique dans le gang El Barrio.

- Installons-nous à la table du salon pour bouffer les plats thaïlandais que j’ai reçu.

De nombreuses barquettes pleines trônent sur la table. L’odeur me fait saliver mais je redescends vite sur terre en pensant à ce qui m’attend bientôt. Tiana me sourit amicalement et s’installe près de son mari.

- La mission que je vais te confier n’est pas compliquée mais il faut que tu connaisses certaines règles princesa, reprend-t-il en s’installant près de moi.

Je me tends et je serre les couverts que je tiens en main. Les autres commencent à manger en silence en se jetant quelques coups d’œil amoureux. La barquette située en face de moi ne me semble plus si appétissante que ça.

- Tu as dit que tu n’étais pas ma pute mais ce soir tu vas bien jouer ce rôle.

- Je ne coucherais pas avec toi ! je crie en me levant d’un coup sec.

- Moi non plus ! s’exclame le criminel en prenant brutalement une boite de nourriture. Assieds-toi et laisse-moi terminer.

Je m’exécute en croisant le regard inquiet de Tiana.

- Tu vas m’accompagner, moi et mes hommes à une soirée donnée par El Huerfano, un trafiquant de drogue avec qui nous nous sommes alliés. Si je t’amène c’est parce qu’il s’agit d’une fête et non d’un moment de négociation. Rien n’est jamais sûr à cent pour cent mais tout devrait se dérouler comme prévu. Au cas où, La pantera a prévu des hommes qui sont planqués derrière des bâtiments.

Bien sûr, Tiana n’est pas au courant que Lino et La pantera sont la même personne.

- Pourquoi tu ne prends pas une de tes putes ? je demande avec agressivité.

- Parce que je l’ai décidé, réplique-t-il avec un sourire narquois.

- Ne t’inquiète pas Marina, intervient Lejos. Tu devras juste te tenir tranquille près de Lino. Il ne te demande rien de plus.

- Et surtout ne t’éloigne pas, me menace l’intéressé. Si l’un de ces mecs s’imaginent que tu es une pute en libre-service, je ne pourrais rien faire pour l’empêcher de te baiser dans les toilettes. On ne provoque pas une guerre pour une femme ici, surtout si c’est une pute.

- Mais je ne suis pas une pute, j’ai été enlevé !

- Ça personne ne le sait princesa.

J’ai envie de hurler et de frapper Lino de toute mes forces mais cela ne changera rien. Je prends rageusement ma fourchette puis je commence à manger. Le criminel et Lejos discutent de football tandis que Tiana m’observe, compatissante.

- Il est temps de se préparer pour sortir, clame La pantera. Tiana va t’aider à te préparer selon mes instructions.

Sur ce, les deux hommes s’éclipsent, me laissant seule avec la trentenaire. Elle va chercher un grand sac de sport et me fait signe de la suivre à l’étage. Tiana étale des palettes et des trousses de maquillage sur mon lit.

- Je suis vraiment désolée pour toi, soupire ma nouvelle maquilleuse en sortant des pinceaux. Lejos m’a raconté ce qu’il s’est passé avec Lino et aucun de nous n’approuve cela.

- Alors pourquoi tu es dans le gang ? je demande.

Tiana me fait signe de m’asseoir sur ma chaise de bureau et commence son travail de maquilleuse.

- Je ne fais pas partie du gang, mais je soutien certaines de ses actions, avoue-t-elle.

- Comment ça ?

- La pantera a fait beaucoup pour les gens pauvres de Mexico. Son anonymat pérennise le mythe de cet homme au même titre que Pablo Escobar, m’explique-t-elle. C’est peut-être compliqué pour une personne comme toi de comprendre, mais grâce à cette organisation j’ai pu obtenir une formation et un travail de maquilleuse professionnelle.

Cela est tout bonnement incroyable ! Comment un être aussi horrible et sans cœur que Lino peut-il être capable d’aider les pauvres ? Sa puissance repose sur le soutien des populations locales et le fait passer pour l’Escobar du Mexique ! En réalité, il est prêt à tout pour le pouvoir et il a besoin des mexicains pour ça.

- La pantera et son groupe reste des criminels mais au moins ils se soucient de nous, reprend Tiana.

- Mais tu es avec Lejos, je fais remarquer.

- Tout comme Lino, mon mari travaille pour La pantera, si on admet qu’elle existe. Mais il n’est plus dans le vif de l’action et s’occupe du service informatique comme tu le sais sans doute.

La maquilleuse m’étale de nombreux produits sur le visage. Entre le fond de teint, les fards, le mascara et l’eyesliner j’ai l’impression d’étouffer sous un tas de maquillage.

- Je vais ressembler à une pute, je me plein.

- Une bien jolie pute par rapport à la plupart des mexicaines, sourit Tiana.

La femme m’examine le visage d’un air satisfait avant de passer à ma coiffure. Elle passe un fer à boucler dans mes cheveux châtains puis passe sa main dedans. Ensuite, elle me présente des sandales à talons noirs, accompagnés d’une robe rouge qui me semble horriblement courte.

Sans conviction, je m’enferme dans la salle de bain pour essayer l’ensemble. Je suis obligée de retirer mon soutien-gorge car il y a déjà des coussinets à l’intérieur. Lorsque j’ai terminé, je me regarde enfin dans le miroir.

La robe est croisée sur le devant révélant une petite partie de mes seins remontées. Le vêtement descend à une dizaine de centimètre en dessous de mes fesses. Le maquillage est à la fois chargé et simple, avec un rouge à lèvre écarlate qui me fait une bouche pulpeuse. Je suis plus sexy que vulgaire mais je ne me sens pas du tout à l’aise dans cette tenue.

- Marina ! m’appelle Tiana derrière la porte. Sache que si tu as besoin d’une alliée, je suis là. Je peux t’aider pour de nombreuses choses mais pas à t’enfuir. Je ne contesterais jamais les ordres de La pantera ou de Lino.

Je reste quelques secondes à regarder dans le miroir une personne que je ne connais pas. Je finis par ouvrir la porte en souhaitant que cette mascarade se termine vite.

La pièce est plongée dans la demi pénombre sans la moindre trace de Tiana. Elle s’est évaporée après avoir transformer Cendrillon en princesse, ou en pute. Au fond de moi, j’espère tout de même la revoir un jour. Je ne sais pas si je peux entièrement lui faire confiance, mais une figure féminine me fait un bien irremplaçable.

J’ouvre la porte de ma chambre puis je me dirige vers le rez-de-chaussée. Je fais attention à ne pas tomber dans les escaliers, perchée sur mes talons. Je croise le regarde de Lino qui est accoudé au bar de la cuisine.

Il laisse tomber la bouteille de lait vide sur le sol. Ses yeux son écarquillés et il détaille chaque centimètre de mon corps. C’est la première fois que je le vois avec cette expression sur le visage.

- Je n’aurais jamais parié sur ça, se reprend-t-il en adoptant un air désinvolte.

Je suis perturbée par le nouveau regard envieux qu’il porte sur moi. Je baisse la tête car j’ai trop honte. Je remarque la chemise blanche rentrée dans le jean de Lino. Ses mains tiennent fermement le bandana rouge. Il s’approche de moi puis me relève le menton.

- Tu es aux couleurs de La pantera, dit-il en me montrant son foulard. Tu es vraiment mignonne dans cette tenue.

Il passe sa large main sur ma joue mais je recule avec une expression étrange sur le visage. Habillée et coiffée de cette façon, Lino me rappelle vraiment quelqu’un.

- Du calme, je ne vais pas te faire du mal, me sourit-il effrontément. Même si tu es super sexy, les princesses ne m’intéressent pas. Mais, je dois dire que tu es une princesse très fougueuse et courageuse.

Ses yeux verts me transpercent tandis qu’il attache méthodiquement son bandana autour de son visage. Soudain, une image me revient et je me rappelle où j’ai aperçu son visage.

- Vicente Alcarón, je lâche dans un soupir.

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