Chapitre 2

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La princesse d’Ys descendit de sa monture. L’étalon noir hennit doucement comme pour lui dire au revoir.

— On se retrouve là dans quelques heures, lui ordonna-t-elle en caressant son museau.

Aussitôt, la vision de leur localisation à quelques pas du marché s’imposa dans son esprit. Dahut sourit et acquiesça.

— Exactement.

Morvar'ch attendit qu’elle disparaisse au coin de la rue avant de bouger. Ce cheval magique était aussi protecteur qu’une mère poule. Pourtant, deux gardes la suivaient de loin lorsqu’elle partait seule.

L’agitation entoura bientôt la princesse. Les villageois la saluaient d’une courbette respectueuse. Dahut aimait profiter de l’animation son île. Sur la place du marché, tous les matins, des vendeurs bataillaient pour écouler leurs épices, leurs vins ou leurs pains. En trois siècles d’existence, la prospérité de la ville avait attiré du monde. La princesse esquissa un sourire en se rappelant comment les ruelles avaient été désertes à sa création.

— Majesté, voulez-vous goûter à mon hydromel ? l’accueillit un homme aux cheveux roux.

Dahut accepta la coupe en métal et savoura le goût sucré de la boisson. Alors que le vendeur l’observait avec insistance, elle se demandait s’il avait déjà partagé sa couche.

En sirotant, elle déambula dans les allées. Elle s’arrêta devant un magicien qui épatait la galerie en créant des dragons de feu qui s’affrontaient dans les airs. Sa chevelure d’ébène s’éparpillait quand il se déplaçait. Ses bras musclés saillaient sous l’effort. Des enfants l’admiraient la bouche ouverte.

— Ce n’est rien qu’un élémental de feu, lâcha-t-elle dans un haussement d’épaules.

Ce dernier plissa les yeux en entendant ses mots, mais n’osa rien dire quand il la reconnut.

— Que pourrais-je réaliser qui satisfasse votre majesté ?

Sa voix se fit obséquieuse. Dahut étudia son torse musclé et sa peau mate. Léchant ses lèvres avec gourmandise, elle déclara :

— Je préfèrerais tester la magie de ta verge…

Avant que l’homme n’ait le temps de répondre, les cloches de la ville sonnèrent. Les habitants poussèrent des cris. La princesse s’éloigna à vive allure.

Lorsqu’elle rejoignit la ruelle par laquelle elle était arrivée, Morva'ch l’attendait. Elle enfourcha l’étalon, rapidement suivie par ses deux gardes.

Arrivée au palais, des soldats se précipitèrent pour l’informer.

— Majesté, la clef des digues a été dérobée, s’inquiéta le responsable des gardes.

Un rire froid s’échappa de la gorge de Dahut. Qui était assez stupide pour fomenter un plan aussi ridicule ?

Elle intima à son cheval de se rendre au pas jusqu’aux portes de la ville. Ses soldats la suivirent pour la plupart à pied. L’un d’eux osa demander :

— Nous ne devrions pas nous presser, majesté ?

— Aucun risque…

Sans un mot de plus, ils continuèrent leur chemin.

Devant la grande arche en bois qui se découpait dans la muraille des digues, se tenaient plusieurs hommes vêtus de longues robes blanches. Elle crut dans un premier temps qu’il s’agissait de druides. Quand l’un d’eux se retourna, elle reconnut le crâne chauve et le ventre bedonnant de Guénolé.

— Évêque ! salua-t-elle de son ton le plus autoritaire. Que faites-vous là ?

Les religieux prirent une mine penaude.

— J’ouvre les portes. Cette île est aux mains de Satan, elle mérite d’être nettoyée au nom de Dieu !

— Et vous seriez prêts à tuer une ville entière pour votre dieu ? Dahut pencha la tête sur le côté. Je ne comprends pas en quoi vous seriez dignes de lui en vous rendant responsables d’un tel crime.

— Vous ne risqueriez pas de comprendre, le diable murmure à votre oreille.

La princesse s’esclaffa.

— Le diable ? Serait-il un bon amant ? Dans ce cas-là, je ne dirais pas non…

L’évêque cessa de la regarder et tenta d’insérer la grande clef en bronze qu’il avait dérobée dans la serrure.

— C’est inutile. Vous devriez me la rendre…

— Je ne vais pas abandonner maintenant.

— Puisque je vous dis que c’est inutile. Cette clef est protégée par la magie. Seule moi peux m’en servir. Vous vous douterez bien que dans le cas contraire, elle ne serait pas simplement posée sur un coussin dans mes appartements.

Guénolé grimaça, mais s’acharna.

— Rendez-la-moi maintenant !

Il secoua la tête.

— Suffit !

Dahut s’approcha de l’homme et posa une main sur son épaule. Elle fixa ses yeux écarquillés et se concentra sur sa volonté d’être obéie.

— Rendez-moi la clef ! ordonna-t-elle.

Aussitôt, il lui remit.

— Voilà qui est mieux, susurra-t-elle en caressant sa joue. Maintenant que vous êtes plus coopératifs, nous pourrions peut-être nous entendre.

Elle posa ses lèvres sur celles inertes du religieux et glissa sa langue dans sa bouche. Elle mordit sa peau jusqu’à ce qu’une gouttelette de sang apparaisse. Son corps collé au sien, elle eut un rictus moqueur quand elle sentit le sexe de l’homme se tendre sous sa robe. Ne résistant pas, elle passa ses doigts sous sa soutane et se saisit de la verge blanche. Les autres religieux la regardèrent avec choc, n’osant intervenir. Elle leur adressa un sourire.

— Voyez comme votre chef réagit ! Lui qui ne veut pas entendre parler de la chair… Ne revenez jamais sur mon île ! Ou vous mourrez !

Elle s’éloigna de Guénolé dans une grimace de dégout et cessa son envoûtement. Aussitôt, l’évêque rougit d’embarras.

— Satan sommeille en vous, persifla-t-il.

— Si vous le dites. Partez !

La princesse d’Ys leva ses deux mains et projeta vers la troupe de religieux une puissante vague d’eau qui les renversa au pied des digues.

— Occupez-vous d’eux ! ordonna-t-elle à ses soldats avant de rentrer tranquillement au palais.

Toute cette agitation lui avait donné de l’appétit.

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