L'homéopathie à l'épreuve des faits

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Nombre de personnes ayant testé l'homéopathie vous l'affirmeront : on voit que ça marche. Beaucoup de gens pensent que pour savoir, il faut tester sur soi ; que l'expérience personnelle reste la meilleure preuve pour attester de quelque chose. Après tout, si elles l'affirment... Pourquoi en douter ? Le problème, c'est qu'il y a aussi des gens qui affirment que les vaccins causent l'autisme et la sclérose en plaques, d'autres qui prétendent pouvoir guérir le cancer avec une simple apposition des mains ou qu'un jus concentré peut faire repousser un membre (ne rigolez pas, il y en a vraiment qui le disent).

Certaines de ces affirmations paraissent extraordinaires, donc y croire sur parole reste assez difficile. De ce fait, comment faire pour savoir s'ils sont de bonne foi ou se trompent (ou tout simplement mentent) ? Pour cela, le meilleur moyen reste de recourir à la méthode scientifique, via toutes les études et autres méta-analyses réalisées.

Quand on gratte un peu, on se rend compte que l'homéopathie ne constitue pas un traitement plausible étant donné que les principes sur lesquels la méthode de traitement repose (fonctionnement des médicaments, des maladies, du corps humain, des fluides et des solutions) sont contredits par un large ensemble de découvertes faites en biologie, psychologie, physique et chimie dans les deux siècles suivant son invention.

Reprenons les principes :

1. Les similitudes :

Nons l'avons vu précédemment, le 1er principe est de soigner le mal par le mal. Pour guérir quelqu'un souffrant d'un certain mal, il faut lui administrer une substance qui cause ce même mal chez un individu sain. Vous avez envie de vomir ? Pas de problèmes, on vous donne un produit qui... vous fait vomir.

La médecine moderne a cependant démontré que c'est une hypothèse totalement invalide. Tout au plus, on sait désormais que n'importe quelle substance peut être toxique puis mortelle à haute dose, et parfaitement indifférente à un dosage suffisamment faible. Paracelse, au XVème siècle, disait déjà que : « Rien n'est poison, tout est poison : seule la dose fait le poison. »

2. Les dilutions :

Ici, il s'agit de diluer le produit utilisé dans un volume d'eau suffisamment grand pour "permettre à la solution de décupler sa force". Sur l'emballage, le nombre de dilutions (rappel : 1 volume de la teinture mère dilué avec 99 volumes de solvant) est le plus souvent exprimé en CH.

En terme d'équivalence, cela représente donc :

– 4 CH = une goutte de la substance de produit actif initial dans une piscine de jardin
– 5 CH = une goutte de cette même substance dans une piscine olympique
– 6 CH = une goutte dans un étang de 250 m de diamètre
– 7 CH = une goutte dans un petit lac
– 8 CH = une goutte dans une grand lac de 10 km² par 20 m de profondeur
– 9 CH = une goutte dans un très grand lac de 200 km² par 50 m de profondeur
– 10 CH = une goutte dans la Baie d'Hudson
– 11 CH = une goutte dans la mer Méditerranée
– 12 CH = une goutte dans tous les océans de la planète
– 30 CH = une goutte dans un milliard de milliard de milliard de milliard de fois toute l'eau de tous les océans de la planète
– 200 CH = beaucoup plus que le nombre d'atomes estimés dans l'univers

D'après les bases de la chimie contemporaine, le nombre de molécules présentes dans quelques dizaines de grammes d'un composé chimique correspond à l'ordre de grandeur du nombre d'Avogadro (environ 6,022 x 10 puissance 23 molécules). A partir de 12 CH, il n'y a statistiquement plus aucune chance de retrouver la moindre molécule de principe actif. Même si le premier principe permettrait de guérir, comment une substance dont on ne trouve plus aucune molécule active pourrait avoir un impact thérapeutique?

3. La dynamisation

Secouer une préparation homéopathique, c'est à dire la dynamiser, permettrait d'en libérer sa force. Quel sens donner au mot force et comment la définir... Mystère. La dynamisation en tant qu'opération mécanique n'aurait pas de conséquences en matière d'activité biochimique, à part l'aération et l'homogénéisation du mélange.

4. L'individualisation

La théorie des miasmes, chère à Samuel Hahnemann pour expliquer l'origine des maladies (telles que la peste noire, le choléra ou la malaria), a été abandonnée depuis la découverte des microbes. Le plus gros problème de l'individualisation est qu'elle est un obstacle à la mesure de l'efficacité d'un remède. Il n'a pas marché ? C'est la faute du médecin, qui n'a pas su établir le terrain du patient, ou alors c'est le patient qui n'a pas été réceptif, il n'y croyait pas assez. Ou comment rendre le patient responsable de l'échec de sa guérison... En plus, ce principe est presque systématiquement avancé pour expliquer pourquoi une étude n'a pas pu prouver l'efficacité de l'homéopathie.

L'Oscillococcinum, un cas particulier :

Produit phare des laboratoires Boiron, cette préparation homéopathique est censée prévenir et traiter les états grippaux. C'est en observant le sang des malades au microscope optique que le médecin Joseph Roy croit observer un micro-organisme constitué de deux grains de tailles différentes pouvant changer de forme et présentant un mouvement oscillatoire rapide. Il lui donne le nom d'« oscillocoque ». Dans les années suivantes, il dit observer l'oscillocoque dans de très nombreuses pathologies (syphilis, tuberculose, herpès, oreillons et même rhumatismes chroniques).

Pour lutter contre ce germe, il élabore une recette composée, sur la base de ses seules intuitions, à partir d'autolysat de foies et de cœurs de canards de Barbarie.

Problème : la grippe étant due à un virus et non à une bactérie, Joseph Roy ne peut donc pas avoir observé l'agent infectieux respônsable de cette maladie puisque ce virus est trop petit pour pouvoir être vu par un mocroscope optique. L'existence de l'« oscillocoque » n'a également jamais pu être prouvée a posteriori.

Pour rappel, il est indiqué 200 CH sur l'emballage, ce qui signifie que s'il restait une seule molécule, sa concentration serait de 1 pour 100 puissance 200 molécules d’eau, soit un nombre correspondant au chiffre 1 suivi de quatre cents zéros, ce qui est beaucoup plus que le nombre estimé de molécules dans l'univers !

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