Chapitre 10 - Pression

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Je suis recroquevillée sur le matelas. Je ne me rappelle pas avoir dormi mais je sais que je ne suis pas non plus restée totalement éveillée. La nuit a été fraiche dans la cave et j’espère ne pas avoir attrapé un rhume. Ce connard serait capable de me laisser mourir ici.

La porte s’ouvre lorsque la lumière de la lucarne s’infiltre dans l’endroit. Je me redresse en observant l’imposante carrure de La pantera.

- Tu as une mine affreuse, constate-t-il avec dédain. J’en déduis qua tu as eu du temps pour réfléchir.

Mon geôlier me fait signe de le suivre. Je ne discute pas et je me relève avec une odeur d’humidité sur mes vêtements. J’arrive à la cuisine où des céréales m’attendent. Je m’installe pour manger sous le regard attentif du criminel. Je suis gênée qu’il me regarde avec autant d’intensité.

- Tes parents aimeraient entendre ta voix au téléphone, m’informe-t-il. Et Estella aussi voudrais discuter avec toi.

Je n’ai pas besoin qu’il en dise plus pour comprendre ce qu’il attend de moi. Mon téléphone qui me semblait si familier il y a encore deux jours ne représente plus rien. La pantera a accès à tous mes secrets alors que je ne connais rien de lui.

- Tu donneras des nouvelles à voix hautes si tu es sage, reprend-t-il. Si jamais l’idée de tous balancer traverse ton putain d’esprit de princesse…

Mon geôlier sort une arme de poing cachée derrière sa veste en cuir.

- … je t’explose la cervelle au téléphone.

Je hoche la tête pour lui signifier que j’ai compris. J’ai énormément de mal à parler en sa présence, c’est comme si ma bouche refusait de bouger. Je prends délicatement mon téléphone puis je clique sur le numéro de ma mère.

Entendre la voix de ma famille sans rien pouvoir avouer de ma situation actuelle me brise le cœur et me fruste en même temps. J’ai l’occasion de mourir et de mettre fin à tout ça sans souffrir mais mon cerveau veut absolument le contraire. Je ne sais pas pour quelle raison, mais je dois vivre.

- Ma chérie comment ça se passe en France ? demande-t-elle d’une voix enjouée. J’ai appelé mamie aujourd’hui et elle était heureuse de te voir. Sa voix était étrange mais je suppose qu’elle doit avoir de la toux.

Je fronce les sourcils en entendant cette dernière phrase. Mes grands parents pensent que je suis avec ma famille alors ils ne pourraient pas dire un truc pareil à ma mère. Le regard menaçant de La pantera m’oblige à répondre quelque chose.

- Je… je vais à la plage… tous les matins, je bafouille.

- Tu es sûre que ça va chérie ?

- Oui très bien, je me reprends tout à coup. Je viens de me rappeler que j’ai oublié mon porte-monnaie pour payer ma glace.

- Je te laisse faire tes activités, tu m’appelleras plus tard car Lina aimerait te parler, termine-t-elle.

Je raccroche avec l’envie soudaine de fondre en larme. Du coin de l’œil je voix le criminel ranger son arme.

- Comment avez-vous fait croire à ma mère que j’étais en France ? j’ose demander sans en regardant le sol.

- Puisque tu as été sage, je veux bien te le dire, réplique-t-il avec un sourire narquois. Lejos mon bras droit que tu as vu l’autre jours est le chef du service informatique et d’information de mon organisation. Grâce au numéro de tes parents et de tes grands-parents, nous pouvons intercepter les appels et utiliser une voix superficielle qui répond.

Ce mec est vraiment taré pour partir aussi loin dans son délire !

- Pourquoi vous casser le cul à faire un truc si complexe juste pour que personne ne découvre que j’ai été enlevé ? je finis par hausser le ton en fronçant les sourcils.

- Tout doux princesa, cela me permet aussi de voir à quel point mes employés sont performants dans leur travail.

Je ne dis rien et reste assise à la table du salon.

- Une femme de ménage vient aujourd’hui mais inutile de lui raconter ton histoire, elle fait partie de El Barrio, mon organisation. Tu ne penses quand même pas qu’elle va mettre sa place en jeu pour venir aider une pauvre princesse, réplique-t-il comme si c’était une évidence.

Pauvre princesse ? La colère commence à monter en moi mais je ne souhaite pas faire les mêmes erreurs que la dernière fois. Je ne dois pas répondre à ses répliques si je ne veux pas passer encore une nuit dans la cave. Je pense très fort à cet endroit désagréable pour m’aider à me calmer.

D’ailleurs, je ne comprends pas comment un homme aussi cruel et violent puisse avoir une aussi grande partie de la population dans la poche. Estella m’a bien fait comprendre qu’il était très puissant et que « El Barrio », un drôle de nom pour un gang, avait des yeux partout.

- Je dois partir et je te laisse exceptionnellement seule ici pour que Marta puisse faire le ménage dans ta chambre. Enfin, presque seule. De méchants monsieurs montent la garde devant la porte, déclare-t-il en souriant avec méchanceté. De plus, l’alarme se déclenchera si tu tente quoi que ce soit. Je te souhaite bon courage pour escalader le portail avant que mes hommes ne t’attrapent...

La pantera s’arrête sur le pas de la porte avant de se retourner d’un air menaçant.

- … ou t’élimine.

Il est difficile pour mon cerveau d’imaginer que la menace est réelle mais après m’avoir mise en garde avec une arme de poing, je pense que cet homme est capable de n’importe quoi. Ce doit être pour ça qu’il est si dangereux de croiser sa route. Je suis malgré moi contrainte de vivre à moitié dans son monde. Moi qui voulais tant de liberté, j’ai fini par tout perdre.

J’allume l’écran plat grâce à la télécommande pour pouvoir lire l’heure. Il est dix heures passées et je sens déjà que la journée va être longue. Je zappe sur plusieurs chaines mexicaines jusqu’à tomber sur l’interview d’une homme charismatique et attirant. Je n’arrive pas à voir son visage de très prêt mais ce qui est dit m’interpelle.

- Nous avons la chance de rencontrer Vicente Alcarón un célèbre financier sur le plateau, commence le présentateur. Vous êtes ici pour nous présenter un nouvel édifice qui sera construits pour aider les populations les plus démunis du quartier de…

L’homme est très bien apprêté dans son costard ajusté, ses cheveux laqués en arrière et sons sourire de publicité. En clair, il doit faire craquer toutes les filles qui le croise.

- Je souhaite construire un grand gymnase pour que les enfants ne soient pas livrés à eux même dans la rue et sous l’influence des gangs, réponds-t-il en souriant à la caméra. Je veux qu’ils puissent bénéficier d’un encadrement à travers le sport.

Il me semble déjà avoir vu cet homme mais je n’arrive pas à mettre le dois dessus. Sur un magasine ou un panneau publicitaire peut-être ?

Monsieur Alcarón explique exactement ses projets et comment il a pu les financer. Des échanges comiques commencent ensuite entre les deux hommes sur le plateau. Je change de chaine pour regarder des dessins animés pour enfants. Cela sera plus efficace pour me remonter le moral.

La femme de ménage Marta entre dans la maison sans m’accorder un regard, comme si je n’existais pas. La pantera n’a pas menti quand il a dit que cette femme ne risquerait rien pour m’aider.

Je l’observe du coin de l’œil sortir son attirail de ménage d’un placard à balai. Elle disparait à l’étage et j’en profite pour fouiller dans la maison. La cuisine est spacieuse mais comporte peu d’équipement. Les placards sont très peu remplis, signe que le propriétaire doit manger à l’extérieur.

J’essaye d’en savoir plus sur La pantera pour essayer de trouver son point faible. Le sous-sol ne comporte que la cave dont je refuse de m’approcher et d’une laverie presque vide. Il y a des toilettes au rez-de-chaussée et une porte verrouillée.

Je patiente en lisant au moins deux heures avant que Marta descende. Une fois la chose faite, je grimpe explorer l’unique étage lumineux. La première porte à droite est ma chambre tandis qu’en face se trouve une salle de bain. Une autre chambre sans aucune affaire personnelle se trouve près de la mienne. Les deux dernières portes que j’essaye d’ouvrir sont fermées. Je me rappelle avoir vu Marta sortir une clé avant de monter.

Cela signifie que ces deux dernières pièces doivent contenir des choses importantes concernant mon geôlier. Et je compte bien découvrir ce qu’il essaye de cacher à tout le monde, à commencer par son identité.

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