Chapitre 36

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- C’est bon, elle a fini par s’endormir.

Lila rentre dans son appartement, où Gabriel, assis sur le canapé, l’attend en regardant un match de baseball. Il tend le bras sur le côté et la jeune femme vient se blottir contre lui, épuisée.

- Elle t’a dit ce qui l’avait mis dans un tel état ? demande le musher.

- Tu as vraiment besoin d’un dessin pour comprendre ? se moque gentiment Lila.

- Non, mais tu as compris. Pour qu’elle craque de la sorte, après une semaine de mutisme complet, c’est bien qu’il y a eu un élément déclencheur non ?

Depuis son retour de la réserve, Ambre n’a été que l’ombre d’elle-même. Lila ne l’a jamais vu comme ça. Devant les clients, elle est souriante, naturelle, mais dès qu’elle ne doit plus jouer un rôle, la jeune femme a le regard dans le vide, éteint. Elle ne rit plus, ne fait plus de remarque sarcastique. Elle se contente de faire son travail, avant de se réfugier dans son appartement. Lila a tout de même réussi à lui faire raconter ce qui s’est passé à Manawan, mais Ambre ne s’est pas encombrée de détails. Elle lui a juste dit d’une voix sans émotion qu’elle avait rencontré Evan et que c’était fini avec Noah. Cela fait maintenant une semaine et elle ne s’exprime plus que par des phrases courtes, et encore, quand elle y est obligée. Lila a essayé de lui parler, mais elle a bien compris que ça ne servait à rien.

La jeune femme soupire en posant la tête contre l’épaule de Gabriel. Heureusement qu’elle l’a. Surtout ce soir, à la veille du procès qui doit déterminer leur avenir à tous.

- Elle a appelé ses parents. Voilà le bouton On de l’apocalypse.

Gabriel se tourne vers elle, les sourcils froncés.

- Ils sont si terribles que ça ?

- Ça dépend. Avec moi, ils ont toujours été adorables et bienveillants. Mais quand il s’agit de leur fille, c’est une autre histoire. Ils ne comprennent pas sa personnalité et lui ont toujours beaucoup mis la pression.

Un silence passe. Gabriel reporte son attention sur la télé pour voir une action du match, tandis que Lila se perd dans ses souvenirs. Elle se retrouve propulsée chez Ambre, affalée sur son lit, occupée à manger des gâteaux. Elles passaient des après-midis entiers à prétexter des travaux de groupe pour se voir. Au lieu de quoi, elles parlaient garçons, livres, séries télé et encore garçons.

- Ils ont dû y aller fort pour qu’elle se mette à tout casser chez elle, reprend Gabriel.

Ils étaient en train de manger en tête à tête, quand ils ont entendu des bruits fracassants provenant de l’appartement d’Ambre. Quand ils sont arrivés, la jeune femme avait entrepris de jeter au sol tout ce qui lui passait par la main et si possible qui se brise en mille morceaux. Verres, assiettes, vases, cadres, tout y est passé. Lila a réussi à la faire s’arrêter et Ambre s’est mise à pleurer dans ses bras. Ses sanglots ne se sont calmés qu’après de longues minutes.

- Je pense qu’ils n’ont pas conscience du mal qu’ils lui font. Ils pensent l’aider, mais ils l’enfoncent. Ils n’ont jamais su comment gérer son excentricité et sa personnalité explosive. De ce que j’ai compris, quand elle leur a parlé du procès de demain, ils lui ont sorti leur éternel on te l’avait dit, ne vient pas te plaindre maintenant, tout ça ne pouvait pas durer, c’était trop pour toi, et j’en passe.

- Ah oui quand même… siffle Gabriel entre ses dents.

- Donc ça, plus le stress de demain, plus Noah… ça l’a fait disjoncter.

- Qu’est-ce qu’ils ont dit pour Noah ?

- Qu’au moins elle aurait plus d’attache au Canada et qu’elle pourrait revenir en France sans problème. Ils considèrent que tout ça n’était qu’une expérience, qu’une aventure vouée à l’échec dès le départ, que ce soit au niveau professionnel ou personnel. Ambre ne leur a jamais trop parlé de Noah. Elle savait qu’ils considéreraient leur relation comme une histoire sans lendemain et elle ne voulait pas qu’ils abiment ce qu’elle vit, ou ce qu’elle vivait.

- Eh ben… ils ne donnent pas envie de les rencontrer…

- Effectivement, dépeints comme ça, rit Lila.

- La famille, quelle angoisse ! Heureusement qu’on peut en choisir certains membres…

Gabriel se penche vers Lila et enfouie la tête dans son cou. Il l’embrasse délicatement, provocant un frisson de plaisir chez la jeune femme. Sans prévenir, il lui pince la taille et vient la chatouiller au niveau des côtes. Son cri de surprise est étouffé par ses rires. Elle se tortille dans tous les sens en lui demandant d’arrêter. Elle essaye de l’atteindre elle aussi, mes les assauts de Gabriel sont impitoyables. Après de longues minutes, il la laisse enfin tranquille, haletante. Elle lui donne une tape sur le bras pour se venger en souriant.

- Et toi alors, tu as réussi à parler à Noah ?

- Je l’ai eu au téléphone cet après-midi. Il est complètement perdu. Je n’ai rien pu en tirer. J’ai quand même insisté pour qu’il soit là demain, mais je ne suis pas sûr d’avoir réussi à le convaincre. Même s’ils ne se parlent plus, je pense que c’est important qu’il soit là pour Ambre. Et puis, il ne l’avouera jamais, mais il est attaché à ce lieu. Sentimentalement, c’est sa maison à lui aussi, bien plus qu’il ne veut bien l’admettre. J’espère vraiment qu’il va réfléchir et prendre la bonne décision.

Lila soupire avec force.

- Je comprends les raisons d’Ambre d’être partie comme ça de la réserve. Le mensonge est ce qu’elle déteste le plus, elle qui est la personne la plus franche que je connaisse. Donc elle s’est sentie trahie. Et je comprends aussi Noah, avec son passé qui ressurgit, son frère. Je n’arrive toujours pas à me faire à l’idée qu’il a un frère jumeau. Tu te rends compte, un deuxième Noah !? J’aimerais bien voir qu’elle tête il a, s’ils se ressemblent vraiment tant que ça. Enfin bref. Je comprends qu’il ait du mal à gérer tout ça, en plus de culpabiliser de l’avoir caché à Ambre. Mais…

- Mais… avance Gabriel en souriant, sentant que son analyse n’est pas finie.

- Mais quand même, qu’est-ce qu’ils sont têtus et compliqués tous les deux.

Gabriel éclate de rire face à l’air désabusé de Lila.

- Quoi ? C’est vrai, rit elle. Ils sont tellement extrêmes. Ils auraient pu s’assoir et parler calmement. Mais non ! Il faut qu’ils créent des situations impossibles.

- En même temps, entre un bad boy torturé et une drama queen sans filtres, c’était prévisible.

- C’est pas faux, s’esclaffe Lila.

Le silence se fait autour d’eux. La jeune femme essaye de se concentrer sur la fin du match, mais ses pensées divaguent. D’abord vers Ambre. Elle ne peut s’empêcher d’être inquiète pour son amie. Puis, inévitablement ses pensées la portent vers la journée qui les attend demain. David leur a dit de rester confiantes, qu’il ferait tout pour leur permettre de garder le manoir. Elle espère vraiment du fond du cœur qu’il a raison. Sinon elle ne sait pas comment elle va gérer la situation. Maintenant qu’elle a réussi à reprendre sa vie en main, qu’elle a retrouvé confiance en elle et en les autres grâce à Gabriel, elle risque de tout perdre pour une histoire d’héritage. Ce lieu est tellement plus qu’une histoire d’argent pour elle. Elle l’a construit de ses mains, l’a pensé, l’a fait évoluer dans les moindres détails. C’est le projet de sa vie et il risque d’être réduit en poussière pour une histoire d’argent.

La main de Gabriel sur son épaule la fait sursauter.

- Pardon, tu disais ?

- Qu’on ferait bien d’aller se coucher pour être en forme demain.

- Oui tu as raison.

Gabriel dépose un baiser sur sa joue et se lève. Il étend ses bras au-dessus de sa tête pour s’étirer le dos. Son t-shirt remonte légèrement, laissant entrevoir la peau de ses hanches. Lila le suit dans la chambre, enlève ses vêtements pour revêtir sa nuisette et se glisse sous les draps.

- Tu ne m’écoutes vraiment pas hein ?

Gabriel passe la tête par l’ouverture de la porte de la salle de bain, sa brosse à dent dans la bouche.

- Je suis désolée chéri, mais j’ai un peu la tête ailleurs ce soir. Je n’arrête pas de penser à demain.

Le musher plisse les yeux et repart dans la salle de bain. Deux minutes plus tard, il revient en caleçon et se jette sur le lit à côté d’elle. Lila rebondit sur le matelas en riant.

- Dis donc, pour quelqu’un qui voulait aller se coucher, tu es bien réveillé.

Gabriel se colle contre elle. Il lui agrippe la hanche et la rapproche encore plus de lui. Il glisse la tête dans son cou et l’embrasse délicatement, traçant un sillon brûlant de son oreille à son menton. Il s’interrompt quelques instants pour dire dans un murmure :

- Je suis quelqu’un de très consciencieux. Je prends mon rôle très à cœur.

Il reprend sa lente descente vers son décolleté, tantôt en l’effleurant à peine du bout des lèvres, tantôt en la mordillant. Lila veut lui poser une question, mais ses pensées s’envolent quand il arrive à un point sensible à la naissance de sa poitrine. Elle ne peut empêcher un soupir de franchir ses lèvres. Ses mains se perdent dans les cheveux soyeux du musher. Il se redresse légèrement, seulement le temps de faire descendre les bretelles sur ses épaules.

- Quel rôle ? arrive-t-elle finalement à articuler.

Gabriel se redresse et se place sur elle. Hanches contre hanches. Torse contre torse. Elle sent son cœur qui bat fort et vite, en rythme avec le sien. Il la regarde dans les yeux, les siens ayant pris une teinte de ciel d’orage.

- Je suis là pour te soutenir dans cette épreuve. Je te l’ai déjà dit, je ne te lâcherais pas. Et mon but ce soir, c’est que tu arrêtes de stresser.

Il l’embrasse tendrement, lentement, la laissant pantelante.

- Et de penser.

De nouveau, il pose ses lèvres contre les siennes. Avide, il force la barrière de ses lèvres avec sa langue. Une de ses mains s’agrippe à sa hanche, faisant remonter la soie sur sa peau hypersensible. L’autre s’empare de sa nuque pour diminuer encore plus la distance entre leurs corps et leurs bouches.

- Est-ce que ça marche ? demande-t-il dans un souffle.

- A merveille.

- Je continue alors ?

Lila n’arrive plus à émettre aucun son, à part des soupirs. Elle se contente donc d’hocher la tête. Gabriel émet un grognement de contentement face à sa réponse. Il l’embrasse ardemment sur la bouche, dans le cou, lui mord l’oreille, s’aventure jusqu’à sa poitrine. Il dénude ses seins et ne perd pas de temps, aspirant l’un de ses tétons entre ses lèvres, jouant autour avec sa langue et ses dents, tandis que sa main vient s’occuper de son autre sein. Lila se cambre de plaisir, appuyant son bas ventre contre l’érection de Gabriel. Sa respiration se fait de plus en plus haletante. Elle promène ses mains sur son torse musclé, sur son dos, sur ses bras aux muscles tendus. Elle descend ses mains encore plus bas, à la limite de son boxer, mais Gabriel l’arrête d’une main ferme.

- Non. Ce soir c’est pour toi.

Il prend dans sa bouche son second téton et descend sa main le long de son ventre, lentement, jusqu’à son entrejambe. Du bout des doigts Gabriel commence à la caresser par-dessus son sous-vêtement. Le cœur de Lila s’affole à mesure que les décharges de plaisir se font de plus en plus violentes. Puis, la bouche du musher prend le même chemin que ses doigts quelques instants plus tôt. Lentement, il fait descendre sa culotte le long de ses jambes et la lui retire. Il en profite pour tracer un sillon de baisers brûlants sur sa jambe, lèche la peau fine et sensible derrière son genou et remonte dangereusement sur sa cuisse, toujours plus près de son intimité, mais sans jamais s’y aventurer. Lila est de plus en plus excitée et frustrée par la lente torture que lui fait vivre Gabriel. Elle lui empoigne les cheveux pour le forcer à se diriger vers le centre névralgique de son plaisir, mais il ne l’entend pas de la même façon. Il s’empare de ses poignets et les relève au-dessus de sa tête, l’empêchant de bouger de toute sa force. Lila gémit face à son impuissance et au plaisir qu’elle sent monter en elle, comme la lave d’un volcan prêt à exploser.

- Gab… le supplie-t-elle.

Au lieu d’accéder à sa requête, le musher ralenti encore un peu plus le rythme. Une fois arriver à la limite de son aine, il s’arrête et relève la tête pour la fixer dans les yeux. Le désir qui voile son regard fait gémir Lila. Elle pourrait jouir juste en voyant le plaisir qu’il prend à la torturer de la sorte. Puis, il s’empare de son autre jambe et recommence sa lente avancée de la cheville à sa hanche. La frustration manque de faire défaillir la jeune femme. Elle ne peut empêcher ses hanches d’onduler, cherchant en vain à soulager son attente interminable, mais le corps massif de Gabriel l’en empêche. Face à son impatience, il sourit en arrêtant tout mouvement.

- Tu es sadique ce soir, soupire Lila.

- Ose me dire que tu n’aimes pas ça, la taquine le jeune homme.

Elle ne sait pas comment elle arrive à se dégager, mais Lila lève une de ses jambes, crochète le cou de Gabriel et pousse sa tête vers son sexe, sans ménagement.

- Le message est on ne peut plus clair, s’esclaffe-t-il.

Lila le voit relever la tête et avec une lenteur délibérer porter deux doigts à sa bouche, sans la quitter du regard. Un feu s’empare d’elle et son cœur menace d’exploser au moment où il passe ses doigts humides sur sa vulve gonflée. Un cri de plaisir lui échappe. Cette foi, sans perdre de temps, il plonge la tête entre ses cuisses et entre en action. Lila se cambre sous les assauts de sa langue sur son clitoris, de ses lèvres contre les siennes. Il l’embrasse avec une telle passion, une telle précision même, qu’elle n’arrive plus à respirer. Les décharges électriques qu’elle ressent se rapprochent de plus en plus les unes des autres, lui faisant tourner la tête. Gabriel lui écarte un peu plus les jambes et s’empare d’une de ses cuisses pour faciliter l’accès à son intimité. Lila n’arrive même plus à retenir ses cris et ses soupirs. Toutes ses pensées se sont envolées. Seules comptent les sensations violentes qui traversent son corps. Elle se contracte, à deux doigts de la délivrance, mais le musher ralentit la cadence et s’éloigne de ses points les plus sensibles. Il réitère l’opération plusieurs fois, alternant entre douceur et violence de ses caresses. Lila n’en peut plus. Elle se cambre et gémit de frustration.

- Gabriel… s’il… s’il te plaît…

Souriant entre ses cuisses, il aspire son clitoris dans sa bouche, jouant avec les pressions de sa langue. Sentant que Lila n’est pas loin de craquer, il lâche sa cuisse et enfonce deux doigts en elle, la faisant se cambrer en criant. Les va-et-vient énergiques, sa langue partout à la fois, font défaillir Lila qui se contracte et tremble de tout son corps, traversée par un orgasme tellement puissant qu’elle ne voit plus rien autour d’elle pendant plusieurs secondes.

Il lui faut plusieurs minutes pour revenir dans la réalité. Gabriel s’est rallongé à côté d’elle sur le dos et la serre contre lui, un sourire satisfait aux lèvres.

- Tu as l’air très fier de toi ?

- Plutôt oui, mais la question est : est-ce que j’ai réussi ?

- Réussi quoi ?

- A te faire oublier demain ?

Lila lui sourit et se penche vers lui pour lui donner un baiser langoureux après avoir murmuré contre ses lèvres « job perfectly done ». Gabriel grogne de plaisir en la rapprochant un peu plus de lui.

- Tu peux pas t’imaginer l’effet que tu me fais quand tu parle anglais. C’est tellement sexy dans ta bouche.

- Ah bon ? s’étonne Lila en se rallongeant. Je vais tacher de m’en souvenir alors.

Elle pose la tête contre son épaule, une main sur son torse. Ils restent silencieux pendant un long moment, bercés par leur respiration mutuelle. Finalement, c’est Gabriel qui prend la parole en premier.

- Je me pose une question, mais je ne sais pas si c’est le bon moment…

- Vas-y.

- Le truc c’est que je veux pas que ça te stresse encore plus ou quoi….

- Ne t’inquiète pas mon cœur. Qu’est-ce qu’il y a ?

- Est-ce que tu as réfléchi à la suite ? Je veux dire, si jamais on perd le procès, ce que je ne souhaite pas du tout, loin de là, mais… si jamais vous ne pouvez pas garder le Manoir, tu sais ce que tu vas faire ?

Lila ne dit rien pendant un moment, essayant de regrouper ses pensées. Elle se contente juste de tracer des petits cercles du bout des doigts sur la peau chaude de Gabriel.

- Je suis désolé, c’était nul comme question. Surtout ce soir. Il faut qu’on reste positif.

- Non tu as raison, le rassure-t-elle. Il faut aussi envisager cette possibilité.

Lila laisse passer un nouveau silence, que Gabriel n’ose pas briser. Elle sent bien qu’il est tenu, qu’il s’en veut d’avoir posé cette question, alors qu’elle y a réfléchi des centaines de fois à mesure que la date approchait.

- J’y ai longtemps réfléchi et… Je pense qu’il serait peut-être temps pour moi de retourner à l’enseignement.

- Ah oui ? s’étonne Gabriel en tournant la tête vers elle.

- Oui. J’adore ce que je fais, travailler avec mes arbres, avec la nature, cuisiner. C’est vraiment une passion et je n’échangerais ma place pour rien au monde. Mais quand même, je me rends compte que l’enseignement me manque. Le contact avec les élèves me manque. Sentir que je leur suis utile, que je leur apprends des choses. Je crois que ça me plairait bien de reprendre en fin de compte.

- Ça serait super oui. Je suis sûr qu’en plus ils vont t’adorer.

Lila essaye de se projeter, de se voir devant un tableau blanc, face à une classe. Elle essaye de retrouver les sensations de parler devant des élèves, de les voir progresser, grandir, avancer dans leur vie. Les premières confrontations à l’autorité. Les premiers pas dans un monde plus adulte. Les premiers amours. Les premières fêtes et dérives. Les premières angoisses face à l’avenir. Tout cela lui paraît si loin et pourtant, ce n’était il n’y a pas si longtemps. Mais à cette époque, elle était une autre personne. Aujourd’hui, elle se sent tellement différente de celle qu’elle était. Elle est tellement plus épanouie, plus sûre d’elle. Qu’importe ce qui se passera demain, elle sait qu’elle se relèvera, qu’elle avancera dans la vie et qu’elle trouvera un nouveau chemin épanouissant. Maintenant qu’elle a trouvé un équilibre entre son cœur, sa raison et ses passions, plus rien de peut la faire chuter. Savoir qu’elle est aussi bien entournée par ses amies, sa famille et Gabriel, l’aide énormément. Elle n’est pas seule et quoi qu’il se passe, elle va s’en sortir. Il ne peut pas en être autrement.

Rassurée par ses pensées et par les mouvements lents et réguliers de la respiration de Gabriel, Lila plonge petit à petit dans une douce torpeur. La voix profonde du musher la ramène au moment présent.

- Je suis heureux, dit-il simplement.

- Pour une raison en particulier ? demande Lila d’une voix endormie.

- Parce que tu es là avec moi. Et parce que, même si demain ne se passe pas comme l’on veut, tu n’envisages pas de rentrer en France. Je sais, c’est très égoïste de ma part, mais j’avais peur que tu décides de partir.

Lila se relève sur un coude pour le regarder dans les yeux et pose la main sur sa joue rappeuse.

- Gabriel, je ne vais nulle part. Quoi que demain me réserve, même si mon avenir est flou, il y a une chose dont je suis certaine. Et ça ne changera pas.

- Et c’est quoi ?

- C’est que je t’aime. Je t’aime et je n’ai aucune envie de me retrouver ailleurs que dans tes bras.

Le soupir de soulagement que lâche le musher la fait sourire. Elle se penche en avant et l’embrasse tendrement. Elle repose la tête sous son menton et il l’entoure de ses bras, l’enfermant dans un cocon de chaleur et de douceur.

- Quoi qu’il se passe, on l’affrontera tous les deux et on trouvera une solution.

- Je sais et je te fais confiance.

Lila rouvre les yeux en se rendant compte de ce qu’elle vient de dire. Il y a quelques années encore, jamais elle n’aurait pensé redire ça un jour. Le dire et surtout le penser. Un sourire s’étire sur ses lèvres en constatant le soulagement que cela lui procure. Quel chemin elle a parcouru depuis tout ce temps. Elle n’en revient toujours pas.

- Tant qu’on est ensemble, moi aussi je suis heureuse.

Gabriel la serre un peu plus dans ses bras et l’embrasse sur le sommet de la tête.

- Je t’aime mon ange, murmure-t-il avant de tomber dans tous les deux dans un sommeil serein.

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