Chapitre 3 : Une journée comme une autre

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Alex

6H30 – J’ouvris les yeux avec douceur dans le calme de ma chambre d’adolescent. Mon regard s’arrêta sur le mur devant moi. Le calendrier annonçait jeudi 8 septembre. Je refermai alors les yeux et secouai la tête pour m’aider à mieux me réveiller – je déteste me rendormir, une fois réveillé je préfère occuper mon temps libre plutôt que de traînasser sous les couvertures –. Après de brefs étirements du cou et des membres supérieurs, je sautai hors de mon lit avec entrain. Le voisinage était calme et encore endormi quand j’ouvrai la fenêtre de ma chambre pour respirer l’air frais du matin. J’adorais passer ma tête par la fenêtre et sentir le vent sur mes joues. C’était comme un petit rituel et j’essayais le plus possible de le respecter. Je frissonnais, j’ai donc très vite fermé la fenêtre ce matin. Ayant cours à 9 H ce matin, je décidais d’aller faire un petit footing dans le quartier. J’attrapai mon portable et composai un numéro. La messagerie que j’entendis me confortait dans l’idée que mon interlocuteur devait encore dormir. Je soupirai et me dirigeai vers mon armoire pour en sortir une simple tenue de sport et une paire de running. Une fois habillé, je descendis les escaliers menant au salon avec légèreté. Quand mes parents me virent, ils ne parurent pas étonnés de me voir en tenue de sport.

« Tu pars courir de si bon matin ? me demanda mon père.

— C’est ça de se réveiller de bonne heure les autres heures, soupirai-je. Je serai rentré dans une heure je pense, annonçai-je à mes parents.

— Fais attention à toi, mon chéri » s’inquiéta ma mère.

Je lui fis mon plus beau sourire pour la rassurer et m’élançai par la porte d’entrée. Dès que je sortis, je sentis, pour la deuxième fois de la journée, le froid du matin. Je me réchauffai alors les mains en soufflant dessus et en les frictionnant puis je fis quelques étirements pour réveiller totalement mon corps. Une fois prêt, je me mis en route. Je décidai de prendre la route en direction du terrain de basket où mes amis et moi nous réunissaient chaque lundi – je sais qu’il n’y a jamais personne à cette heure matinale – et passai devant les lotissements contemporains qui constituaient notre quartier. Pendant mon jogging, je saluais salué la vieille dame qui habitait le 47 – elle est levée tôt chaque matin et n’oublie pas de me saluer dès qu’elle me voit, je la connais depuis ma tendre enfance – mais sinon je n’ai rencontré personne d’autre, tout le quartier était endormi. Cela faisait depuis 25 min que je courais quand je vis apparaître devant moi ce lieu qui ne m’était pas inconnu. Je décidai de le longer puis de rentrer car il me fallait encore me doucher et prendre mon petit-déjeuner. Je fus surpris d’apercevoir une personne qui dormait dans l’herbe qui bordait le terrain mais je n’y prêtai pas beaucoup attention car mon portable se mit à sonner. Je décidai de prendre une petite pause pour pouvoir facilement prendre l’appel.

« Tu veux mourir ? bougonna une voix que je pouvais reconnaître parmi d’autres.

Un rire s’échappa de mes lèvres et je faillis lâcher mon cellulaire.

— Ça te prend souvent d’appeler les gens aussi tôt ? continua la voix de Marc.

— Désolé, j’ai pas réfléchi ! feignis-je,

Je savais très bien que mon meilleur ami n’était pas du matin, mais je voulais l’embêter donc je n’avais pas pu m’empêcher de composer son numéro que je connaissais par coeur.

Marc ne répondit pas de suite, puis je l’entendis soupirer.

— Tu as de la chance que je t’aime bien sinon tu serais mort sur le champ ! m’annonça-il. Bon, je passe te prendre à 8H30 et si tu n’es pas prêt je pars sans toi, lança-t-il.

— Pas de problème, je suis sur le chemin de retour. »

Je l’entendis raccrocher et me remis en route sans jeter un regard au mec qui était allongé à quelques mètres de moi.

***

Le chemin du retour me parût plus long que celui de l’allée, évidemment puisque j’habitais un quartier résidentiel en côte et bien – comme vous l’avez deviné mon humble demeure ne se trouve pas au pied de la côte –. Je rentrai sans faire de bruit et regagnai en grands pas ma chambre. J’entrai dans la salle de bain – elle est connectée à ma chambre et celle de ma soeur, mes parents possèdent de leur côté leur propre salle de bain – et fermai le verrou qui donnait sur la piaule de ma petite puce. À vitesse grand V, je retirai mes vêtements et les jetai dans la corbeille à linge salle qui se trouvait sous le lavabo. Je pris une douche assez rapide par manque de temps et éliminai la sueur qui couvrait tout mon corps. Je sortis de la douche et m’essuyai sans perdre de temps puis enfilai les vêtements de la journée, choisis la veille.

Une petite voix se fit entendre de l’autre côté de la porte. Mais quel con, dans ma hâte j’avais oublié de déverrouiller la porte. Je m’empressai de venir lui ouvrir et princesse me ferma la porte au nez après avoir déposé un baiser sur ma joue droite. Je sortis de ma chambre avec mes affaires et rejoignis ma mère au salon.

« Ta soeur est réveillée ? me demanda-t-elle.

— Elle se prépare, répondis-je en me servant du café chaud.

Ma mère s’approcha de moi et m’embrassa comma à son habitude. Cela l’amusait beaucoup de me regarder manger – je pense que toutes les mères ne peuvent détourner les yeux de leur progéniture quand elle mange –, comportement qui me dérangeait beaucoup dans mes années de primaire, puis je me suis habitué en grandissant. Ce matin, j’optai pour une pomme et du pain avec une barre de chocolat. Une fois lassée de ce petit jeu, ma mère retourna dans la cuisine pour finir de ranger. Je fixai beaucoup les photos de familles qui se trouvaient devant moi entourées d’un cadre de bois. Cela me plongeait dans les souvenirs de mon enfance. Je souris quand mes yeux se posèrent sur la photo de famille que l’on avait prises cet été au camping. Soudain, je me levai, l’horloge indiquait 8H25. Je débarrassai mon petit déjeuner, embrassai ma mère et souhaitai une bonne journée à petit monstre qui descendait les escaliers, les cheveux enroulés dans une serviette de bain.

Marc arriva pile à l’heure et nous primes le chemin de l’école sans tarder car nous devions retrouver le reste de la bande devant le portail du lycée. Nous fîmes la course depuis la maison – j’avoue être crevé avec ma course matinale –, je ne l’ai pas une seule fois dépassé mais je le talonnais. Je connaissais Marc depuis l’enfance, il avait déménagé un jour d’été avec ses parents et ses frères. Au début, nous nous détestions puis, un évènement nous a rapproché et nous avons ensuite rencontré les autres à l’entrée de la seconde.

***

9H00 – Nous entrâmes dans notre salle de classe et nous nous affalâmes sur nos chaises. Madame Pouff débarqua dans la classe avec un grand sourire aux lèvres – c’est notre prof de français – et cette semaine nous avions appris à nous méfier de son sourire angélique. Elle posa sur le bureau ses feuilles, enquêtes qu’elle nous avait demandées de remplir le premier jour, et un tas de livres. Sur l’une des couvertures, on pouvait y lire « Les fleurs du mal de Charles Baudelaire » ou encore « Poèmes saturniens de Paul Verlaine ». Super pensai-je, de la poésie. Je ne connaissais que très bien ces titres car ils ornaient la bibliothèque de la maison et parfois, mon père nous en lisait un le soir quand nous étions tous en famille au salon. Madame Pouff fit l’appel et se retourna pour écrire au tableau : Choisir un poème et construire une fiche littéraire. Après avoir écrit la consigne, elle plongea ses yeux dans les nôtres et nous expliqua le devoir que l’on allait devoir rendre la semaine prochaine. L’idée de demander de l’aide à mes parents se figea pendant 1 s dans mon esprit mais je me repris très vite car il faudrait alors que j’écoute mon père parler de ses poèmes favoris pendant des heures et je voulais à tout prix y échapper.

Le cours suivant était celui de langue. Mr Fénix était un de ces profs passionnés qui pouvait vous parler de ses voyages pendant toute la durée du cours. Comme la majorité des élèves, l’anglais n’était pas ma tasse de thé, j’essayai tout de même de suivre mais je fus perdu assez vite. Dès que je décrochais, je regardai par la fenêtre. Marc quant à lui n’avait aucun souci, puisque monsieur avait vécu en Angleterre jusqu’à ses dix ans. Sa mère étant française, il avait toujours parlé le français à la maison quand il habitait de l’autre côté de la Manche. D’ailleurs, il s’amusait, à mes dépens, de mon foutu accent français quand j’essayais de baragouiner quelques mots d’anglais. Cependant, je devais le reconnaitre, il m’était d’une grande aide quand il s’agissait de rendre un devoir ou de préparer un oral.

***

10H – Nous rejoignîmes nos précieux amis lors de la récréation et Thim nous proposa de venir chez lui demain soir. Nous sourîmes parce que nous savions que les soirées entre nous étaient à chaque fois inoubliables. J’acquiesçai et envoyai un message de suite à mes parents. Je savais qu’ils étaient au travail, tous deux instituteurs, mais qu’ils me répondraient dès la pause du midi. Ma mère s’occupe d’une classe de petite section alias PS et moyenne section MS, tandis que mon père enseigne à des CM2. Puisque le jeudi le terrain de foot était réservé aux secondes, nous décidâmes de nous poser sur un banc et de reluquer les filles. Je cherchai des yeux Juliette quand je la trouvais assise avec ses amies à rire. Nos regards se croisèrent. Elle me sourit et me fit un signe de la main que je lui rendis. Nous étions un couple qui s’aimait beaucoup mais qui ne passait pas beaucoup de temps ensemble au lycée. Nous préférions le calme du parc proche de chez elle pour se retrouver après la fin des cours. Pour moi, le temps du lycée était réservé aux potes, ce qu’elle avait approuvé, peut-être à contre coeur.

***

16H – La fin des cours se déroula sans encombre. Je sortis avec joie et rejoignis Juliette qui m’attendait à la bibliothèque vu qu’elle avait terminé 1H avant moi. Je la serrai dans mes bras, étreinte qu’elle confirma et nous restâmes quelques minutes collés. Je me retirai le premier et l’invitai à me suivre. Nous sortîmes du lycée et je la pris sur mon vélo. Nous roulâmes jusqu’à notre fameux parc et je garai l’engin sur le bas côté de la route. Nous nous assîmes dans l’herbe et nous nous racontâmes notre journée. Elle m’expliquait comment sa prof d’espagnol leur avait donnés un texte à traduire pour lundi et s’énervait en parlant du prof d’EPS qui les avait traités de charrues car la classe selon lui ne courrait pas assez vite pour lui. Je me mis à rire devant son air fâché car cela lui donnait un certain charme. Elle me prit en flagrant délit et s’offusqua ce qui agrandit mon fou rire. Elle me tapota gentiment l’épaule et commença à tomber. Je l’attrapai et l’attirai à moi. Nos visages étaient assez proches pour que nous sentîmes le souffle de chacun. Lentement, je passai ma main derrière sa tête pour l’inviter à se rapprocher et je déposai un baiser sur ses lèvres. Elle ferma les yeux quand mes lèvres touchèrent les siennes. Nos langues s’enroulaient l’une avec l’autre et nous profitâmes de ce moment magique. Elle recula son visage et déposa sa tête dans le creux de mon aisselle.

Sa maison se dressait derrière le parc, je la raccompagnai, et la prévins que je ne serais pas libre le lendemain mais que si elle était libre ce week end elle pouvait m’appeler et nous pouvions passer un moment ensemble, hormis le samedi matin évidemment. Je repris le chemin de ma maison, elles n’étaient pas trop éloignées et de toute façon c’était hors de question pour moi en tant que mec de la laisser rentrer chez elle malgré nos quartiers calmes.

***

20H – Mes parents m’annonçaient lors du repas que je pouvais sortir vendredi soir. Anya fit la tête car je ne serais pas présent et je lui promis de jouer avec elle le samedi après-midi, les négociations étaient closes. Le soir, je repensai à ce moment merveilleux que je venais de passer avec Juliette et m’endormis comme une souche sans trop tarder.

Matt

7H30 – Allongé dans l’herbe fraîche, le vent me glaçait le visage. Je remontai jusqu’à mon nez mon écharpe. Il était tôt, il n’y avait pas un chat et je regardai le ciel tranquillement. Je repensai à cette semaine, hormis pour la veille de la rentrée, mon père ne s’était pas montré contrarié. Je me félicitai pour ne pas lui avoir donné l’envie de m’en coller une. J’avais déjà pensé à m’enfuir de la maison, mais je savais que mon père me retrouverait toujours et que de toute façon j’étais trop jeune pour pouvoir vivre seul. De plus, malgré ses sautes d’humeur, il restait mon paternel et parfois, il lui arrivait de se comporter de manière attendrissante avec moi. Je m’étais donc persuadé que si il s’énervait contre moi c’était que je l’avais sans doute cherché et que tout était de ma faute, comme ce fameux évènement… Une voix me sortit de ma torpeur. D’un oeil, je fixai l’endroit d’où venait ces paroles. Un garçon – plus grand que moi ça c’est certain – se tenait à une distance proche, mais assez éloignée pour ne pas me prêter attention. Il me fallut quelques secondes pour le reconnaître : Alex Lecomte – il n’était pas très difficile de connaître son nom sauf si vous étiez sourd car toutes les filles du lycée, enfin presque, scandaient son nom sur son passage –. Je l’observai un long moment, jusqu’à ce qu’il ne parte en fait. Je l’avais déjà remarqué et observé depuis la bibliothèque le soir – sa bande d’amis aussi et sa petite amie – qui n’était autre que la fille devant moi en classe –, et il fallait bien l’avouer qu’il ne passait pas inaperçu, surtout à mes yeux. Je soupirai et replongeai mes yeux dans le ciel bleu du matin. Tu dois te ressaisir, pensai-je. Je ne voulais pas donner une autre occasion à mon père de m’esquinter encore plus que je ne l’étais. Déjà que je n’étais pas très grand, ni costaud, je portais des habits assez larges pour cacher mon gabarit et des manches assez longues pour ne pas révéler mes blessures. J’essayais tout juste de guérir des coups que j’avais reçus dimanche, ce n’était pas pour en ajouter d’autres.

***

15H – La sonnerie m’indiquait que c’était l’heure de gagner mon espace calme. Je ne voulais pas rentrer de suite et la bibliothèque était le seul lieu qui pouvait m’apaiser. Je fus surpris en m’y rendant car Juliette me suivit. Enfin, elle s’y rendait aussi. C’était la première fois de la semaine que je voyais quelqu’un y rester après la fin des cours. Nous atteignîmes en même temps la porte et je la laissai entrer en première. Elle me sourit, me remercia et poussa la lourde porte. Personne, comme je m’y attendais. Je lui emboîtai le pas et m’installai comme à mon habitude près de la fenêtre. Elle se fraya un chemin vers le coin des bandes dessinées et s’assit dans un des pouffes qui reposaient à l’opposé des fenêtres.

***

16H – La porte de la bibliothèque dévoila une tête qui ne m’était pas inconnue. Alex Lecomte traversa la bibliothèque sans me jeter un regard et s’approcha de sa petite amie. De l’endroit où je me trouvais, je pouvais les voir se câliner, puis tous deux quittèrent ce lieu rempli de livres sans bruit. Je ne pus m’empêcher de le fixer tant sa présence m’émerveillait. Cela m’était défendu, je me l’étais promis, mais c’était plus fort que moi, quelque chose en lui m’attirait. Je secouai la tête et me replongeai dans mes rêveries, de toute façon, il m’était intouchable.

***

19H – J’arrivais chez moi. Je remarquai que mon père n’était pas présent. Je décidai de préparer à manger. Mon père débarqua au moment où je finissais de faire cuire les légumes. Il se mit à table et attrapa le journal – pas un bonjour –. Je servis le repas et nous mangeâmes dans un silence de glace. J’appréhendai la fin du repas car je le voyais à son attitude, il était en colère. Contre quoi, contre qui, je ne le savais pas. Ce dont j’étais sûr c’était que si je faisais un seul faux pas, ça allait chauffer. Je soufflai une fois le repas fini. Bien qu’il soit dans un état épouvantable, la soirée s’était déroulée sans problème. Je fis la vaisselle et allai dans ma chambre après lui avoir souhaité une bonne soirée. Les battements de mon coeur ne voulaient pas s’arrêter même après que je me sois isolé dans ma chambre. Je marchai sur des oeufs à tout instant et je pouvais les écraser d’un moment à l’autre. Je m’endormis une fois mes devoirs faits et je m’engageai à tout faire pour que son humeur puisse s’améliorer, surtout que le week end arrivait.

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