5. Poulet

2 minutes de lecture

Il s’appelait Frosties. Appellation maladroite d’un enfant, nommant tout par ce qu’il apprécie. Et oh que oui, il était aimé.

Frosties, c’était deux pattes, deux petites ailes, un bec, des plumes, beaucoup de plumes.

Que son nom se rapporte à une marque de céréales n’a jamais semblé l’avoir dérangé. Mais personne n’a jamais été sûr qu’il ait compris qu’il s’appelait de cette façon. Et puis après tout, qu’est-ce qu’ils y connaissent en céréales les poulets ?

C’était ce petit chiot qu’on lui avait promis, mort-né. C’était ce poussin auquel l’enfant s’était attaché.

Les premiers temps la petite boule jaune le suivait partout, sur ses frêles pattes rouge-orangé. Elle semblait avoir pris l’enfant pour maman. Des années plus tard, l’habitude ne l’avait pas quitté. Seules ses plumes étaient devenues blanches.

Le panier en osier, décoré d’un coussin, avait bien vieilli sous les coups de bec. A travers les saisons et sous l’occasionnel plumeau, il était toujours là. Dans le coin du salon, à quelques pas de la télévision. Frosties aimait toujours s’y réfugier, quand le petit garçon faisait ses devoirs sur la grande table, lisait deux carrés de BD sur le canapé. Quand il était dans son panier, on n’osait pas allumer la télé, pour ne pas l’effrayer. Chacun préférait se passer des images du petit écran.

Et quand l’animal jugeait qu’il avait laissé sa maman tranquille assez longtemps, il s’aventurait plus loin. Il se dandinait jusqu’à ses pieds, penchait la tête comme l’aurait fait un chiot, pour réclamer de l’attention. A tous les coups il se retrouvait blotti contre l’enfant, quémandant quelques caresses qu’on lui donnait toujours avec joie.

Le garçon avait toujours les poches remplies de petites graines, qui jamais ne cessaient de désespérer la machine à laver. Mais ce n’était que pour rendre Frosties encore plus heureux.

Et tous les soirs, quand l’heure du coucher était arrivée, c’était au pied du lit qu’il se réfugiait. Et il ne dormait jamais vraiment, veillant sur sa maman, comme elle l’avait si bien fait quand lui-même était enfant.

Frosties, c’était un poulet.

Frosties c’est un compagnon de route de l’enfance.

Une petite solitude comblée par un cœur qui bat, la chaleur d’un être vivant.

Frosties c’est une amitié sans faille, une sécurité, un réconfort, une lumière dans l’obscurité.

Qui accompagne un enfant.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Valeria ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0