Chapitre 2

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Audrey

Chris me bouscule alors que je sors des WC et il me semble que mon cœur s’arrête. Va-t-il enfin daigner m’adresser la parole ? Et bien non, il pénètre précipitamment dans les toilettes sans même un bonjour. Connard. Certes, il ressemble à Apollon et son intelligence ne fait pas un pli, mais ça s’arrête là. Bon, si, je dois admettre qu’il est drôle aussi. Et bon cuisinier. Mais… Ma poitrine se serre et les larmes perlent au bord de mes cils. Je ne suis pas assez bien pour lui. Stooop. Audrey, on se reprend. Pas de temps à perdre avec cet idiot. D’ailleurs… Pourquoi est-ce qu’il vient d’entrer dans la pièce réservée aux femmes ? Je n’ai pas le temps d’approfondir la question, Sonia se jette sur moi en me hurlant que mon exposé est le prochain. Mes mains deviennent moites, la chaleur m’envahit. Le stress me cloue sur place. « Allez ! » Mon amie m’entraîne, impitoyable. Je rejoins l’estrade à contrecœur, passe le pendentif autour de mon cou et me concentre. Ça va aller. Ce n’est qu’un mauvais moment à passer.

Chris

Putain, il n’est plus là ! Mon cœur tambourine méchamment dans ma poitrine. C’est pas possible, pas possible, pas possible. Bordel, comment a-t-il pu disparaitre en à peine vingt minutes ?! Camille remarque immédiatement mon trouble et n’a pas besoin d’explication pour comprendre. Une expression horrifiée traverse fugacement son visage avant qu’il ne se resaisisse. J’admire. Vraiment. D’un autre côté, il est formé pour réagir face à des situations extrêmes.

- Ok, calme-toi, me dit-il en passant ses doigts sur mon épaule. On va le retrouver.

- Mais… Et s’il est déjà en leur possession ? On fait quoi ?!

- Non, je ne pense pas. Je doute qu’ils aient pensé à venir fouiner au fin fond des chiottes… À mon avis, s’il a été emporté, c’est par hasard.

L’air serein, il m’attire vers la salle des congrès. Effectivement, la foule est notre meilleure alliée pour le moment. Audrey commence sa conférence au moment où nous pénétrons dans la pièce. Sa voix tremble sur les premiers mots mais très vite, la passion l’emporte. Elle présente ses derniers résultats concernant un traitement innovant des leucémies pédiatriques. Elle brille, et je ne peux pas la quitter des yeux.

- Il ne nous aura pas fallu longtemps pour le repérer… me lance Camille, ironique.

Ce n’est qu’alors que je le vois, pourtant il est inrattable... Magnifiquement en évidence, le cristal tombe sur la poitrine d’Audrey.

Audrey

Les applaudissements signent la fin de ma torture. Parler en public me terrorise, surtout en anglais devant des centaines de personnes, mais je m’en suis sortie et m’octroie une pause-café bien méritée. Tant pis pour la présentation suivante... Le distributeur automatique n’est plus qu’à quelques mètres lorsqu’on m’agrippe violemment le bras. La poigne ferme me force à me retourner avant que je n’ai pu en prendre l’initiative. Mes jambes mollissent lorsque je découvre Chris qui me fait face, essoufflé et nerveux.

- Suis-moi.

Je fronce les sourcils, indécise. J’aurais choisi autre chose que « suis-moi » après un silence radio de deux semaines, mais qui sait, peut-être sera-t-il plus loquace ailleurs ? Cela dit, je ne compte pas lui faciliter la tâche et ne bouge pas d’un pouce.

- Pourquoi ?

La pointe de son pied martèle discrètement le sol. Une expression suppliante apparaît sur son visage.

- Audrey, c’est vraiment pas le moment... Viens !

Il ne me laisse pas le temps de poursuivre, et me traîne littéralement sur le parking en lançant des regards soupçonneux autour de nous. Woah, mais qu’est-ce qui lui prend ?

- Oh, doucement ! Tu me fais mal !

Je reçois un coup d’œil irrité en guise de réponse et son étau se resserre. Il s’arrête devant une berline grise et ouvre la porte. Mon cœur s’affole.

- Monte.

Je hausse un sourcil inquisiteur, sidérée. Sérieusement ? Il disparait après m’avoir larguée comme une merde, et quand il revient enfin, me fait monter de force dans sa bagnole ?

- C’est une blague ?

Sa mâchoire se crispe, il n’a pas l’air de plaisanter. La tension qui l’anime est palpable et même si j'en ignore la cause, je la sens m’envahir peu à peu.

- Écoute, j’ai pas le temps de t’expliquer. Fais-moi confiance, il faut qu’on déguerpisse.

Non mais il se fiche de moi !

- C’est toi qui me parles de confiance ?! j’explose.

Chris passe rapidement la main dans ses cheveux, manquant de me faire fondre. Ses muscles tendus saillent sous sa chemise entrouverte, qui me laisse le loisir d’apercevoir le haut de son torse parfait. Pour un peu, j’en oublierais presque le grotesque de la situation. Il soupire.

- C’est ni le lieu ni le moment pour des disputes de couple…

- On n’est PAS en couple !

Je le toise, furieuse. Il souffle en secouant ses mèches brunes. Bon sang, qu’est-ce qu’il se passe ?

- Je n’ai aucune envie de te menacer, mais tu vas m’y contraindre.

- Ah oui ? Et comment comptes-tu t’y prendre ?

Mon sourire goguenard disparait instantanément lorsque, d’un geste vif, il me dévoile l’intérieur de sa veste. Oh Mon Dieu. Mes yeux s’étrécissent et je m’exécute, poussée par un instinct de survie. Il démarre avant que j’ai bouclé ma ceinture.

Mon rythme cardiaque est beaucoup trop élevé. Est-ce l’inquiétude ou la proximité de mon ancien petit-ami ? Aucune idée. En plus, j’ai encore envie de faire pipi. C’est bien le moment...

Chris conduit brutalement. Déjà qu’en temps normal, il est loin d´être un bon chauffeur, là c’est catastrophique. Son front plissé et les multiples coups-d’oeil dans le rétroviseur ne sont pas pour me rassurer non plus. J’essaye de calmer les battements désordonnés de mon cœur, tandis que l’angoisse s’empare de moi. Stop. On inspire, on fait le point. Mon charmant ex m’a sauté dessus, enfin, façon de parler, à la sortie de mon exposé. Il a l’air paniqué et cache un revolver dans le revers de son costume. Chris porte un flingue sur lui ?!?! Je me recentre. Il m’a entrainée dans sa voiture, ce qui, dans d’autres circonstances ne m’aurait pas déplu, sauf que là nous… fuyons ? Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Mes doigts triturent nerveusement mon pendentif vert comme s’il contenait les réponses à mes questions. Je n’aurai même pas eu l’occasion de le déposer à la réception…

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