1. Toxique

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La candeur de l'enfance ne l’avait pas quittée. Les traits de poupon, comme ses joues rebondies, s’épanouissaient sur son visage.

Elle avait l’air fragile, pas très assurée sur ses jambes. Elle avait l’air adorable, par l'éclat dans ses yeux, le sourire tout en fossettes et le brin de vie qui émanait d’elle.

On l’aurait crue perdue dans une insouciance, un peu en décalage avec ses années de vie.

Elle avait cette perte de patience presque immédiate. Cette envie de sautiller au plein milieu de la rue. De rire à tout et à rien. De vivre toutes les expériences que le monde pouvait lui offrir.

Mais tout au fond…

Croissance incontrôlée. Un prénom de fleur. Et deux trois tenues dépareillées, aux couleurs que peu assorties.

***

- Violetta, mes trombones ! Comment je vais faire tenir les pages de mon cours d’histoire ensemble si tu les démontes tous ?

La jeune fille leva les yeux, marqua une pause. Son front se plissa par la réflexion. Elle semblait chercher une vraie réponse à une question aux gros penchants rhétoriques.

- Bah des agrafes ?

Elle haussa légèrement les épaules, et recommença consciencieusement à rendre inutilisable les trombones de son amie. Comme si ça n’avait pas d’importance. Comme si les agrafes étaient d’une évidence incontestable.

- Ouais je vais utiliser des agrafes, ça sera mieux.

Une rangée de petites barres métalliques s’étalait sur la table entre elles. Un peu tordues, sans plus aucune utilité.

***

Des rires s’élevant de derrière un mur, tirant sur quelques octaves indécentes aux oreilles.

- Je pensais pas que tu allais le faire ! C’était dément ! Tu as vu leurs têtes ? Ma-gique. Tu es la meilleure, Violetta.

- Allez, à ton tour ma belle. Cap de rendre feuille blanche au prochain contrôle ?

- Mais…

- Tu n’oses pas ? demanda-elle d’une petite voix, comme déçue.

Sa bouche se crispa en une moue boudeuse. L'éclat dans ses yeux délivra son pouvoir de persuasion.

Le regard étonné du professeur se posa sur les lignes vides. L’inquiétude prit le pas quand il suivit des yeux cette queue de cheval s’éloignant dans le couloir. Et sans qu’il ne le sache, un cœur emplit de fierté battait juste là.

***

- Comme ça on sera pareilles. On sera sœurs pour toute la vie.

- C’est vrai ?

- C’est sûr. La grande route, ça nous liera. Pour toujours. Ce sera notre signe à nous.

Un clin d’œil complice, les rollers aux pieds.

- Allez, c’est ton tour, Cheryl. Tu verras, t’as l’impression de t’envoler. J’ai toujours voulu voler…

D’un élan sans hésitation. La pente sous les pieds. Une vitesse en excès et un pare-brise.

Recherche de reconnaissance. Et des tubes traversant son corps, faisant vivre ce qui n’avait plus la force de le rester.

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