IV.

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    J’entamai ce journal intime pendant la nuit, incapable de dormir après ma rencontre avec Nanaki. Le loup avait communiqué avec nous par la pensée, mais je l’avais entendu aussi clairement que si un humain avait usé de ses cordes vocales pour s’adresser à moi. Raja m’avait imposée. Je ne comprenais pas bien ses raisons, mais je ne l’interrogeai pas. J’étais heureuse de me voir confier une mission aussi importante. Reprendre la route, avec deux amis. Lier mon destin aux leurs. C’était un joyeux bouleversement.

    La première semaine de voyage me parut interminable. En journée, John courait à côté de mon char, aussi rapide que le véhicule, totalement fermé au dialogue mental. Ses énormes pattes foulaient le sol à une vitesse inouïe. Sa puissance m’effrayait un peu, mais il serait sûrement très utile pendant notre périple. Et puis, sous sa forme humaine, il était un camarade plutôt agréable. C’était un homme calme mais jovial. Un compagnon au bon cœur que je devinais enclin au sacrifice pour faire plaisir aux autres.

    Raja s’accrochait au petit mat du char, réorientant la voile quand il le fallait.

    — Pourquoi ne nous parle-t-il pas quand il est sous sa forme animale ? Tu le fais bien toi, demandai-je enfin.

    — La symbiose entre John et son Totem est plus avancée que la tienne, mais il ne la maîtrise pas encore tout à fait. Avec le temps, son esprit sera aussi clair sous cette forme que lorsqu’il est humain. En attendant, il comprend ce qu’on lui dit, mais il n’arrive pas à s’exprimer par télépathie.

    — Alors, quand je réussirai à me transformer entièrement, je dois m’attendre à… me perdre ?

    La jeune femme s’amusa de mon air effrayé. Ses dents parfaitement blanches éclataient au milieu de son visage brunâtre. Elle posa quelques secondes sa main sur mon épaule.

    — Ce n’est pas exactement ça Sarah. Simplement, au début, ton esprit passera en arrière-plan, comme s’il était engourdi et qu’il laissait les commandes à celui du Totem. Mais il n’y a rien de grave là-dedans. Et la sensation n’est pas désagréable. Tu verras. Ensuite, plus ton esprit sera proche de celui de ton Totem, plus tu seras consciente pendant ta transformation.

    Elle tira sur une manette, faisant ralentir puis s’immobiliser notre char. Raja avait un caractère bien trempé, mais était d’une délicatesse exacerbée. Ces deux caractéristiques lui conféraient une personnalité hors du commun. Elle était plus âgée de deux ans, mais elle semblait en connaître beaucoup plus que moi sur cette nouvelle vie ou sur l’ancienne.

    Elle attrapa des vêtements dans un sac et les jeta sur le sol.

    — Reprends ta forme humaine John. Nous approchons de la côte. Nous ne devons pas attirer l’attention. Mets également ce foulard autour de ton cou, pour cacher ta nuque.

    Raja se déshabilla totalement. Sa tunique bleue glissa le long de ses immenses jambes et se tassa en un petit monticule autour de ses chevilles délicates. Je tournai les yeux, gênée, tentant aussi d’éviter de regarder le corps de John qui reprenait son apparence dans le plus simple appareil.

    Je n’arrivais toujours pas à m’y faire. Les Totems, à force de se retrouver nus lors de leurs métamorphoses, avaient renoncé à la pudeur. Cela allait à l’encontre de mon caractère.

    Un corbeau magnifique vint se poser sur mon épaule. « Je reviens tout de suite, ne bougez pas ». Mon amie s’était transformée en une fraction de seconde. Je suivis des yeux l’oiseau qui montait dans le ciel carmin, envieuse de la relation parfaite entre Raja et son Totem. Quelques secondes plus tard, elle plongea vers nous et se posa élégamment sur la petite boule bleue que formait sa tunique. Ses ailes s’étirèrent, craquant sous l’effet de la transformation, alors que ses plumes s’effilaient jusqu’à former une longue chevelure noire autour du petit visage hybride de l’ambassadrice.

    John vint s’assoir sur le char, à mes pieds, les yeux posés sur le corps nu de Raja sans éprouver la moindre gêne. Je regardai le ciel rougeoyant, attendant que tout le monde soit de nouveau habillé. La voix calme de mon mentor nous interpella.

    — C’est bon. Reprenons la route. Le port n’est plus très loin. On nous attend.

 

***

 

    Deux billes noires, étonnées, m’accueillirent sur le pont. Les yeux de Lasher me fixaient, écarquillés. J’avais eu un peu de temps pour me faire à l’idée de le retrouver mais, lui, tombait des nues visiblement. Son sourire aguicheur ne m’échappa pas.

    — Sarah ? Vous êtes donc du voyage ? Souffla-t-il en me baisant la main d’une façon charmante et désuète.

    — Il faut croire, Monsieur Cartwright.

    — Appelez-moi Lasher.

    Il attrapa mon sac et le fit basculer sous un banc en bois. Je regardai autour de nous. Le confort semblait s’être amélioré sur le cargo et les matelots étaient plus nombreux que lors de la première traversée.

    — Ne croyez pas que je m’en plaigne, mais que faites-vous ici, Lasher ?

    — Des amis à vous, enfin des personnes de votre peuple, sont venus me trouver quelques semaines après notre séparation à Tripoli. Ils avaient besoin d’un navire pour votre voyage et avaient entendu parler de L’écarlate. Nous devions repartir pour la quatrième fois en Europe, mais l’équipage et moi-même étions las de faire sans cesse ce trajet. Nous avons donc voté pour savoir si nous nous lancions dans cette nouvelle aventure. La réponse a été unanimement positive. Le temps de recruter un peu plus d’équipiers, de faire le tour du continent, et nous voilà !

    — Vous m’en voyez ravie. Mais qu’en est-il de la navette entre l’Europe et l’Afrique ? C’était une idée formidable.

    — Un autre bateau est en cours de construction. Un de mes semblables nous a rejoints à Tripoli lors de notre deuxième voyage. Il est resté là-bas pour s’occuper du nouveau chantier. A vrai dire, depuis le temps, j’imagine qu’il ne tardera pas à voguer vers l’Afrique.

    — C’est le propre de votre peuple de savoir construire des bateaux ? me moquai-je.

    — Et se transformer en chien est plus noble, je suppose ? » Il me fourra un balai dans les mains. « Bienvenue à bord. »

 

    Nous avons donc pris le large sur L’Écarlate, ramant régulièrement pour avancer plus vite et gagner l’Australie dès que possible. Ressentir, à nouveau, l’air marin me fit du bien. Retrouver la compagnie de Lasher aussi.

    Nos journées étaient éreintantes. Elles se résumaient à travailler dur et dormir quelques heures pour recommencer de plus belle. Mais, parfois, de petites fêtes s’improvisaient sur le pont et nous relâchions alors toute la fatigue accumulée. La musique éclatait, les gens dansaient, buvaient, et évoquaient l’Ancien Monde.

    On me fit gouter l’alcool de gacek, un légume jaune et sphérique qui poussait dans l’eau douce. Si le légume était presque immangeable car trop amer, son alcool était d’une dangereuse et enivrante douceur. Je soupçonnai l’équipage d’avoir embarqué autant de cet alcool que d’eau car les réserves semblaient illimitées.

    Lors de cette traversée, pas un incident ne se produisit. L’océan bordeaux berçait tendrement le navire tandis que le vent venait nous pousser et aider nos rameurs. Les nuages se tenaient éloignés, nous offrant un ciel magnifique toutes les nuits. Lasher calculait les trajectoires à l’aide des étoiles brillantes et veillait à transmettre son savoir à tout l’équipage. Raja et John s’étaient facilement intégrés et, malgré toute la rudesse physique qu’imposait cette vie, nous ne vîmes pas le temps passer.

    Parfois, je repensais au lac Victoria, à Loup Gris, et à notre vie là-bas. J’y avais passé peu de temps, finalement, mais quand je pensais à mon foyer, c’était le lac que je voyais dorénavant.

 

***

 

    L’Australie se découpa contre le ciel mauve, un matin, alors que le soleil se levait à peine. De loin, l’opéra de Sydney semblait intact, tranchant de façon irrégulière la tenture de plus en plus rougissante étalée au-dessus de nos têtes. Nous avancions lentement au milieu des eaux presque noires. Un silence de mort régnait sur le navire.

    Raja avait ses instructions et ses renseignements. Loup Gris lui avait dit, avec exactitude, où trouver le premier peuple à visiter. Mais je n’étais pas dans la confidence. John non plus d’ailleurs.

    Il s’était suspendu dans le vide, accroché par un pied et une main au mât, pour scruter le continent. La ville était, ici aussi, dans un piteux état. Plus nous approchions, plus nous constations l’ampleur des pertes causées au port. Les buildings s’étaient effondrés sur eux-mêmes, les multitudes de petits bateaux étaient échoués sur les côtes, et l’opéra, qui nous avait pourtant paru épargné par la Levée du Voile, était en fait en ruine. Seule la structure faciale du monument tenait encore debout. Le reste était détruit.

    Je levai la tête, laissant les embruns me rafraichir le visage et me réveiller totalement. Un monstrueux pont en métal trônait fièrement au-dessus de l’océan. Sa résistance en faisait, vraisemblablement, la nouvelle icône du continent. Des racines gigantesques s’étaient enroulées autour de la construction, sans en compromettre la solidité, alors que la ville était elle-même envahie par la végétation. Était-ce le sort de toutes les agglomérations de notre ancienne civilisation ?

    Nous poursuivîmes notre lente progression jusqu’à un minuscule port mieux entretenu. Ici, quelques petits radeaux attendaient paisiblement dans l’eau. L’Ecarlate n’avait rien de comparable avec ces ridicules embarcations, mais il était évident que nous n’étions pas les premiers à venir ici. Je songeai un instant aux malheureux qui s’étaient, certainement, perdus au milieu de l’océan, faute de canots assez performants ou de navigateurs éclairés. Nous avions de la chance d’avoir Lasher à nos côtés.

    J’apercevais, non loin, de grandes clairières assurément dessinées par l’Homme. Elles formaient plusieurs cercles autour de petits bâtiments en pierre qui avaient, pour la plupart, relativement bien résisté aux assauts de la Levée du Voile. Cette petite ville, vestige d’un monde disparu au sein de cette canopée surnaturelle, était, sans aucun doute, notre destination.

    Une poignée de personnes, debout sur le débarcadère, nous regardaient approcher. Certaines nous faisaient signe de la main. Je plissai les yeux. Leurs paumes brillaient étrangement.

 

    L’Écarlate garderait une partie de son équipage à bord. Je descendis du bateau, suivant Raja à la trace, précédée de John et des quelques matelots qui nous accompagneraient à la rencontre des autochtones.

    Les gens nous accueillirent chaleureusement. Aucun ne parlait à voix haute, mais leurs voix mentales résonnaient dans ma tête comme un magma de pensées inaudibles. Je me fermai un peu et laissai Raja s’occuper des présentations. Après tout, c’était elle notre représentante.

    J’observai, un peu en retrait. Dans chacune des mains droites que je pouvais apercevoir, un caducée brillait de l’énergie de son possesseur. Ainsi donc, nous venions d’arriver sur le territoire d’un autre peuple élu.

 

***

 

    Les Caducées avaient deux particularités qu’ils mettaient sur le compte de leur marque d’élus. La première étant une capacité à magnétiser n’importe quel être vivant. La deuxième, la possibilité de communiquer avec toutes les espèces animales.

    Malgré leurs différences, marqués et non-marqués vivaient en parfaite harmonie. Sydney était redevenue sauvage très rapidement, comme beaucoup d’endroits sur cette planète, et de nombreux êtres humains avaient disparu, ici aussi. Mais les survivants s’étaient très vite regroupés et organisés.

    Plusieurs petites villes avaient donc vu le jour, au sein même de Sydney. On les distinguait très facilement car elles étaient situées à l’intérieur de gigantesques clairières. Le but avait été de trouver, le plus vite possible, des habitations préservées et de les réinvestir en débroussaillant tout autour pour recréer un semblant de civilisation.

    On dénombrait une vingtaine de petits villages, peuplés par huit cents personnes environ. Chacun était dirigé par un délégué, et une personne administrait le tout. Un système démocratique s’était instauré à l’aide de votes à mains levées pour élire l’Administratrice ainsi que pour voter les règles principales de chaque village, puis un conciliabule des délégués et de l’Administratrice avait été instauré pour coordonner tout ce petit monde.

    Raja avait absolument voulu rencontrer l’Administratrice en tête-à-tête, et nous avait demandé de nous mêler à la population pour la découvrir et tisser les premiers liens entre nos peuples respectifs. Les matelots, eux, s’étaient fixé une mission simple : trouver un bar ou quelque chose qui s’en approcherait.

    De notre côté, John et moi avions décidé de nous immerger dans la vie de ce nouveau peuple. Nous avions erré au milieu de rues parfaitement nettoyées, observé des gens plus ou moins affairés qui ne nous prêtaient pas attention, jusqu’à arriver sur une place animée.

    Nous nous mêlâmes facilement à la foule, prêtant l’oreille aux conversations en cours, afin de comprendre un peu ce à quoi nous assistions alors.

    Tous les deux jours, un marché s’organisait au centre des villages. On y troquait des biens et des services contre d’autres, on s’y rencontrait pour discuter de tout et de rien, répondre à des bourses à l’emploi pour la communauté, ou on en profitait pour échanger ses corvées contre celles des autres.

    Les métiers avaient été distribués en fonction des goûts. Certains s’occupaient de nourrir les habitants alors que d’autres devaient lutter contre les assauts perpétuels de la nature, soigner les malades, éduquer les enfants et encore bien d’autres missions primordiales. Mais, potentiellement, tout bien ou métier pouvait être échangé de manière provisoire ou définitive. Les deux seules règles incontournables portaient sur Le Registre et sur l’Interdit.

    Le Registre était un ouvrage, conservé par le délégué du village, dans lequel tout échange de missions devait être consigné. Ce système permettait d’être certain que le village possédait assez de personnes affectées à chacun des travaux d’ordre public, que tout le monde participait à la vie collective, et que la répartition était équitable en temps et en pénibilité.

    L’Interdit était une règle autrement plus terre-à-terre et portait sur trois points. Aucun aliment, solide ou liquide, ne pouvait être échangé, aucun animal ne devait être mangé, et aucune propriété, privée ou collective, ne pouvait être décrétée sur les éléments naturels comme l’eau ou les plantes par exemple.

    John venait d’ôter le bandana qui lui enserrait le cou. Nous étions au milieu de la journée et la chaleur devenait étouffante. Sa marque brillait, à présent, aux yeux de tous. Il attira rapidement les curiosités. En quelques minutes, un petit attroupement se forma autour de nous.

    Les sourires étaient chaleureux, chacun y allait de son commentaire ou de sa question, et nous nous prêtâmes naturellement au jeu. Malgré mon aversion naturelle pour les foules, je n’avais pas le cœur à me débiner. Tous ces gens étaient avides de connaître notre peuple, d’avoir des nouvelles des autres continents, et d’entendre les histoires de membres de l’équipage de L’Écarlate. Le navire lui-même avait fait sensation en arrivant, majestueux et imposant, et je compris que Lasher avait sûrement déjà reçu beaucoup de visites au port.

    Après un long moment, nous vînmes à bout de l’interrogatoire de la population, et chacun s’en alla vaquer à ses occupations. Au milieu de la foule, pourtant, je distinguai une jeune fille qui nous fixait intensément.

    Elle s’avança vers nous, un sourire rêveur aux lèvres. Sa tête semblait légèrement trop imposante sur son corps fluet et était probablement à l’origine de l’étrange façon dont elle se déplaçait. Une gaucherie amusante qui lui conférait un certain charme, à mon sens. « Si vous le souhaitez, je peux vous accueillir chez moi le temps de votre séjour. »

 

***

 

    Tout était très sommaire dans la maison d’Océane, bien sûr, mais un certain confort était pourtant assuré. Il y avait des armoires, une table et des chaises, ainsi qu’un grand brasero et le canapé dans lequel John dormait le soir. Une décoration faite de bric et de broc avait été réalisée par notre nouvelle amie et, pour une maison post-apocalyptique, l’endroit était plutôt douillet et chaleureux.

    Les jours qui suivirent notre installation, la jeune femme nous fit visiter plusieurs des villages alentours et nous présenta de nombreuses personnes. Des estaminets avaient été créés par des habitants qui venaient y servir pendant leur temps libre, des petits hôpitaux faisaient le plein régulièrement, et les groupes de loisirs commençaient à se développer en masse. En très peu de temps, les questions de survie avaient été gérées, la société et ses règles avaient été fixées, et ils en étaient déjà à rechercher le plaisir.

    Océane était une fille très sociable, rayonnante et rieuse. Ses voisins recherchaient souvent sa compagnie et elle avait su se rendre indispensable dans l’hôpital de son village. Elle avait l’air d’une anglaise, avec ses tâches de rousseur sur son nez en trompette et sur ses joues rondes, ses cheveux aux reflets roux et son teint laiteux. Elle semblait avoir beaucoup d’amis et vivre dans une sorte de sagesse insouciante. Et elle n’était pas la seule.

    Nous passâmes de nombreuses soirées à écouter de la musique, danser et participer à des jeux locaux. Les rues étaient animées tous les soirs. A ce moment là, les places bruyantes voyaient les étals des marchés se faire chasser par les amuseurs publics et les musiciens.

    Nous restâmes longtemps à Anima, le nom qu’ils avaient donné à ce regroupement de villages. Outre les fêtes quasi-quotidiennes, notre amie nous expliqua aussi la pensée des Caducées, dont le but ultime était l’harmonie entre humains et avec la nature. Elle nous emmena souvent dans la forêt pour nous faire découvrir les nouveaux animaux de cette partie du monde. John était particulièrement intéressé par leur philosophie de vie. Petit à petit, grâce à Océane, il atteignit la symbiose parfaite avec son Totem.

    Après plusieurs semaines passées avec les Caducées, une chose était évidente : leur vie était très différente de celle que j’avais eue au bord du lac Victoria. Elle ressemblait beaucoup plus, à vrai dire, à notre vie dans l’Ancien Monde et me plongeait régulièrement dans des méditations nostalgiques. Et pourtant, malgré ces douces réminiscences, mon propre peuple me manquait un peu plus chaque jour.

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