En Alabama, mettre du sel sur une voie ferrée peut être passible de la peine de mort.

3 minutes de lecture

Oh oui, ça reste absolument interdit et savez-vous pourquoi ?

Le dernier qui l'a fait, ça s'est vraiment très mal passé. Il y a eu des centaines de morts. Il s'appelait Henry Pemberton. Il trimballait un sac de sel pour conserver sa viande en prévision de l'hiver qui approchait. On devait être en 1894. L'hiver allait être particulièrement rude (oui, à cette époque-là, dans le Sud des Etats Unis d’Amérique, les hivers étaient rudes, c’était bien avant le début du réchauffement climatique, même si Donald nous a dit que c'était une fake news) et il avait donc fait de bonnes provisions de viande qu'il s'apprêtait à saler pour la garder.

Je vous ai dit que l’hiver allait être rude, en effet, il s’était renseigné auprès des indiens du coin. Le chef lui avait dit :

- Oui, hiver rude.

Du coup Henry avait été tuer plein de gibier et couper beaucoup de bois. Il était revenu voir le chef indien qui lui avait confirmé :

- Oh oui, hiver très rude !

Henry avait redoublé d’efforts pour couper du bois et rentrer de la viande. Une dernière fois, il avait été voir l’indien pour avoir confirmation :

- Oh oui, hiver très très rude !

- Mais qu’est-ce qui te fait dire ça, l'indien, que l’hiver va être très très rude, lui avait demandé Henry.

- Homme blanc couper beaucoup de bois et rentrer beaucoup de viande, hiver très très rude ! (Cette histoire n'est pas de moi.. elle est même très connue mais me fait toujours rire beaucoup)

Bref, convaincu que l’hiver allait être rigoureux, il avait été acheter une grosse quantité de sel à la ville et était en route vers sa cabane, portant ce sac sur son épaule. Pour rentrer chez lui, il devait emprunter le pont du chemin de fer, qui passait au-dessus de la rivière. Celle-ci était située en contrebas, 50 mètres en dessous et en régime torrentiel en cette fin d’automne.

Donc, il marchait sur le pont, essayant de ne pas se casser la figure dans l’eau en marchant entre les traverses de la voie ferrée. Il faut dire qu’il n’avait pas été acheter que du sel en ville. Comme c’était sans doute une de ses dernières sorties, il avait aussi été voir la belle Lulu et puis avait vidé quelques bouteilles de Whisky avec ses potes au saloon. D’où une démarche assez approximative sur le pont. Ce qui devait arriver, arriva : il trébucha et fit choir le sac de sel sur les rails, où il s’éventra. Tant bien que mal, il réussit à n’en laisser qu’un peu moins de la moitié sur les rails en faisant des nœuds autour de la déchirure du sac. Il finit par arriver à rentrer chez lui, non sans quelques autres chutes, dans les ronces, dans les fossés et dans plein d’endroits pas très sympathiques. Il s’endormit et ne se réveilla que trois jours plus tard.

En fait, il fut réveillé par les marshals qui étaient venus lui demander des comptes. En effet, juste après qu’il soit arrivé chez lui, il y avait eu une averse. L’eau avait dissous le sel et s’était infiltrée dans un des piliers du pont. La concentration en sel était telle qu’elle avait corrodé les clous à une vitesse vertigineuse (à l’époque, c’était des clous en ferraille de merde qui rouillaient de peur devant un morceau de sel) et que l’assemblage du pilier ne tenait plus que par l’habitude. Quand le train était passé quelques heures plus tard, tout s’était effondré et le train ainsi que ses passagers avaient fait une chute de 50 mètres, directement dans la rivière. Aucun survivant !

L’enquête avait duré de nombreuses heures. Personne ne comprenait comment ce pont qui était là depuis des décennies avait pu être détruit comme ça. Jusqu’au moment où un des marshals adjoint s’était pris les pieds dans un bout de tissu accroché sur un bout de rail et avait atterri la bouche la première sur un morceau de pilier. Une fois qu’il eut repris ses esprits, il se releva avec un goût hyper salé dans la bouche. Se rappelant ce qui l’avait fait chuter, il partit à la recherche du morceau de tissu. Il ne fut pas long à reconnaitre un morceau de sac de sel vendu par le drugstore de la ville. Ses copains de boisson n’avaient pas été longs à dénoncer Henry, comme le patron du drugstore.

Son procès avait fait grand bruit : « Henry Pemberton, l’homme qui a tué 150 personnes avec un sac de sel ».

Il avait été (très mal) défendu par un jeune journaliste, n’y connaissant rien en droit (mais y avait-il des droits à ce moment-là ?) et naturellement avait été condamné à la pendaison. Ça ne rigolait pas à l’époque…

Depuis cette date là, il est donc interdit, en Alabama, de mettre du sel sur une voie ferrée et ce qu'encourent les contrevenants : la peine de mort... Vous savez pourquoi maintenant !

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