Chapitre 8 - Terreur

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Ma tête est douloureuse et j’essaye d’ouvrir les yeux plusieurs fois sans y parvenir. Je ne comprends pas ce qui se passe et pourquoi je suis en train de dormir. Lorsque j’arrive enfin à ouvrir les yeux, je ne vois presque rien. Je tourne la tête vers une petite lucarne qui fait de la lumière.

Je cligne plusieurs fois des yeux puis je me redresse doucement. Ça sent l’humidité et je suis sur une espèce de matelas gonflable. Je ne distingue même pas le bout de mes chaussures d’écolières. Quel est cet endroit sordide ?

Lorsque mon cerveau commence à fonctionner normalement je fais un bon hors du matelas mais je chancèle. Je me rattrape à ce qui semble être un mur derrière moi. Les dernières actions que j’ai effectuées me reviennent en mémoire.

Merde, j’ai été enlevé ! Aller dans des toilettes perdues au fond de l’aéroport était vraiment la pire idée qu’il soit. Pourquoi j’enchaine les erreurs depuis quelques semaines ? Qu’est-ce que je vais devenir ? Si ça se trouve, je vais être vendu comme esclave sexuelle à l’autre bout du monde et on ne me retrouvera jamais.

Plus je réalise la situation critique dans laquelle je me trouve plus je commence à paniquer. J’ai envie de crier, de pleurer, de taper sur le mur mais je ne fais rien. Je reste là, les jambes croisées sur le matelas.

Le désespoir s’empare de moi et je sens une larme couler sur ma joue. Je pense à Lina qui était si triste de me voir partir. Elle va être détruite le jour où mon cadavre sera découvert, si on le découvre un jour. Je n’imagine même pas ma mère en train de piquer une crise, de vendre corps et âme pour rendre justice à la pauvre lycéenne décédée dans d’atroces conditions.

Puis je pense à mon père en train de négocier avec le Mexique. Bon sang mais cette histoire va faire le tour du monde ! Je n’ai pas envie d’être célèbre et encore moins de cette manière.

- Calme-toi, calme-toi, je chuchote pour moi-même en me balançant d’avant en arrière.

Je patiente de nombreuses minutes dans un silence de mort. J’ai toujours peur mais je ne sais pas combien de temps je vais rester ici. Mes yeux ont commencé à s’habituer à l’obscurité et grâce à la minuscule lucarne je distingue deux commodes. La pièce à l’air grande et très peu meublée.

En tremblant de peur, je l’inspecte en m’aidant du mur. Je ne rencontre presque rien sur mon passage. Ma main touche le bois de la commode et fait glisser les tiroirs. Il n’y a absolument rien à l’intérieur. J’ai fouillé tous les recoins des deux meubles mais ils sont vides. Je me baisse pour enquêter dessous.

Bingo ! Mes doigts se referment sur quelque chose de métallique. Je ressors ma main pleine de poussière avec l’objets. Je m’approche de la lucarne et je distingue un simple bout de métal tranchant. Je le garde avec moi car il peut toujours servir.

Je continue mon chemin et trouve ce qui semble être une porte. Bien évidemment, lorsque j’essaye de l’ouvrir discrètement, il ne se passe rien. Le reste de la pièce ne m’apporte pas grand-chose. La lucarne est trop haute pour que je puisse voir ce qu’il y a dehors.

Ma main dérape sur le mur à cause de quelque chose de glissant. J’approche mes doigts de la lumière et distingue de fines traces rouges presque sèche. Je me retiens de hurler de terreur et m’empresse de me frotter contre le matelas.

Je commence à espérer que quelqu’un vienne car je vais finir par devenir folle en restant dans cet endroit répugnant. Si mes kidnappeurs ne me tuent pas, alors je deviendrais une esclave sexuelle. C’est ce qui se passe généralement au Mexique. Le trafic d’être humain est aussi important que celui de la drogue et des armes.

Je ne veux pas connaitre un tel traumatisme. Le bout en métal glisse sur mes doigts et je le maintien fermement. Je pourrais facilement m’ouvrir les veines avec et lorsqu’ils reviendront, je me serais déjà vidée de mon sang. Maintenant, je sais que je n’ai plus rien à perdre à part ma vie.

J’entends une voiture se rapprocher de ma position. Mon cœur manque un battement et une vague de terreur s’empare à nouveau de moi. Je n’ai plus le temps de réfléchir pendant dix ans. Je serre un peut plus fort l’objet dans ma paume. Je respire un grand coup avant de placer la lame sur mon poignet.

La porte en fer s’ouvre à la volée me faisant sursauter. La lame tombe de ma main puis glisse entre mes jambes. La lumière m’aveugle et me force à mettre ma main devant mon visage. J’ai l’impression d’être un lapin pris dans les phares d’une voiture.

Des bottes lourdes retentissent et par instinct je retire ma main. Je cligne des yeux le temps de m’habituer au flot de lumière. Je reconnais immédiatement la posture dominante de celui qui m’a tiré dans la ruelle. L’homme porte toujours son bandana rouge autour du visage et m’observe avec mépris.

Je suis pétrifiée de peur et mon regard doit en dire long car je perçois un sourire malsain se dessiner sous le tissu. Tous les efforts que je viens de faire pour ne pas croiser à nouveau sa route viennent d’être anéantit. Au fond de moi j’espérais même qu’il ne tenterait rien.

- Est-ce que tu sais qui je suis Marina ?

Mon cœur bondis dans ma poitrine en l’entendant prononcer mon nom. C’est bien pire que ce que je croyais. Nos regards se croisent et il sait que je connais son statut. Face à mon silence, il s’accroupit près de moi et poursuit :

- Voilà ce qui arrive quand on baisse sa garde. Tu en as profité la dernière fois, maintenant c’est à mon tour. Personne ne frappe La pantera !

Face à ses derniers mots mon instinct réagis avant mon cerveau. Je prends la lame entre mes jambes puis je la dirige vers le cou de mon adversaire. Avec une rapidité déconcertante il m’évite. La pantera m’empoigne le bras avec force pour me relever.

- Tu ne m’auras une deuxième fois salope, fulmine-t-il encore plus en colère qu’avant.

Avec une force herculéenne, il me fait sortir de la pièce sombre. Nous longeons un couloir clair avant de monter un escalier en marbre. Je ne veux pas me débattre car j’ai peur que d’un seul coup il me brise le bras.

- Lâche-moi ! je hurle malgré la peur qui me tort l’estomac.

Nous grimpons à l’étage puis il me jette dans une chambre.

- Te laisser pourrir dans la cave ne serait pas assez amusant, grommelle-t-il.

- Patrón ! appelle un homme au rez-de-chaussée.

Il lâche un grognement mécontent puis fouille dans un tiroir et en sort des menottes. J’essaye de lui échapper à nouveau mais il m’empoigne fermement pour m’attacher au pied du lit. Ensuite il se penche vers moi.

- Tu es mon jouet maintenant, grogne-t-il les yeux brillant de malveillance. Comporte-toi comme une petite fille sage sinon je vais te punir.

La pantera me laisse seule dans cette chambre sans rien ajouter. La pièce est dénuée de charme et triste, mais ma valise fuchsia attire mon attention. Etrangement, je me sens un peu rassurée de voir un objet familier.

La baie vitrée éclaire la pièce et laisse entrer le soleil. Je pense me trouver dans une villa mais je peux très bien être à Mexico ou à dix mille lieux. La position de l’astre m’indique que ce doit être le matin. Je suis restée plus de douze heures dans les vapes.

J’ai une main libre mais je n’ai rien à attraper. De plus, ce sont des menottes de vrai policier pas celles qu’on trouve dans les magasins à deux balles.

La porte est entre-ouverte et la liberté me nargue. J’essaye de soulever le lit mais il est bien trop lourd. Je lâche un crie de frustration en retombant au sol.

Je donnerais cher pour effacer mon coup de pied dans les roubignolles. A cause de ce simple geste je me suis condamnée. Je me recroqueville sur moi-même en pleurant en silence. Il manquerait plus que ce salaud revienne parce que je suis trop bruyante.

Comment ai-je pu penser que ça en resterait là ? J’ai castré l’un des criminels les plus puissant du Mexique. J’aurais pu tomber sur un général du groupe mais il a fallu que ce soit le boss en personne.

Je frappe le sol plusieurs fois au lieu de me frapper moi-même. Je pense que La pantera s’en chargera très bien si l’envie lui prend.

Mes parents pensent que je suis à Paris et ne se doutent de rien. Je ne peux que compter sur mes grands-parents qui doivent se demander ou je suis. Je ne peux m’empêcher de garder une once d’espoir au fond de moi.

Mais si La pantera a réussi à me retrouver parmi les milliers d’étrangers qui résident à Mexico alors je sais qu’il est capable de tout. J’aurais préféré qu’il me tue directement car je connais désormais son objectif : me torturer. Le fait qu’une gamine comme moi le frappe a dû briser son égo en morceaux.

Il est inutile de crier puisque toutes les personnes que je verrais seront de son côté. Certains auront peut-être même collaboré pour m’enlever. Si je veux m’en sortir il va falloir que je le prenne par les sentiments. Le truc c’est que d’après ce que je sais, La pantera ne fait pas dans les sentiments. Pourtant, c’est ma seule chance de sortir d’ici.

Les heures passent et il ne revient toujours pas. Je commence à avoir très soif et faim. La somnolence commence à m’emporter et je n’arrive plus à lutter. Pour cause, je finis par m’assoupir contre le lit.

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