Xylophages

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  Presque deux années passèrent. Je ne perdis pas mon temps et gagnai le double de ma taille. J’avais à présent une bonne centaine de feuilles, et mes racines couvraient un rayon de plusieurs mètres dans ma surface proche, sans compter le terrain qu’occupait mon ami le champignon.

Rien de bien significatif ne se passa pendant ce temps. Le premier printemps fut très pluvieux et humide, l’été qui s’ensuivit, très chaud, et l’automne et l’hiver suivants furent rudes. Le deuxième printemps se montra moins généreux en pluie, contrairement à l’été où plusieurs gros orages secouèrent la forêt. Un de mes voisins centenaires fut frappé par la foudre, et d’autres perdirent de lourdes branches mortes, qui écrasèrent certains de mes congénères qui poussaient en dessous. Seul au milieu de la clairière, je n’eus rien à déplorer de plus que la perte d’une partie de mes feuilles lors d’une averse de grêle.

L’automne suivant, je constatai une activité anormale d’insectes sur mon tronc et mes branches les plus épaisses. Ces petites créatures volantes percèrent de nombreux trous à ma surface, puis s’en allèrent. Je pensai d’abord qu’elles s’étaient nourries de ma chair et étaient parties pour de plus vastes horizons. Mais je compris par la suite qu’elles avaient pondu leurs œufs dans ces trous. Les larves ne mirent pas longtemps à éclore.

Contrairement aux chenilles qui s’attaquaient aux feuilles, ces larves xylophages dévoraient le bois de mon tronc. Je ne pourrais dire lequel des deux est le plus désagréable. Je sentais ces petites créatures grouiller sous mon écorce, mâchouiller mon bois pour le rendre digérable, et progresser en formant de minuscules tunnels tout le long de mon tronc et de mes branches. Je n’avais aucun moyen de m’en débarrasser. Je ne parvenais pas à penser à autre chose qu’aux chatouillis que me provoquaient continuellement leurs déplacements.

La chance me sourit à nouveau. Les insectes prédateurs des larves xylophages investirent leurs galeries au bout de plusieurs jours. Il leur fallut bien moins de temps pour décimer la population de mes parasites, avant de partir se repaître dans un arbre voisin. J’étais soulagé.

L’invasion recommença chaque année, toujours plus nombreuse et conséquente mais, mère nature faisant bien les choses, j’eus toujours la chance d’être secouru à temps par les prédateurs des larves qui me tourmentaient.

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