Chapitre 14: Déclaration ! Premier baiser

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Alex

Et maintenant je fais quoi ? Je l’ai cherché toute la semaine tellement frustré par son comportement. Bon c’est vrai que Marc m’avait prévenu que mon comportement allait engendrer des problèmes, mais je ne m’étais jamais imaginé qu’il allait m’éviter. Alors dès que je l’avais vu me fuir de toutes ses forces, mon sang n’avait fait qu’un tour et, après avoir jeté mon sac, je m’étais lancé à sa poursuite. Et maintenant ? On est tous les deux dans une salle de classe. Je n’ose même pas m’approcher, j’ai l’impression qu’il serait prêt à se jeter par la fenêtre. Alors je fais quoi ? Par où, je commence ? Quoi ? Il s’est échappé parce qu’on s’est croisé c’est une blague ! Va-t-il me fuir maintenant dès qu’il me verra ? N’importe quoi, je ne lui ai même pas avoué mes sentiments ! Mes sentiments ? Non, pas dans ces conditions-là, il pourrait me fuir totalement après ça ! Comment ça je ne l’apprécie pas ? Rien que de le voir me met dans tous mes états et puis je n’étais pas fâché contre lui mais j’étais jaloux ! Oui c’est ça, jaloux de mes amis qui lui parlaient comme si ils se connaissaient depuis longtemps alors que moi, j’ai dû me battre pour qu’il décroche un mot ! C’en est incompréhensible ? Gêné ? Evidemment, c’est parce que je t’…

«… aime.

Oh merde, je l’ai dit tout haut, est-ce qu’il a entendu ? Bien sûr que non, je suis con ou quoi ? Mais si je lui avoue… Oh et puis merde !

— JE T’AIME ! avouai-je en hurlant.

Ma respiration était saccadée et j’avais peine à respirer. Mais étrangement, le poids que je ressentais sur ma poitrine depuis des jours venait de s’envoler comme par magie. – Que va-t-il me répondre ? L’ai-je fait fuir pour de bon ? – Mes yeux ne quittaient pas son corps recroquevillé sur lui-même. J’avais une folle envie de me jeter sur lui, de le serrer dans mes bras et de calmer ses pleurs. Ses crises de larmes me rendaient dingue, c’était comme si on arrachait une partie de moi. Je me contrôlai, quitte à cogner ma main contre la table pour ne pas lui sauter dessus. J’attendais à présent ma sentence, debout, tel un condamné sur la potence. Il releva lentement la tête. Ses pleurs avaient cessé et il me regardait à présent avec les yeux grands ouverts, atterré par ma révélation. Il semblait stupéfié, ne sachant pas quoi faire.

— Je t’aime, enchaînai-je.

Je n’avais plus rien à perdre depuis que je m’étais déclaré et de toute façon il m’avait même évité avant que je ne me déclare. – Je n’avais jamais ressenti un sentiment si fort pour quelqu’un si bien que j’étais totalement perdu…

Je m’arrêtai, puis repris.

— … D’ailleurs tu l’as toi même remarqué, je me comportais bizarrement. Alors, si j’étais en colère ce n’était pas contre toi, j’étais juste jaloux, jaloux de mes amis ! Et puis, j’étais tellement gêné que je ne pouvais plus être proche de toi. Je sais, c’est bizarre, on ne se connaît pas depuis longtemps et… tu es un garçon, moi aussi, et… mais je t’aime tellement et je ne peux plus me mentir à moi-même.

Mes lèvres tremblaient sous le coup de l’émotion. Il m’avait écouté, médusé, et m’avait laissé finir ma pitoyable déclaration. Je n’étais qu’un lycéen de 17 ans qui ne connaissait rien à la vie et qui venait de découvrir qu’il était amoureux d’un autre garçon. Je pouvais juste espérer qu’il m’accepte au moins comme ami malgré mes penchants.

Il s’était relevé lentement, et avait complètement arrêté de pleurer. Je pouvais encore apercevoir les traces laissées par ses larmes, mais il les essuya d’un revers de manche. La voix cassée, il me demanda :

— Aimer ? Tu es sûr que ce n’est pas juste de l’amitié ?

Je fus surpris par le ton sérieux qu’il avait pris. Il ne se moquait ni de moi, ni ne montrait de dégoût. Il me posait sérieusement la question. Ses yeux marrons, sans jugement, me réconfortaient énormément. Je pris mon courage à deux mains et répondis :

— Pour t’avouer, je n’ai appris que récemment ce que signifiait aimer quelqu’un. Je pensais avoir été amoureux de mes ex mais je me trompais lourdement. Je n’avais que de l’amitié pour elle, j’aimais passer du temps avec elles, mais il me manquait quelque chose, cette envie de les voir, qu’elles m’appartiennent.

Son regard se détendit et je continuai ma tirade amoureuse :

— Quand je suis avec toi, je prie pour que personne ne nous dérange, ne gêne ce moment. Je veux que tu ne regardes que moi. J’aime ces moments que je partage avec toi, je veux toujours en savoir plus sur toi.

Ses joues commençaient à rougir et je fus agréablement surpris.

— Depuis quand ? balbutia-t-il.

— Je ne saurais te dire. Par contre, je peux te dire quand je m’en suis rendu compte. Il y a une semaine après la soirée passée ensemble. Oui, c’est ça dis-je de manière attendrissante.

Je posai ma main sur mon coeur, les battements avaient retrouvé un rythme normal et ma voix ne tremblait plus. J’avais exposé mes sentiments avec beaucoup de sincérité et j’espérais au moins qu’il me comprenne. Je n’arrivais plus à détacher mes yeux de lui, il était trop tard, j’avais sombré dans ce que l’on appelle l’Amour. Je fis un pas vers lui, espérant maintenant pouvoir m’approcher mais il sursauta, je m’arrêtai alors.

— Je vais y aller ! dis-je soudainement. Et puis, tu ne vas pas m‘autoriser à m’approcher plus avec toutes ces révélations et je le comprends parfaitement ne t’en fais pas. J’ai dit tout ce que j’avais à dire, tu n’es pas obligé de me répondre mais on reste amis ? lui souris-je tristement.

Je tournai alors les talons et m’apprêtai à sortir quand une main m’attrapa par le col. Je ne pus m’équilibrer et je tombai en arrière, entraîné par le poids de Matt. Nous atterrîmes tous deux sur les fesses et je me retournai stupéfait. Il était là devant moi et me fixait avec des yeux apeurés.

— Je suis désolé » murmura-t-il.

Il parlait tellement bas que je dus m’approcher pour mieux entendre. Il avait les joues rouges et ses mains étaient posées sur ses genoux, cachées par les manches de son manteau. Je ne comprenais pas son manège. Tout à l’heure, je pouvais à peine l’approcher et à présent, nos genoux se touchaient presque. Il semblait vouloir me dire quelque chose mais quelque chose l’en empêchait. Je le vis se cogner la tête doucement avec son poing droit. J’essayai de me relever mais il agrippa à nouveau ma veste de toutes ses forces. Devant un tel comportement, je ne pus m’empêcher de rire car il me faisait penser à un petit animal apeuré.

A priori, je ne pouvais pas partir, je réfléchis alors à un moyen de l’apaiser. Je sortis mes écouteurs de ma poche, m’allongeai et lui fis signe de faire de même. Il s’allongea alors à mes côtés et je lui plaçai lentement l’écouteur dans l’oreille droite. Nous profitâmes de ce moment musical qui nous permettait alors de nous reposer et de chasser tous nos soucis. Étrangement, plus la musique défilait, plus les larmes lui montaient aux yeux. Je me mis alors assis et effaçai doucement une larme qui avait perlé sur son beau visage. Je pensai alors qu’il allait chasser ma main mais il ne fit rien. Il plongea alors ses yeux dans les miens et ferma ses paupières, bercé par la ballade que nous étions en train d’écouter. C’est à ce moment que ma raison vola en éclats. J’approchai alors mon visage du sien, me penchant en avant.

Mon visage se trouvait à moins de cinq centimètres quand il ouvrit ses yeux. Et pourtant, je ne m’arrêtai pas et vins déposer délicatement sur ses lèvres un baiser de chasteté. Nos lèvres se séparèrent après un bref contact et je me figeai, étudiant attentivement sa réaction. Il se releva et s’assit, les yeux fixant le vide. Il caressa doucement l’endroit que mes lèvres venaient de quitter et plongea ses yeux dans les miens. Je n’osais plus bouger, je venais de lui voler un baiser sans son consentement. Mais le fait de l’avoir vu aussi vulnérable avait réveillé en moi un profond désir. Sans que je m’y attende, il fit un mouvement en ma direction et sous mon air stupéfait s’avança lentement vers moi.

« Hey vous deux, qu’est-ce que vous faites ici encore à cette heure ? » tempêta le gardien.

Nous nous séparâmes rapidement et nous nous relevâmes sans plus attendre. Il se tenait debout dans l’encadrement de la porte et nous toisait avec ses petits yeux. Matt alla chercher son sac et nous sortîmes sous le regard sévère de Mr Kart. Arrivés aux escaliers nous vérifiâmes qu’il ne pouvait plus nous voir et éclatâmes de rire. Après un regard complice, nous dévalâmes les escaliers et nous nous dirigeâmes vers le garage à vélo. Je détachai le mien et tapotai le porte-bagage pour qu’il s’y assoit. Il se laissa porter et nous prîmes la direction du terrain de jeu.


Matt

Nous arrivâmes au terrain de jeu et je descendis du vélo. Il s’étira, me sourit ingénument et se dirigea vers la balançoire pour s’y asseoir. Je le suivis des yeux et m’amusai de voir son air de gamin sur son visage. Il commença à se balancer et à aller de plus en plus haut. Il ferma les yeux et se laissa porter comme un oisillon qui prendrait son premier envol. Je fis un pas en avant, mais l’image de mon père m’apparut tel un coup de fouet. Je m’arrêtai, incapable de faire un mouvement. Et si il le découvrait ? Cela recommencerait ? Une larme coula le long de ma joue et je l’essuyai immédiatement. Je serrai les poings et décidai d’être heureux. Je n’avais pas ressenti une telle joie depuis un long moment et cela me manquait. Je ne pouvais plus reculer et cette douce passion me coupait toute échappatoire.

Confiant, je repris mon mouvement et m’avançai vers ce doux remède qu’était Alex Lecomte. Je n’avais pas encore répondu à sa déclaration bien que je ne l’ai pas repoussé. Je l’avais même laissé m’embrasser. Mes joues rougirent à la pensée de ce doux instant. Alex avait arrêté ses balancements et m’invita à prendre place à côté de lui. Je m’assieds alors sur le deuxième siège et entrepris mon envol. Le vent glacé sur mes joues me réveilla mais je m’en fichais pas mal. Je passais un merveilleux moment et je me mis à crier pour exprimer ma joie et me libérer de tous ces doutes liés à mon paternel. Alex m’imita et nous criâmes jusqu’à n’en plus pouvoir.

La nuit était tombée et nous devions rentrer chez nous. Nous avions échangé des regards complices pendant notre envol et je me réjouis de ne voir chez lui que de l’extase. Il fallait bien l’avouer, je lui en avais fait voir de toutes les couleurs et malgré ça, il n’avait jamais abandonné et s’était accroché à moi désespérément. Il avait fait sauter tous les cadenas que je m’étais construit pour me protéger et à présent détenait mon coeur dans le creux de sa main. Je jetai alors un regard attendrissant vers lui et remarquai qu’il n’avait rien loupé de mes pensées les plus intimes. Je détournai alors le regard gêné, ce qui le fit rire. J’en étais bien conscient, c’était clair comme de l’eau de roche. Il avait deviné mes sentiments mais n’avait pas fait de pas vers moi depuis l’épisode de la salle de classe. Il attendait sûrement que je le fasse et ça j’en étais bien incapable, timide comme j’étais.

« Bon, je pense qu’il est temps de rentrer et mes parents doivent se demander pourquoi je ne suis pas encore rentré, annonça-t-il soudainement.

Il se leva et s’étira de tout son long. Il s’avança vers moi et approcha une de ses mains de mon visage. Sous le coup de la surprise, j’eus un mouvement de recul qui lui fit arrêter son geste. Gentiment, il m’ébouriffa les cheveux et me rassura tendrement :

— Ne t’inquiète pas, je ne vais pas recommencer, tu as ma parole ! Je suis désolé pour le baiser de tout à l’heure, m’avoua-t-il tristement.

Oh non, il avait mal interprété mon dernier geste. Je me levai soudainement et chassai ma timidité au loin. Je ne voulais pas que l’on se quitte sur ce quiproquo, pas après tout ça. Si on en restait là, je n’aurais alors plus le courage de lui avouer mes sentiments. Je m’approchai alors de lui lentement et sous la surprise, il se remit assis sur le siège de la balançoire. Il semblait décontenancé par mes mouvements et n’osait pas faire un seul geste. Je posai alors mes mains sur les siennes qui encerclaient les cordes et approchai mon visage du sien. Nous restâmes un moment à nous regarder. Nous étions si près que je pouvais sentir son souffle.

— Matt.. commença-t-il, mais je le fis taire en posant mon index sur ses lèvres.

Puis sans prévenir, mes lèvres vinrent remplacer mon doigt et nos dents s’entrechoquèrent. Mes lèvres quittèrent rapidement les siennes et un sourire se dessina sur son visage. Il vint attraper ma nuque et me fit comprendre que ce n’était pas assez pour lui. Le moment éphémère qui venait de disparaître à l’instant était réapparu sans prévenir. Nos langues se cherchèrent et s’enroulèrent l’une avec l’autre. Je m’abandonnai alors à ce doux plaisir sensuel, priant pour qu’il ne s’arrête jamais. Des sensations de plaisir parcoururent tout mon corps et ma main vint se poser sur son épaule. Une sonnerie de téléphone nous coupa dans notre élan et nous nous séparâmes brusquement. Nos yeux se croisèrent et nous éclatâmes de rire, front contre front. Alex décrocha et je devinai à son ton que sa mère ou son père se trouvait au bout du téléphone.

« … Oui, je suis sur la route, ne vous en faites pas ! Oui, je ferais attention, garantit-il à son interlocuteur.

Il raccrocha et passa ses bras autour de mes épaules me serrant contre lui.

— Je dois y aller mais on se voit demain, précisa-t-il.

Je sentis le rouge me monter aux joues et acquiesçai d’un signe de tête. L’embrassade finie, je récupérai mes affaires, et Alex envoya un message à Marc pour pouvoir récupérer les siennes.

— Tu es sûr que tu ne veux pas que je te raccompagne, se plaignit-il.

Je fis un non de la tête et vins déposer sur sa joue un baiser. Nous nous quittâmes difficilement et prîmes chacun notre chemin, la tête dans les nuages.

***

22H – Allongé dans mon lit, je me remémorai tout le film de la journée. La journée avait été à la fois épuisante et à la fois fantastique. Je m’agitai dans mon lit quand les scènes de baisers jaillirent dans mon esprit, ne contrôlant plus les battements de mon coeur. J’étais au paradis et j’allais tout faire pour le garder secret. Mon portable me prévint que j’avais reçu un message et je le lus amoureusement :

Bonne nuit <3

Je serrai mon portable contre moi et fermai alors les yeux convaincu que la journée de demain serait mémorable.

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