Réponse à "Message à un Amour perdu"

J’ai écrit ces quelques mots pour retrouver cette douceur des moments passés ensemble.

Si le paradis supposait juste un choix, celui d’inscrire une période de notre vie dans l’éternité, quelques instants heureux, une parenthèse ensoleillée, revivre près de toi serait ce moment-là. Oh, oui, je demanderais à être condamné à cet éternel recommencement des jours heureux qui nous ont réunis. Mais pour moi, hélas, Dieu choisirait plutôt un purgatoire, ou plus sûrement un enfer.

Et il saurait bien où le trouver.

Dans ces derniers moments de tes silences. Dans cette rue sombre de ma vie où je tendais une sébile implorant ton pardon vêtu des haillons de la douleur. Dans ces appels condescendants ou ta pitié remplaçait une tendresse disparue, détruite par un raisonnement social impitoyable. Dans cette longue agonie de tes pensées me quittant  peu à peu ; déjà happées par des roses cueillies dans un autre jardin, ou encore captivées par des yeux pris au piège de ton regard vêtu d’une fausse pudeur.

Mais qui étais-je, moi, instable, révolté, indécis, non croyant fasciné par ceux qui croient, anarchiste libertaire méprisant ceux qui pensent gérer, contrôler, organiser, albatros malhabile sur le pont d’un navire. Aimant une humanité qui ne demande qu’à respirer au rythme des saisons. Au rythme des amours. Au rythme des cerises qui surgissent si vite sous nos regards blasés. Au rythme des soleils qui s’allument dans les vies pour s’éteindre sans raison.

Moi le faux poète. Moi l’artiste sans talent. Moi qui ne comprends rien à rien de ce bourbier sociétal ou seules des âmes sans vie se rangent dans l’ombre des lois et des règlements. Moi qui aime tellement les autres et les déteste autant davantage. Moi si démuni devant tant de choses pourtant si simples comme gagner sa vie normalement. Qui étais-je pour croire que ce bonheur durerait  ?

Quand mes rêves traînaient sur le plancher de cette mutuelle qui dort sans doute encore, tu cherchais la lueur de mes yeux. Et ton regard, comme les cerises dévorées par les oiseaux, a disparu avec cette unique saison du bonheur. Les cerises reviennent avec le printemps, elles  ; se gonflent à nouveau de leur juteuse saveur. Toi, tes yeux ne s’accrocheront plus à la branche de mon désir, de mon sourire qui pourtant trouve encore une sève nourricière pour se tendre vers toi dans un obscur passé.

Qui étais-je, qui suis-je pour croire que tu n’irais pas là où tous les autres dirigent leurs pas. Que peut-être tu suivrais les miens dans l’inconnu de rêves insensés. J’ai écrit ces quelques mots pour te raccrocher à moi. Pour continuer à entendre le son d’une voix. Pour voir ton visage se dessiner dans la magie des mots.

J’ai cherché une poésie que je ne trouve pas. Des mots qui s’enlisent dans le fumier d’un cœur qui empeste la décomposition lente des souvenirs arrachés à une prairie verdoyante, à un jardin sauvage, à des fossés luxuriants couverts de baies sauvages, à des paysages balayés par d'impitoyables machines humaines.

*

Je t’avais demandé un jour de garder le contact, mais c’est dans le silence de l’oubli que ta vie doit maintenant se poursuivre. Car tu ne m’appelles plus jamais. Peut-être que les tableaux que j’ai peints pour toi sont maintenant relégués dans le garage. Ou encore dans le local à piscine. Ou détruits. Les mots doux sont cachés, déchirés ou brûlés. Les bracelets n’ornent plus jamais tes poignets blancs et lisses.

Parfois, je t’imagine traversant le Hall de cette Mutuelle ou tu travailles encore probablement. Peut-être t’arrive-t-il de croiser nos fantômes qui se cherchent dans la pénombre de cette salle de pause. L’improbable scène de cette pièce de théâtre tendre et romantique, parfois drôle, que nous avons jouée.

Tu m’avais dit à l’heure du crépuscule de notre histoire que la bibliothèque s’était transformée en tout autre chose. Une salle de réunion, je crois. Là aussi tout n’est plus que poussière de passé. Peut-être que les rosiers de la cour intérieure donnent encore naissance à des fleurs effrontées qui ornent parfois ton pare-brise. Peut-être  !

J’imagine que l’hôtesse d’accueil qui nous avait suspectés de nous livrer l’un à l’autre dans les toilettes, à juste titre d’ailleurs, est revenue à la torpeur de ses tâches quotidiennes, dorénavant indifférente à la mécanique de ta silhouette anonyme qui se faufile matin et soir.

L’immense rond-point qui fait face à la mutuelle reste gelé dans l’imperturbable immobilisme du mouvement des voitures qui se croisent. Dans le fond, en y repensant bien, j’aimais bien les rayons lumineux de Niort. Mais l’univers est peuplé d’une myriade d’étoiles qui diffusent leur chaleur chaude sur des mondes nouveaux. Je suis un voyageur malgré moi. Au revoir soleil de Niort.

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En réponse au défi

Message à un Amour perdu

Lancé par Benure Carmin

Une rupture ou la perte de quelqu'un que l'on a aimé et/ou que l'on aime toujours peut parfois blesser pendant des mois voir des années et l'on a tous des choses que l'on souhaite dire à cette personne, même si ce doit être la dernière chose que l'on lui dira.

Il faut imaginer ce défi comme un dernière chance de pouvoir dire ce que l'on souhaite à cette personne, une lettre écrite avec tout ce que cette personne représente, tous les regrets, les souvenirs les plus importants... la chance de pouvoir faire la paix avec son coeur et peut être avec le coeur de cette personne.

Il n'y a pas de limite, ce défi est là pour laisser les coeurs et les sentiments s'exprimer et se libérer.

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