– 2 – Un joyeux anniversaire

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À la suite de sa rupture, Régis passa le week-end à se morfondre, à chercher des fautes dans ses actions ou son comportement, et à insulter son ex petite-amie, au point qu’il avait inquiété Luc et Malika lorsqu’ils avaient essayé de le joindre.

Il ne se reprit en main qu’au lundi matin, le jour de son départ.

Il rassura ses amis par message avec son téléphone ; qui avait miraculeusement survécu à son accès de colère, même si l’écran était en grande partie fissuré de toutes parts. Par contre, il n’avait pas eu la foi de s’habiller correctement et s’était contenté de mettre des survêtements.

Le train arriva en gare, ralentissant progressivement jusqu’à son arrêt total sur la voie. Régis, le visage contracté, entra dans l’un des wagons avec sa valise et chercha le numéro de place indiqué sur son billet. Une fois son bagage installé au-dessus de lui, il se laissa tomber sur le siège.

Même si c’était pour la troisième fois, il énuméra mentalement ces effets personnels pour vérifier qu’il n’avait rien omis :

Vêtements propres et sales, trousse de toilette, serviettes, feuilles de cours, livres, mon ordinateur et… C’est bon, j’ai tout pris !

Il avait déjà fait cette liste en sortant de son studio, oubliant ce dernier dans le coffre du lit, sous le canapé, puis dans le bus de ville au milieu du trajet. Il s’agissait de la seule arme qu’il avait réussi à emporter discrètement : un couteau de chasse que lui avait offert son père à ses dix-huit ans. Il aimait beaucoup les lames de collections, mais le règlement intérieur de la résidence était assez strict sur ce type d’objet.

D’habitude, il avait tendance à négliger ce genre de détail, mais après cette rupture soudaine par SMS et sans aucune explication de sa copine, il ne voulait pas revenir ici.

La traversée se fait sans encombre, contrairement à la plupart du temps où il y avait quotidiennement des retards. La musique et le défilement du paysage l’aidèrent à occuper son esprit durant tout le voyage, jusqu’à entendre le communiqué annonçant l’arrivée à Béziers.

La gare était remplie pour un début de semaine, mais c’était mieux qu’à Montpellier. Il parvint à se faufiler à la sortie de la station avant de franchir la voie le séparant d’un tunnel pour piéton. Il remonta ensuite la pente menant au Plateau des poètes, le parc naturel de la ville, en direction des Allées Paul Riquet. Il poursuivit jusqu’à la statue du personnage qui porte ce nom et changea d’itinéraire pour emprunter une ruelle, gagnant ainsi plusieurs minutes.

Il traversa la gare routière, où se trouvait le commissariat de police et autres bâtiments administratifs, et se dirigea vers la Place du 14 juillet, puis l’université, située derrière la médiathèque. Approchant de son objectif quand il passa près de l’établissement, il accéléra le pas et s’engouffra dans une voie sans issue, là où était l’habitation de ses parents.

Devant la maison, le jeune homme hésita. Au fond de lui, il espérait qu’ils ne soient pas partis, qu’ils l’accueilleraient en le surprenant… Ce souhait était maigre, car avant tout ceci, il avait déjà reçu des photos des endroits qu’ils avaient visités. Il se pencha pour récupérer la clé, qui était cachée au même endroit depuis des années, mais sa main se bloqua en remarquant le problème : elle avait disparu !

Avec vigilance, il ouvrit la porte qui n’était pas verrouillée, dans un grincement assez gênant, et entra avec prudence. D’un coup, une ombre se jeta sur lui pour l’enlacer.

— Surprise ! cria Malika.

Il faillit basculer, mais il tint bon et répondit à son étreinte.

Depuis qu’ils avaient emménagé dans la région, il y a une dizaine d’années, elle était son amie la plus ancienne et la plus proche. Ils s’étaient rencontrés en classe, peu après qu’elle et sa petite sœur avaient été placées dans une famille d’accueil, où tous ses camarades l’évitaient à cause de rumeurs. Cependant, lui-même se faisait juger pour son caractère assez spécial, raison pour laquelle il était venu vers elle. À compter de cet instant, c’était eux contre le monde, se côtoyant tous les jours au point de devenir inséparable et d’être quasiment adopté par les parents de ce dernier. Cette appartenance avait joué un grand rôle dans son développement actuel, surtout après avoir montré un certain intérêt pour le bricolage des véhicules : elle fut personnellement formée par le père de Régis, qui était un mécanicien chevronné.

Elle avait un visage doux, un peu ovale ; des yeux verts ; et de longs cheveux bouclés, de couleur châtain, qu’elle avait simplement attachés derrière. Elle portait une combinaison de travail marine, mais elle avait enlevé le haut révélant un t-shirt gris, où il était écrit en gros « Bad girl », et avait noué les manches de cette dernière autour des hanches.

Un peu plus jeune que lui, seulement de quelques mois, elle le dépassait d’une tête, renfonçant son complexe de taille.

À un moment de leur adolescence, ils avaient tenté une relation plus sérieuse qui n’avait pas duré. Mais pour eux, c’était pour le mieux : leur amitié n’avait pas été brisée, même quand il dut aller en internat, dans le lycée Beauséjour, puis à l’université de Montpellier. Ce fut pendant cette période qu’elle avait rencontré Luc et qu’ils étaient sortis ensemble pendant un an avant qu’il la quitte subitement pour poursuivre sa carrière de pompier. Depuis, elle avait une certaine animosité contre lui alors.

— Mais qu’est-ce que tu fais ici ? demanda l’étudiant, étonné de sa présence, après l’avoir repoussé gentiment. Tu ne devrais pas être en train de travailler à l’atelier de mon père ?

— Tes parents m’ont donné les clés en affirmant que j’étais autant la bienvenue que je le voulais. J’en ai profité pour préparer ça.

Elle s’écarta pour lui laisser voir un gâteau posé sur la table du salon, où deux bougies en formes de nombre venaient d’être allumées et disposées pour faire le chiffre « vingt ». Tandis qu’il se rapprochait, ému de ce qu’elle avait fait, elle lui chanta « joyeux anniversaire ». À la fin, elle prit la pâtisserie et la mit au niveau de ce dernier. Il ne put s’empêcher de sourire et d’avoir les larmes aux yeux. Il réfléchit à un vœu, puis souffla sur les petites flammes qui s’éteignirent une à une.

Ils s’assirent tous les deux sur le canapé, puis la jeune femme sortit deux paquets du tiroir du meuble avant de les offrir

Le premier contint un pendentif qui possédait un symbole sur ses deux faces : sur un côté, il y avait le « Valknut », trois triangles entrelacés, au cœur d’un cercle de runes ; et sur l’autre, il y avait trois cornes entrecroisées. Il s’agissait des emblèmes d’Odin, Père des dieux nordiques.

— Merci, dit-il en le mettant autour du cou.

— Attends la suite, répondit-elle mystérieusement.

Intrigué par ce ton, il défit le dernier emballage, qui était un peu plus large : des autocollants pour moto. Il y avait le Vegvisir, la représentation de la boussole nordique, ainsi que deux loups ; Hati et Sköll, les enfants de Fenrir. Il les reconnaissait, car il y avait la lune et le soleil devant leur gueule, comme selon la légende où ils chassaient les astres pour les dévorer.

Au début, il réagit normalement, comme toute personne qui avait reçu un cadeau, puis il eut un déclic.

— Ça y est ? Tu l’as enfin terminée ?

— Et elle t’attend…

Excité, il se leva d’un bond, lâchant ces derniers, et constata soudainement ses habits, qu’il avait mis pour les enfiler le plus rapidement possible.

— Une minute, je vais aller me changer.

Il se dirigea vers sa chambre avec sa valise, qu’il avait laissée à l’entrée, et en pénétrant dans la pièce, un tourbillon d’émotions s’empara de lui : tout était resté identique depuis son départ à la fac. Son lit était toujours là, mal fait, collé contre le mur face à un meuble où se trouvait une petite télé et une console rétro. Son bureau aussi n’avait pas bougé, avec ses esquisses qu’il avait oublié d’emporter avec lui, tout comme sa bibliothèque qui ne s’était pas agrandie.

Elle contenait de nombreux livres en tout genre ; comme des romans allant du Fantasy au Thriller ; quelques ouvrages sur les périodes, les monuments et les personnages importants de l’Histoire ; des articles sur les diverses découvertes et recherches archéologiques dans le monde ; et des mangas, principalement des Shônen. Accrochées sur les murs au-dessus de son lit, près des dessins d’armes de créatures issues de son imagination, il y avait les photos de lui avec son ex-copine. Il se ressaisit après une longue inspiration et posa son bagage sur le matelas : il y sortit un jean bleu, un t-shirt gris ayant une main squelettique faisant le signe des cornes et une veste noire à capuche.

Il hésita à prendre son couteau puisqu’il n’en aurait sûrement pas besoin, mais comme son père avait l’habitude de conserver du saucisson dans le réfrigérateur de son garage, il préféra le garder au cas où. Il attacha l’étui à sa ceinture et rangea l’arme à l’intérieur avant de le cacher.

Avant de sortir, il observa une nouvelle fois les images : ils avaient participé à toutes sortes d’événements, comme des concerts ou des conventions, et ils ne s’étaient quasiment pas disputés, à part pour quelques broutilles.

Rien ne présageait cette situation et ce message, si court et sans aucune explication, était ancré dans sa mémoire. Il contracta ses poings de colère en y repensant, mais les relâcha quand il entendit les pas derrière lui.

— Elle te manque déjà ? le taquina-t-elle.

Il ne répliqua pas tout de suite, inquiétant alors son amie. Il avait un choix à faire et il savait très bien lequel : il enleva les photos, une par une, et les déchira sans hésitation.

— C’est fini entre elle et moi, annonça-t-il d’un ton glaçant. Je vais de l’avant.

En se retournant, il vit qu’elle tenait un polaroid, mais elle était choquée de sa réaction et de la nouvelle.

— C’est pour ça que tu n’as pas répondu ce week-end, comprit-elle. Tu veux en parler ?

— Pas maintenant… ne gâchons pas cette journée. Tu l’as trouvé où ?

— C’était à ma mère… Je l’ai gardé avec moi sans l’utiliser… jusqu’à présent.

Il se laissa faire lorsqu’elle lui agrippa le bras et l’emmena au salon, où il y avait le plus de luminosité. Elle leva l’appareil au-dessus d’eux et les photographia. Le cliché sortit quelques secondes après et tomba au sol. Elle le ramassa avant de le secouer pour faire apparaître un portrait.

— Ça te fera un souvenir plus joyeux, déclara-t-elle en le lui tendant.

Régis l’accepta avec plaisir en la remerciant et rangea l’image dans la poche intérieure de sa veste.

— Qu’est-ce qu’on fait ? continua-t-elle. On reste ici et je te coupe une part ? Ou tu veux y aller tout de suite ?

— J’ai bien envie de la voir, et puis on pourra toujours manger le gâteau ce soir.

Malika acquiesça avec un haussement d’épaules et lui fit signe de le suivre jusqu’au garage, où elle avait stationné sa moto, qu’elle l’avait monté elle-même, avec l’aide du père de Régis.

Ce type d’engin customisé se nommait Scrambler, créé principalement à partir de modèles routiers et modifiés avec des éléments tout-terrains afin de rouler sur toutes les voies, comme les pneus à crampons. Celle-ci était un rassemblement de pièces diverses, spécifiquement choisi pour durer le plus longtemps : un réservoir de trente litres ; qu’elle avait peint en bleu et décorée sur chaque côté d’une valkyrie enserrée dans des ronces de roses, un garde-boue de cross ; une selle pour deux places, un porte-bagage derrière celle-ci et un moteur bicylindre refroidi par air.

Après avoir vérifié que tout était correctement fermé, Régis confia les autocollants à son amie et s’installa derrière elle, puis ils partirent vers l’atelier.

Ils atteignirent leur destination sans difficulté, dans la zone industrielle juste avant le stade, malgré un trafic assez important sur le trajet et jusqu’au Polygone, le centre commercial de la ville.

Cependant, ils surent tout de suite que la situation allait mal : le portail d’entrée était ouvert et une bande de vandales s’était approprié les lieux. Ils s’amusaient à frapper les véhicules avec des barres en métal et des masses. Ils s’interrompirent en apercevant le duo s’avancer, casque en main, après être descendu de la moto. Si Régis était abasourdi, Malika tremblait de colère et d’indignation.

— Mais qui voilà ? déclara l’un d’eux en s’approchant. Ça fait un bail que je t’ai pas vu, Régis ! On te manquait tant que ça ?

Il se mit à rire à sa propre blague avant de remarquer la personne qui l’accompagnait :

— Et toujours collé à ta copine… Qu’est-ce que tu fous sur mon territoire ?

Le jeune homme décida d’agir avant que son amie fasse une bêtise :

— C’est le garage de mon père, Connor ! T’as intérêt à dégager, toi et tes potes, sinon je vous flanque dehors de force !

— Et tu crois que me menacer va me faire obéir ? répliqua-t-il sur un ton impertinent. J’ai plutôt envie de rester et de profiter de mes jouets.

— Tes jouets ? réagit Malika folle de rage. Tu sais combien de temps j’ai mis pour bricoler ses voitures ? Espèce d’enc… !

Son ami lui plaqua subitement la main devant la bouche, mais le mal était fait.

— Tu m’as traité de quoi ? s’offusqua Connor.

Les autres casseurs se rapprochèrent dangereusement d’eux, attendant le signal de leur chef. Par manque de choix, Régis se positionna entre la jeune femme et la bande, et fit face à Connor :

— Tu veux une menace ? Je vais t’en faire une : d’après toi, qu’est-ce que fera mon père quand il apprendra ce que tu nous as fait ?

Le voyou arrêta ses sbires d’un geste et marcha en sa direction, frottant sa main sur le visage. Tout le monde connaissait la réputation de celui-ci et il n’était pas prudent de le chercher.

— C’est tentant… mais je m’en fous !

Aussitôt, il lui fit un uppercut au ventre, mais Régis devina son intention et se défendit avec le casque. Connor hurla de douleur en reculant et ne vit pas venir l’étudiant, qui le frappa plusieurs fois au visage avec la protection. Complètement sonné, il tomba à terre avant d’être enserré au cou par Régis. Les vandales se ruèrent vers leur chef, mais ils s’arrêtèrent en apercevant le couteau sous la gorge.

Le délinquant se réveilla et constata sa situation.

— T’auras pas le cran… !

Le rapprochement soudain de la lame lui rétorqua le contraire. D’un mouvement de la tête, Régis ordonna aux autres de dégager. Ils obéirent sans ciller, sauf un, qui eut l’idée de s’en prendre à Malika et il le regretta : elle lui fit un puissant crochet qui lui déboîta la mâchoire.

Quand ils furent tous passés, l’étudiant se leva avec son otage et se dirigea vers eux avant de le repousser, puis ferma le portail au plus vite.

Rempli de rage et blessé dans sa fierté, Connor se rapprocha des grilles d’un air menaçant :

— Ne crois pas t’en tirer comme ça ! T’as intérêt à faire gaffe à tes fesses quand tu sortiras d’ici !

— Malika, dit celui-ci, va me chercher le fusil ! Il est dans le bureau avec les cartouches de gros sels.

Paniqué par cette réponse, ils s’enfuirent aussitôt et dès qu’ils furent assez loin, Régis se décontracta, relâchant sa tension.

— T’étais pas obligé de jouer la carte du « l’arme à feu », commenta Malika, inquiète de cette situation.

— Avec eux, rétorqua-t-il entre deux respirations, il fallait essayer…

Il se ressaisit et observa les alentours : l’atelier de son père était un terrain assez grand, comprenant un hangar et une cour où étaient entreposées diverses automobiles. Cela faisait quelques années qu’il n’était pas venu, depuis qu’il avait commencé ses études supérieures.

Heureusement, l’entrée du bâtiment avait été solidement fermée par de lourdes chaînes en acier et un cadenas épais, évitant de justesse que les vandales volent les outils à l’intérieur.

Régis aida son amie à ouvrir les portes coulissantes, éclairant au grand jour le fameux cadeau : une moto, en tout point semblable à la sienne, sauf la couleur du réservoir qui était noir.

— Il me reste quelques rajustements et vérifications à faire, mais il me manquait juste les autocollants pour la finir.

Agréablement médusé par ce qu’elle avait fait, il la prit dans ses bras, comme il le faisait avec elle à chaque fois, la gratifiant de remerciement et de compliments, avant de la libérer. Pendant un instant, il avait complètement oublié ses tracas, mais il voyait là une occasion de passer à autre chose.

— Je sais que je t’avais dit que je ne pourrais sûrement pas faire ce Roadtrip avec toi, cette année, expliqua-t-il en s’avançant, et je ne veux pas te faire croire que…

— Régis…

L’intonation qu’elle avait employée dans son dos pour le couper le stoppa net, car c’était un ton doux et posé qu’il n’avait jamais entendu. Il se retourna vers elle et son cœur loupa un battement : il la trouvait subitement différente.

— Je sais que c’est récent pour toi, mais j’ai tant espéré ce moment depuis des années.

Elle se rapprocha lentement de lui tandis qu’il restait tétanisé, tremblant de tous ses membres.

Pourquoi tu bloques comme ça ? se dit-il à lui-même. Ressaisis-toi !

— Ça ne se fait pas de souhaiter ça ! continua-t-elle. Je veux que tu sois heureux, et tu le penses aussi pour moi, mais ça me faisait mal quand tu étais avec elle… ou d’autres filles.

Elle était désormais face à lui.

— Nous n’étions que des enfants… Je n’ai jamais retrouvé cette émotion que j’avais eue avec toi, déclara-t-elle.

— Moi… non plus, révéla-t-il malgré lui

Ils se penchèrent lentement, rapprochant leurs lèvres, mais un bruit de verre cassé à l’extérieur mit fin à cet instant.

Au début, ils pensèrent que Connor et sa bande étaient de retour, mais en sortant du garage, ils ne trouvèrent personne jusqu’à ce qu’un autre son survienne au-dessus d’eux. Ils virent avec stupéfaction que le ciel était en train de se fissurer dans son intégralité.

Un léger frisson à la nuque fit comprendre à Régis qu’il allait se passer quelque chose. Au moment où il couvrit Malika pour la protéger, la voûte céleste éclata en morceaux. Après plusieurs secondes d’attentes, n’entendant aucun débris s’écraser près, il cessa son étreinte pour observer la singularité et la jeune femme hoqueta de stupeur. En levant les yeux, ils pouvaient distinguer un paysage terrestre, comme un reflet à leur monde.

Cela ne dura pas, car une immense masse d’énergie lumineuse déferla à travers la mince frontière, telle une météorite, et sillonna l’image miroir d’un voile blanc. Hypnotisés par ce spectacle, les deux amis ne réagirent pas lorsqu’un rayon les foudroya sur place. Cela provoqua aussi un souffle d’explosion qui les fit se cogner contre les portes dans des directions opposées avant de tomber violemment au sol.

L’étudiant, face contre terre, parvint à ne pas flancher au choc et rechercha Malika. Il la vit non loin de lui, mais elle était en sang et ne semblait pas éveillée. Il rampa douloureusement jusqu’à elle, ne se concentrant que sur son objectif, alors que d’étranges filaments lumineux commencèrent à envelopper cette dernière.

Cependant, il fut lui aussi victime du phénomène, qui le ralentit considérablement. Un ultime mètre le séparait d’elle, mais ce fut trop tard : ils avaient complètement recouvert son amie, façonnant une chrysalide éclatante qui oscillait entre la blancheur et le doré.

Comprenant qu’il allait subir le même sort, il se démena pour retirer les fils qui le recouvraient, mais plus il en enlevait, plus ils se multipliaient. Il commença à s’épuiser et sa vision s’obscurcit au fur et à mesure que la membrane gagnait du terrain. Dans un dernier effort, il parvint à se relever sur ses genoux et poussa un cri de rage, qui prit un timbre bestial et qui lui fit un regain d’énergie. Ce second souffle lui permit de lacérer les fibres surnaturelles, qui ne résistèrent pas, et de se libérer.

Il avança avec ténacité jusqu’à l’enveloppe de Malika, avant de s’effondrer tout à coup dessus à cause d’une soudaine fatigue. Malgré ça, il essaya tant bien de mal de la délivrer avec son couteau, mais la lame rebondit sur la surface, à la fois rigide et souple. Il recommença malgré tout, à plusieurs reprises et sans s’arrêter.

Il aurait pu continuer longtemps si une puissante secousse ne l’avait pas renversé au sol. Sonné par l’impact, il sentit soudain ses forces le quitter tandis qu’il se faisait de nouveau envelopper par les filaments. Perdant petit à petit conscience de ce qui l’entourait, il parvint à s’accrocher au cocon de son amie, même s’il n’avait aucune prise.

— Je ne te lâcherais pas… Je ne te lâcherais pas… !

Malencontreusement, il finit par céder malgré sa féroce volonté, mais il continua à penser à elle lorsqu’il s’endormit dans sa chrysalide.

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