Chapitre 19

27 minutes de lecture

Les notes suaves de guitare, mêlées aux voix douces de Simon & Garfunkel, résonnent dans l’habitacle. Gabriel pianote sur le volant de ses longs doigts fins au rythme de la musique, lorsque la voiture pénètre à la périphérie de Montréal. Le retour de la course sa fait en silence. Cela fait un moment que ni lui, ni Lila n’ont pas pris la parole, sans pour autant que ce soit inconfortable. La jeune femme regarde le paysage défiler et laisse son esprit divaguer au grès des notes. Qui aurait dit, il y a encore quelques mois, qu’elle en serait là dans sa vie ? Enfin, elle a l’impression d’être sorti du tunnel sans fin de solitude et d’inquiétude dans lequel elle s’était perdue. Elle a arrêté de se poser trop de questions et commence vraiment à revivre. Tout ça, en grande partie grâce à Gabriel. Elle tourne la tête vers lui. Il est concentré sur la route, une main sur le volant, l’autre sur le compartiment central. Son tee-shirt tendu sur ses bras, épouse parfaitement la courbe de ses muscles. Son cœur fait un petit sursaut de bonheur, comme à chaque fois qu’elle le contemple. Elle se dit qu’elle a vraiment trouvé l’homme idéal, gentil, drôle, attentionné et par-dessus tout magnifique. Une petite voix intérieure familière ne cesse malgré tout de lui répéter que cela cache forcément quelque chose et que quand elle va découvrir le pot aux roses, elle va souffrir épouvantablement. Mais Lila a décidé de mettre en sourdine ses craintes. Elle a vraiment envie de laisser une chance à ce beau blond aux yeux bleu électrique. Si elle avait lu cette description dans un livre, elle aurait trouvé ça terriblement cliché et surfait. Elle ne peut empêcher un petit rire de franchir ses lèvres. Gabriel l’entend et se tourne vers elle, le regard interrogateur avec un petit sourire. Elle lui sourit en retour, mais n’assumant pas sa pensée, ne lui donne aucune explication. Ils pénètrent de plus en plus au cœur de la ville, les arbres et pavillons faisant place aux immeubles et aux routes encombrées.

- Euh… est-ce que ça te dérange si on fait un détour vite fait ? demande Gabriel.

- Non, pas de problème.

Lila voit Gabriel s’agiter sur son siège, mal à l’aise. Il passe nerveusement sa main sur sa nuque.

- Ça va ? lui demande Lila un peu inquiète.

- Oui, oui… ça va.

Il laisse passer un long silence, les mains crispées sur le volant. La jeune femme ne comprend pas son soudain changement d’humeur. Elle le fixe en fronçant les sourcils, perdue. Voyant qu’il ne prend toujours pas la parole, elle insiste.

- Gab, je vois bien qu’il y a un truc qui te stresse.

- Non… enfin… laisse tomber, hésite-t-il.

Lila n’insiste pas, mais elle sent bien qu’il lui cache quelque chose. Sa nervosité ne le quitte pas. L’air à l’intérieur de la voiture devient lourd. La silence entre eux pesant, rendant la jeune femme nerveuse à son tour. Elle triture l’élastique à son poignet, vieux réflexe de quand elle avait les cheveux longs. Après de longues minutes interminables, Gabriel s’engage dans le centre-ville, où les grands immeubles qui s’étirent vers le ciel à des hauteurs vertigineuses côtoient les bâtiments plus classiques et anciens. Cette partie de Montréal ne dort jamais, partageant son temps entre bureaux, sites touristiques et boites de nuit branchées. Lila est curieuse de savoir pourquoi ils se sont enfoncés si profondément en pleine ville.

- Qu’est-ce qu’on fait là ? demande-t-elle doucement.

- Je dois voir quelqu’un rapidement.

- Ah, c’est ça le petit détour ?

- Oui.

Le cœur de Lila s’affole un peu. Le musher n’est pas à l’aise et ne veut pas parler. Sentir qu’il lui cache quelque chose fait remonter en elle des émotions qu’elle ne voudrait plus ressentir. Une bouffée d’angoisse vient bloquer sa respiration. Gabriel immobilise le pick-up dans la cour d’un building tout en verre. Il détache sa ceinture et sort. Lila ne bouge pas, ne sachant pas trop ce qu’il faut qu’elle fasse. Il fait le tour de la voiture de sa démarche si particulière, lente et décontractée, mais assurée. Le vent vient rabattre une mèche devant les yeux de la jeune femme quand sa portière s’ouvre.

- Tu viens avec moi ? lui demande Gabriel.

- Euh… oui, si tu veux.

Lila le suit dans l’immeuble. La boule dans sa gorge ne veut pas partir. Elle voit bien que Gabriel n’ose pas la regarder dans les yeux, ce qui la met très mal à l’aise. Elle ne peut s’empêcher de se demander qu’est-ce qu’elle va découvrir. Et si aujourd’hui il y a bien quelque chose qu’elle déteste par-dessus tout, ce sont les surprises. Ils pénètrent dans un hall immense et lumineux. Le sol est en marbre blanc et un grand comptoir d’accueil en béton leur fait face. Gabriel se dirige vers la gauche, où de nombreuses portes d’ascenseurs argentées sont alignées. Il pénètre à l’intérieur du premier qui s’ouvre. Lila le suit sans un mot. Au moment où les portes se referment, le musher appuis sur les boutons du panneau de contrôle. En haut de la porte, le chiffre cinquante apparaît dans une lumière rouge, suivi d’un petit bip prolongé. Quelques secondes s’écoulent avant qu’une voix féminine emplisse l’ascenseur.

- Oui ?

- C’est moi, répond Gabriel.

- Ah je suis trop contente que tu es pu venir. Tu m’as trop manqué. Monte, monte, dit la femme d’un ton enjoué.

Lila a du mal à respirer. Sa tête bourdonne et elle n’arrive pas à fixer ses yeux sur un point. L’ascenseur se met en marche dans un léger soubresaut. Sa respiration se fait de plus en plus chaotique et ses mains se mettent à trembler. Dans sa tête, des images d’une autre ville, d’un autre building, viennent la percuter. La même entrée. Les mêmes portes d’ascenseurs alignées. La plaque avec les lettres dorées. Le cadre avec une vue de New-York accroché au mur. La plante verte dans un coin de la pièce. Et cette femme, assise sur le bureau… Lila perd l’équilibre, se rattrapant d’une main contre la parois froide et lisse. Elle ne voit et n’entend plus ce qui se passe autour.

- Lila, qu’est-ce qui t’arrive ? demande Gabriel paniqué en la retenant par la taille. Tu es toute pâle.

- Je… j’arrive pas à… essaye-t-elle d’articuler.

- Calme-toi, on est presque arrivés. Tu es claustrophobe c’est ça ? Tu aurais dû me le dire, essaye de la rassurer le jeune homme.

Il la serre fort dans ses bras et passe sa main de haut en bas dans son dos pour l’apaiser.

- Oui un peu, arrive-t-elle à dire. C’est pas ça…

Lila essaye de se calmer, mais rien n’y fait. Elle n’arrive pas à concevoir qu’elle ait pu se tromper à ce point sur Gabriel. Pas un seconde fois.

- Qu’est-ce que c’est alors ? Tu me fais peur.

- J’ai l’impression de re…

Lila prend une grande inspiration saccadée et regarde Gabriel. Ses yeux ont pris une couleur sombre et un pli d’inquiétude s’est formé sur son front.

- Qui est-ce qu’on va voir ? arrive à articuler Lila dans un souffle à peine audible.

- C’est ça qui te fait paniquer ? demande Gabriel incrédule.

Lila pince les lèvres, des larmes au coin des yeux en hochant la tête. Gabriel la serre un peu plus dans ses bras.

- Oh ma puce, c’est Vanessa. On va voir ma sœur. Je suis vraiment désolé.

La vague de soulagement qui vient la percuter fait couler instantanément les larmes sur ses joues. Elle se presse contre le torse de Gabriel, qui lui caresse les cheveux d’une main.

- Quel con, murmure-t-il pour lui-même, avant de la faire reculer pour la regarder dans les yeux. J’étais tellement stressé à l’idée que tu la rencontres, que tu rencontres un membre de ma famille, que je n’ai même pas pensé que ça pouvait t’inquiéter toi aussi. Je te demande pardon. Si tu veux, on peut rentrer.

Lila secoue la tête en essuyant les dernières larmes de sa manche.

- Non, non. C’est moi. Je me sens ridicule d’avoir réagi comme ça. Je me suis dit que peut être tu… enfin… je ne sais pas trop ce que je me suis imaginée, mais…

- Je te promets que je ne te cache rien. Je ne n’ai pas de double vie, ni de femme cachée dans les hauteurs d’un building qui m’attend, dit Gabriel pour détendre l’atmosphère.

Lila secoue la tête pour lui montrer qu’elle le croit, mais elle n’arrive toujours pas à reprendre son souffle. Un tintement retentit alors et les portes coulissent. Gabriel lui prend la main pour la guider.

- Ça va aller ? On rentre si tu préfères, ses yeux reflétant toujours son inquiétude.

- Non, non, ça va, c’est bon.

Ils pénètrent dans un couloir blanc et une jeune femme vient à leur rencontre, un grand sourire aux lèvres. Elle est blonde, mince et élancée, habillée d’un jean et d’un chemisier blanc, perchée sur des escarpins noirs vernis. Une mannequin. Cela n’étonne même pas Lila. En se rapprochant, elle remarque qu’elle a les mêmes yeux que Gabriel, d’un bleu un peu plus clair, mais tout aussi lumineux. Elle prend Gabriel dans ses bras.

- Tu m’as manqué. Ça fait trop longtemps.

- Je suis content de te voir, dit le jeune homme en lui rendant son étreinte.

- Tu sens le chien mouillé, dit-elle en se redressant, le nez plissé.

Gabriel fait un pas en arrière pour poser une main au creux des reins de Lila.

- Ness je te présente Lila. Lila, Vanessa ma sœur.

Le visage de sa sœur se fend d’un large sourire. Elle s’approche de la jeune femme et la prend dans ses bras, comme si elles se connaissaient depuis toujours.

- Je suis vraiment contente de rencontrer celle qui fait battre le cœur de mon petit frère, dit-elle.

- Merci, moi aussi je suis heureuse de te connaître.

- Vous allez rester manger maintenant que vous êtes là.

- C’est gentil, par contre on ne va pas s’attarder. Les chiens vont s’impatienter.

- Allez, ce n’est pas tous les jours que tu viens me voir. Une heure, pas plus. Après tu pourras repartir dans tes contrées sauvages.

Gabriel regarde Lila dans les yeux pour voir sa réponse.

- On fait comme tu veux, je n’ai pas d’obligations. A toi de décider ce qui est le mieux.

- Bon d’accord, capitule le jeune homme. J’accepte uniquement parce que sinon, tu vas m’en faire voir pendant trois ans.

Vanessa pousse un petit cri et sautille sur place, ce qui fait sourire Lila. Sa réaction lui rappelle Ambre. La jeune femme à l’air aussi dynamique et pétillante que sa meilleure amie. Elle les précède dans le couloir, qui débouche sur un immense espace baigné de lumière. Lila s’arrête net, le souffle coupé. La pièce est composée d’une cuisine ouverte sur le salon, salle à manger. Les meubles sont ultra modernes et design, dans des teintes de blanc. Mais ce qui laisse Lila sans voix, c’est la vue. Toute une face de l’appartement est une immense baie vitrée, surplombant Montréal. Avec la tombée de la nuit, les lumières de la ville commencent à fleurir çà et là. Les toits des immeubles s’étalent en contre-bas, comme la mer en dessous des falaises irlandaises. Lila se rapproche et contemple la vue. Elle n’a pas encore retrouvé tout son entrain suite à sa crise de panique. Ses jambes sont encore flageolantes et son cœur commence à peine à reprendre un rythme normal. Gabriel a dû comprendre qu’il lui fallait un peu de temps seule pour reprendre contenance. Dans son dos, elle l’entend qui discute avec Vanessa de sa course. Même en écoutant d’une oreille distraite, elle se rend compte que la jeune femme lui pose des questions plus pour la forme, que par réel intérêt.

- Bon vous voulez manger quoi ? Ça vous va brésilien ?

La tournure de la conversation sort Lila de sa torpeur. La cuisine est l’une des rare chose qui peut lui redonner du courage instantanément.

- Tu sais cuisiner brésilien ? demande-t-elle en s’approchant dans la cuisine.

- Moi ? Non pas du tout, rit Vanessa. Je ne sais même pas ce qu’est une poêle. Je préfère laisser ça à ceux qui savent le faire. Merci Uber eat !

- Lila est une excellente cuisinière, déclare Gabriel avec un sourire fier.

- Ah ok, dit Vanessa en sortant son téléphone de son sac posé sur le plan de travail, avant de s’éloigner vers une porte, qu’elle referme derrière elle.

Lila ne sait pas trop quoi penser d’elle. Au premier abord, elle semblait joviale, mais quelque chose dans son attitude la dérange. Gabriel s’approche et lui place une mèche de cheveux derrière l’oreille.

- Ça va mieux ?

Lila le regarde dans les yeux et hoche la tête.

- Je suis vraiment désolé de t’avoir provoqué ça. Je suis vraiment con quand je m’y mets…

- Eh, ne t’inquiète pas, ça va. J’aurais juste préféré que tu me dises tout simplement qu’on allait voir ta sœur. Mais ce n’est pas grave. J’aurais simplement pu me préparer psychologiquement à la rencontrer, dit-elle avec un sourire.

- Ouais, je sais…

Face à son air peiné, Lila se met sur la pointe des pieds et lui dépose un baiser sur la joue. L’effet escompté est immédiat, il relève les yeux, le sourire aux lèvres. La jeune femme se tourne de nouveau vers la fenêtre, incapable de détacher son regard de la vue.

- C’est incroyable, murmure-t-elle.

- Viens voir, lui dit Gabriel en la prenant par la main.

Il ouvre la baie vitrée et pénètre sur la terrasse qui longe l’appartement. L’air froid saisie Lila. Il l’entraine vers un petit escalier en fer sur un côté. Elle pensait avoir tout vu, mais en arrivant en haut, elle ne peut empêcher sa bouche de s’ouvrir. Le toit est aménagé en terrasse avec un salon et un bar entouré de nombreuses plantes. Le clou du spectacle reste l’immense piscine à l’eau turquoise qui prend une grande partie de l’espace, à côté d’un jacuzzi et d’un sauna. La vue à trois-cent soixante degré est encore plus époustouflante.

- Je n’en reviens pas. On ne voit ce genre d’endroit que dans les films, dit Lila, incrédule.

Gabriel rit en la voyant. Il la suit faire le tour de la terrasse. Elle s’arrête le long de la rembarde. En face d’elle, le soleil est en train de se coucher. Le ciel s’est paré de rose et des trainées orange viennent embraser le fleuve Saint Laurent qui serpente en contre bas. Lila se perd quelques instants dans la contemplation de cette vue magnifique. Gabriel vient se glisser derrière elle. Il se colle contre son dos et l’enlace, posant ses mains sur son ventre. De mémoire, Lila n’a jamais vécu un moment aussi romantique, sauf peut-être leur premier baiser sous le ciel étoilé dans les jardins du restaurant. Elle se détend et se laisse aller contre lui, sans parler, juste en profitant de ce coucher de soleil et de la présence rassurante du jeune homme à ses côtés.

- Alors Lila, dis-moi, comment tu as rencontré mon frère ? Parce que je l’adore, mais quand il s’agit de parler de sa vie privée, il devient muet comme une carpe, demande Vanessa tout en sortant les barquettes du sac en papier qu’un livreur vient de déposer.

- Dison qu’il a essayé de me tuer.

- Quoi ? s’étonne-t-elle.

- Eh, mais c’est pas juste ! J’ai pas essayé de te tuer. C’était un accident, s’offusque Gabriel.

Il est en train de mettre la table, se mouvant dans l’espace avec aisance. Comme s’il avait toujours vécu ici. Lila s’étonne de son comportement. Elle pensait qu’ils partageaient le même goût pour les choses simples, mais force est de constater que Gabriel paraît tout à fait à sa place dans cet endroit. Lila, elle, a l’impression d’être un éléphant dans un magasin de porcelaine. Même si la jeune femme trouve le penthouse très beau, elle ne s’y sent pas à l’aise. Tout semble aseptisé et beaucoup trop luxueux. Elle a l’impression que le moindre objet de décoration a couté une fortune. Ce qui est probablement le cas d’ailleurs. Lila n’est pas dupe, bien qu’il ne rentre jamais dans le détail, elle a compris que la famille de Gabriel n’est pas à plaindre niveau financier. Elle n’arrive simplement pas à imaginer son ami vivre dans cet environnement. Ce n’est pas l’homme qu’elle connaît. Celui qui se contente des choses simples et vraies de la vie. Et puis, même si elle ne veut pas se l’avouer, d’une certaine façon, cet appartement lui rappelle celui où elle vivait à Paris. Un étrange mélange de sentiments se percutent dans sa tête, l’empêchant de se concentrer sur la conversation à côté d’elle. Elle passe donc le repas à écouter d’une oreille distraite, interagissant quand on s’adressait à elle de façon succincte. Plus le temps passe, et plus Lila commence à apprécier Vanessa, malgré son goût apparent pour les objets hors de prix et les voyages en jets privés. Elle est drôle et parle avec une certaine maladresse, ce qui la rend attachante. Les apparences étant souvent trompeuses, la jeune femme est finalement beaucoup plus simple que son look et son appartement le laissent paraître.

- Bon, Ness, pourquoi tu voulais que je vienne au plus vite au juste ?

- Ah… euh… ben pour te voir c’est tout. Ça faisait longtemps et tu me manquais, dit la jeune femme mine de rien en prenant une gorgée de vin rouge.

Gabriel se tourne vers elle. Il la dévisage, ses sourcils blond formant un arc au-dessus de ses yeux. Clairement, il ne la croit pas une seule seconde. Sa sœur, repose son verre, soupire et lève un bras en signe de défaite.

- D’accord, d’accord. Tu as gagné. En fait… euh… Comme je peux dire ça, sans que tu t’énerves. C’est toujours moi qui ai le mauvais rôle dans ces histoires. C’est toujours moi qu’on envoi au front. (Elle pointe un doigt impeccablement manucuré de rose pâle vers la poitrine de son frère). C’est toujours pareil avec vous. Je suis la seule fille et en plus au milieu, donc naturellement vous vous dite que c’est à moi de faire le sale boulot.

- Eh, je n’y suis pour rien dans tes histoires. Je ne sais même pas de quoi tu me parles. Alors crache le morceau et arrête de t’en prendre à moi.

- Papa veut faire une nouvelle implantation et…

- C’est non, la coupe Gabriel d’un ton catégorique.

Il s’est reculé sur sa chaise, le dos contre le dossier, les bras croisés sur son torse. Son visage s’est fermé. Lila, qui est en face de lui, ne l’a jamais vu autant sur la défensive.

- Tu ne sais même pas ce que j’allais dire, proteste Vanessa.

- Je n’ai pas besoin de savoir. C’est non.

- Ecoute au moins ce que j’ai à te dire.

Gabriel se lève et part en direction du canapé où il a laissé sa veste. Sans se retourner, il s’adresse à Lila.

- Viens, on s’en va.

La jeune femme ne bouge pas, terriblement mal à l’aise d’assister à une dispute entre lui et sa sœur alors qu’elle vient juste de la rencontrer. Vanessa se lève et s’avance alors qu’il enfile son vêtement.

- Gabriel, tu vas m’écouter et arrêter de faire l’enfant.

Il se retourne, dans un mouvement fluide et rapide. Ses yeux ont pris la couleur d’un ciel d’orage et lancent des éclairs.

- Ne me parle pas comme ça, dit-il entre ses dents, contenant à peine sa colère. Je ne sais même pas comment il ose t’utiliser. Et toi, tu sais très bien quelle sera ma réponse. Je ne reviendrais pas. Je ne veux plus rien avoir affaire avec tout ça. Pourquoi vous ne voulez pas comprendre, finit-il par dire en se passant une main nerveuse dans les cheveux, la tête basse.

A ce moment-là, Lila n’a qu’une envie, le prendre dans ses bras. Elle voit bien sur son visage les émotions défiler. La colère. La peine. La frustration. Elle aimerait pouvoir le rassurer, lui apporter son soutien. Elle sait aussi que si elle intervient, elle va faire empirer les choses. Alors elle reste en retrait et attend.

- C’est sa façon à lui de te dire qu’il a envie de te voir. Tu le connais, se défend Vanessa.

- Oui, je le connais. Justement. Il ne fait jamais rien sans intérêt. Si j’y vais, ça va se passer comme toutes les autres fois. Il va faire semblant d’être content de me voir deux secondes et après il va commencer à me parler de ses projets d’implantation. Qu’il aimerait que j’aille voir un tel ou un tel. Quand est-ce qu’il va se mettre dans la tête que je ne veux plus travailler pour lui ?

- Gabriel, ça te coûtes quoi de l’écouter. Rien. Il veut juste ton avis, pas que tu reviennes travailler à plein temps. Et là où tu te trompes, c’est que tu ne travailles pas pour lui, mais pour toi. Pour la famille.

- La famille !? s’énerve-t-il en la toisant de toute sa hauteur. Tu veux qu’on parle de la famille, parlons-en. A ton avis, pourquoi je viens de moins en moins à la maison ? Parce que j’en ai marre de me sentir comme le vilain petit canard de cette famille. Le fils non désirable, qui fait honte à tout le monde parce qu’il a décidé de choisir une autre voie que celle qu’on lui a imposé. J’en ai marre qu’on considère ma passion comme une folie passagère. Qu’on me force à faire des choses que je n’ai pas envie de faire, juste parce que dans notre soi-disant monde, c’est ce que les gens sensés font.

Vanessa recule d’un pas face à la violence de ses propos. Lila aussi les reçoit en plein cœur, ce qui lui fait monter les larmes aux yeux. Gabriel n’a jamais laissé entrevoir toute la souffrance qu’il garde enfoui en lui. Elle se rend compte que derrière sa façade de gentillesse et ses sourires sincères, il souffre terriblement du rejet de sa famille face à ses choix de vie. Gabriel a la respiration saccadée, mais les mots continuent de sortir en flots, comme s’ils débordaient, après avoir été trop longtemps contenus.

- Je n’arrive plus à supporter le regard triste de maman quand elle me voit. Le dédain de David quand il me parle, comme si j’étais un raté. Tous mes soi-disant amis ne m’ont plus adressé la parole depuis que j’ai changé de vie. Tu parles d’une famille ! Et alors papa ! Papa, c’est le summum. Quand il me voit, ce n’est pas de la déception ou de la colère que je lis sur son visage. C’est pratiquement du dégoût.

- Gab… dit Vanessa dans un hoquet de stupeur en s’approchant de lui.

Il tend la main devant lui en secouant la tête pour lui signifier de ne pas avancer.

- Et toi Vanessa, peut être que tu veux te convaincre que tu as accepté ma décision, mais regarde les choses en face. Ce n’est pas vrai. Tu ne comprends pas pourquoi j’ai fait ce choix. Pour toi, pour vous, c’est quelque chose d’impensable. Vous êtes tous parfaitement adaptés dans ce monde. Moi je n’y ai jamais eu ma place. Les soirées mondaines, le luxe, l’argent, tout ça c’est votre monde. Pas le mien.

Gabriel recule jusqu’au canapé et s’y laisse tomber. Il pose les coudes sur ses genoux, la tête entre les mains. Ses épaules tendues montent et descendent à un rythme effréné. Lila ne sait pas quoi faire. Son cœur lui cri d’aller le réconforter, mais elle se sent de trop dans cette pièce. Le loft est immense et pourtant elle a l’impression d’étouffer. Des larmes silencieuses coulent le long de ses joues face à la détresse de Gabriel. Lentement, Vanessa s’avance et vient s’assoir à côté de lui sur le sofa immaculé. Elle pose une main sur sa cuisse. Gabriel se tend mais ne bouge pas. Elle le regarde, les yeux emplis de larmes et de tristesse. Quand elle prend la parole, sa voix se brise.

- Gab, je suis vraiment désolée. Je savais que tu souffrais de la situation, mais je ne pensais pas que c’était à ce point. Pardonne-moi de ne pas l’avoir vu. Pardonne-moi de ne pas m’être rendu compte de ton mal-être.

Elle attend quelques instants une réponse, mais le musher reste silencieux. Vanessa reprend d’une voix douce et apaisante :

- Tu te trompes quand tu dis que je ne comprends pas pourquoi tu as fait ce choix. D’accord, peut être que je ne comprends pas, mais en tout cas, ça ne me surprend pas. Quand on était petits, tu étais toujours fourré dehors à chasser les papillons, observer les fourmis ou faire des cabanes pour les oiseaux. Quand maman te cherchais, elle allait directement dans le parc derrière la maison. Tu ne t’en souviens peut-être pas, mais quand tu avais quatre ans, tu as trouvé un écureuil blessé près du grand saule pleureur à côté de l’étang. Tu l’as recueilli et emmené dans la maison pour qu’on le soigne (Gabriel relève la tête pour dévisage sa sœur, les yeux luisant). Tu l’as posé sur une serviette, sur la table du salon. Mina t’a aidé à le soigner, à lui donner de l’eau. Les parents n’étaient pas du tout contents, papa était même furieux d’avoir un animal sauvage dans sa maison si propre. Mais tu leur as tenu tête et ils ont cédé. Pendant des jours, personne n’a eu le droit de l’approcher. Tu dormais dans le salon, à côté de lui (Vanessa sourit à ce souvenir). Je n’étais pas bien grande, mais j’ai tout de suite compris que ce qui te rendrais heureux, ça serait travailler dans la nature. Et aujourd’hui, tu as l’air heureux. En plus, tu as rencontré une fille super (Vanessa jette un coup d’œil à Lila avec un sourire sincère). C’est tout ce qui compte pour moi. Que tu sois heureux et épanouis. Et je me fiche pas mal de ce que disent tous ces riches avec un balais dans le cul !

- Je te rappelle qu’on fait partie de ces riches avec un balais dans le cul, comme tu les appelle, déclare Gabriel, la voix basse et enraillée.

Vanessa se penche en avant et le prend dans ses bras. Gabriel se raidit un instant, puis lui rend son étreinte.

- Oh petit-frère, je suis vraiment, vraiment, désolée.

D’où elle est, Lila voit une larme solitaire glisser de l’œil de Gabriel, tracer un sillon le long de sa joue, jusqu’à se perdre dans sa barbe. Il se redresse et avant qu’il ne tourne la tête vers elle, elle s’essui vivement les yeux avec la manche de son pull.

- Qu’est-ce qu’il est devenu ? demande le jeune homme.

- Qui ?

- L’écureuil.

- Tu ne laissais que Mina l’approcher. Avec David on mourrait d’envie de le voir de plus près, de le caresser. On a dû te soudoyer à coup de bonbons volés pour parvenir à nos fins. Et puis un jour, il s’est remis complètement d’aplomb. On voulait le garder comme animal de compagnie, mais tu n’as pas voulu. Tu as dit qu’il devait retourner dans son monde, parce que dans le nôtre il ne serait pas heureux. Et que s’il n’était pas heureux, toi non plus. Et tu avais raison. Le tout c’est de trouver sa place, n’importe où qu’elle soit.

***

Assise dans le lit, Lila regarde Gabriel approcher et se glisser sous la couverture bleu nuit. Après ce qu’il s’est passé chez sa sœur, elle n’a pas voulu le laisser seul. Quand il lui a demandé si elle voulait venir chez lui, elle n’a pas hésité une seule seconde. A son grand étonnement d’ailleurs. Elle a vu le soulagement dans ses yeux et a su que c’était la bonne décision. L’appartement n’est pas très grand, mais confortable. La décoration n’est clairement pas la priorité de cet endroit, mais plutôt la fonctionnalité. Ça se sent qu’aucune présence féminine n’habite les lieux, mais ce n’est pas important pour Lila. Gabriel appui sa tête contre la tête de lit et soupire, les yeux dans le vide. La jeune femme se rapproche. Il tourne la tête vers elle et tend le bras. Lila vient se blottir contre son flanc, la tête sur son épaule et une main sur son torse nu. Il referme le bras sur sa hanche, ce qui fait remonter sur ses cuisses le tee-shirt que porte la jeune femme. N’ayant pas pris d’affaires, elle a dû lui en emprunter un. Il porte son odeur et Lila aimerait dormir toutes les nuits avec. Ils restent silencieux un long moment, chacun perdu dans ses propres souvenirs. Inconsciemment, Lila a commencé à tracer des symboles abstraits du bout des doigts sur la peau chaude et douce de Gabriel. Il frissonne et resserre sa prise sur sa taille.

- Je peux te poser une question, demande le jeune homme au bout d’un long moment.

- Hum, dit Lila, les yeux mis clos par la fatigue qui la gagne petit à petit.

- Pourquoi tu as paniqué tout à l’heure ?

- Je ne sais pas trop. Je… Je crois que je suis une éponge à émotions et te sentir tendu m’a rendu nerveuse. Puis cet immeuble m’a rappelé celui où travaillait Maxime à la Défense, à Paris. Et j’ai entendu la voix de ta sœur, sans savoir qui c’était. Et l’espace réduit de l’ascenseur a fini de me faire paniquer. Je me sens ridicule d’avoir surréagi comme ça…

Gabriel lui dépose un baiser dans les cheveux avant de répondre.

- Encore une fois, je m’excuse. Je n’aurais pas dû faire les choses de cette manière. Pardon. Je veux que tu sache que jamais je ne te ferais du mal de la sorte. Je ne pourrais pas. Je veux que tu le sache.

Lila hoche la tête en continuant à tracer des motifs sur son ventre. Puis elle demande :

- Pourquoi tu ne m’as jamais dit que tu souffrais autant du regard de ta famille ?

- Je crois que d’une certaine façon, je me sens coupable de leur infliger ça. Et je ne sais pas trop… c’est pas quelque chose que j’arrive à facilement exprimer. Je crois même qu’avant ce soir, je n’avais pas réalisé à quel point ça me pesait tout ça. Je me disais que même s’ils ne comprenaient pas, ce n’était pas grave. Que je m’en fichais. Mais, je me rends compte maintenant qu’ils me manquent…

- Je comprends. Le regard de la famille, ce n’est pas facile à gérer quand on change de vie. J’ai de la chance d’avoir des proches qui me soutiennent dans tout ce que je fais. Mais se retrouver seul, alors que tous nos repères évoluent, c’est compliqué.

- C’est ce qui est arrivé à Ambre non ?

- Oui. Ses parents sont, comment dire… complexes. Elle est fille unique, donc le fait de partir à l’autre bout de la terre n’a pas été simple à accepter. Le problème c’est qu’ils ne la comprennent pas. Ils ne sont pas d’accord avec son choix et de ce fait ne la soutiennent pas du tout. Et puis ils sont très cartésiens et le côté fantasque et artiste d’Ambre les dérangeant. Ils ne savent pas comment le gérer. Elle en souffre je crois, même si elle n’en parle pas.

- Ah… la famille… soupire Gabriel. On ne la choisie pas, malheureusement.

Ils restent un long moment sans se parler, simplement bercés par leur respiration synchronisée. Lila commence à fermer les yeux lentement, quand soudain un constat vient la frapper.

- Attends une seconde ! J’ai bien compris que ta famille gère une grosse entreprise, mais je ne sais même pas laquelle.

- Ah… oui… J’imagine qu’il va bien falloir que je te le dise un jour… Tu es sûre que tu veux savoir ? dit-il en faisant la grimace.

- Ben oui je veux savoir. C’est important je trouve comme information. Imagine, tu m’annonces que tu es en fait le descendant de la mafia russe ou héritier de Coca Cola.

- Et ça changerait quoi ? se tend le jeune homme.

- Rien du tout à mes yeux. Mais je pourrais me la péter auprès de mes copines, essaye-t-elle de détendre l’atmosphère.

- D’accord… Alors… (Gabriel grimace, comme si le dire à voix haute été douloureux). Ma famille est l’heureuse propriétaire du groupe Erimel.

Lila en a le souffle coupé. Elle se lève sur un coude pour le regarder dans les yeux. Non, il ne lui fait pas une blague. Il est sérieux.

- Voilà pourquoi je n’aime pas le dire, souffle-t-il. Tout le monde à cette réaction de surprise.

- Je suis désolée, mais… Attends… Tu veux dire que les hôtels de luxe, les restaurants et tout ça, présents dans tous les pays du monde, c’est ta famille ? (Gabriel hoche la tête). Waouh ! Je ne m’attendais pas à ça.

- Tu t’attendais à quoi ?

- A rien en particulier. Mais certainement pas à ça ! Je… Je n’en reviens pas.

- Remets-toi, rit Gabriel. On n’a pas inventé un vaccin contre le Sida ou trouvé comment éradiquer la famine dans le monde.

- Je sais mais… C’est quand même la plus grande fortune du pays ! (En se rendant compte de ce qu’elle dit, Lila ouvre les yeux encore plus grand). Tu es la plus grande fortune du pays !

- Non. Mes parents sont riches. Pas moi. (Lila lui lance un regard entendu). Bon, d’accord, je suis un peu moins riche qu’eux.

Toujours incrédule, Lila secoue la tête et se recouche contre son torse.

- Comment je n’ai pas pu m’en rendre compte ? se questionne-t-elle. Cette entreprise est partout. En plus tes parents sont célèbres.

Gabriel ricane, mais ne rajoute rien.

- Ermiel. Erimel… répète Lila, comme si le fait de le dire plusieurs fois le rendait réel. Oh purée ! Erimel ! (Elle se redresse encore, ce qui fait sursauter Gabriel). Quand on le met à l’envers, ça fait Lemire. Ton nom de famille, dit-elle en enfonçant un doigt dans son ventre musclé.

- Bravo Sherlock, quelle perspicacité, se moque le jeune homme en lui donnant une tape sur le nez.

Lila essaye de le frapper, mais il emprisonne son bras d’une main, et la fait basculer sur le dos. Son corps est cloué au matelas, emprisonné par le corps de Gabriel. Sa respiration se fait plus chaotique à mesure que son cœur s’emballe. Il l’embrasse dans le cou sans la lâcher. Son souffle se coupe. Une question lui vient à l’esprit. Gabriel dépose un baiser au coin de ses lèvres. Lila oublie sa question. Puis, lentement, le jeune homme vient titiller ses lèvres, d’abord timidement, puis il approfondi son baiser. Quand il se redresse légèrement, Lila est pantelante, à bout de souffle. La question lui revient et avant qu’elle ne puisse être distraite de nouveau, elle lui dit :

- C’était quoi ton rôle ?

Gabriel met un moment à comprendre où elle veut en venir, mais la jeune femme n’arrive pas à coordonner les mots dans sa tête.

- Je m’occupais de développer l’entreprise. Trouver de nouveau marché, de nouveaux lieux d’implantation. Je crois que mon père voulait que je devienne le futur PDG, au final.

- Et ta sœur ?

- Vanessa est la directrice des ressources humaines. Et David est avocat et dieu sait que dans notre milieu… dans ce milieu, se reprend Gabriel, il a du travail.

Lila se soulève du matelas pour l’embrasser. Gabriel lui lâche le bras pour poser les mains sur les joues de la jeune femme. Elle en profite pour enrouler ses jambes autour de son bassin et le faire basculer sur le dos. A califourchon sur lui, ses lèvres s’étirent en un sourire malicieux.

- Je suis quand même curieuse d’une chose…

Gabriel fronce les sourcils, méfiant. Lila se penche au-dessus de lui, collant leur torse et lui murmure à l’oreille :

- Qu’est-ce que ça fait de faire l’amour à l’un des hommes les plus riches du pays ?

Quand elle se relève, ses yeux plongent dans deux océans de désir. Au même moment, leurs bouches entrent en collision. S’entame alors une danse sensuelle et passionnée, les laissant tous deux pantelants. Toujours au-dessus de Gabriel, Lila entame une lente descente le long de son torse, le caressant, le léchant, le mordillant. Le jeune homme halète, la tête rejetée en arrière. Arrivée au niveau de l’élastique de son boxer, Lila s’arrête. Elle le fixe dans les yeux quelques secondes, puis entreprend de faire descendre le sous-vêtement très lentement le long de ses jambes. Elle s’apprête à faire quelque chose de tellement intime, que son cœur s’emballe de plus belle. Elle n’est pas une experte en la matière, n’ayant jamais vraiment aimé ça, mais là, en cet instant et avec cet homme, elle en a terriblement envie. Gabriel à toujours les yeux fermés, son torse se soulevant avec rapidité. Lila se penche en avant, entre ses cuisses, en s’humectant les lèvres. Au moment où elle pose sa bouche contre son membre durci, le jeune homme ouvre de grands yeux de surprise et laisse échapper un grognement de plaisir. Une décharge électrique vient traverser Lila de part en part. Il ne lui en faut pas plus. Guidée par son instinct, elle impose son rythme, grisée par les réactions qu’elle fait naître chez son amant. Avoir le pouvoir de faire ressentir de telles émotions à quelqu’un avec sa bouche, est la plus belle des choses. Gabriel a posé une main sur sa tête, pour la guider dans son mouvement. Puis, il la fait se redresser et remonter le long de son corps. Ils s’embrassent, partageant le gout du jeune homme, alors que leurs langues s’animent, s’aimantent. Ce soir, Lila n’a qu’une envie, redonner de l’espoir et du courage à celui qui fait naître des sentiments qu’elle avait longtemps redoutés. Lui, qui a su l’écouter et l’épauler dans sa longue remontée à la surface. Après, avoir enfilé un préservatif, Gabriel toujours couché sur le dos, fait descendre Lila, lentement, doucement sur lui. Puis, la jeune femme entame une lente et douloureuse chevauchée, jusqu’à la délivrance. Ils s’endorment dans les bras l’un de l’autre, le tiroir de leurs secrets un peu plus léger.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Bérengère . ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0