Chapitre 2 - Quel avenir ?

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- Salut Pablo ! s’exclame joyeusement Estella en s’approchant du groupe.

- Bonjour, dis-je simplement en regardant mes pieds.

Les garçons nous saluent de la main puis nous laissent de la place sur le banc. Je me retrouve coincée entre mon amie et Pablo.

- Salut les filles, répond ce dernier. Alors, vous allez venir à la fête d’Harry ?

- Evidemment, s’écrit mon amie. Nous n’allons pas manquer notre dernière soirée en tant que lycéen.

Alors qu’Estella fait la conversation aux garçons, je me retourne pour observer le parc qui s’étend face à moi. Les arbustes et les fleurs sont parfaitement bien entretenus par nos jardiniers. Chaque habitant du quartier doit payer une taxe spéciale afin d’entretenir les lieux communs.

Madame Dawson, une anglaise qui passe sa retraite au Mexique se promène avec son chien. Warrior, l’animal d’Estella est en train de faire une sieste à ses pieds. La vieille dame nous salue de loin et je lui souris.

- A quoi tu penses ? me demande Pablo.

Je me tourne vers lui gênée car je ne sais pas comment lui faire comprendre qu’il ne m’intéresse pas. Je le détaille quelques secondes avant de lui répondre. Pablo a le physique d’un mexicain typique tout comme Estella. Sa coupe de cheveux à la Justin Bieber des années 2013 le rend mignon mais il possède encore un visage enfantin. Je comprends qu’il puisse plaire à des filles mais je préfère les hommes plus virils.

- Je me disais que le chien de madame Dawson avait l’air d’être en fin de vie.

- C’est clair, rit mon camarade.

Un long silence s’installe entre nous alors que les éclats de rires d’Estella et des garçons raisonnent. Quelques instants plus tard, Pablo poursuit la conversation :

- J’aime bien ton accent.

- Mais je n’ai pas d’accent, je m’indigne.

- Tu parles vraiment très bien espagnol mais tu as un très léger accent français. De plus, l’accent mexicain n’est pas pareil qu’en Espagne, m’explique mon camarade en souriant.

Pablo était un peu confus ce qui me donne une bouffée de chaleur anxieuse. Sachant que je n’ai jamais eu de petit ami, je ne sais pas comment me comporter avec les garçons. Je savais que ma famille devait souvent déménager pour le travail de mon père, alors je refusais de m’attacher à un garçon. En septembre, je ne serais probablement plus au Mexique. Il me reste quelques jours avant de poser un choix définitif pour une université.

- Je vais y aller, je m’exclame tout à coup en me levant.

- Déjà ? s’exaspère Estella.

- Ma sœur vient de finir les cours il est quinze heures passées. Elle m’a demandé de l’aider à faire ses devoirs, je mens.

Estella se lève à son tour et réveille son chien. Nous saluons les garçons avant de reprendre le chemin vers ma maison. Au Mexique, les filles seules doivent faire attention avec les groupes de garçons. C’est pourquoi mon amie n’est pas restée avec eux.

- Alors, tu t’es décidée à sortir avec Pablo ? demande-t-elle.

- Je vais bientôt partir dans un autre pays, je lui explique. Ça ne sert à rien de commencer une histoire.

- Tu comptes vraiment quitter le pays ?

- J’aime beaucoup le Mexique, mais regarde un peu où nous vivons, dis-je en lui montrant ce qui nous entoure. Je ne souhaite pas rester enfermée ici. Je veux découvrir le monde et des endroits insolites. Nous ne sortons jamais du quartier à part pour faire du shopping et aller en cours.

- Je comprends ce que tu veux dire, soupire mon amie. Mais tu sais il n’y a pas grand-chose à voir à part ce que tu connais déjà. Il y a énormément de bidonvilles et de quartiers qui craignent. Je te recommande de visiter l’Etat du Yucatan, il y a des ruines de temples Mayas à couper le souffle.

- Nous allons y aller en juillet, je lui indique. J’aimerais découvrir une nouvelle facette de Mexico. Je me sens mal d’être une privilégiée alors qu’une grande partie de la population vit dans la pauvreté.

- Il y a trop de trucs à faire dans ce pays, ce n’est pas toi qui pourras changer les choses en constatant la misère, souffle Estella, une pointe de colère dans la voix. La meilleure idée serait de faire partie d’une association et de te tenir loin de certains quartiers.

Nous sommes presque arrivées chez moi et tout comme Warrior, je commence à avoir soif.

- On se parle plus tard, dis-je à mon amie en lui faisant un signe de la main.

- Médite sur mes conseils, s’inquiète-t-elle. Je connais ce pays mieux que toi Marina.

Mon amie poursuit son chemin alors que je pénètre dans le hall. Lina est en train de goûter à la table de la salle à manger. Je m’assois en face d’elle avec un verre d’eau pour discuter. A la fin de la semaine elle aura terminé son année scolaire.

- Les professeurs nous ont encore donné des devoirs, ronchonne-t-elle. On est à trois jours des vacances, j’aimerais en profiter.

- Tu en profiteras pendant les vacances, nous avons prévu de faire le tour du Mexique.

- Heureusement, qu’il y ça pour me consoler.

Lina et moi nous nous ressemblons énormément car nous possédons la même couleur de cheveux et d’yeux. Ma sœur termine son goûter puis se lève pour faire ses devoirs dans sa chambre.

Je prends mon maillot de bain qui sèche sur la terrasse puis je vais me changer dans les toilettes du bas. Ensuite, j’effectue un plongeon dans la piscine. L’eau me rafraichit immédiatement. C’est un véritable bonheur d’avoir cet équipement chez soi. La climatisation ne suffit pas toujours à me contenter.

Je reste quelques minutes sur le dos en train de contempler le ciel. Le soleil n’est plus au zénith et tape moins fort. Je prends du temps pour réfléchir à ma conversation avec Estella. Je sais qu’elle connait bien le Mexique mais elle a toujours vécu dans le quartier, ce qui n’est pas mon cas.

C’était un véritable choc la première fois que nous sommes venus ici. Je ne suis pas faîte pour rester enfermée. J’ai l’habitude de me promener comme je veux dans les villes. Ce n’est pas parce que le Mexique est classé parmi les pays les plus violent et dangereux du monde que je vais renoncer à mes excursions.

Je n’ai pas découvert grand-chose depuis que je suis là. Ni les centres-commerciaux ni le quartier des affaires ne représentent le pays. Je veux voir le véritable visage de Mexico. Je suis certaine qu’elle a beaucoup à offrir.

Je sors de l’eau puis je me sèche. Ensuite, je prends une douche puis je me pose sur mon lit pour lire.

Je ne vois pas le temps passer et j’entends les pas de mon père dans les escaliers. Je sors précipitamment de ma chambre pour le saluer.

- Nous devons discuter de ton avenir ce soir, dit-il solennellement avant de pénétrer dans sa chambre.

Mon père est souvent épuisé en rentrant. Son costume lui donne chaud mais il est obligé de le porter. Ma mère quant à elle ne travaille plus depuis que nous sommes arrivés au Mexique. Elle a reçu un héritage important de ma grand-mère décédée il y a un an.

Je descends les escaliers pour demander à ma mère ce qu’elle a raconté à mon père. Notre domestique Luisa apporte le plat chaud d’un gratin sur la table. Ma sœur arrive derrière moi et vient s’installer. Mon père, s’installe près de ma mère en tenu décontracté. Les moments en famille sont les seuls où nous pratiquons le français. Le reste du temps, nous conversons en espagnol avec les autres.

- Qu’est-ce c’est que cette histoire d’université ? demande mon père.

- J’aimerais étudier ailleurs qu’au Mexique, je déclare ne me servant une part de gratin. Je pencherais pour les Etats-Unis après mûre réflexion. L’université d’Etat de Californie m’a accepté. De plus, je pourrais toujours venir vous voir en avion.

- J’aurais préféré que tu restes avec nous à Mexico, intervient ma mère. Je n’aime pas te savoir seule dans un pays que tu ne connais pas.

- Je veux découvrir le monde et surtout les Etats-Unis, je me défends.

- Tu es pire que ton père, soupire ma génitrice.

- Pas la peine d’en faire tout un plat Mercédès, déclare mon père. Marina est majeure est elle a le droit de choisir.

Ma mère fusille son mari du regard avant de se tourner vers moi.

- Très bien, fais comme tu veux mais j’espère pour toi que tu ne vas pas regretter ton choix. Tu as de la chance que nous ayons les moyens de payer ta scolarité là-bas.

- Quelles matières veux-tu choisir ? demande mon père.

- Droit, économie et littérature espagnole, je réponds fière d’avoir mon père de mon côté.

A la fin du repas ma mère indique à mon père qu’elle veut lui parler. Ma sœur et moi nous montons dans nos chambres. Je les entends se disputer et ça me fait mal au cœur. Je pose mon casque sur mes oreilles puis je mets de la musique.

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