POUR VIVRE HEUREUX

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Pour vivre heureux, vivons cachés.

La déclaration de Vince jette un froid dans la pièce. L'expression de son visage et son rictus sournois sont à vomir. En agitant ainsi sous mon nez le rapport d'enquête d'Ivy, ce connard a parfaitement calculé son coup. Je peux voir à la lueur de défi contenue dans ses yeux gris qu'il sait que je suis tenté de le lire. Qui ne le serait pas ?

On m'a déçu tellement de fois qu'il serait facile de consulter ce dossier pour dissiper mes doutes. Sauf qu'en prenant un peu de recul sur la situation, je choisis une fois encore de ne pas le faire.

Nous avons décidé Ivy et moi de construire notre relation sur des bases saines. Je ne pense pas que fouiller son passé soit un bon début pour bâtir quelque chose de durable. Je décide de rester ferme sur ma décision et de respecter notre engagement mutuel.

Même si ce salop de Vince, ne cesse de dire qu'il agit dans notre intérêt, je le soupçonne au contraire de manœuvrer en coulisse pour son propre compte. De fait, il est hors de question pour moi de mettre en danger cet amour que nous sommes en train de bâtir avec Ivy.

Lassé de cette conversation stérile, je m'apprête à regagner ma chambre lorsque mon mouvement est subitement interrompu par la sonnerie de mon téléphone. Alors que je décroche, j'entends à travers l'appareil des crépitements, plusieurs voix criant des questions et le bruit distincte d'une marée humaine.

-Mademoiselle Devis, est-il exact que vous entretenez une relation avec Even Anderson ?

-Sortez-vous ensemble depuis longtemps ?

-Une déclaration s'il vous plaît concernant votre relation ?

-Comment vous êtes, vous rencontrez ?

-Répondez, s'il vous plaît ?

-Mademoiselle ... ? Mademoiselle Devis ?

-Par ici mademoiselle ... Regardez par ici ...

Putain de bordel de merde !

-Allô ? Ivy ... ma chérie c'est toi ?

-Désolée de te déranger, c'est Stéphanie. Peux-tu venir la chercher d'urgence sur le campus ? me demande-t-elle comme dépassée par les événements.

-Bien sûr, dis-je furieux, cernant très bien le problème.

-Laissez-moi, tranquille !

Au-delà des cris, des questions, je peux percevoir un regain de panique dans la voix d'Ivy. Alors sans réfléchir plus que nécessaire, j'interpelle les garçons pour qu'ils m'aident.

-Les mecs, j'ai besoin de votre aide Ivy à des problèmes.

-Putain, dit Dex mécontent.

-Tu ne peux pas sortir comme ça, m'avertit Stan. Avec tous ces journalistes à notre porte, nous devons trouver une diversion.

-Nous n'avons pas le temps Stan, Ivy est en train de se faire malmener par ces dégénérés.

-Écoute, intervient Yann. J'ai une idée. Stan se fait passer pour toi allant avec ta moto dans une direction, pendant que Dex, Eddy et moi sortons à l'arrière pour t'accompagner.

Finalement, sans trop d'ajustements, le plan de Yaan marche comme sur des roulettes. Dix minutes plus tard, j'arrive à temps pour soustraire Ivy à une foule complètement hors de contrôle. Eddy, notre garde du corps, se fraye un chemin, écarte les parasites déployant sa stature et son regard comme une arme persuasion.

Des fans, des journaleux et des badauds l'ayant prise à partie, c'est une Ivy tremblante de larmes qui se jette dans mes bras. Elle respire difficilement et ce blotti contre mon cou cherchant du réconfort dans notre étreinte.

Les flashs redoublent et se mettent à crépiter comme des feux d'artifices, mais je n'y prête pas attention. Je suis focalisé sur Ivy qui semble tétanisée.

-Bébé, ça va ?

N'arrivant même pas à parler, elle secoue la tête.

Je la serre contre moi, essayant de la calmer lorsqu'elle me souffle.

-Pardonne-moi Even, je suis stupide.

-Tu n'es pas stupide et je n'ai rien à te pardonner bébé.

-Si, je le suis .. je n'ai pas réalisé Even, je ..

Contrarié de la voir se sentir coupable d'une chose dont elle n'est responsable m'empêche de la contredire.

Je la fais monter dans la Jeep Grand Cherokee Luxury et l'installe confortablement afin de nous échapper de ce tapage médiatique. Moins de neuf minutes après, Ivy se retrouve coucher en sécurité dans l'intimité de ma chambre. La voir là, me rassure quelque peu même une certaine inquiétude persiste. Car, encore incapable de discuter de ce qui s'est passé sur le campus, elle se réfugie dans le silence.

Mes amis et Martha notre gouvernante qui fait plus office de grande tante qu'autre chose, lui font grand accueil. Chacun leur tour, il viennent s'assurer qu'elle va bien, soulager tout autant que moi.

Seul Vince désapprouve, car Dex, Stan et Yann sont tous au petit soin pour elle ce qui me touche énormément. Or, encore submergée d'émotions contradictoires et troublée, Ivy finit par s'endormir. Ainsi paisible, elle est si belle que de nouvelles paroles me traverse l'esprit.

Ivory skin.

La peau ivoire.

The true expression.

L'expression vraie.

Like a Ylang-ylang flower.

Pareille à un fleur de Ylang-ylang.

This beautiful girl is mine.

Cette fille si belle est mienne.

My obsession.

Mon obsession.

My reason to exist.

Ma raison d'exister.

To live happy, live hidden.

Pour vivre heureux, vivons cachés.

Attiré par son corps chaud, je me couche également et l'attire dans mes bras. La douceur de ce moment alourdi mes paupières et je finis par m'endormir également. Je ne sais pas depuis combien de temps nous dormons quand je sens des lèvres posées sur les miennes.

Les gestes sont lents, presque paresseux, mais ils m'excitent au plus haut point. Désireux d'approfondir notre baiser, je l'invite de la langue à ouvrir la bouche, ce qu'elle n'hésite pas à faire. Ses mains se baladent sur mon corps caressantes, accentuant mon désir de lui faire l'amour.

Seul le bruissement des vêtements que nous retirons ce fait entendre. Le silence répond au silence, l'amour parle à l'amour et le ballet de nos langues devient fiévreux. Je n'ai jamais connu une telle connexion avec personne. Nous le faisons comme si nous l'avions toujours fait ensemble.

Une main sur ses seins voluptueux et naturelles, l'autre entre ses cuisses qui mouille progressivement de sève. Nos cœurs qui battent à la chamade comme s'ils se reconnaissent rien qu'à s'écouter l'un l'autre.

Je sens cette tension à chaque mouvement que nous faisons pour nous rapprocher. Mes sentiments qui deviennent de plus en plus fort. Mon âme qui ne semble s'ouvrir que pour elle. C'est hallucinant d'être en harmonie totale avec une autre personne.

Et enfin ce moment où la soif nous submerge, faisant de nous des naufragés.

Je la pénètre et tout disparaît.

Les va-et-vient sont intenses, incroyables et délicieux.

Cette dance d'une jouissance inouïe criante de vérité, qui fait de nous ce que nous sommes.

Ivy et Even, des personnes dotées de sentiment qui s'aiment et l'exprime dans un sursaut de bonheur.

-Even, mon dieu, c'est si bon. Je t'aime.

-Je t'aime aussi.

Si simple, si vraie.

La vie est ce qu'elle est, en dents de scie. Mais seuls les gens la rendent difficile. Pour vivre heureux, vivons cachés, l'amour comme unique vérité.

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