Septembre (1) - Penny

4 minutes de lecture

Contexte: 

Frank, président de LDE, et Penelope, vice-présidente, ont annoncé au conseil d'administration que l'association avait perdu une grande part de ses financements publics. Des mesures relativement drastiques doivent être mises en place pour contrer ce problème. Quelques jours après cette réunion légèrement tendue, les bénévoles et employés de l'association ont été mis à leur tour au courant de la situation, durant la réunion de présentation annuelle. 

Vincent et Bakary, bénévoles et meilleurs amis de Pénélope et Medi - qui est membre du conseil d'administration -, ont donc appris la nouvelle en dernière minute. 

1. Pénélope est la narratrice

2.  Ici ARS signifie: Agence Régionale de Solidarité - une institution publique financé par l'État et qui subventionne des associations

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- Penny - 

(...)

Une fois la réunion de présentation terminée, toute l'équipe de LDE se rendit dans le grand gymnase afin d'ouvrir l'inscription aux clubs et ateliers. 

J’avais enfin le droit à une petite pause après ce marathon psychologique qui s’était étalé sur près de deux semaines. Avec Frank, on supervisait simplement le déroulement des inscriptions, ce qui signifiait qu’on n’avait pas grand-chose à faire. Notre staff était bien rodé pour cette procédure annuelle.


Vince, Medi et Bak s’occupaient des inscriptions pour le football. À peine les portes ouvertes, la queue à leur stand s’allongeait déjà significativement.  

Le club de foot était celui qui récoltait le plus d’inscription chaque année. En général, c’était surtout des garçons qui se présentaient, mais on avait aussi quelques filles motivées. Malheureusement, elles n’étaient pas encore assez nombreuses pour ouvrir une équipe féminine. Mais au final, cela ne leur posait pas de problèmes de s’entraîner avec les gars, moi-même j’avais déjà participé aux entraînements masculins.

 

Je m’assis sur une table juste derrière mes amis. Vince me rejoint, laissant Medi et Bak s’occuper des inscriptions. Il me regarda fixement de ses yeux noirs perçants, le visage neutre et attendant que je me sente ultra mal à l’aise. C'était un truc qu'il faisait souvent quand il voulait me faire sortir les vers du nez. Comme d'habitude dans ce genre de situation, mes joues commencèrent à chauffer et une petite boule se forma dans ma gorge. Je soupirai en secouant légèrement la tête et il se contenta de me dire :

- Cachotière.

- J’ai promis à Frank qu’on ne ferait pas d’annonce individuelle. En plus t’aurais posé des questions sur les mesures qu’on a adoptées et c’est la dernière chose dont j’avais envie de discuter avec toi. Pour pas que tu me juges.

- Je suis ton meilleur pote, c’est un peu à ça  que je sers. Mais la question n’est pas là. Vous nous balancez l’info de nulle part et on doit gérer les familles qui s’inscrivent juste après. Sérieux, tu veux qu’on encaisse ca comment ?

Je pinçai un peu mes lèvres et regardai le sol en agitant doucement mes jambes dans le vide. Il changea de position et s’assit en tailleur tout en continuant de me dévisager de manière impassible. J’admis : 

- ça  craint, je sais, mais on n’avait pas le choix. On ne voulait pas repousser la date des inscriptions pour ne pas affoler les gens. On a géré ça un peu en flux tendu…

- Un peu ?

- OK, totalement. Mais je ne pense pas qu’on doive en faire un drame. Regarde, il y a autant voire plus de familles qui viennent s’inscrire cette année ! Désolée en tout cas de ne vous avoir rien dit à Bak et toi.

Bak se balança sur sa chaise et s’appuya contre la table sur laquelle on était assise. Il s’incrusta dans notre conversation en prenant bien soin de ne pas se faire entendre par les familles présentes :

- Et comment ça se fait que Medi était au courant et pas nous ?

- Attends, c’est censé vouloir dire quoi ça ? rétorqua Medi en se tournant vivement vers lui. Je suis capitaine sportif, je suis de toutes les réunions importantes, mec !

- C’est d’ailleurs une grande surprise que tu le sois, j’comprends toujours pas, se moqua Bakary en faisant mine d'être incrédule.

Medi lança son stylo au visage de Bak qui se baissa en ricanant pour l’éviter.


Je regardai mes trois amis et me rendis compte que j’étais contente qu’on se retrouve enfin au complet après les vacances.

Vince, Shaq’s et moi avions passé une semaine en Italie ensemble. Bak n’avait pas pu venir à cause de son contrat CDD qui ne lui avait pas permis de prendre des vacances en même temps que nous.

A notre retour, on avait directement enchainé avec la reprise du boulot. De mon côté, j’avais eu à gérer le bordel créé par la nouvelle de l’ARS en plus. Je n’avais pas eu beaucoup de temps à leur consacrer.  

Comme s’il avait lu dans mes pensées, Bakary s'enquit :

- Alors, vos bayes en Italie à quatre ? C’était comment ? 

- À quatre ? demanda Medi en tamponnant un formulaire d’inscription.

- Ouais. Penny, ton kemé était là non ?

- On s’est séparé un peu avant notre départ pour l’Italie, répondis-je. Je pensais te l’avoir dit, désolée.  

Bak eut un air satisfait qu’il tenta en vain d’effacer de son visage. Medi le regarda et ne put s’empêcher de rire. Seul Vincent resta de marbre.

Mon ex-copain ne portait pas vraiment mes frères dans son cœur. Et on ne pouvait pas dire que ces derniers étaient fans de Luc non plus.

Je secouai la tête en levant les yeux au ciel – un peu amusée. Bak se tourna vers moi, à la limite de tomber de sa chaise et me demanda sur un ton avide :

- Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

- Bof, rien de spé. On s’éloignait l’un de l’autre, il ne concevait toujours pas l’amitié fille-garçon au bout de trois ans de relation. La vie quoi.  

Bak acquiesça sans rien dire, mais avec un petit sourire de compassion cette fois. Luc avait été le plus dur avec Bakary car il le voyait comme la plus grosse menace parmi mes trois amis : Vince avait une copine depuis la nuit des temps, et Luc ne prenait pas Medi au sérieux à cause de son physique trapu et de son air un peu gamin.

- En tout cas, les vacances furent meilleures que prévues, lança Medi en "high fivant" Vince.

- Je n’en doute pas, dit Bakary accompagné de son rire grave et chaleureux.

Je me contentai de sourire et appuyai ma tête contre l’épaule de Vincent. Cela faisait vraiment du bien enfin d’être avec la famille et je me dis que malgré le coup dur que LDE était en train de vivre, les choses iraient bien.

Du moins, je l'espérais. 

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