Le secret d'Edouard. (bye un loup déjanté).

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Alors que Sofia et Simon profitaient d'un repos bien mérité, un être immatériel s'avance vers leur lieu de résidence. Il était vieux, même pour un fantôme. Il avait perdu la vie dans des circonstances peu naturelles. Et pourquoi ? C'est justement la raison qui le poussait à flotter en direction des deux jeunes gens. Il attendit qu'ils soient à nouveau seuls dans la maison ce matin là, puis les rejoignit prestement. Son temps lui était compté, il le savait, ses lignes de dialogue et d'apparition dans cette histoire arrivaient à leurs termes.

Devant les adolescents encore en pyjama, il tira une tronche d'indignation, comme le ferait n'importe quel papy grincheux avide de critiquer les jeunes. Oui, il était vieux. Et comme tous ceux de son espèce, il était impératif de remplir sa fonction et râler, critiquer et poursuivre les moins de trente ans avec son balai (sinon ce n’est pas un vieux dans le sens officiel et traditionnel). Mais le pire, c'est qu'au lieu d'enquêter pour trouver, ils étaient à nouveau en train de glander. Manquerait plus qu'ils décident de faire des petits à l'heure des grandes révélations.

  • Dites donc les jeunes, vous croyez que c'est le moment de faire des crêpes ?

  • Monsieur Édouard ? s'étonna Simon. Où étiez-vous passé ?

  • J'ai eu du mal à vous retrouver. Vous étiez parti sans moi bande de galopins.

  • Mais pourquoi vous nous cherchiez ? C'est notre enquête à moi et Simon.

  • Justement, ça va bien plus loin que vous ne le croyez. Mais accrochez-vous à vos slips et chargez-vous en café. Vous en aurez bien besoin quand vous saurez la vérité. Car la connaître ne sera pas l'aboutissement de votre quête, mais le véritable début.

  • Vous êtes au courant de ce que contient le trésor ?

  • Oui, et vous n'allez pas aimer ça. C'est une histoire sanglante, d'argent de pouvoir et d'héritage. J'ai essayé seul de résoudre cette affaire, mais j'ai échoué. Il ne me reste plus de temps, et vous êtes mon dernier espoir de reposer en paix.

  • Ça à quelques choses à voir avec les gens qui nous poursuive ?

  • Bien sûr, surtout que vous êtes les gentils, et eux ce sont les méchants. Laissez-moi vous conter les heures sombres de mon passé, et de ma mort.

Ô toi cher lecteur qui consulte cette histoire, prend garde à la vérité qui te sera enfin dévoilée ici. Il y a bien longtemps, à l'époque de la grande menuiserie artisanale, existaient deux maisons spécialisées dans ce domaine. Les Menuisier et les Charpentier. Nous, les Menuisier, faisions le plus parfait des travaux sur bois de toute l'Europe, et les autres savaient en tirer le meilleur dans la construction de toit. Nous étions faits pour faire de grandes choses ensemble. Mais un jour, alors que nous leur faisions confiance, les Charpentier volèrent le secret de notre art et l'utilisèrent contre nous. Devant créateurs en plus d'être les exploitants, ils s'enrichirent tandis qu'ils plongeaient notre famille dans la pauvreté et la disgrâce. Mais nous transmettions notre savoir à l'oral, et quand furent inventé les brevets, la seule preuve écrite de notre talent fut scellée dans un coffre, et les Charpentier en déposèrent un, devenant légalement les propriétaires de notre menuiserie traditionnelle. Et c'est en voulant récupérer ce coffre que je me suis retrouver à batailler avec Eugène, qui m'assassinant dans sa maison et fit disparaître mon corps.

En entendant le spectre, Simon et Sofia en restèrent sans voix. Eux cherchaient un trésor, pas une enquête policière non résolue à laquelle ils n'avaient rien à gagner, à part souffrance et traumatisme. Dans quoi ils s'étaient fourré les deux ? Et puis, pourquoi étaient-ils poursuivis pour ça ? Des types dignes du GIGN ou du FBI qui les filaient pour une technique de menuiserie ? C'était complètement loufoque et débile cette histoire. Le vieux devait sûrement dérailler plus que prévu. Mais pour en avoir le cœur net :

  • Mais et ces gens alors ? Pourquoi nous en veulent-ils ? À cause des vidéos de Simon ? Et pourquoi la légende parle d'un ancien trésor ?

  • C'est encore plus grave que ça. La famille Charpentier existe toujours et sa fortune dépend de ce coffre qui fut perdu grâce à ma mort. Pour retrouver ce secret et le protéger des curieux, ils ont fait main basse sur l'organisation qui vous poursuit et la manipulent. Et la légende n'est qu'une couverture pour cacher la véritable nature du coffre.

  • Mais ça ne nous regarde pas moi et Sofia. Il nous suffit d'arrêter les frais ici, et de céder le coffre. Sans lui, on évitera de retourner patauger dans la fange ou de se faire tirer dessus.

  • Maintenant, ça ne changerait plus rien, car vous en savez déjà trop. Et puis, il est de votre devoir de ne pas laisser ma mort vaine et impunie.

  • Pourquoi nous ? Je ne comprends pas, si on lâche l'affaire ils nous foutront paix. Ils n'ont aucun moyen d'être au courant qu'on détient des informations.

  • Mais ils auront forcément des soupçons, car la famille Menuisier perdure toujours, même si son nom a changé depuis Lucienne Menuisier.

  • Je connais ce nom ! s'exclama Sofia. Je crois que c'était celui de ma grand-mère avant qu'elle ne soit mariée !

  • Oui ma petite. Tu es la dernière des Menuisier. Désormais, mon combat est le tien, c'est ton héritage que contient ce coffre. Je ne peux plus m'impliquer davantage. Je suis...

  • Vieux ? Le coupa Simon. Vous êtes gonflé de nous refiler votre merde. Et ça ne vous dérange pas qu'on risque de crever pour vos histoires passées ? Bon ok, Sofia ça la concerne, mais moi ?

  • Silence gamin ! Je t'ai vue reluquer les énormes pastèques de mon arrière-petite-fille. Si tu veux avoir une chance de les épousailler, te faudra veiller sur elle au prix de ta vie. Moi, il ne me reste plus assez de temps pour ça.

  • Mais alors, tu vas nous abandonner pépé ?

  • J'ai encore une dernière chose à faire. Je vais occuper les types qui vous traquent le plus longtemps possible. À vous de gérer la suite, vous n'avez plus vraiment le choix désormais.

Simon fulminait de rage. Il avait l'impression d'être un simple pion dans cette histoire. Et merde ! Enfoiré de vieux croûton. Il les avaient bien eus lui et Sofia. Mais ça expliquait beaucoup de choses. Par exemple, pourquoi seulement eux deux avaient eu l'aide du fantôme dans cette chasse au trésor. Mais par contre, il ne comprenait pas un point important du scénario. Comment Sofia, si elle était vraiment la descendante d’Édouard Menuisier, pouvait-elle autant ignorer cette partie de son passé ? Après tout, elle avait bien reconnu que le nom de sa grand-mère était le même que celui du vioc. Ou alors, elle savait, et elle se servait de lui depuis le début ? Non, pas elle. C'était sa meilleure amie, ils se connaissaient depuis l'enfance. Aurait-elle vraiment pu lui faire un coup de péripatéticienne ? Il le découvrirait tôt ou tard en la suivant dans sa quête. Dans tous les cas, il était mouillé jusqu'au cou dans cette affaire, et il partagerait le sort de Sofia, pour le meilleur et pour le pire.

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