ALCHIMIE

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- Even ! Even ! Arrête ... S'il te plaît ... Tu as gagné, je me rends.

Allongée sur le point de tomber de mon lit, Ivy pleure de rire.

- Je te promets que je ne te dérange plus.

Je secoue la tête et lui rétorque.

- Tu m'as promis la même chose il y a cinq minutes à peine. Et pourtant te voilà à nouveau acculé de chatouilles parce que tu n'as pas tenu ta promesse.

Elle crie et tente de s'échapper, mais je ne la laisse pas s'en aller.

- Cette fois, c'est la bonne, je te le jure, me répond-t-elle essoufflée.

J'arrête un instant pour voir sa réaction. Or, elle hoche la tête d'un air de défi, pouffe de rire et s'enfuit dans la maison en courant.

- Où vas-tu bébé ?

Depuis cette fameuse journée à Venice Beach, il y a une semaine, Ivy et moi ne nous quittons pratiquement plus. Nous trouvons toujours un moyen de nous voir et de passer du temps ensemble. Je n'ai jamais été aussi heureux, et ce, depuis longtemps.

Je plane littéralement, et même ce goujat de Vince n'arrive pas à altérer ma bonne humeur. D'ailleurs, mon écriture s'en ressent puisse que j'ai écrit trois titres de plus. Avec Ivy à mes côtés, j'ose même des sujets que je n'aurais même pas tenté avant.

Justement, j'essaye depuis plus de deux heures de terminer cette chanson que j'ai intitulée « Mother ». Or, malgré ce besoin de faire croire que se sont les taquineries d'Ivy qui m'empêchent de bosser ; ni elle, ni moi ne sommes totalement dupe. Nous savons parfaitement tous les deux que c'est l'appréhension et le chagrin trop longtemps refoulé qui parle.

I did not know that you could divorce your child.

Je ne savais pas que l'on pouvait divorcer de son enfant.

As one divorces her husband.

Comme l'on divorce de son mari.

However the weight of the past years.

Cependant le poids des années passées.

Elyse, left a pain as great as ever.

Elyse, a laissée une douleur toujours aussi grande.

Mother, I never needed you to come to me.

Mère, je n'ai jamais eu besoin que vous veniez me border.

Only because I was afraid of the dark.

Seulement parce que j'avais peur du noir.

I just wanted a little of your love and attention.

Je voulais juste un peu de votre amour et de votre d'attention.

Was that too, you ask?

Était ce trop, vous demandez ?

Mother, Mother.

Mère, Mère.

Were you a little human?

Étais-tu un peu humaine ?

Mother, Mother.

Mère, Mère.

Nothing is eternal.

Rien n'est éternelle.

My love as my hate.

Mon amour comme ma haine.

Are not immortal.

Ne sont pas immortels.

En poursuivant Ivy dans la maison, je me souviens de ce fameux jeudi. Couchée contre mon torse nous nous sommes ouvert l'un à l'autre parlant de nos parents respectifs. Un sujet joyeux pour Ivy, à contrario douloureux pour moi.

Nous échangions depuis peu de temps quand « Mother » m'est venu d'un coup. Le penser, c'était déjà quelque chose, mais l'écrire est bien plus dur que je ne le pensais. Or, touché, par ce que je lui ai raconté, Ivy m'a encouragée.

-Even n'y réfléchit pas trop, m'a-t-elle dit. Tu n'as qu'à écrire ce que tu aurais envie de lui dire si elle était juste devant toi.

Au fil de l'écriture, il apparaît finalement que j'ai beaucoup à lui balancer. Moi qui ai toujours penser n'avoir rien à faire d'elle. Il faut avouer que ce n'est pas parce que je ne parle pas de ma génitrice que je n'y pense pas. Sur cet autre point ma petite amie avait aussi totalement raison.

Mes amis, voyant Ivy de plus en plus souvent dans notre maison de Bervely Hills, ont commencé à me poser toutes sortes de questions. Alors pour faire taire les spéculations de notre entourage respectif, nous avons décidé d'un commun accord d'officialiser secrètement notre relation.

Il n'était pas question pour nous de l'annoncer au monde entier. Alors il y a deux jours nous avons informer seulement un cercle de personnes restreintes. Dex, Stan, Yann pour moi ainsi que Stéphanie et Lucile, les deux meilleures amies d'Ivy. Ainsi, c'est plus facile de l'avoir avec moi sans prétextes bidons et ni excuses constantes.

Je ne suis pas homme à mentir et en soit Ivy n'est pas un secret, mais je n'ai aucune envie que la presse vienne fourrer son nez dans notre histoire naissante. Ma vie sentimentale n'est pas un film et encore moins de la publicité gratuite pour les tabloïds à scandales.

Je veux aucune interview qui donnerait une fausse image de notre relation. Nous sommes tellement en phase que j'en oublie presque la célébrité. Elle représente le havre de paix que je ne possède plus depuis plusieurs années. Je ne suis pas comme Dex et Stan, allant d'un coup d'un soir à un autre.

Pour lier des liens intimes avec quelqu'un, je suis assez naïf parce que j'ai besoin d'être amoureux pour que cela se produise. En cinq ans, je n'ai jamais eu le sentiment d'être suffisamment proche d'une personne pour la laisser entrer.

Or, avec Ivy, les choses se sont faites vite et naturellement parce que l'alchimie est présente depuis le début. Nous n'avons pas besoin de nous interroger mutuellement pour savoir ce que l'autre qu'il ressent. Nous finissons les phrases l'un de l'autre ce qui fait flipper Stan et me fait bien ricaner.

À l'écoute, j'ai la sensation de toujours savoir ce dont elle à besoin. Immergé dans notre bulle de bonheur, je ne veux pas sortir pour contempler autre chose. J'ai envie de rester dans ce lieu indéfiniment en sachant que ce n'est pas la réalité.

En toute objectivité, je sais très bien que tôt ou tard ma vie de star viendra taper à notre porte. Sauf que je ne suis pas prêt pour cette surexposition parce qu'ils vont grignoter encore de moi. Je ne suis pas candide, je comprends pertinemment où cette étape de ma vie me mène.

Ce cinquième album est une foutue thérapie à deux balles. En y regardant de plus près, on peut voir que ces textes parlent tous de moi. De mes joies, mais surtout de mes plaies et de mes peines que je n'ai pas réussi à extérioriser jusque-là. Je suis terrorisé qu'elles reviennent me hanter.

Je poursuis une Ivy riant à travers la maison. Cet endroit a toujours été symbole de réussite pas de bien-être et de félicité. Mais dès qu'elle y ait entré, elle a apporté tant bonheur, que je rechigne à la partager avec le reste du monde.

Je finis par la rattraper, par la taille.

- Tu as fini par m'avoir monsieur Anderson, me souffle-t-elle à l'oreille.

Je ne lui réponds pas, car je préfère l'embrasser. Nous sommes si heureux que j'aie peur. Aimer n'est jamais une fin en soit.

Je ne désire pas que ma notoriété soit une excuse pour elle de me fuir. De plus, presque toutes les personnes que j'ai aimées autrefois ne sont pas restées. Tout comme la lune et pareille à ma mère, je ne souhaite pas qu'elle s'éclipse.

Mother, Mother.

Mère, Mère.

Please, do not come back.

S'il te plaît, ne revient pas.

And even if you feel remorse one day.

Et même si tu as des remords un jour.

Stay away.

Reste au loin.

Because just like death.

Car tout comme la mort.

A great disappointment has little or no cure.

Une grande déception n'a peu ou pas de remède.

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