Chapitre 1

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Janvier

En s’engageant sur le sentier enneigé, Lila ralentit l’allure de son pick-up. Elle n’aurait jamais pensé conduire un jour une grosse Chevrolet Colorado grise, mais il faut bien le reconnaître, au moins elle se sent en sécurité. Cette neige grasse, qui colle partout, est un enfer pour se déplacer. Plus qu’un kilomètre et elle sera chez elle, au chaud, une tasse de thé fumant dans les mains. Profitant de son allure réduite, elle tourne la tête vers la fenêtre pour admirer le paysage. Un paradis blanc, voilà comment elle le qualifierait. D’un côté, la vue est dégagée vers la vallée, la nature entourant comme un écrin le village de Sainte-Lucie en fond. De l’autre côté, la forêt est épaisse, silencieuse, mystérieuse. La couche de neige qui recouvre le pays lui donne des allures de conte de fée. Lila ne serait pas étonnée de voir surgir Mr Tumnus et son parapluie de derrière un arbre, ou encore Olaf et Sven se courir après au détour d’un virage. Après un dernier effort pour contrôler le véhicule, la maison apparaît enfin, majestueuse, avec une vue imprenable. Lila n’a fait que quelques kilomètres, mais la conduite sur la neige n’a jamais été son fort et elle se sent épuisée à force de se concentrer pour ne pas glisser. Si quelqu’un lui avait dit, il y a deux ans, qu’elle serait propriétaire d’un immense chalet au cœur de la forêt québécoise, elle lui aurait ri au nez. A la limite s’il n’y avait que ça, mais cette maison est aussi son lieu de travail. Elle gère une chambre d’hôte, des gîtes et un immense verger sur l’arrière de la propriété. Elle, Lila Bousquet, cheffe d’entreprise à 26 ans ! Impensable, et pourtant, en regardant tout ça, elle se dit que venir ici était, certes l’une des choses les plus angoissantes qu’elle n’ait jamais faite, mais au combien nécessaire et incroyable. Elle ne regrette absolument rien, surtout qu’elle ne vit pas cette aventure toute seule. Elle gare la voiture dans le garage et sort les courses du coffre. Elle a fait assez de provisions pour finir la semaine, sans avoir besoin de reprendre la voiture avec ce temps. En plus, la météo a annoncé de nouvelles chutes de neige dans la nuit.

Elle traverse la cour au pas de course, les bras chargés. Elle fait une prière silencieuse pour que tout arrive en un seul morceau dans la cuisine, surtout les œufs, en haut de la pile, qui glissent d’un côté et de l’autre à chaque fois qu’elle avance un pied. En pénétrant dans la cuisine, elle entend un fracas dans le salon, puis quelques secondes après quelqu’un crier « Putain, j’en ai vraiment plein le cul de ces boules de merde ! ». Elle pose toutes ses courses sur l’ilot central et se précipite dans la pièce d’à côté. Perchée sur une chaise, une grande brune essaye d’attraper les boules les plus hautes sur ce qui fut, il y a à peine quelques heures, leur magnifique sapin de Noël. Lila regarde au pied de l’arbre et constate les dégâts : au moins cinq boules sont cassées en petits morceaux. Pendant ce temps, l’autre jeune femme, toujours perchée, se contorsionne et laisse échapper un nombre de jurons incroyable.

- Ambre, tu as besoin d’aide ?

- Non, ça va, je gère, grogne Ambre en se mettant sur la pointe des pieds pour attraper la dernière décoration, une paire de patins à glace en bois.

- Ok, comme tu veux. Tu sais où me trouver si tu as besoin, dit Lila en se dirigeant de nouveau vers la cuisine.

Ambre est d’ordinaire très bavarde et toujours enjouée, mais aujourd’hui c’est à peine si elle a aligné trois mots et elle est d’une humeur massacrante. Si ce n’était pas sa meilleure amie depuis le lycée, elle aurait été vexée de sa réaction, mais elle a bien senti que quelque chose la tracassait. Dans ces cas-là, Ambre se renferme et il vaut mieux attendre qu’elle fasse le premier pas quand elle se sent prête, plutôt que de la forcer à parler. Lila n’aurait pas pu trouver meilleure personne qu’Ambre pour l’accompagner dans cette folle aventure. Elles forment depuis longtemps un duo de choc, complémentaire, qui s’entend toujours bien. Ensemble, elles arrivent à déplacer des montagnes. Leur complicité leur a permis de surmonter les obstacles de la vie, toujours là pour se soutenir mutuellement et c’est l’une des choses dont Lila est le plus fière.

En regardant l’immense pendule en fer forgé accrochée au mur, elle s’aperçoit qu’il est déjà cinq heures de l’après-midi. Il faut vraiment qu’elle se dépêche pour être à l’heure pour le dîner. C’est elle qui est chargée de la cuisine de la table d’hôte. Leur complémentarité est d’une grande aide dans le travail et la répartition des tâches s’est faite naturellement. Lila adorant cuisiner, c’est avec un plaisir non dissimulé qu’elle s’acquitte de cette tâche. Comment ne pas être remplis de joie en voyant quelqu’un gouter à un de ses plats, des étoiles pleins les yeux ? Elle s’occupe également de l’exploitation du verger qui compte une centaine de pommiers, poiriers, cerisiers, framboisiers et muriers, ainsi que de leur jardin. Cela leur permet de vendre leur production, tout en proposant à leurs convives des produits variés en toute saison. Elle a toujours su au fond d’elle-même, qu’un jour elle reviendrait à une activité en contact avec la terre. C’est vital, un besoin qu’elle ne s’explique pas. Ambre, quant à elle a besoin de contact et gère la partie hotellière, de la décoration des gîtes, au ménage, en passant par l’accueil des visiteurs. Fidèle à ses études, elle se charge également de toute la communication et la commercialisation de leur entreprise. Bien entendu, elles s’entraident au quotidien, la polyvalence est la clé si elles veulent réussir. Ce n’est pas de tout repos, mais Lila aime ce qu’elle fait. Elle se sent utile, à sa place et surtout elle n’a pas le temps de s’ennuyer une seule seconde.

***

Dans le salon, Ambre descend de sa chaise une fois ce satané sapin entièrement nu. Elle le regarde et à bien envie de le brûler sur place, car elle sait qu’elle va encore trimer un moment pour le sortir de la maison. Si elles ne l’avaient pas pris si grand aussi… Elle fait un tour sur elle-même pour voir ce qu’il reste à enlever. Elle a presque fini, il ne lui manque que la couronne sur la cheminée et la guirlande qui décore la grande bibliothèque murale. Une fois tous les cartons rangés dans le cellier, elle se plante devant le sapin et lui lance un regard noir. « A nous deux mon grand. Je vais te montrer qui est le plus fort ! ». Elle s’habille chaudement d’une doudoune, de bottes fourrées et de gants et ouvre la grande baie vitrée donnant sur la terrasse. Elle frissonne quand un vent glacial s’engouffre, faisant voler les petits cheveux échappés de son chignon lâche. S’apprêtant à mener la bataille finale, elle enfile son bonnet noir surmonté d’un gros pompon en fourrure, s’empare du tronc et le pousse dehors de toutes ses forces, non sans grogner et dire beaucoup d’injures. Une fois dehors, elle le traine derrière elle dans la cour, laissant une trainée parsemée d’épines dans la neige. Elle le plante là, à la lisière de la forêt, un voisin viendra le récupérer dans quelques jours. En remontant à l’intérieur, elle repense à ce qu’elle a dit à Lila quelque minutes plus tôt. Elle s’en veut de s’être montrée aussi désagréable, alors que son amie voulait seulement l’aider. Une fois le salon rangé et nettoyé, elle part dans la cuisine et s’affale sur une chaise devant l’ilot central en marbre noir, où Lila est en train de peler des légumes.

- Ce satané sapin m’a épuisé. J’ai l’impression de m'être battue avec un grizzli !

Lila lève les yeux en riant :

- En tout cas, tu en as bien la tête.

Ambre passe ses mains dans ses cheveux et grimasse. Ils sont tout emmêlés et pleins d’épines de sapin.

- Je suis désolée Lila, je n’aurais pas dû te parler comme ça tout à l’heure.

- Ne t’en fais pas, répond-elle en lui faisant un clin d’œil.

- Tu veux un thé ?

- Tu connais déjà ma réponse !

Ambre se lève, fait chauffer l’eau dans la bouilloire et sert son amie dans une tasse identique à la sienne : un mug avec Porcinet qui fait un câlin à Bourriquet. Elle se rassoit, met le nez dans sa tasse pour respirer l’odeur enivrante de la pomme et du sirop d’érable, mais n’ouvre pas la bouche. Lila laisse passer quelques minutes, puis essaye d’engager la conversation d’une voix douce.

- Tu veux en parler ?

- De quoi ? répond Ambre comme si de rien n’été.

- Ambre, je te connais par cœur, je vois bien que quelque chose ne va pas, et j’ai ma petite idée sur la question.

- Il n’y a rien, je t’assure. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Ambre voulait employer un ton neutre, mais elle se rend compte qu’elle a échoué et qu’elle a dit ça de façon sarcastique et un peu trop vite pour que ce soit la vérité. Lila s’arrête dans son épluchage, prend une gorgée de thé, tout en regardant son amie.

- C’est à cause de Noah, c’est ça ?

- Ça se voit tant que ça ? répond-elle en fronçant son nez fin.

- Tu m’as laissé quand même pas mal d’indices ! Tu ne parles presque plus ou alors c’est pour râler. Tu dis plus de gros mot que d’habitude, c’est pour dire ! Et surtout tu t’en es pris violemment à nos décorations de Noël. Ah ! Et aussi regarde comment tu es habillée ! Donc oui, ça se voit tant que ça, rétorque Lila dans un éclat de rire.

- Quoi, qu’est-ce qu’ils ont mes habits ?

Pour toute réponse Lila hausse les sourcils d’un air entendu. D’accord, Ambre doit le reconnaître, un pantalon de jogging difforme et un vieux sweat troué ne sont pas vraiment ce qu’elle porte au quotidien. D’ordinaire, elle fait toujours très attention à son apparence. Elle aurait envie d’être de mauvaise foi, mais elle sait très bien que Lila ne rentrerait pas dans son jeu. Elle la connait trop bien. Respirant un bon coup elle se lance :

- Il est parti ce matin, mais il n’a pas voulu que je l’accompagne à l’aéroport. Il a préféré que ce soit un copain qui l’emmène. Pour tout te dire, je ne sais plus trop où nous en sommes en ce moment.

Même si elle ne veut pas montrer son désarrois, Lila voit bien que son amie a les yeux tout embués de larmes. Noah est le petit ami d’Ambre depuis plus d’un an et demi maintenant. Ils se sont mis ensemble peu de temps après leur arrivée au Québec. Noah est charpentier et ébéniste, spécialisé dans la construction et l’aménagement de chalets. C’est lui qui les a aidés à construire leur petit coin de paradis.

- Peut-être qu’il n’aime simplement pas les aurevoirs et que c’était plus simple pour lui que tu ne viennes pas à l’aéroport. Ça ne veut pas dire qu’il ne tient plus à toi, essaye de la rassurer Lila.

- Je ne sais pas, c’est plein de petites choses. Il semble différent ces temps-ci, ailleurs, distant. J’ai l’impression qu’il s’ennuie avec moi… Et puis ce chantier en France, il l’a accepté sans même m’en parler. Je sais bien que trois mois ce n’est pas la fin de monde, mais merde il aurait au moins pu me consulter.

- Je suis d’accord avec toi, il aurait dû te faire part de son projet. Mais je te coupe tout de suite sur un point, tu es ma meilleure amie, mon associée et ma colocataire, si je devais trouver un mot pour qualifier le fait de vivre avec toi, ça ne serait certainement pas l’ennuie. Tu lui as demandé si quelque chose le tracassait ?

- Oui plein de fois, soupire Ambre en baissant la tête, il se mure dans le silence à chaque fois. J’ai peur que la distance nous éloigne encore plus. Je ne sais pas du tout quoi faire et je déteste ça, subir sans pouvoir agir.

S’il y a bien une chose qu’Ambre n’aimait pas du tout, c’était d’être impuissante, de n’avoir aucun contrôle sur une situation.

- Ecoute, peut-être qu’au contraire la distance vous permettra d’y voir plus clair. Il va vite s’apercevoir que c’est un idiot de te tenir éloigner et qu’il a beaucoup à perdre en faisant ça. En attendant, tu vas te bouger le popotin pour lui montrer que tu gères son absence très bien. Tu vas voir la jalousie va le faire revenir au galop.

- Tu as raison, je ne vais pas me laisser démolir par un mec, même si le mec en question est le plus sexy du Québec ! rétorque Ambre en se redressant, un sourire rêveur sur les lèvres.

- Voilà, ça c’est l’Ambre que je connais ! Allez, maintenant file sous la douche et changes toi. On a un couple de touriste qui arrive dans moins d’une heure et je ne voudrais pas qu’ils fuient en rencontrant le Yeti dès le premier soir.

- Ordure ! J’allais te remercier, mais tu ne le mérite pas, dit Ambre en jetant un bout d’épluchure sur sa meilleure amie, tout en lui tirant la langue.

Elle se lève en vitesse avant que Lila ne contre-attaque et monte l’escalier en entendant encore les éclats de rire provenant de la cuisine. Le chalet a été pensé pour que chacune garde son intimité et son indépendance. Le rez-de-chaussée est consacré aux parties de vie commune et le premier étage réservé aux cinq chambres d’hôtes. Elles se sont gardées le dernier étage, sous la charpente, pour en faire deux studios indépendants et spacieux. Ce qui fut une excellente idée, surtout maintenant que Noah habite avec elle. Comme si le fait de penser à lui était un signe, son portable posé sur la table de sa petite cuisine se met à vibrer. C’est un message de Noah :

Bien arrivé à Paris. Je suis à l’hôtel, je vais me coucher, demain j’ai pas mal de route pour arriver dans les Alpes. Ça va être chaud avec le décalage horaire. Je t’appelle plus tard.

Ambre hésite un moment avant de lui répondre. Elle trouve le message très froid et formel. Il n’y a même pas de « tu me manque », de « bisous » ou même de smiley. Le malaise qu’elle ressent depuis quelque temps s’accentue un peu plus, mais elle décide de passer outre. Lila a toujours été de très bon conseil. Une de ses plus grandes qualités est son sens de l’écoute et Ambre ne la remerciera jamais assez pour être toujours là pour elle dans les moments de doute. Elle se sent tout de même un peu coupable de l’embêter avec ses problèmes de cœur, alors que Lila a traversé tant d’épreuves. Elle décide de répondre de la même façon que lui, brièvement.

Super. Soit prudent demain. Repose-toi bien.

Dans la cuisine Lila fini de préparer le repas quand on sonne à la porte. Elle s’essuie les mains sur son tablier, le dénoue et se dirige vers l’entrée. Au même moment, Ambre descend les escaliers d’un pas décidé. Lila souris en voyant que ses conseils ont portés leurs fruits. Sa collaboratrice paraît plus reboostée que jamais. Elle s’est changée et porte désormais un pull oversize noir sur un jean délavé, accompagné de ses éternelle Docs noires. Elle a relevé ses longs cheveux noirs en une queue de cheval haute. Des bagues à tous les doigts, un ruban en guise de ras de coup et les yeux légèrement soulignés de noir finissent son look. Personne ne se douterait que quelques minutes plus tôt elle était au bord de la crise de nerf et en pyjama. Son amie est souriante quand elle accueille leurs convives, un couple venant de Montréal pour passer la fin de la semaine dans la nature. C’est ce qui épate Lila, sa capacité à toujours paraître de bonne humeur, même quand ça ne va pas. Ce qui lui fait chaud au cœur, c’est qu’Ambre ne se cache pas avec elle. Elle lui confie ses peurs et ses doutes, elle lui fait confiance. La confiance, voilà un sentiment qu’elle n’a pas ressenti depuis longtemps.

- Venez entrez, ne restez pas dehors avec ce froid. Bienvenue chez nous. Je suis Ambre et voici mon associée Lila.

- Enchantée. Vous avez fait bonne route avec ce temps ? Ça n’a pas été trop compliqué de nous trouver ?

Après avoir échangé quelques politesses sur le pas de la porte, Lila retourne en cuisine pour finir de préparer le repas. Elle aime faire des choses simples mais en y rajoutant sa petite touche personnelle. Elle entend Ambre présenter la maison au couple :

- Voici la pièce à vivre avec la bibliothèque, la salle à manger dans le fond. Vous ferez attention pour accéder au salon, il y a deux marches à descendre assez traitres qui aiment bien faire trébucher les gens qui passent. Ça serait dommage de vous casser une jambe à peine le week-end entamé. En plus avec ce temps et par chez nous, les secours mettraient longtemps à arrive, ça ne serait pas beau à voir.

Lila entend le couple éclater de rire et elle ne peut réprimer un sourire. Ambre est la spécialiste pour faire des blagues en toute circonstance, qu’importe avec qui ou dans quel contexte elle se trouve. Malheureusement, parfois elle aimerait qu’elle se taise pour lui éviter des déconvenues ou des moments de solitude terrible. Mais son amie part du principe qu’elle ne veut plus avoir de filtres. Heureusement pour elle, ce soir, son public a l’air d’être réceptif. Elle entend les pas résonner dans l’escalier lorsque Ambre guide les convives vers leur chambre. Ce soir sera plutôt calme niveau fréquentation, avec un seul couple, mais à partir de demain, vendredi, les choses vont un peu plus se bousculer.

- Merci beaucoup pour votre accueil. Votre chalet est vraiment magnifique. Il a été décoré avec soin, on s’y sent tout de suite comme chez soi, entend-elle prononcer la femme.

Quelques minutes après, Ambre entre dans la cuisine.

- Tu as besoin d’un coup de main ?

- Non, ça va, je gère, essaye de l’imiter Lila.

- Très drôle, s’offusque faussement Ambre. Sérieusement, ça sent trop bon. Tu as fait quoi à manger ?

- En entrée un velouté de potimarron, en plat j’ai fait tout simple, un rôti de porc avec une purée de patate douce et en dessert j’ai fait un clafoutis aux pommes. Ça te va ?

- C’est parfait ! On va se régaler, comme d’habitude. Tu es la meilleure.

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