La lune, c’est précieux. C’est elle que l’on observe le soir, adossés à la rambarde du balcon. Qui nous réunit sous un même ciel. C’est elle qui nous regarde, nous aimer en silence.

La balançoire, c’est précieux. C’est elle qui nous aide à nous envoler, fait virevolter nos rêves d’enfants.

Le banc, c’est précieux. C’est lui qui abrite nos grands mots, notre reconstitution du monde, nos confessions à mi-voix. La tête sur l’épaule d’un ami.

La cabane, la tente, un drap tendu pour les moins ambitieux. Car à la douce clarté d’une lampe, c’est notre havre qui se forme. Il protège nos histoires, illustrées aux ombres de nos mains. Nos jeux, de bataille et d’espionnage, d’un calme éphémère quelques fois. Et le goûter préparé par les alliés, les quartiers de pomme et les barres de chocolat.

Le sac, c’est précieux.

On y conserve nos projets nos loisirs, nos envies, nos devoirs. C’est un bloc de feuilles quadrillées et un stylo. L’envie d’écouter notre interlocuteur, en coloriant un carreau sur deux. De noircir l’intégralité, de phrases à moitiés écrites et d’abréviations que plus jamais on ne comprendra. C’est notre vie couchée sur le papier.

Un sac c’est un carnet de croquis, un livre enivrant, un instrument, une passion. Nos rêves cachés au fond de notre être et que lui seul connaîtra.

Une table, des chaises, et c’est tout. Ça nous rassemble, le temps d’un midi, d’un après-midi. C’est là qu’on apprend, qu’on se distrait, qu’on griffonne deux mots au crayon. On s’y rencontre de toutes les façons.

Même quelques marches d’escaliers, ça suffit. Les plats en équilibre sur les genoux, les affaires éparpillées autour comme une barricade.

Et notre seule présence, ensemble, nous anime, nous, comme le monde. Sans n’avoir rien besoin de plus.

Les autres, c’est précieux.