Chapitre 3

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Tous les habitants d’Ys étaient réunis pour célébrer le début de la saison sombre. Avec un rictus, Dahut songea que les chrétiens n’auraient certainement pas cautionné la fête de Samain. Ys restait le dernier bastion des traditions ancestrales alors que cette satanée religion se répandait sur les terres bretonnes.

Une foule d’hommes en robe blanche étaient assemblés autour d’un cercle de menhirs. La princesse s’écarta. Elle n’était pas toujours en accord avec ces magiciens qui se croyaient supérieurs et tentaient d’imposer leurs règles aux autres. Obligée de collaborer avec eux pour la protection de son île et les célébrations, elle réduisait leurs échanges au minimum.

Des enfants poussèrent des cris lorsque toutes les torches des habitants s’éteignirent en même temps.

— C’est bon ! Les druides vont allumer le feu sacré, rassura une mère à son petit.

Petit à petit, les yeux s’habituaient à l’obscurité et on pouvait discerner les silhouettes aux alentours. Aussi, Dahut fut surprise quand un homme la percuta. Il la rattrapa d’un bras musclé avant qu’elle ne tombe au sol.

— Excusez-moi, madame.

Sa voix rauque provoqua un frisson à la princesse. Elle se blottit contre son torse ferme se délectant de la chaleur qui irradiait de sa peau.

— Je suis sûre qu’il y a un moyen adapté de vous faire pardonner, murmura-t-elle en caressant le cou à sa portée.

L’homme répondit en passant une main dans son dos. Il s’arrêta juste au-dessus de ses fesses. Se cambrant, elle lui montra combien elle appréciait et glissa ses doigts sous sa tunique. Le fait de ne pas savoir qui il était rendait le tout si excitant. L’humidité mouillait déjà le haut de ses cuisses. Elle apposa ses lèvres sur la bouche chaude de l’inconnu, les poils de sa barbe picotant ses joues.

Il lâcha un grognement sourd. Sous le tissu de ses culottes, elle sentit un sexe dur pointer dans sa direction. Elle le saisit avec délice et le caressa avidement.

— Ça suffit ! dit l’homme d’une voix plus rocailleuse qu’auparavant et retira sa main.

Il n’allait tout de même pas la laisser ainsi ! Mais il remonta ses jupes et s’approcha d’elle. Quand elle sentit sa verge buter contre son intimité, elle tressaillit.

Soudain, un immense feu de camp s’alluma au centre des menhirs. Les enfants crièrent de joie et les adultes applaudirent.

La lumière dansante éclaira son amant mystérieux. Des yeux sombres l’observaient avec incrédulité. Il s’éloigna de quelques centimètres, délaissant la moiteur impatiente entre ses jambes.

— Majesté, marmonna-t-il recouvrant sa verge de ses culottes.

Dahut le salua d’un hochement de tête, laissa ses jupes glisser au sol et chuchota d’une voix pleine de promesses :

— Ce n’est que partie remise…

Ensuite, elle se retourna et prit la direction du grand feu de camp. Un druide lui tendit une torche éteinte qu’elle inséra dans les flammes magiques. La brandissant, elle déclara :

— Que ce feu magique éclaire et réchauffe toutes les maisons d’Ys pendant la saison sombre !

Les habitants vinrent enflammer leurs torches pour alimenter divers feux de joie dans la clairière. Des tambours résonnèrent dans une musique endiablée, accompagnée de binious.

Dahut chercha son mystérieux inconnu dans la foule. Elle avait repéré sa silhouette encapuchonnée lorsqu’elle avait brandi la torche. Depuis, il avait disparu.

Elle déambula parmi les fêtards. Korrigans, druides, élémentaux et simples mortels réunis dans un même lieu. Une pensée pour sa mère retournée dans l’Autremonde la traversa. Comment vivaient les Faes ? Elle poussa un soupir. À demi humaine, elle n’avait pu la suivre et devait s’accommoder de ce monde qui oubliait peu à peu ses ancêtres. En songeant à Guénolé, elle se convainquit de tout faire pour garder un tel havre de paix pour les descendants des Faes.

— Majesté, la salua un homme à la voix rauque. M’accorderiez-vous une danse ?

Les lèvres de Dahut s’étirèrent en le reconnaissant.

— Mais avec plaisir.

Elle luit tendit la main. Humains et korrigans s’écartèrent pour leur laisser la place. Les musiciens jouèrent un air entrainant. Le brun ténébreux la saisit par la taille.

— Comment vous appelez-vous ?

— Albéric, majesté. Pour vous servir, ajouta-t-il avec un sourire malicieux.

— Mais je compte bien me servir…

Elle éclata d’un rire joyeux. Cette fête de la Samain se déroulait extrêmement bien.

***

Lorsque les températures devinrent glaciales, les gens rapportèrent le feu sacré dans leurs maisons éteintes. Dahut attrapa Albéric par le bras.

— Vous m’accompagnez.

Son ton autoritaire n’admettait pas de refus. D’un sourire complice, l’homme hocha la tête. La princesse jeta un coup d’œil à ses deux gardes qui la suivaient toujours. D’un geste, elle leur demanda de s’éloigner.

— Dites m’en plus, Albéric. Que venez-vous faire sur mon île ?

— J’ai beaucoup entendu parler d’Ys. J’aimerais intégrer l’Ordre des druides.

— L’Ordre ?

Elle ne put s’empêcher de grimacer.

— Oui j’ai voyagé pendant de longues années dans l’Empire. J’ai acquis des savoirs druidiques de tous horizons et aimerais me poser quelque temps.

Elle étudia son corps musclé recouvert d’une tunique aux couleurs des arbres, une capuche le protégeant du froid. Les cuisses enserrées dans des culottes qui lui permettaient de se déplacer rapidement. Il ne ressemblait guère aux donneurs de leçon de druides qui vivaient sur l’île.

— Et si nous commencions par nous poser dans mes appartements ? proposa-t-elle d’une voix languissante.

Lorsqu’il acquiesça, l’humidité de son entrejambe revint à l’idée de terminer ce qu’ils avaient entamé.

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