VII - Le Vol de la Saphirslame - Partie 3

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Dracaena se posa dans la plaine de Viridis, le lendemain des enterrements à Sultakara. Lunera l'avait sollicité dès l'aube pour arriver le plus vite possible dans la ville. La jeune fille avait emporté le grimoire, et quelques provisions.

Après avoir dissimulé son dragon, elle fut émerveillée par l'éclat vert du royaume en arrivant à ses portes. Sa robe noire faisait tâche.

— Magnifique... Eh bien, les livres ne mentaient pas ! C'est la première fois que je viens ici.

Elle observa un panneau qui indiquait la direction de l'hôpital. Saphir devait sûrement y être. Le Saphir Bleu avait maintenu le cap vers le nord, et seuls de talentueux guérisseurs pouvaient lever son maléfice. La destination lui était donc apparue évidente. Le boulevard qu'elle empruntât était bien mouvementé, et le soleil tapait fort. Il faisait souvent chaud à Viridis, même en hiver, du fait de sa proximité avec le continent Io, connu pour ses étendues désertiques.

Rapidement, Lunera en eut assez. Elle n'arrivait pas à avancer, et l'homme qui était devant elle dégageait une effroyable odeur de sueur.

Elle entra dans la boutique la plus proche, qui se révéla être un kiosque. L'air y était plus respirable. Il y avait toute une panoplie de journaux et de magazines venant de tous les pays de Terhera. Un particulièrement attira l'attention de Lunera. Une photo d'Assad en premier plan, avec derrière lui Zahya et... Saphir ! Parfaitement éveillée et en pleine forme ! Les jointures serrées, Lunera prit le périodique et lut le titre principal :

INCENDIE CRIMINEL À SULTAKARA

LE PAYS EN DEUIL

« Le 27 janvier, le royaume ancestral de Sultakara devait célébrer l'anniversaire de son héritière, l'illustre Sorcière et princesse, Saphir Saeva Sulta. L'allègre soirée qui se déroulait sous les réjouissances des civils vira rapidement au drame. À une heure tardive, le pays a vu la grande place de sa capitale et nombre de ses habitants périr sous les flammes. Un incendie criminel dont l'horreur choque et laisse de durs séquelles. Il s'avèrerait que le responsable de cet acte terroriste soit une femme, qui aurait hurlé... »

Lunera ne put achever sa lecture, car le kiosquier l'interpella.

— Terrible, ce qui est arrivé à Sultakara, n'est-ce pas ? Seul un dégénéré tuerait des enfants innocents, et tous ces pauvres gens qui n'ont rien fait !

Lunera leva les yeux, et lui lança son regard le plus venimeux. Elle ne répondit rien pour éviter de se faire remarquer. Une parole, et elle le savait, elle ne répondrait plus de rien. Mieux valait faire profil bas. Alors, elle jeta le journal par terre, ayant obtenu par chance les informations qu'elle cherchait, puis sortit, sous l'oeil stupéfait du vieil homme.

Lunera fit du plus vite qu'elle put pour revenir vers Dracaena.

— Saphir est guérie, et est à Sultakara ! s'écria-t-elle, en sautant sur le dos du dragon. Si on part maintenant, on arrivera vers minuit, et je pourrai prendre la Slame.

Ils s'élancèrent alors vers l'ouest, sous le soleil ardent de l'après-midi.

☾☾☾

La nuit était déjà tombée depuis longtemps, lorsque Lunera arriva dans la plaine de Sultakara. La cité était visible au loin. Épuisée, elle descendit du dos de son dragon, et prit le temps de manger un peu.

— Je reviens, dit-elle simplement à Dracaena, une fois sa nourriture finie.

La créature ronronna, et posa sagement sa tête par terre.

— Ce soir, l'agilité, la vitesse, et le silence, seront les clés de la réussite.

Elle gloussait déjà en songeant à la tête idiote que ferait Saphir, en se voyant dépossédée de son arme. Une fois à hauteur de la porte principale, Lunera constata que la sécurité avait été renforcée.

Évidemment.

La dernière fois, les soldats devaient festoyer en l'honneur de la princesse, et avaient laissé les frontières sans surveillance, se complaisant dans une paix relative, que personne ne viendrait troubler. Une trentaine de gardes surveillaient les lieux, et parmi eux, il y en avait trois avec une combinaison plus foncée. Des membres de la milice spéciale, directement sous les ordres du roi.

— Rien, ni personne ne m'empêchera d'accéder à la Saphirslame. Tu devrais pourtant le savoir Assad. Gravija !

Une lueur violette émana de Lunera, et elle se mit à léviter. Elle toucha ensuite son front de ses deux mains, et murmura « Invisiaja », sortilège que son père avait mis au point. Elle devint invisible temporairement, en contrepartie d'une demande magique plus éreintante.

Lunera s'élança gracieusement vers le château de Sultakara, en survolant les remparts, et parcourant les toits des maisons. Quelques minutes plus tard, elle se posa sur la grande place à présent méconnaissable. Lunera se délecta de la voir dans un tel état, paralysée par ses actions.

Elle traversa l'arche de pierre qui séparait le château du reste de la capitale, et arriva dans une grande cour boisée, en face de l'immense complexe. Avec ses quatre tours, et ses longs bâtiments rectangulaires disposés tout autour, Lunera se demanda comment elle allait trouver la chambre de la princesse.

Elle s'envola à nouveau, et longea quelques murs en espérant y trouver une fenêtre ouverte. Bien souvent, celles-ci étaient fermées, et d'épais rideaux l'empêchaient de voir à travers. Elle parcourut ainsi l'aile est toute entière, puis une bonne partie de l'aile nord, avant de sentir ses forces faiblir. Les sortilèges lui en demandaient trop. Par chance, elle trouva une fenêtre ouverte, et entra. À peine fut-elle dans le couloir, qu'elle se délesta des deux maléfices. Se sentant mieux, Lunera prit quand même le temps de souffler un peu.

Elle vagabonda un peu dans le château, se faisant la plus discrète, et n'hésitant pas à changer de chemin, lorsqu'elle entendait des bruits de pas venir à elle. Elle priait pour ne rencontrer personne, ça compliquerait trop les choses.

La jeune fille marchait toujours, sans vraiment savoir où se rendre, lorsque soudain, elle entendit la voix de la générale dans un couloir proche. Son sang se glaça dans ses veines.

Elle décida de la prendre en filature, et suivit donc le son de ses paroles, et arriva à une bifurcation. Lunera risqua un regard, et les vit, elle et Shems, lui tournant le dos.

— Je prends le relai, merci Shems.

— Bonne nuit, et à demain, Grenat.

Ils se tenaient tous deux près d'une grande porte de bois en croisée d'ogives, ornée d'or et d'argent dans des motifs grandioses et majestueux.

Ah ! Voici sûrement la chambre de mademoiselle la princesse !

Elle fit volte-face, et détala jusqu'à trouver une fenêtre. Elle ouvrit le carreau, et s'élança encore dans les cieux. Elle voltigea un peu dans les airs, de sorte à arriver devant la fenêtre de Saphir. Les battants étaient plus grands, plus travaillés ; Lunera comprit qu'elle était arrivée au bon endroit. Ceux-ci étaient d'ailleurs à moitiés ouverts.

Voyez comment le destin favorise Lunera !

Elle écarta doucement les rideaux, et se faufila avec une grâce féline dans la pièce. La Saphirslame était posée sur une commode, près d'un joli cadre où figurait sur un portrait réaliste d'Assad, Zahya et Saphir, tous souriants. Elle ne l'aurait pas avoué sous la torture, mais elle sentit son coeur se serrer en voyant cela, elle, Lunera sans nom et sans famille. Saphir dormait, un air angélique sur le visage, qui donnait la gerbe à Lunera.

— Quelle charmante gorge, murmura-t-elle en observant sa rivale. La lui trancher... En voilà une bonne idée !

Avant de s'approcher de la Slame, elle tendit sa main vers la porte.

Lock Kléidoma !

Un ruban de lumière dorée, apparut, et s'entortilla près de la porte, jusqu'à former un cadenas. La porte se verrouilla magiquement sans que personne ne s'en aperçoive. Elle réprima un rire à l'idée de la disgrâce de la générale, lorsqu'au petit matin, ils verront Saphir baigner dans une marre de sang.

— Duplikhart !

Une copie de la Saphirslame apparut dans les mains de la fille.

Ce vulgaire couteau ne vaut rien, il faudrait s'en servir pour se rendre compte que cette chose ne dispose d'aucun pouvoir magique, ni de puissance physique.

Tout était prêt. Lunera s'apprêta à saisir l'épée, quand tout à coup, un champ de force camouflé entra en contact avec sa peau. La douleur, comme un choc électrique, la fit hurler. Elle s'écarta, paralysée de terreur, le cœur battant à en rompre ses côtes. Encore invisible auparavant, une pyramide aux surfaces blanches et translucides se manifesta avec en son centre, la Saphirslame. À chaque sommet de la figure, une pierre en forme d'étoile irradiait de lumière. Une plainte terrible émanait de ces pierres, comme une sonnette d'alarme se déclenchant en présence d'un intrus.

Sursautant violemment, Saphir se réveilla. Son champ de vision se floua quelques instants, prenant le temps de s'adapter à ce soudain passage d'obscurité totale, à lumière aveuglante. Sa vue se rétablit, et ses yeux se posèrent immédiatement sur Lunera. Elle émit un hurlement des plus effroyables, à en perforer les tympans. Elle essaya de se dépêtrer de ses draps, mais ne parvint qu'à tomber par terre.

☾☾☾


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