Chapitre 14 - Nuit agitée

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A mon grand étonnement, La pantera me conduit dans ma chambre et me pose doucement sur le lit. Son calme olympien ne me rassure pas du tout. Au contraire, il devrait être dans une colère noire après ma tentative de fuite.

Sans rien dire, il quitte la pièce pour revenir avec une trousse de secours. Le sang continue de couler contre ma jambe et sur le lit mais je suis trop effrayée et épuisée pour réagir. L’adrénaline a quitté mon corps et me laisse seule avec ma douleur.

- Je suis un très bon tireur princesa, la balle t’a à peine touchée, commence-t-il à s’accroupissant près du lit.

Le voir dans une position de soumission n’est pas du tout dans ses habitudes. Soudain, il agrippe ma jambe et appuie dessus. Je lâche un cri de surprise et de douleur.

- C’était très divertissant, murmure-t-il. Le plus amusant est de te voir embrasser la liberté et la seconde d’après t’enlever moi-même l’espoir.

Ses mots me tranchent le cœur et des larmes continuent de couler sur mes joues. Je suis énervée de ne pas avoir réussi mais aussi démoralisée de me faire humilier de cette façon.

- Je vais te soigner mais ensuite tu subiras les conséquences de tes actes, me prévient-t-il.

La pantera ouvre la trousse de secours puis sort une bouteille d’alcool. Il fait couler le liquide sur une compresse épaisse. Lorsqu’il le presse contre ma plaie j’étouffe un cri dans mon coussin.

- Crois-moi, extraire une balle fait bien plus mal que ça.

- Je ne suis pas habituée à me faire trouer le corps moi, je réplique en colère.

Sa voix est toujours aussi menaçante et lorsqu’il me caresse la jambe, je la bouge. Il sort une nouvelle compresse qu’il pose sur ma plaie encore saignante. Il entoure le sparadrap autour de ma peau puis me donne une tape sur le mollet.

- Au moins, je suis sûr que tu ne pourras pas t’enfuir avant un moment princesa, dit-il en souriant méchamment. Tu vas rapidement aller mieux mais tu ne pourras pas marcher correctement pendant plusieurs jours. Vois le bon côté des choses, la balle n’a pas traversé les muscles, elle t’a juste effleuré.

Sans que je lui donne l’autorisation, La pantera me prends dans ses bras. Maintenant que je suis lucide, je me sens rougir de malaise. Certes, Lino est un criminel mais il est aussi un homme et sentir ses muscles se tendre contre ma peau me gêne terriblement.

Il me pose délicatement sur le canapé du salon puis allume la télévision. Ensuite, Lino sort son téléphone de sa poche et tapote sur l’écran.

- Profite bien de ce moment princesa, car ce soir tu auras ta punition, ricane-t-il.

Je me concentre sur la télévision pour ne pas montrer ma pétrification. Le dessin animé m’aide à me détendre jusqu’à que La pantera revienne avec deux sacs en papier qu’il dépose sur la table basse. Il sort les plats puis prends la télécommande pour changer de chaine.

- Mange car tu auras besoin de prendre des forces cette nuits, m’indique-t-il avec un sourire mystérieux sur les lèvres.

Je ne dis rien mais je me sers des sushis et des makis. La peur me tord l’estomac mais il faut bien que je mange quelque chose. Je ne sais pas du tout ce qu’il me réserve mais il serait capable de me priver de nourriture.

- Préfères-tu avoir une fessée comme les jeunes enfants ou bien le châtiment que je te réserve ? demande Lino après avoir fini de manger les trois quarts des plats.

Je reste pétrifiée quelques secondes face à ce dilemme avant de me lancer dans une réponse.

- Je préfère le châtiment surprise, je réponds avec sarcasme.

- Je te donne deux points de courage princesa.

- La fessée serait trop humiliante, je rétorque.

- Comment sais-tu que ce que je te réserve n’est pas encore plus horrible ? questionne mon interlocuteur.

Lino lâche un sourire à la fois sincère et séduisant qui me donne envie de le frapper. Cette situation n’est pas normale et je n’ai pas envie de faire copain-copain avec un être aussi infâme.

Ma stratégie a changé, je ne vais pas mendier sa confiance. Mon égo me pousse à être antipathique et à chercher une nouvelle façon de m’enfuir. Lino aurait pu me tuer après ma tentative de fuite mais il ne l’a pas fait.

- Quoi que ça puisse être, je pourrais l’endurer, je réponds la tête haute.

- Je dois dire que tu as vraiment du courage pour une fille des beaux quartiers princesa, rit Lino. Tu es différente de ce à quoi je m’attendais.

- Vous ne me connaissez pas, je souffle.

- Toi non plus tu ne me connais pas, s’exclame-t-il ne me fusillant du regard. Et c’est mieux comme ça, je n’ai pas besoin de justifier mes actes devant une personne comme toi. Mais je ne suis pas le criminel que tu imagines même si au fond j’en reste un.

Je détourne la tête puis je me mets en position fœtale en regardant la série policière à la télévision. Cet homme ne peut décidément pas quitter son monde de violence ne serait-ce qu’une minute.

- Ne crois pas que je prends soin de toi, je ne suis pas une personne charitable, m’indique-t-il.

Lino se lève puis éteint la télévision. Il s’éclipse dans la cuisine puis me donne deux cachets avec un verre d’eau.

- Il va falloir réparer la serrure que tu as habillement détruire et appeler ma femme de ménage, indique-t-il. En attendant, tu vas dormir dans ma chambre.

- Quoi ? je ne peux m’empêcher de dire presque en criant.

Sans répondre à ma question, La pantera me prend par le bras et m’indique m’avancer. Ma jambe me tiraille et je boite jusqu’aux escaliers.

- Tu es trop lente, soupire Lino en me soulevant par derrière.

En quelques secondes j’atterrit dans sa chambre, pas rassurée le moins du monde. Je le vois prendre des menottes et attacher l’une d’elle au pied du lit.

- Tu as besoin de repos ma chère Marina, susurre-t-il en s’approchant de moi. Mais tu vas le faire au pied du lit comme une parfaite petite chienne obéissante.

J’écarquille les yeux de surprise mais je n’ai pas le temps de bouger qu’il me pousse par terre. D’une poigne d’acier il m’attrape le bras et m’attache avec une menotte.

L’air satisfait La pantera retire son t-shirt puis son jean. Je détourne les yeux par pudeur, ce qui fait rire mon geôlier. Je l’entends se coucher dans le lit derrière moi puis éteindre la lumière.

- Bonne nuit princesa, me torture-t-il.

Ce qui me terrifie n’est pas l’obscurité mais la présence de Lino à moins d’un mètre de moi. Son odeur masculine emplis la pièce mais je n’arrive pas à la détester car les saveurs se mélangent parfaitement bien.

Je peux toucher de ma main libre le tissu soyeux des draps. Cet homme me traite de princesse mais on ne peut pas dire qu’il se prive non plus. Je sens son corps bouger contre les draps avant que sa respiration se fasse régulière. Je n’ai qu’à tendre le bras pour le toucher mais je ne tiens pas à subir son courroux si je le réveille.

Il a l’air épuisé aujourd’hui mais je n’ai pas pitié de ce criminel après tous ce qu’il m’a fait endurer. Je me colle contre le pied du lit puis je m’allonge. Le métal est désagréable sur ma peau tandis que la moquette est dure. Je ne vois pas comment je peux dormir comme ça mais je n’ai pas le choix.

Le téléphone raisonne dans la pièce et j’ouvre les yeux en sursautant. Je n’ai fait que somnoler quelques heures mais mon corps est entièrement douloureux. Ma blessure s’est calmée un temps grâce aux médicaments mais elle recommence à me faire mal. J’entends La pantera bouger dans les draps puis décrocher.

- Ne faites pas de vagues, tenez-vous tranquille, El Huerfano ne doit pas se douter de notre attaque prochaine, répond-t-il à son interlocuteur. Une fois son gang éliminé, tout Mexico sera à nous et il ne manquera plus qu’à conquérir tout le pays.

Après quelques échanges, Lino raccroche puis se recouche sans me prêter attention. Je souris secrètement car il vient de me donner une information importante. Si La pantera et son organisation s’apprête à donner un assaut dans la capitale c’est que nous ne sommes pas loin de Mexico.

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