Chapitre 10

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La matinée avait été bien remplie et je n’avais pas vu le temps passer. Je continuais d’éplucher un à un mes mails et prenais petit à petit mes marques.

― Marion ? Comment fait-on pour réserver un hôtel et un trajet en train ?

― On a une plateforme, dit-elle en se levant. Regarde, tu as le lien sur ton bureau.

Elle cliqua sur une icône vert et rouge et immédiatement une page Web s’ouvrit. De nouveau, alors qu’elle me montrait comment remplir le formulaire, je sentis son parfum. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi il me semblait si familier et je cherchais désespérément dans ma mémoire un souvenir ou une personne à y associer.

― Maxime ? Maxime, répéta-t-elle, me sortant ainsi de mes songes.

― Oui pardon, tu disais ?

― Où dois tu aller ?

― Paris, répondis-je alors que j’avais encore l’impression de sortir de mon sommeil. Oui Paris, c’est ça.

― Ok donc là, tu mets le lieu et dans cette autre case, tu mets la raison de ton déplacement et ici le code affaire.

― Oh je n’ai pas de code affaire, c’est pour un séminaire, ajoutais-je.

― Ah, dit-elle d’un air déçu.

― Il y a quelque chose qui ne va pas ? demandai-je.

― Eh bien je pense que tu parles du séminaire où je devais remplacer Philippe.

― Et au vu de ton « Ah » expressif, je pense que tu t’en faisais une joie ?

― Oui. C’est l’occasion d’échanger avec des collègues d’autres services, de se faire voir et aussi d’avoir de nouveaux contacts.

― Je le comprends très bien. Mais pour moi, c’est aussi l’occasion de me faire connaître, étant nouveau sur le poste.

Un tout petit « Je comprends » sortit de sa bouche, alors qu’elle baissait les yeux et repartait s’asseoir en traînant des pieds.

― Écoute, je vais voir s’il est possible que nous y allions tous les deux. Je peux le justifier par ta connaissance du service et de certains interlocuteurs et de mon côté par ma prise de poste récente.

― Tu veux que j’appelle ? dit-elle avec un large sourire et une posture bien plus énergique.

― Non, non, tu es mon adjointe, pas ma secrétaire. Je m’en charge et te le confirme dès que j’ai le retour.

La réponse fut rapide et positive. Je choisis le même hôtel et une place dans le train à côté de Marion. Je crois que j’avais pris la bonne décision. J’avais, c’est indéniable, gagné des points auprès d’elle. Et c’était en plus tout à fait approprié à la situation.

― Tonton, c’est bizarre comme magasin pour faire les courses.

― C’est ce qu’on appelle le marché.

Comme je l’avais dit, dès le samedi suivant, j’emmenais Ninon faire le tour des étales au marché couvert de Neudorf. C’était, semble-t-il, une première pour elle, qui était plus habitué aux supermarchés et au fast-food.

― Alors qu’est-ce que tu veux que tonton achète ? lui demandais-je plein de curiosité.

― Des Nuggets.

― On en a déjà mangé deux fois cette semaine, Ninon. On pourrait changer un peu.

― Oui mais j’aime bien les nuggets.

Mais moi beaucoup moins, pensais-je déçu.

Je prenais conscience que j’avais été un peu arrogant en imaginant que les étales colorés et odorantes donnerais à ma nièce l’envie de goûter des choses différentes.

J’étais en train de réfléchir à un compromis acceptable pour tous les deux quand j’aperçus une silhouette familière. Marion était là dans la file d’attente de la boucherie.

Décidément !

― Tonton ? Tonton insista plusieurs fois Ninon.

― Tu m’achètes des bonbons, dit-elle en tirant sur ma veste.

― Hein, oui, heu non… Que veux-tu, ma chérie ?

― Là regarde, le monsieur à des bonbons.

― Attends, je…

Tournant la tête, je vis un homme s’approcher de ma collègue avec le fils que j’avais rencontré à l’école. Il lui mit une claque sur les fesses, ce qui la fit sursauter. Alors qu’elle se retournait, je la vis rouspéter, alors qu’il semblait très fier de sa bêtise. Je mis quelques secondes à réaliser que cet homme des cavernes était mon demi-frère.

― Tonton, alors, Ninon peut avoir des bonbons ?

― Heu… Oui, dis-je un peu sonné et complètement déstabilisé.

― Et on peut faire des nuggets ?

― Oui oui.

J’avais perdu tout mon aplomb et avais été incapable de résister à la demande. Ou j’étais plutôt dans l’incapacité complète de réfléchir. Je sentais mon cœur tambouriner dans ma poitrine et une sensation de vide dans tous mes membres.

Après quelques secondes ou minutes, où le temps avait semblé se déconnecter de ma réalité, je sentis Ninon qui une nouvelle fois tirait sur mon manteau, mais beaucoup plus fort cette fois-ci.

― Tonton, les bonbons, tu as dit oui.

― Oui, excuse-moi ma chérie, alors que je sentais la vie reprendre son cours.

― Allez juste une belle sucette rose.

― Violette, là regarde, c’est celle-là que je veux.

― Bien violette.

Alors que Ninon ouvrit sa friandise avec gourmandise, je sentis une main tapoter mon épaule. Faisant volte fasse je reconnu Marion et juste derrière, je vis un homme légèrement négligé, les bras chargés de sac et un peu plus grand que moi.

― Bonjour Maxime. Décidément, nous nous croisons souvent.

― Bonjour Marion. Oui effectivement !

― Je suis avec mon époux, Victor. Victor, je te présente mon nouveau chef.

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