L'épreuve 4/4

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Quand les premiers symptômes de contamination se manifestèrent chez Féréol et le jeune tigre à dents de sabres, les sapiens firent ce qu’ils purent pour les soulager, ne pouvant guère apporter plus que leurs présences bienveillantes et quelques plantes médicinales qu’ils avaient apportées pour calmer leurs douleurs.

*

Quand les premiers symptômes de contamination se manifestèrent chez Féréol et le jeune mâle, des hurlements de désarroi se firent entendre à Cobannos. Eoline et une jeune tigresse sentirent la mort approcher leurs mâles aussi sûrement que si elle avait été auprès d’elles.

*

Melchior arriva au pas de course dans la salle commune. Sacha et ses filles réfléchissaient à un moyen d’apporter une aide aux territoires voisins. La gravité qui se lisait sur le visage de leur ami les fit se lever de table.

— Il y a un problème, Melchior ? questionna Sacha.

— Où est Azia ? demanda-t-il sèchement. Eoline a besoin d’elle.

— De quoi souffre-t-elle ? Je vais la soigner, proposa gentiment Pandora.

— Non pas toi, répondit-il avec énervement. C’est Azia qu’il me faut !

La brutalité de Melchior montrait à quel point la situation était grave. Et loin de s’offusquer, Pandora s’inquiéta davantage. Hawa eut moins de compassion pour le dragonnier.

— Répond plutôt à la question de ma sœur, homme. À elle de juger si ses connaissances sont suffisantes.

Melchior n’eut pas le temps de répondre, qu’Osman apparut.

— Il y a un problème avec l’une des tigresses, dit-il sans préambule. Elle hurle comme si on l’égorgeait. Son clan n’arrive pas à l’apaiser. Elle cherche à partir comme si cela dépendait de sa vie.

— Où est Eoline ? s’exclama Sacha. Réponds, Melchior ! Où est Eoline ?

— Avec sa mère, répondit celui-ci.

Ses yeux s’ouvrirent en grand. Il venait de comprendre. Il tourna les talons et courut en direction de la fosse, suivi de Pandora et Sacha, Ils y arrivèrent trop tard. Tandis que la dragonne blanche d’Eoline s’envolait, Ama surgit en larme.

— Je ne suis pas arrivée à la retenir. Dès qu’Azia a été près d’elle, elles ont agi bizarrement et le temps que je te rejoigne…

Les mots moururent dans la gorge d’Ama pour finir en sanglots.

— Ne t’en fais pas. Je vais aller la chercher.

— Non, tu ne feras rien, affirma Pandora.

— Je suis d’accord avec ma takara, ajouta Sacha. Tu dois faire confiance à…

— À quoi ? enragea Melchior. À quoi je dois faire confiance ?

— À l’imprégnation, répondit-il calmement. Il n’arrivera rien à ton enfant.

— Comment tu peux en être si sûr ? Tu donnerais la vie d’une des tiennes sur tes paroles ?

— Ce n’était pas à moi de te l’apprendre, mais ta takara porte la vie. Aucune femelle imprégnée ne mettra la vie qu’elle porte dans ses entrailles en péril. Même pour sauver son mâle.

— Mais Eoline me l’aurait dit si elle était pleine. Tu dois te tromper, s’étonna Ama.

— Les hommes-loup n’ont pas besoin qu’on leur dise ces choses-là. Féréol le sait depuis le début. Nous lui avons conseillé de laisser à sa femelle la joie de le lui apprendre. L’imprégnation est l’une des forces les plus puissantes de notre espèce. Elle prendra la main pour préserver la vie.

Sacha ne se doutait pas à quel point la force de l’imprégnation était forte dans ce monde. Tout comme Eoline, une jeune femelle smilodon allait en faire l’expérience.

*

Le clan de smilodons qui s’était établi non loin de la forêt de Lilith était venu chercher refuge auprès de Cobannos. Il était arrivé à bout de souffle ; surtout des femelles et des jeunes, au grand étonnement de Djibril qui ne comprit pas pourquoi on leur venait en aide. La forge fut mise à leur disposition, car elle n’avait pas de porte et offrait un espace assez grand pour tout le clan.

Quand Azia entendit les cris de déchirement de la tigresse, ils firent écho en elle, mais au lieu de se précipiter dans la forge, elle fila aussi vite qu’elle put au logis de Melchior. Ama était désespérée devant la détresse de sa fille.

Celle qu’on nommait La Folle dans une autre vie comprit immédiatement de quoi il retournait.

— Nous devons partir, chuchota-t-elle.

Eoline n’avait pas eu besoin de plus. Son dragon apparut à la sortie de sa tanière avant même que la dragonnière n’atteigne le bas de la fosse. La toute petite laissa l’habitude faire à sa place et le harnachement fut installé avec une rapidité déconcertante. Azia avait revêtu sa très ancienne cape de voyage, celle du temps où elle fut une autre. Gobos la regarda grimper sans un mot sur la selle arrière de Tira, la dragonne blanche d’Eoline. L’animal prit son envol avec grâce dans le ciel de Cobannos, volant à flanc de montagne. Azia fut attirée par une forme. La tigresse galopait aussi vite qu’elle le pouvait, mais à cette allure, elle aurait tôt fait de voir son cœur lâcher. La guérisseuse fit signe à Eoline. Elle n’eut pas besoin d’ordonner. Tira se dirigea vers la femelle smilodon. Celle-ci avait le choix entre bifurquer et s’engouffrer dans la forêt ou se jeter dans le ravin droit devant. Elle accéléra sa course et choisit de s’élancer dans le vide. Elle retomba entre les ailes du dragon. En quelques pas prudents, elle se retrouva sur la selle, au côté d’Azia.

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