Chapitre 14

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Déjà quelques jours que j’avais cette idée qui s’était imposée à moi. Je devais séduire Marion et cela prenait une grande part de mes pensées. Tantôt me résignant à abandonner ou au contraire plus motivé que jamais. Et surtout, je découvrais une timidité qui m’avait fait défaut depuis longtemps. Toujours sûr de moi avec les femmes que je souhaitais séduire, j’étais devenu incapable de mettre mes stratagèmes à exécution.

Comment pouvais-je l’inviter à boire un verre sans qu’elle ne trouve ma proposition bizarre ? Pouvais-je décemment la complimenter sans dévoiler mon petit jeu. Récupérer un numéro de téléphone ou un Snap aurait été louche. Même lui demander d’aller sur la terrasse du bureau pour boire un café, me tétanisait.

Plus jeune, pour séduire les filles du club d’équitation, j’apprenais toute la théorie des examens, même si je n’en faisais pas. Je connaissais tous les films romantiques et les comédies musicales qui sortaient. Le truc qui marchait aussi très bien était de parler du chien de mes parents ou de mes petits cousins qui étaient encore des bébés. Je m’adaptais à chaque fille, pour trouver la faille. Mais Marion était de ses femmes énigmatiques, qui ne se dévoilent que rarement. Et je n’arrivais pas vraiment à comprendre ce qui la faisait vibrer. Qu’aimait-elle ? Quel était son genre d’homme ?

J’avais pour l’instant l’espoir que notre séminaire serait l’occasion de nous rapprocher. En attendant, je multipliais les occasions de la voir. Pour commencer, je m’étais inscrit à la salle de sport du bureau et avais pris les mêmes créneaux que Marion. Et j’espérais par la suite, aller plus souvent accompagner Ninon à l’école.

Mais, avant tout, je devais régler le problème avec l'institutrice de Ninon. Je n’avais pas reparlé à Agathe depuis la dernière fois et il y avait d’ailleurs, dans ma messagerie, quelques SMS en attente, auquel je me devais de répondre. Non pas que faire le mort, dans ce genre de situation, ne me pose un problème, mais étant la maîtresse de ma nièce, il me fallait agir avec le plus grand discernement.

« Salut Agathe, désolé de ne pas avoir répondu plus tôt, j’ai eu un problème de portable », écrivis-je en mentant éhontément.

« Bonjour Maxime, ce sont des choses qui arrivent. »

« Donc, pour répondre à ta question, oui, je suis dispo pour aller boire un verre. »

« Super, tu es libre ce soir ? »

« Pas avant 19 h »

« 19 h, c’est parfait ! »

Voilà ! Le problème Agathe allait être réglé.

Mes journées étaient bien remplies et j’avais presque oublié mon programme de la soirée. Je n’avais pas vraiment prévu ce que j’allais dire et en me dirigeant vers notre lieu de rendez-vous, je commençais quelque peu à angoisser.

Elle était déjà là, assise sur un banc, à m’attendre, dans une jolie robe blanche.

― Bonjour Agathe.

― Bonjour, dit-elle en se levant pour venir m’embrasser.

J’esquivais en faisant un simple baiser sur la commissure des lèvres pour ne pas dévoiler trop vite mes intentions. Je l’invitais à me suivre et nous installais à la terrasse d’un café.

― Que veux-tu boire, Agathe ?

― Un verre de vin blanc.

― Sec ? Moelleux ?...

― Un Gewurtz sera parfait.

― Eh bien je prendrais la même chose alors.

Un premier blanc s’installa qui fût heureusement coupé par la venue du serveur.

― Tu n’accompagnes plus ta nièce le matin ? demanda Agathe ce qui me permit de rebondir sur sa question.

― Si si, c’est prévu. Mais j’ai eu pas mal de boulot dernièrement. D’ailleurs, en parlant de Ninon, j’ai dit à ma sœur que… tous les deux… Enfin, tu vois ce que je veux dire. Et elle m’a demandé expressément de ne plus te voir.

― Ah, mais on n’est pas obligé de lui dire.

― C’est sûr, mais je crois qu’elle a raison. Ça risque de compliquer les choses. Surtout que je me dois d’être honnête, je ne suis pas vraiment l’homme d’une seule femme. Le couple ce n’est pas mon truc.

La pauvre ne savait plus quoi dire et semblait extrêmement déçue.

― Tu ne m’en veux pas trop ? demandai-je avec le plus de compassion possible.

― Au moins, tu as été honnête et c’est rare de nos jours.

― C’est la moindre des choses, ajoutai-je, sachant parfaitement que c’était certainement une première pour moi.

De nouveau, la chanson de Cabrel raisonnait dans ma tête comme la voix de ma conscience.

― On trinque quand même ? demandai-je après que le serveur nous eut apporté nos verres.

C’était une bonne chose de faites. J’avais été agréablement surpris par l’efficacité d’une certaine honnêteté. Certes, ce n’était pas vraiment par égard pour ma sœur que j’avais mis un terme à cette relation, mais ce n’était pas non plus aberrant. D’ailleurs, si elle n’avait pas été l’institutrice de Ninon, je l’aurais peut-être revue quelques fois. Mais suffisamment peu, pour qu’elle ne s’attache pas.

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