Bental

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Leucis fût emporté dans le flot continu de passant. Les marchands sortaient leurs étalages et les échoppes ouvraient. On pouvait trouver de tout ici, autant du matériel que des services.

Leucis avait entendu une rumeur intéressante sur une vieille papeterie dans les quartiers Ouest. Sur le chemin, il fit son plein de vivre et racheta quelques vêtements pour remplacer les anciens. Des rues plates et pavées furent un soulagement après ces nombreux jours de marche.

Leucis n'était pas pressé et se dit qu'il irait voir la papetierie le lendemain. Il trouva une taverne non loin qui proposait aussi quelques lits. Leucis entra et découvrit une pièce accueillante. Le décors restait simple mais ajoutait un charme à la pièce. La salle pouvait contenir une vingtaine de personnes et s'organisait autour d'une cheminée centrale. Au fond de la salle se trouvait un escalier menant au premier étage de la bâtisse. Le plafond était assez bas et on pouvait apercevoir quelques chandeliers vides accrochés aux murs. A droite se trouvait le comptoir avec une femme qui semblait nettoyer le reste de vaiselle de la veille. Elle était d'âge moyen mais forgée par son métier. Elle se tourna vers Leucis quand celui-ci ferma la porte, isolant la pièce de l'agitation urbaine.

  • Bonjour mon brave, que puis-je pour toi ? dit la propriétaire avec une voix rauque usée par le temps.
  • Bonjour, je cherche un logement pour quelques jours ainsi qu'une table à laquelle manger. répondit-il

La tavernière se retourna et continua :

  • Il nous reste quelle piaule à l'étage ? cria-t-elle.
  • Celle du fond je crois, répondit une voix dans l'arrière salle.

Leucis paya et la dame lui donna les clefs de la chambre. Il avança, monta les escalier grinçants et la femme reprit son activité. Le premier étage était simple, un long couloir apparaissait en haut des escaliers et quelques portes étaient placées le long de celui-ci. Leucis alla jusqu'à sa chambre, ouvrit la porte avec la clef que lui avait donnée l'aubergiste et posa ses affaires dans un coin de la pièce. La chambre était plutôt accueillante, deux pièces la constituaient. Il y avait une petite pièce contenant une baignoire pour se laver et l'autre comportait un lit, un petit bureau et une commode.

Le Moine s'effondra de fatigue, il ne s'était pas vraiment reposé depuis une semaine. Il ne faisait que marcher et dormait dans des couchettes précaires. Il enleva ses bottes et s'effondra dans le lit, le sommeil le prit aussitôt.

L'enfer, un nuage d'ébène épais tourne autour de lui. Il avance d'un pas tremblant, la terre est ocre et de la poussière lui rentre dans les yeux, le souffre lui brûle les poumons. Il continue sur le sentier ravagé.

Des visages l'observent, ils le regardent, leurs yeux sont vides. Il lève la tête, leurs âmes sont tenues par des démons, elles se débattent mais sans issues. Il continue à avancer, la fumée devint rouge. La terre suinte et un liquide noir coule le long de ses jambes. Les visages ont alors disparu, leurs âmes aussi. Soudain le nuage s'estompa pour finalement disparaître. La terre retrouve sa consistance normale mais non sans lui laisser des marques de brûlure.

Il lève la tête. Là, devant lui se tiennent des ruines, elles ressemblent au monastère mais quelque chose diffère. On dirait que la bâtisse a pris vie puis est morte brûlée se tordant de douleur. Il continue et rentre dans la cour, il se rappelle. Toutes ces années ...

Un être se tient au centre de la cour. Sa silhouette est assez étrange, les bords de cette créature ne sont pas stables, sa forme est toujours en mouvement aléatoire mais elle reste une entité propre. Il ne bouge plus. La créature aux formes altérées se tourne vers lui. Après quelques secondes elle fondit et l'envahit d'une sensation glaciale.

Leucis se réveillât en sursaut, ses vêtements était trempé de sueur et il avait la chair de poule. Il n'y avait plus de lumière qui passait à travers la fenêtre, la nuit était déjà tombée et une fine couche de poussière était tombé sur ces bottes. Il prit un bain,son sac puis redescendit voir la patronne.

La salle s'était déjà remplie, la boisson coulait à foison et la nourriture arrivait en abondance à chaque table. Les serveurs passaient sans cesse entre les clients apportant les commandes, une ambiance festive régnait.

  • Bonsoir, pourquoi une telle agitation ? dit-il.
  • Vous ne savez pas ? L'information vient d'arriver, Les Sanglier Sanglant de Sorma ont remportés la finale du Grand tournoi de Balle Sanglante ou Super Bol si vous préférez, s'exclama-t-elle.
  • Ah je ne savais pas, bien tant mieux. Je ne suis pas au courant de grand-chose en ce moment.
  • Il faut bien se tenir au courant mon brave, vous n'allez pas partir loin sinon, gloussa-elle.
  • Oui je sais bien... Sinon j'aurais une question, connaîtriez-vous une histoire à propos d'une papeterie dans les quartiers Ouest, demanda-t-il.

Le visage de la femme perdit tout sourire.

  • Ne parlez pas de ça ici, allez-y si vous voulez mais mettez moi en dehors de ça, rétorqua-t-elle.

Leucis n'insista pas, l'expression sur le visage de la femme en dit plus que n'importe qu'elle phrase qu'elle aurait pu sortir.Il laissa un pourboire sur le comptoir et sortit dehors sans remarquer l'ombre qui partit en courant dans une ruelle sombre. Il continua sa route vers le quartier Ouest. Au bout de quelque temps quelque chose attira son attention. Ou plutôt le vide attira son attention, en effet les ruelles étaient d'un silence pesant. Aucune lumière n'apparaissait aux fenêtres, aucunes personnes de traînaient dans les rues, même les animaux s'étaient tus. Il arriva quand même à la librairie sans encombre, la porte était entrouverte et une lumière s'en échappait.

Leucis entra et vit une bougie luire à moitié fondue. Des papiers étaient étalés sur le comptoir et un pot d'encre était renversé. Quelqu'un essayait de s'enfuir. Vu l'encre qui restait dans le récipient, cela faisait déjà quelques minutes que l'individu était parti.

Il est déjà parti, inutile d'essayer de le chercher dans le dédale de rue, se dit-il.

Leucis observa donc le bureau. De nombreux papiers sans intérêt jonchaient le comptoir et le sol. Plusieurs cartes du monde et des piles de papier étaient disposées. La boutique n'occupait que le rez-de-chaussée. Une commode prenait place près du comptoir et un des pieds manquait, un léger creux semblait apparaître dans le plancher. Leucis fît glisser le meuble et trouva une petite trappe qu'il ouvrit. Dedans on pouvait voir une échelle descendre par un conduit étroit et poussiéreux. Il descendit en remettant la trape en place.

Il arriva dans un couloir étroit taillé grossièrement, au bout de quelques mètres il parvint à une salle donnant sur d'autres couloirs. Les directions étaient marquées sur des écriteaux au-dessus de chacun. Il partit donc pour la ville portuaire. Le chemin fut ponctué d'arrêts, de bifurcations régulières et il lui parvint régulièrement l'écho de bruits de pas lointains.

Le tunnel déboucha dans une ruelle d'un quartier mal famé. Celle-ci sentait assez mauvais et on pouvait aussi ressentir la marée et les embruns qui passaient par-dessus les toits. L'aurore commençait et un bruit de métal crissant le fit sursauter. Il se baissa par réflexe et un projectile éblouissant passa juste au-dessus de lui.

  • Tu es doué, dommage que tu aies découvert notre petit secret, dit une voix féminine provenant de l'endroit où le projectile avait été lancé.

Leucis se retourna pour voir une fille assise sur un bord de fenêtre et jouant avec des couteaux enchantés. La fille descendit d'un mouvement gracieux et se retrouva nez à nez avec lui. Sa taille grandit progressivement pour enfin atteindre une taille respectable et une femme apparut là où se tenait la petite fille. Elle était très belle, son visage fin était souligné par des yeux bleu luisant et était habillée d'une tenue simple et souple en cuir.

  • Que cherchais tu à cette librairie, tu m'intrigues. J'ai dû faire partir tout le monde précipitamment mais apparemment tu n'es pas hostile. Un aventurier habillé d'une simple cape et de vêtement en tissus ... dit-elle.
  • J'ai besoins d'une information, qui est le chef de vos petites actions clandestines ? répliqua-t-il.
  • Pas besoin de chercher bien loin, elle se tient juste devant toi.
  • Vraiment ? Ou ce n'est qu'un mensonge ? demanda-t-il.
  • Non sérieusement. J'ai entendu ton exploit d'il y a plusieurs jours à la taverne. Un vrai massacre apparement.
  • Qu'as-tu fait dans le monastère à environ quelques kilomètres à l'Est de Renus ? répondit-il imperturbable.
  • Renus... Renus... Renus... Ah oui, s'exclama-t-elle en tapant ses mains. Je me rappelle maintenant, le monastère qui a brûlé ? demanda-t-elle en souriant.
  • Oui, répondit-il en serrant les dents si fort que sa mâchoire craqua.
  • J'y étais bien, j'y suis allée après l'événement puis...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que Leucis avança vers elle. Une dague sortit de sa poche de la chef et lévita jusqu'à la tempe du Tieffelin.

  • Tout doux, tu ne vas pas m'attaquer quand même, tu crois que tu m'impressionne ? Ce n'est pas avec tes pauvres tours de passe-passe que tu vas m'effrayer, dit-elle en riant.

La dague lévita et fit couler une goutte de sang du front de Leucis, la goutte pourpre tomba et éclata contre les pavés fendus. Soudain la dague se mit à rougir fortement, puis vira au blanc. Une traînée de flamme rouge et noire se dirigea vers l'humaine. Ses yeux s'écarquillèrent et elle tomba au sol en essayant d'éteindre les flammes qui la brûlaient. La douleur résonna dans sa tête et elle cria. Leucis reprit une apparence Tieffeline et la femme le regarda étonnée tout en se tordant de douleur.

Les ténèbres s'abattirent sur la ruelle et engloutirent les deux individus. Le silence régna et seule la voix du Tieffelin percèrent ce silence presque absolu.

  • Ne me touche jamais ! Maintenant répond à mes questions ou meurt, dit-il d'une voix ni humaine ni naturelle.
  • D..d'accord, je n'y suis allée que pour rencontrer un contact qui m'avais avertie sur une possible attaque dans la région et donc un profitable pour moi. Je n'avais pas prévu que ce serait sur le monastère. Je l'aurais sûrement empêché si je savais. Il m'a annoncée que des créatures avaient prévues d'attaquer celui-ci. Il m'a aussi dit qu'ils les apercevaient roder mais qu'elles semblaient être éblouies par l'édifice en question. Elles ne pouvaient pas s'approcher trop près sous peine d'être brûlées et d'être en prise à de violents spasmes. Elles ont donc contacté une bande de mercenaire qui aurais détruit le monastère pour elles.
  • Des créatures ? Sinon quel est le nom de la bande de mercenaire ? demanda-t-il.
  • Ils prennent comme nom « La compagnie du Chien Rugissant », répondit-elle.
  • Et où puis-je les trouver ? continua-t-il.
  • Ça je ne sais pas, ils bougent souvent pour prendre différents contrats.

Les ténèbres disparurent, la ruelle s'emplit de lumière et le bruit des embruns revint. La voleuse resta à terre en regardant Leucis. D'autres membres de la bande arrivèrent dans la rue. Ils dégainèrent leurs armes et attaquèrent le Tieffelin.

  • Abattez ce bâtard ! cria la chef.

Les bandits tranchèrent Leucis qui disparut instantanément. L'aventurier était déjà loin quand les malfrats remarquèrent l'illusion.

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