Prologue (?)

8 minutes de lecture

Les générations passées nous ont prouvés à quel point le célibat était une malédiction. Trouver un prétendant était la seule et unique réponse à tous les problèmes. Chaque famille, pauvre ou riche, avait un seul but ; celui de marier sa fille à tout prix. Les raisons pouvaient être différentes pour chacune d’entre-elle mais une restait semblable : la famille. Car pour conserver le nom, avoir des enfants et une vie paisible, la femme se devait de trouver le bon parti. Celle-ci n’avait pas le droit de rêver, à part d’un beau mariage qui ferait parler d’elle, et quand je dis « elle » c’est bien une représentation de la famille même. Bien sûr, il n’était pas toujours très rentable de naître fille, beaucoup trop de contrainte pour un père de nourrir une bouche qui n’apporte pas de contribution au travail. Une femme ne servait qu’à procréer et si ce n’était pas l cas, alors qu’elle reste caché gentiment dans son coin. Un homme célibataire après un certain âge, était un homme perdu, une femme célibataire, dès son plus jeune âge, était la honte de la famille. Les idées reçues de cette époque-là sont restés ancrées dans nos esprits, et ont maintenues le mode de vie dans lequel on est. Pourtant, en cherchant bien avec attention, il y a eu toujours des personnes, des « parias » qui sont sortis du lot en brandissant leurs idéaux. Sur un champ de bataille on pouvait y voir des femmes se battant côte à côte avec des guerriers, des reines qui n’ont pas hésité à régenter leur pays, sans mari, avec fierté. Mais aussi des jeunes filles du monde s’appliquaient à l’agriculture ou travaillaient dans les mines pour aider leur famille à dresser une table convenable. Alors est-ce vraiment révolus de voir encore des femmes, ou hommes, célibataire après 30 ans ? Et pourtant, les femmes sont accablées pour leur situation beaucoup plus que les hommes…

AU XXIème siècle, quand l’égalité des hommes et des femmes est presque juste, on pointe encore du doigt qu’une partie des êtres humains pour leur « fautes ». Comme si les lois de la nature nous avez interdits la solitude et comme si celle-ci signifiait une mortalité proche. Depuis le tout jeune âge, on nous a éduqué à vivre en communauté, entouré de personne ; famille, école et pour ceux ou celles qui avaient moins de chance, les éducateurs ou les foyers étaient là pour montrer la bonne direction. Pas besoin d’être expert pour comprendre que l’humain, tels les animaux, ne peut survivre seul. Les places sont bien définis pour chacun d’entre eux, une femme sert à procréer et l’homme à subvenir aux besoins de celle-ci, et ce depuis que le monde est monde rien n’a changé.

Malgré l’évolution de l’intelligence, de la science et de la connaissance on reste persuadé que la solitude tue. Ce n’est pas bon de s’isoler pour pleurer ou pour rire, on serait vu comme fous ! On apprend à se confier, à discuter de sujets passe-partout, à se sociabiliser pour ne pas se sentir seul, parce que c’est bien un sentiment de dépressif de se sentir exclu, non ? Et si depuis le début, on avait tort ? On a assimilé par les cultures, les religions, le besoin d’aimer les autres, de donner aux autres avant de penser à soi car Dieu a dit : "Donne et Dieu te le rendra". Comment peut-on contredire un bienfait tel que celui d’offrir son amour aux autres. Pourtant, une femme qui a l’habitude de tellement satisfaire autrui n’a pas l’impression d’avoir de retour. Mais ce n’est pas si grave, elle a été façonné de cette manière ; offrir sans rien attendre en retour, la preuve pour son amour inconditionnelle à ses enfants, et à son mari. Les gens sont encore choqués par l’abandon d’une mère mais moins d’un père, de l’abandon d’une épouse, moins d’un mari qui fuit. Les mœurs nous ont imprégnés certaines règles de conduite en tant que femme sur le sujet et l’amour avec un grand A ; cela ne se fait pas de ne pas aimer, d’être trop stricte, d’être trop en demande d’affection. On se doit de s’adonner sans rien attendre en retour, tel est la devise ! Tout cela peut rester une opinion personnelle, cependant, il suffit de voir autour de soi pour comprendre que rien n’est fait au hasard. Quand on s’informe des conditions des femmes du monde entier, on pourra constater qu’une politique ne vaut pas mieux qu’une autre. Sans parler de la justice des hommes, on se rend bien compte que les lois sont régit par ceux-ci, sans consentement de la femme. Alors, la question à se poser est « être femme ou ne pas l’être en ces circonstances ? ».

Et si on pourrait penser que c’est de l’exagération, sortez de votre maison, parler aux gens et vous entendrez ce qu’on peut endurer en tant que femme seule, avec ou sans enfants. Cependant, on se doit d’être lucide et ne pas accuser que les hommes. Les conseils des femmes de notre entourage se répètent encore, générations après générations, et quelle stupeur si on ose seulement remettre en questions ces affirmations. De l’ego mal placé, dirait-on, le comble du paradoxe, n’est-ce pas ? voici les recommandations avisés de notre entourage, amis, familles, d’hommes et femmes qui savent tellement ce qui est bon pour nous…

« -Tu es aigri comme fille, tu râles toujours, les hommes n’aiment pas ça. Tu ne fais que les repousser.

- Tu es une féministe qui croit en une égalité éphémère. Tu rêves d’un monde utopique et puis un homme reste un homme, rien ne peut changer cela.

- Tu es une mal baisée parce que tu n’es pas capable de dire oui, tu crois encore au prince charmant ; beau sur son cheval blanc à parcourir le monde entier pour te sauver…de quoi ?

- Tu as la haine à cause d’un homme qui t’a brisé le cœur. Un homme qui t’a aimé pour ce que tu es mais qui a détourné son regard à la première venue. C'était juste un saligaud !

- Tu généralises les hommes, pour toi ils sont tous pareils et rien ne changera cela.

- Tu es moche ou tu ne te mets pas assez en valeur, l’homme aime au premier regard. Soit sexy, tu verras le changement… (en gros, fais ta pute !)

- Tu es mal dans ta peau pour rejeter les hommes. Tu n’as aucune confiance en toi et tu le sais que ça déplaît à ces messieurs. Alors tu préfères t’enfermer dans ton monde.

- Tu n’aimes pas le sexe pour ne même pas prendre plaisir, de temps en temps ?

- Tu dois être lesbienne pour autant détester les hommes, non ? Bah oui au moins une femme pourrait mieux te comprendre !

- Tu es trop difficile, l’homme parfait n’existe pas ma fille, réveilles toi !

- T’en demande trop pour un homme, le pauvre il doit galérer avec toi.

- Tu es une fille trop facile, attends tu te jettes sur le premier venu et tu veux qu’il te mette la bague au doigt…mais tu rêves !

- Tu risques de mourir vieille fille si tu continues comme ça…

- Tu ne veux pas avoir des enfants ? Tu sais tes ovaires vieillissent aussi ma belle…

- Ce n’est pas du machisme de laisser un homme prendre les reines, il faut comprendre que les caresser dans le sens du poil pour satisfaire leur ego, c’est normal.

- L’un ne peut vivre sans l’autre

- Tu es une sainte ni touche ou quoi ? Laisse-le au moins te toucher, il a besoin de ça…

- Tu as trop confiance en toi, c’est bien mais trop ça fait juste peur aux hommes. - Tu t’habilles trop vulgaire pour une femme de ton âge, tu as 30 ans plus 20 !

- Tu es trop pudique, c’est bien d’être timide mais bon un moment faut t’ouvrir à lui. ( ce n'est pas une métaphore)

- Tu ne prends pas assez soin de toi, tu devrais aller au moins une fois par mois chez l’esthéticienne, les hommes aiment les femmes qui prennent le temps pour elle, mais pas trop hein…

- Tu es une égoïste de ne pas penser à avoir des enfants, de ne pas pouvoir supporter un homme toute ta vie, nos grands-mères ont autant souffert, elles n’en sont pas morte…

- Tu es capricieuse, redescends sur terre, tu ne peux pas tout avoir.

- Tu es trop grossière, les garçons manqués ça dégoûte…

- Tu t’habitues à la solitude, vite trouve un homme avant que ce ne soit trop tard ! - Saches que tu es un objet sexuel, joues de ça, il faut savoir manipuler…

- Saches que tu n’es que l’esclave de l’homme, les livres l’ont dit. Bien sûr, si Dieu a créé Eve c’est parce que Adam s’ennuyait… »


Les belles phrases qu’on entend constamment ne fait que remonter le moral, non ? Voilà la vie d’une solo, quel bonheur d’être jugée comme si on était une moins que rien. Aux yeux des gens, nous sommes une espèce rare qui commence à prendre le contrôle du monde à petit feu, il faut vite nous exterminer avant de contaminer la planète ! On a beau dire que c’est notre choix et pourtant, on ne cesse de nous dire, comme pour nous soulager, « t’inquiètes, ton homme tu vas le trouver. » OK, ça à l’air beau tout ça, d’attendre qu’il me trouve ou de le rechercher comme si il s’était perdu, mais si on est bien seule ? Alors quelle surprise d’entendre ce « oh ! » quand on dit à des inconnues qu’on est célibataire ou pire lorsqu’on répond que cela fait quelques années, c’est choquant quand même en 2019. Le moyen-âge avait combattu ce fléau en mariant de force les femmes avec des hommes déjà pris. 107 garçons pour 100 filles, on est prêt à les dépasser, et si en plus on reste célibataire, c’est foutu pour la race humaine… Les filles, on est en alerte, on est sur le fil rouge, et les guerres n’arrangent pas les choses, les hommes sont en perditions. Et ce n’est pas une femme qui va le contre dire, en solidarité avec eux, elles se sont mises à nous chasser, je vous promets ! Parce que si vous croyez encore que c’est l’ancienne génération ou les hommes à nous sortir ce genre de remarque, alors c’est que vous êtes encore endormie.

On est un problème à résoudre, il suffit de voir les films nous racontant qu’en perdant tout espoir, cette jeune fille ne voyait même pas que l’amour était à côté d’elle. Sans parler de tous ces conseils qui nous inspirent à garder un homme ou le mettre au pied du mur pour se marier. N’est-ce pas merveilleux de retenir un homme avec de la cuisine, ou du sexe ? Leur montrer qu’on n’est pas acquise alors que nos yeux montrent le contraire ? Dans ce jeu, on est d’office perdante, car à part renforcer l’égocentrisme de monsieur, on court droit dans un lit pour dormir sur des affabulations que l’on a créé. Il est peut-être temps de comprendre ce que ressent une solo, et qu’est-ce qui la pousse à rester seule, parce qu’on ne cherche pas toute après le prince. Et si c’était le cas, alors on a nos raisons d’être compliquée, non ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 6 versions.

Vous aimez lire Lily S. ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0