Chapitre 15 - Blessée

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Quelques jours ont passé depuis ma fuite et je dessèche dans ma chambre. Je ne l’ai presque pas quitté et le temps me parait bien long. D’après mes calculs cela fait environ deux semaines que je suis dans cette villa. Toutefois, j’ai l’impression que ça fait une éternité.

Après ma nuit au pied du lit de Lino, celui-ci s’est montré distant avec moi. Il venait en coup de vent m’apporter à manger et des médicaments pour ma blessure. J’ai encore un peu mal mais je parviens à marcher plus ou moins normalement.

Les journées se ressemblent et j’ai terminé de lire tous mes livres en français que j’avais rangés dans ma valise. Ça me tue de l’admettre mais il faut que je demande à mon geôlier de m’apporter de quoi lire et écrire. Je n’aime pas l’idée de lui réclamer la moindre chose, mais si je ne parviens pas à m’occuper je vais devenir folle.

Je cherche une occupation potable dans ma valise mais je ne trouve rien. Des rires me parviennent du jardin et je me dirige vers la baie vitrée à la serrure renforcée. Je remarque plusieurs hommes et quelques femmes – sûrement des prostituées – au bord de la piscine en train de se rafraichir.

Malgré la climatisation, le soleil tape fort contre les rideaux de ma chambre. La chaleur parvient à s’insérer dans la pièce et je commence à avoir de plus en plus chaud. Je suis en t-shirt et short de sport pour être à l’aise mais je préfèrerais être dans la piscine.

J’écarte un peu plus le rideau pour avoir une meilleure visibilité. J’aperçois La pantera avec l’une des prostituées de l’autre soir. Ses lunettes de soleil lui donnent un air mystérieux et séducteur. Son torse musclé est en parti recouvert de tatouage tout comme son bras. Il en a d’autres dans le dos mais pas sur les jambes. Il est moins flippant et plus chaleureux sous cet angle. Toutefois, ce type de mec n’est pas du tout mon genre.

Lino lève les yeux vers moi et je referme le rideau d’un coup sec. J’attends quelques secondes avant de jeter à nouveau coup d’œil par la fenêtre. La panetera a disparu de mon champ de vision. Peut-être est-il sur la terrasse, un angle que je ne peux pas voir.

- Je vois que tu vas mieux princesa, m’interpelle une voix dans mon dos.

Je me retourne en sursautant vers La pantera. Cet homme a vraiment le don d’apparaitre sans un bruit. Il a remonté ses lunettes sur son crâne et se tient les bras croisés contre l’encadrement de la porte. Torse-nu et vêtu d’un short de bain, il m’observe avec intensité. Ses yeux verts sont toujours aussi intimidants.

- Je voudrais savoir si vous pouviez me prêter des livres et de quoi écrire car l’ennui risque de me conduire à la folie, j’ose demander.

- Comme si c’est si joliment demandé, je vais voir ce que j’ai dans ma bibliothèque, répond-t-il à mon grand étonnement.

Etant donné qu’il ne me considère sans doute plus comme une menace, Lino semble s’être radoucit avec moi, même s’il ne vient pas trop me voir. C’est dans ces moments-là que je me demande pourquoi je suis encore prisonnière ici. Mais je ne vais pas trop me plaindre sachant que des filles doivent être dans des situations pire que la mienne. En fait, je me réjouis même de ma condition actuelle après que La pantera m’ai expliqué comment été accueilli la majorité des captifs au Mexique.

- Les prochains jours, je ne serais pas trop occupé par mes devoir alors, je propose de te sortir faire un tour dans la piscine.

- Merci, je réponds avec un aimable sourire.

Lino a de plus en plus confiance dans mon comportement. Même si ça n’est pas dans mes plans, peut-être que la possibilité de m’enfuir à nouveau s’offrira à moi. Je vais me comporter correctement avec ce criminel qui me retiens ici, mais je ne vais certainement pas me laisser faire s’il me titille. Je n’exclus pas non plus la possibilité de saisir une opportunité de m’enfuir si celle-ci se présente aléatoirement.

La pantera quitte ma chambre non sans fermer la porte à clé. Je remarque que celui-ci m’a laissé un sachet en carton. Il comporte un thé glacé et un énorme muffin. Mon cœur se réchauffe face à cette gentille attention.

- Non ma fille, cet homme s’occupe de toi comme il s’occuperait d’un chien, je parle pour moi-même. Je suis sa distraction parce que monsieur s’ennuie dans son monde de criminel.

Je m’assois au bureau vide pour manger ma collation.

- Et voilà que je commence à parler toute seule, je marmonne. Je vais vraiment finir par devenir folle.

Je finis ma journée sur mon lit en train de faire la sieste sans succès. Le soleil décline et le silence remplace les rires qui résonnent dans le jardin. J’ouvre un œil et je vois que des livres sont apparu près de la porte. Saperlipopette, il mérite bien son surnom de panthère.

Je suis déçue et blasée de constater le thème des livres que j’ai reçu. Ce sont des magazines et des livres sur les armes et la guerre. Ils doivent sûrement venir de la pièce fermée que je soupçonne être un bureau. Ces objets m’informent sur la personnalité de Lino. Il aime la guerre et les armes.

- Quelle perspicacité, je raille pour moi-même.

Mon attention s’arrête ensuite sur un carnet et un stylo. Je m’en saisi sans réfléchir puis je commence à écrire sur mes premières journées ici avec mes impressions. Peut-être qu’un jour mon témoignage apparaitra dans un journal ? Dans tous les cas, écrire me permettra d’extérioriser mes sentiments et me confier à un bout de papier.

- Va faire à manger, m’interrompt La pantera en entrant dans ma chambre sans frapper. Je pense que tu t’es assez reposée.

Je délaisse mon nouveau carnet pour rejoindre mon geôlier en boitant un peu. Celui-ci remarque mon écriture et arrive agilement près du bureau. Il s’empare du bout en carton et commence à lire.

- Ceci est une sorte de journal intime, je m’exclame en colère.

- Je t’encourage à écrire comme ça je peux me faire une idée de ce que tu penses de moi, réplique Lino. « Cet homme surnommé La pantera est un être aussi sadique et immoral que l’indique les rumeurs. »

- J’assume entièrement ce que j’écris, je me défends.

- Crois-moi, tu es loin d’avoir vu mon côté criminel. Tu n’y es pas du tout à mon sujet, mais ce a carnet est plutôt divertissant.

Je me retourne sans rien ajouter. Je me tiens à la rambarde pour en pas tomber dans les escaliers. Le frigo est à nouveau plein et un livre de cuisine française trône sur le comptoir. Cela me rapproche un peu plus de ma famille et je l’observe de longues minutes avant d’être ramener à la réalité par Lino.

Il s’assied tranquillement dans le canapé et regarde la télé.

- Les mexicains sont vraiment des machos, je grommelle dans ma barbe.

- Ils ne sont certainement pas comme les français, répond La pantera.

En plus d’être rapide et discret, il possède une ouïe surdéveloppée. Comment battre un méchant aussi puissant ?

Je sais que ça l’amuse de me provoquer et que je réponde. Tant que je ne vais pas trop loin, je ne risque pas de me retrouver à nouveau dans la cave.

Il y a quand même quelque chose qui me dérange chez lui. Ce criminel est à la fois vulgaire et poli, dépourvu de bonne manière et attentif, menaçant et emmerdant. C’est comme s’il venait à la fois des quartiers populaires et bourgeois.

Je me demande d’ailleurs comment Lino fait pour être aussi en forme. Je ne le vois jamais faire du sport et vu son physique il doit passer du temps en salle.

Je prépare le poisson mariné avec du citron et des tomates puis je mets le plat à chauffer au four. Ensuite, je dresse une sauce à la crème fraiche pour mélanger avec les pâtes et accompagner le poisson.

Je m’approche de la télévision dans l’espoir de surprendre La pantera mais il m’entend arriver par derrière. Je m’appuie contre le canapé sous le regard soupçonneux du criminel. Je finis par m’asseoir en attendant que le plat soit cuit.

Sans me demander, Lino s’empare de ma jambe qu’il pose sur le canapé. Il retire le bandage, désinfecte puis m’enroule un nouveau pansement.

- Je ne te cache pas que tu vas avoir une cicatrice mais elle ne se verra pas trop, m’indique-il sans méchanceté.

Contrariée, je repose brutalement ma jambe à terre en croisant les bras. Je sens le regard du criminel sur moi mais je me concentre sur les informations qui passent à la télévision. Ironie de la situation, des personnes ont été enlevé et des guérillas ont lieu à Cuidad Juarez, une ville où les gangs ont pris le pas sur la police.

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