Chapitre 6

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Lorsque la lumière du soleil pénétra dans la chambre, Dahut ouvrit les yeux. Immédiatement, elle eut une étrange sensation. Comme si elle n’arrivait pas à réfléchir correctement. Se tournant dans sa couche, elle s’aperçut de l’absence d’Albéric. Elle le chercha du regard. Elle ferma ses paupières et les rouvrit. Son malaise ne disparut pas. Avait-elle abusé d’hydromel la veille ? Il ne lui semblait pas.

Un calme surprenant régnait dans sa tête, comme si les bruits lui parvenaient étouffés. Elle découvrit son amant, déjà habillé, assis au bureau, penché sur un parchemin. Étonnant, les druides écrivaient rarement.

Dahut voulut lui parler, mais aucun son ne sortit. Que lui arrivait-il ? Elle cria, mais sa bouche s’ouvrit silencieuse. Elle voulut se redresser, mais son corps ne répondit pas. Impossible de bouger.

Soudain, Albéric se tourna vers elle.

— Tu es réveillée… Enfin !

Un rictus étrange habillait ses lèvres. Dahut ouvrit la bouche pour parler. Toujours rien.

— Ne t’inquiète pas ! Je suis au courant. Je suis responsable de ton état.

Les entrailles de la princesse se contractèrent. Que lui avait-il fait ? Pourquoi ?

Elle jeta un regard furibond au druide.

— Tu peux me menacer tant que tu veux… C’est moi qui dirige désormais. Tu vas réaliser une petite mission pour moi et après je te libérerai.

Son sang se glaça dans ses veines. Elle se concentra sur son noyau magique. Il était comme coupé d’accès. Son cœur battit follement dans sa poitrine.

Albéric sembla deviner son désarroi :

— Rien de personnel, je t’assure.

Il effleura la peau de sa joue. Dahut ferma les paupières. Comment osait-il la toucher ?

— Il faut simplement que tu ouvres les portes des digues. Puis ce sera fini…

La révélation perça son esprit cotonneux. Il travaillait pour l’évêque.

— Cela va durer moins d’une heure… Allons-y ! Prends la clef !

La princesse lui jeta un regard noir, mais déjà son corps se relevait. Ses jambes avancèrent de leur propre volonté, la menant devant le coffre. Sa main saisit la clef de bronze. Elle ferma les paupières en sentant son poids. C’était impossible ! Elle était à demi Fae, elle ne pouvait pas se laisser ensorceler ainsi par un simple druide. Dans son imagination, ses poings se serrèrent. Pourtant, ils ne bougèrent pas.

Albéric se rapprocha, son souffle dans son cou, il susurra :

— Peut-être vaudrait-il mieux que tu t’habilles… Je sais que tu as une réputation de dépravée à tenir, mais tout de même !

Ses doigts caressèrent la peau de son dos. Dahut souhaita hurler.

Heureusement, la main cessa de la toucher pour lui enfiler la robe écarlate qu’elle portait la veille.

Tentant d’ignorer l’odeur de leurs ébats qui emplissait ses narines, elle réfléchit. La magie des druides était exigeante. Cela nécessitait de la préparation et des runes. Avait-elle un moyen de lutter contre le sortilège ? Elle soupira mentalement. Difficile alors que son corps ne lui obéissait plus et que l’accès à sa magie était coupé.

Albéric glissa la clef dans une poche puis saisit sa main et l’entraina à l’extérieur de la chambre. Il la guida dans les couloirs du palais. Quand ils croisèrent un domestique, Dahut entendit pour la première fois un son franchir ses propres lèvres :

— Nous partons pour une promenade. Nous reviendrons pour le repas.

Un rire de gorge lui échappa même. L’homme ne leva pas le visage vers elle et ne put lire le désarroi dans son regard.

— Très bien, commenta le druide.

Il l’emmena aux écuries et fit seller deux chevaux. Si un palefrenier l’observa avec curiosité quand elle demanda un simple étalon et non Morvar'ch, il n’osa rien dire.

L’immense muraille qui encerclait son île se rapprocha bien trop vite. La panique l’envahit. Si les vannes s’ouvraient, la ville était perdue ainsi que ses habitants. Ys avait toujours été sous le niveau de la mer. La magie de son père avait permis de créer la cité malgré tout. Les korrigans avaient construit une véritable forteresse qui s’élevait au-dessus de l’eau, mais en quelques minutes, tout pouvait changer.

Dahut s’interrogea sur les motivations d’Albéric. L’appât du gain ? Il n’avait rien d’autre à gagner à la destruction de l’île.

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