6. Salivation

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Elle est là. Juste là, derrière la grande baie vitrée de mon esprit. Jamais elle n’a été si proche.

La réussite. Être le meilleur. Enfin.

Et peu importe tous ces hommes, leurs ambitions, leurs envies. Surtout si elles sont si pareilles aux miennes. Dans ce monde, c’est chacun sa merde.

- Ne penseras-tu donc jamais aux autres ?

Les autres.

Je suis ce point dans l’univers, entouré de milliards d’autres. Petit, insignifiant. Je suis le seul à pouvoir faire en sorte que ça change.

Aider les gens autour de moi à atteindre mon niveau, pour qu’ensuite ils me dépassent ? Rien que cette idée fait monter dans mes tripes cette angoisse, profondément enfuie.

Un point, minuscule dans l’univers. Insignifiant, insignifiant. Négligeable. Oubliable.

Prêt à être perdu, partout sauf dans la mémoire des autres. La mémoire, il n’y a pas de place pour moi là-bas. Pas encore. Et ça ne dépend que de moi pour que tout cela change.

Les autres. Ils ne m’aideront jamais à l’atteindre. Alors pourquoi donc les aiderais-je ?

Depuis toutes ces années, chaque jour et sans jamais pouvoir faiblir, je me suis battu.

Car si ne serait-ce qu’une seconde je ne suis plus à la hauteur, c’est tous les espoirs qui s’effondrent. Et sans plus aucun retour en arrière possible. Car le monde n’en a rien à faire que j’aie envie de pleurer quand c’est trop dur, hurler quand j’en peux plus, me reposer quand je suis à bout.

Mon âme a pleuré quand mes yeux sont restés secs. Mon esprit a crié quand ma bouche est restée close. Jamais mon corps ne s’est reposé.

Je cours après mes espoirs et mes rêves, depuis tout ce temps. Mes poumons s’arrachent un peu plus à chaque instant. Mes genoux saignent de mes chutes. Et je cours, toujours, encore.

Je sais si bien que j’arrive aux bouts de mes ressources. Mon cœur bat si vite et si fort. Mais je ne l’accepterais jamais.

Jamais je ne pourrais m’arrêter. Et si c’est un jour mon corps qui m’y force, toutes ces émotions enfouies en moi me feront exploser.

Et s’il ne me reste que mes rêves brisés, je m’en abreuverais jusqu’à la noyade. Si l’échec me fait signe, pour m’emporter, je le laisserais m’engloutir. A jamais.

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