Cinquième chapitre

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L'impression première que lui fit Madeleine fut la simplicité évidente que ses traits exprimaient. L'expression pure et claire des esprits lents et dociles. Bien qu'il ne connaisse alors que le prénom de la jeune fille, Saïman avait la certitude qu'il pouvait s'il le souhaitait la duper sans vergogne, la manipuler comme il n'est pas permis de le faire, dans n'importe quel but possible ou imaginable. Et même si sa supercherie venait à être dévoilée au grand jour, elle aurait continué de le suivre, lui tenant la main avec un sourire bienheureux. Les yeux de Madeleine étaient ceux d'une enfant sage, d'une petite bête ahurie, qui aurait fait confiance à la moindre de ses paroles.

Devant cette créature d'une révoltante innocence, Saïman baissa entièrement sa garde. Son masque, son armure et ses armes invisibles tombèrent à l'unisson, comme d'un commun accord.

Dans la chaleur de l'après-midi des hirondelles virevoltaient au dessus de la cour, rythmant leur zèle par des petits cris stridents.

« C'était la parure de ma grand-mère. Celle qu’elle reçut pour son mariage. Elle n'eut pas d'autre petit-enfant alors elle me la donna. Quand je la regarde, elle brille du même éclat que le soleil de mon pays. »

Saïman avait parlé avec une paix infinie. Il avait ressenti l'envie de libérer ces mots tapis au fond de lui, et les avait laissés s'échapper, tout simplement.

Avait-elle seulement comprit ces mots ? Peu importe. Il s'en moquait. Ils ne lui appartenaient qu'à lui de toute manière.

« Je suis navrée ! s'excusa Mad dans un rire aussi simplet que franc. J'ai cru que je l'avais emporté par mégarde avec moi lors de mon dernier voyage. Et je me demandais comment j'allais faire pour le ramener sur la lune. »

Elle tendit une main ouverte au creux de laquelle reposait le bijou doré. Saïman se pencha pour l'y prendre, l'observa quelques secondes avec affection. Puis, après l'avoir fait disparaître dans sa poche, fronça les sourcils.

- La lune ?

- Je n'en ai jamais vu de pareil, alors je pensais qu'il ne pouvait provenir que de là-haut. »

Les sourcils épais regroupés en un seul trait noir sous l'effort de la réflexion se séparèrent soudainement. Saïman regarda encore Mad, avec détachement cette fois. Si le royaume des sots existait, cette fille en serait la madone. Il était parvenu à retrouver son bien, il ne devait pas plus attribuer d'importance à ces affabulations qu'aux piaillements des oiseaux dans le ciel. Saïman reprit son masque isolant. Tourna les talons sans un mot et s'éloigna.

L'orme émit un long soupir entre ses rameaux. Madeleine lui sourit.

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