Chapitre 13 - Dernier espoir

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Je suis partie me coucher peu après mes réflexions sans issus. Je sais maintenant que l’une des portes fermées est la chambre de mon kidnappeur. Je les ai entendu rire un moment puis le silence et enfin des gémissements.

Je suis si gênée d’entendre cela que j’ai récupéré mes écouteurs dans l’unique but de réguler le bruit. Même si ce n’est pas chez moi, je suis outrée du manque de politesse de La pantera. Mais comme d’habitude, la peur m’empêche de dire quoi que ce soit.

Dans la nuit, j’entends du bruit dans le salon et je décide de me lever pour aller voir de quoi il s’agit. La pantera n’a pas fermé la porte cette fois-ci, me permettant de bouger plus facilement. Je m’arrête sur le palier car la chambre de mon geôlier est ouverte.

Je m’approche pour jeter un œil à l’intérieur. Je suis déçue de constater que la pièce est grise avec peu de décoration et d’effets personnels du dénommé Lino. Des vêtements féminins trainent au sol tandis que les prostituées dorment profondément dans le lit éclairé par une petite lumière. Où se trouve le propriétaire du lieu ?

- Qu’est-ce que tu fou là ? demande-t-il furieux.

Je bondis sur mes pieds et je me cogne contre la porte de la chambre. Terrifiée, je prends quelques secondes pour formuler ma phrase. Le torse sculptural et tatoué de mon geôlier m’impressionne.

- J’ai entendu du bruit dans le salon, je finis par dire en essayant de ne pas regarder ses abdominaux.

- Ce n’est rien princesa, dit-il d’une voix qui me rassure pas du tout.

La pantera avance dans sa chambre tandis que je recule jusqu’à toucher son lit. Il ferme la porte derrière lui alors que je suis sur le point de faire une syncope. Les filles dorment tellement profondément que je me demande si elles sont encore vivantes.

- Inutile de t’inquiéter, elles sont shootées à la cocaïne, explique-t-il. Elles sont sourdes comme des pots et ne se réveilleront pas avant un moment.

Le criminel chemine vers moi puis il me touche une mèche de cheveux. Je me fige en écarquillant les yeux de peur. Il approche sa bouche de mon oreille et je ferme les yeux en priant pour qu’il ne me caresse plus.

- T’as une tête de lapin sur le point de se faire bouffer, c’est vraiment hilarant, susurre-t-il. Ne te fait pas des idées, les adolescentes effarouchées ce n’est vraiment pas mon truc.

Une fois de plus, ce salaud vient de m’humilier et de me rabaisser plus bas que terre. Il s’amuse vraiment à me terrifier et à me faire croire des choses qui n’existe que dans ma tête.

- Tu peux m’appeler Lino comme tout le monde, m’indique-t-il avec désinvolture.

Il ramasse des bouteilles d’alcool pour les jeter à la poubelle puis disparait dans le couloir. Je regagne ma chambre à toute vitesse avant qu’il ne change d’avis.

Je suis dans mon lit les yeux rivés vers le plafond. Je médite sur ce qu’il vient de se passer et mon cœur bat encore rapidement. J’ai vraiment cru que j’allais être le dessert de La pantera. Quelque chose me dérange et j’ai beaucoup de mal à l’appeler Lino car je suis certaine que ce n’est pas sa véritable identité.

En pensant à ces prostituées, je me dis qu’il y a quelque chose qui cloche chez elles. C’est comme si elles savaient que Lino appartient à une organisation criminelle. Peut-être même qu’elles dépendent du même groupe ? Cela n’a pas l’air de les déranger qu’il y est des gardes dehors, ni l’attitude de La pantera, alors je suppose que c’est le cas. Décidément, cette organisation est vraiment étendue et je suis seule face à elle.

Mes espoirs s’amenuisent mais je sais que la flamme ne disparaitra jamais. L’espoir meurt toujours en dernier et s’il me quitte cela veut dire que je disparaitrais aussi. L’image de ma famille apparait quelquefois dans mon esprit. Depuis combien de temps suis-je ici ? Peut-être une semaine voire un peu moins.

***

Je termine de m’habiller avec un short et une chemise à manche courte. Je constate avec soulagement que la porte de ma chambre est ouverte. Par curiosité, je tourne la poignée de celle de La pantera mais elle est fermée.

Lorsque j’arrive dans le salon, je constate qu’il n’y a personne mais je peux entendre les gardes derrière la porte d’entrée. Je remarque avec étonnement que cette dernière n’est pas fermée à clé. Je ne pense même pas à l’ouvrir car je ne veux pas savoir comment je vais être accueillit par les bonhommes de l’autre côté.

La baie vitrée n’est pas ouverte et je tape dessus avec force. Il faut absolument que je me calme et ne me laisse pas emporter. Je vais finir par trouver comment sortir d’ici mais je vais devoir être patiente.

Je prends des céréales car je réfléchis mieux en mangeant. D’abord, il faut que je connaisse le lieu où je me trouve. Si je ne peux pas faire le tour de la propriété, je peux tout de même observer ce qu’il se passe grâce aux fenêtres.

Je range la vaisselle sale dans la machine à moitié pleine puis je commence mon repérage. La baie vitrée me donne un point de vu remarquable depuis le jardin, mais pas suffisant sur la propriété.

Les murs sont très haut et me séparent de ce qui semble être une autre villa. Je suis en partie soulagée de constater que je suis dans un quartier résidentiel. Toutefois, je peux être n’importe où dans le monde.

Les remparts sont infranchissables, ce qui signifie que je vais devoir passer par le portail. Mais où me cacher en attendant qu’il s’ouvre ? La cabane de jardin est beaucoup trop loin de l’entrée. Il ne me reste plus qu’à prier pour qu’il y est des buissons près du portail. Cela est ma meilleure chance mais il faut d’abord que je trouve un moyen de sortir de la maison pour voit l’extérieur.

La baie vitrée de ma chambre et celle du salon possèdent une serrure. Soit je la détruis, soit je casse le double vitrage. Dans tous les cas, il me faut quelque chose de lourd.

Je dois passer au moins deux heures à inspecter tous les recoins de la maison. L’impersonnalité de la maison et le peu d’objet présent me poussent à croire que cet endroit est une sorte de QG secret abandonnable à n’importe quel moment. Le seul appareil électronique est la télévision qui m’indique que l’après-midi est déjà bien entamée.

Je finis par trouver un petit extincteur d’incendie qui représente ma meilleure chance de casser quelque chose de solide. J’espère que les films n’ont pas menti et que ça va marcher. La cuisine est dépourvue de couteaux dangereux qui pourraient m’aider à me défendre.

Je prends une grande inspiration puis je monte à l’étage. J’espère parvenir à descendre du balcon sans me casser une jambe. D’abord, je bloque la porte de ma chambre avec une chaise puis je me prépare à abattre l’extincteur sur la serrure.

Après quelques secondes de concentration, je fracasse l’objet contre la baie vitrée. Le bruit se répercute dans toute la pièce. Effrayée, j’exécute plusieurs fois le même geste jusqu’à ce que la serrure cède. L’alarme se déclenche à la seconde me laissant peu de temps.

J’entends de l’agitation au rez-de-chaussée et je me dépêche de faire coulisser la porte pour aller sur le balcon. Lorsque j’entends la porte se forcer, je ne réfléchis plus. Je prends mon sac à dos puis je passe par-dessus le balcon pour atterrir dans l’herbe. Mes chevilles souffrent un peu mais je me dépêche de me cacher derrière un énorme buisson.

La seconde d’après un garde apparait sur le balcon tandis que deux autres courent dans le jardin. Mon cœur bat à cent à l’heure et j’entends l’un d’eux parler au téléphone. La pantera ne va pas tarder à arriver, ce qui signifie que le portail va s’ouvrir.

Je longe les murs cachés derrière les buissons tandis que les gardes sont à ma recherche. Quelques-uns regardent dans les plantes mais je suis déjà loin. Je m’arrête près d’une petite haie et je constate que je vais devoir courir jusqu’au portail à découvert. Je me rassure en me disant que la distance n’est pas énorme.

Quelques minutes plus tard, le portail s’ouvre et un 4X4 noir s’engouffre rapidement dans le sentier. Ni une ni deux, je m’élance vers la liberté. Je passe le portail avec brio et sans regarder en arrière je tape le sprint de ma vie dans la rue goudronnée.

- Eh ! crie une voix dans mon dos.

Je poursuis ma route même lorsque des coups de feu se font entendre.

Tout à coup, je m’effondre sur le sol en sentant une douleur me traverser la jambe.

- Non, pas maintenant, je chuchote pour moi-même avec désespoir.

Des larmes me brouillent la vue mais je vois La pantera se pencher au-dessus de moi avec une arme à la main.

- Jolie parcours princesa, mais ce n’est pas suffisant, minaude-t-il un sourire triomphant sur les lèvres.

Ma tête commence à tourner et je me sens vaciller. Mon geôlier me porte dans ses bras musclés et me reconduit vers ma prison dorée. Je penche la tête en arrière en priant pour qu’il ne me tue pas maintenant.

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