XXV

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-Je, je sais toujours pas quoi faire.
-Pourquoi ? Qu’est ce qui te bloques ?
-Je sais pas. D’un côté, ça me rappelle tout le temps ce qui s’est passé mais de l’autre, c’est une victime comme moi. Je sais pas.
-Mais tu sais qu’il va falloir faire un choix, tu as encore un peu de temps mais il va falloir prendre une décision.
-Je le sais, je le sais.

-C’est une décision importante il ne faut pas la bâcler.

-Peut-être. Nous avons discutées longuement à ce sujet.

-Autres choses ?
-Oui, j’ai repris les cours au lycée.
-Oh ! Mais c’est, c’est tôt !

-Je ne me sentais pas de rester chez moi et puis..

-Oui ?
-Je trouvais ça injuste que je doive partir du lycée alors que je n’y suis pour rien.

-C’est vrai, tu as complètement raison. Ca s’est bien passé ?

-J’ai eu droit à beaucoup de soutient de la part des profs et des élèves mais..

-Oui ?
-Y a eu quand même quelque cons, désolé pour le mots mais je ne peux que les nommer comme ça.

-Du genre ?

-Vous ne voudriez pas savoir.

-Et tu as fait quoi ?

-Rien, j’ai juste tracé ma route.
-Personne n’est venue te soutenir le premier jours ?

-Non, j’ai tenu le coup. J’ai laissé un blanc, j’avais envie de parler du groupe de Ninon mais je n’osais pas. Je le pensais tellement fort, la psy’ continua.
-Y’a quelque chose d’autres?

-En fait, oui. Y a eu un groupe de fille qui m’a invité à manger avec elles. Ca s’est mal finit, je le savais et ça m’a énervé.

-Pourquoi, elles ont dit quelque chose qu’il fallait pas ?

-Elles m’ont posés des questions sur ce qui s’est passé alors que j’en avais pas envi. J’ai eu l’impression d’être interrogée.
-Ca ne t’as pas plu ?

-J’avais pas dut tout envi d’en parler.

-Tu as fait quoi ?
-Je leurs ai demandé d’arrêter.

-Elles l’on fait ?
-Oui mais après elles ont parlés des profs et de celui qui m’a fait, ce qu’il s’est passé. Elles se posaient pleins de questions sur son absence. Limite, elles le plaignaient. J’ai pas supporté, je suis partis.
-Tu pensais que c’était la meilleur solution ?
-Je pouvais pas rester là, à les entendre parler de lui. Je pouvais pas.
-Tu étais en colère donc.

-Ouai mais. J’hésitais encore un peu, la psy’ me poussa du regard à ne pas hésiter. Le Vincent de la dernière fois est venus me voir et on a passé un bon moment.

-Il a l’air gentil ce garçon !

-Oui, il est sympa. Il est un peu comme moi.

-C’est-à-dire ?
-Lui aussi était seul, à l’écart de la classe, un loup solitaire comme moi quoi !

-Je vois, vous avez des points commun. On a encore détaillé sur ce point. On a aussi parlé de mon envie de savoir ce qui s’est passé le jour où j’ai failli quitter les vivants. Finalement, la séance s’est vite écoulée.

-Bon, et bien c’est très bien Adèle. C’est tout pour aujourd’hui et tu as déjà bien avancée. On se voit la semaine prochaine ?
-Oui, à la semaine prochaine. Dis-je en repartant du cabinet. Une heure et demi s’était écoulée. Je ne sais toujours pas si ça me fait du bien ou pas. Je suis toujours dans le flou, peut-être un peu moins mais on est loin d’avoir trouver une solution. Je rentre chez moi avec le bus. Je sens toujours quelques regards sur moi, ça me gêne un peu mais bon. Je mets mes écouteurs dans ces cas là. Ca me plonge dans un autre mood. Souvent, c’est Seven Nation Army que j’écoute en . J’adore les chansons des années 70’, 80, 90’. Je trouve les musiques plus travaillées, plus magistrales. Aujourd’hui, on a quoi comme chanteurs français magistrales ? Jul ? Celui qui répète h24 ‘’Wesh alors’’ ? C’est chaud quand même ! Nan, je préfère me terrer dans mes vielles chansons au risque de faire sourire quelques uns. Bref, cela dit, c’est mon arrêt. Je rentre chez moi tranquille et me met au boulot. Je ne suis plus en vacances et puis ça me fait un peu oublier ce qui se passe en ce moment. Je bosse dur pour avoir mon bac, il le faut sinon je suis foutue. Je redouble d’efforts, je le dois. Je commence tout juste à ficher pour l’oral, ça va aller je pense. Ca me met un coup de stress en plus mais bon, je pense que ce n’est pas insurmontable. Dans mes révisions, je le sens bouger, gigoter. Comme pour me ramener sans cesse à la réalité, à ce qu’il s’est passé. Des images reviennent, je pose mon stylo. Mon souffle se coupe, je commence à trembler. Je pensais qu’une fois qu’il serait mis en cage, tout ça s’arrêterait. Je me suis trompée. Les images défilent, tout cette acharnement, cette violence. Pourquoi ? Les tremblements reviennent en foulées, mon souffle se coupe. J’essaye d’éviter la crise d’angoisse qui se profile du mieux que je peux. C’est plus fort que moi. Je n’y arrive pas. J’essaye tout ce que je peux pour l’éviter mais ça me rattrape. Je me lève et pars dans ma salle de bain pour me passer de l’eau sur le visage. C’est peut-être la meilleure chose à faire. Il bouge toujours, je me barbouille d’eau fraiche. Ca se calme. Je me regarde dans la glace. Je suis toute rouge mais mon pou se calme. Je regarde mon entaille au bras, j’essaye d’enlever le pansement mais il colle à la peau, comme mes problèmes… Une fois enlever je regarde la plaie. Elle fait mauvaise mine, c’est moche. D’un coup j’ouvre mon placard et sors la bouteille d’alcool pour désinfecter. Une fois ouverte, je la renverse doucement sur la plaie. Ca pique et en même temps, ça fait du bien. Je ne bronche pas. Ce n’est qu’une douleur physique, il n’est pas là le problème. Une fois bien désinfecter, je change de pansement et repart travailler, la crise est passée. Ce que j’ai fait avec ma cicatrice, j’essaye de le faire tous les jours depuis que cette fille là, Nina, me la rouverte. Bref, je me remet au travail, j’essaye de me concentrer mais il bouge toujours. Ca en devient énervant. Je n’y arrive pas, ça m’énerve encore plus. J’abandonne et me replonge dans mon lit. Ce que je fais lorsque j’ai mes coups de mous, je m’emmitoufle dans ma couette et commence à m’endormir. Je suis trop fatiguée et un peu déprimée. Y’ a des épisodes comme ça où je me sens à peu près ‘’bien’’ et à d’autres moments, c’est va pas top comme là par exemple.

C’est mon père qui me réveille quelques heures après.

-Adèle chérie ? Ca va ?

-Papa ? marmonnais-je en sortant de mon semblant de sieste.

-Il est 21 heures. Je pensais pas que tu dormais.

-Nan, nan c’est bien que tu m’es réveillée. Lui dis-je.

-Ca va ? Me demanda-t-il en regardant mon bureau où toutes mes affaires pour faire ces punaises de fiches étaient éparpillées.

-Ouai, bof, j’étais un peu fatiguée…

-Je penses toujours que c’était pas la meilleure des solutions de revenir au lycée. Tu ne te fais pas embêtée ?

-Un peu mais ça va, ils se sont calmés.
-Tu leurs a dit pour, … ? Demanda-t-il, en désignant du regard mon ventre encore caché sous ma couette.

-Non, c’est mieux comme ça.
-Ca va ? C’est pas trop dur ?

-T’inquiètes papa, y’a rien. Je sais que ma décision de réintégrer le lycée l’embête beaucoup. Il est trop inquiet pour moi. Je me redresse, l’enfant s’est remis à bouger. Instinctivement ma main se pose sur le côté de mon ventre, là où il, ou elle, a tapé.

-Il bouge n'est-ce pas ? Demande mon père

-Oui… Dis-je, avec une voix dénué d’émotion. Mon père regarde mon ventre. Cette scène parait surréaliste, jamais je n’aurais penser ça un jour. Une légère bosse se forme puis disparait. C’est un sentiment si bizarre. Mon père me prend la main.

-Tu, tu veux qu’on en parle ? Demanda-t-il. Ecoute, je sais que je ne suis pas souvent à la maison à cause du restaurant mais je serais toujours là. Si tu veux parler, je suis là.
-C’est rien papa, t’inquiètes pas. C’est juste que des fois ça va et des fois ça va pas. Un petit cou de mou par là, c’est tout… C’est difficile en ce moment, je suis un peu perdue…
-Je comprends, c’est très dur ce qui se passe cette année. C’est injuste.

-Papa, j’arrive pas à oublier. Ca me prend la tête j’arrive plus à bosser… des fois ça me prend, j’y arrive pas.

-Je sais chérie, je sais. Ca va être long, il faut juste attendre que ça passe.

-J’y arrive pas papa, ça fait sept mois maintenant, j’y arrive pas. Et puis y a lui aussi, ca me rappelle tout le temps ce, ce qui s’est passé. Dis-je en parlant de ce qu’il y a dans mon ventre. Je commençais à pleurer, je ne sais pas trop pourquoi en fait. Il n’y avait pas de motif.

-Eh oh Adèle, c’est pas grave. Adèle ma chérie ! Mon père me pris dans les bras.

-Désolé, je sais pas ce qui me prend. Je sais pas pourquoi je pleure. Je sais pas… Pleurais-je.

-C’est normale chérie, c’est les hormones. Me dit-il en me caressant les cheveux. Les hormones ? Je ne fis pas trop attention à ce qu’il venait de dire, comme si je refusais ça. Me caresser les cheveux me calme. Mes pleurs cessent. Ca m’a fatiguée. J’ai juste envi de dormir. C’est bon, c’est passé ? Me demande mon père. Je hoche un semblant de oui avec la tête et il me demande de venir manger.

-J’ai pas faim. Dis-je en me blottissant à nouveau dans mon lit. Je repensait à ce qu’avait dit mon père sur les hormones.

-Non Adèle c’est important, tu viens manger.

-S’il-te-plait, j’ai pas faim. Suppliais-je.
-C’est trop important, tu viens manger Adèle ! J’en avais vraiment pas envie d’y aller mais mon père me tirait du lit.

-Ok, ok. J’arrive.

-Merci, allez viens. Me dit-il en me prenant la main pour m’aider à me lever moi et mon gros ventre. En passant devant mon miroir, je me rappelais du problème d’habillage que posait ce même ventre.

-Papa ? Demandais-je. Il se retourna.

-Oui ?

-Mes, mes vêtements sont de plus en plus petits, ça commence à vraiment me serrer.

-Ah, oui. Oui bien sûr. Je vais regarder si ta mère n’a pas laissé des affaires de grossesse au grenier. J’étais très surprise qu’il parle de ma mère aussi soudainement. On en parle pas souvent à la maison. Je ne savais pas qu’elle avait laissée des affaires à la maison.

-Attends, y a des affaires à elles dans le grenier ? Pourquoi tu ne me l’a pas dit ? Demandais-je.

-Tu ne me l’a jamais demandé. Mais on peut y aller ensemble si tu veux. Cette idée de monter là-haut m’emballais pas trop. Je refusais et nous allâmes manger le diner. Mon frère à mis la table, tout était près. Nous mangeâmes tranquillement. Mon frère et mon père parlait de truc de sport, match, football, tennis… je les écoutais parler. C’était une discussion comme avant, je n’en perdais pas une miette. Après avoir débarrassé la table, je retournais dans ma chambre après leurs avoir souhaité bonne nuit. J’étais exténuée. Heureusement, c’était le week-end, il passa si vite. Durant ces deux jours, mon père est allé dégoter des habits de grossesse au grenier. Une des rares choses que ma mère m’ai laissé. Il est redescendu avec un carton entier de fringues ! Tout ce qu’il faut pour se sentir bien. Je me sens plus confortable dans ces habits que jamais. Je suis quand même un peu triste de voir que je grossis un peu plus chaque jours. Je ne peux plus mettre de pantalon normaux, c’est triste.

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