XIII

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 A 16 heures, je commence sérieusement à me préparer. Jean et sweet, vêtements classiques. Je m’arrange les cheveux en queue de cheval, ça faisait longtemps! Depuis que je suis chez moi, je ne fais que des chignons bas, quelques cheveux rebelles ruissellent le long de mon cou. Je crois être prête, du moins physiquement. Mon père monte dans ma chambre, il est 16 h30.

-Tu es prête? On est pas obligé si tu n’es pas prête hein? Me demande-t-il, je sais qu’il veut le meilleur pour moi. Je pense qu’il a peur de cette confrontation.

-Papa, t’inquiètes pas, on y va. Je me lève, prends mes affaires et descends. J’ai peur, je tremble de peur, mais je veux le voir les yeux dans les yeux. J’ai mûrement réfléchi aujourd’hui, je pense que c’est nécessaire pour commencer à me reconstruire. Cette fois, nous prenons le bus. Gérôme l’utilise pour je ne sais pas quoi encore. Du moment qu’il ne fasse pas une connerie, ça me va. Le bus arrive, je vérifie une dernière fois qu’on ne voit pas trop ce rebond et monte dans celui-ci. Je passe mon Navigo, mon père un tiquet. Le bus est bondé. Pas étonné, après 16 heure, plein de monde finissent de travailler. J'essaye de me faire toute petite mais ce gros ventre me fait rappeler que je ne peux plus. Je suis arrivé au niveau des places pour handicapés du bus. Je sens quelque chose me pincer le bras droit. Je me tourne et voit une vieille femme, enfin vielle la petite soixantaine même pas, avec de courts cheveux blancs et plusieurs rides marquant son visage. Je la regarde, elle me regarde et se lève. Puis elle s’approche de mon oreille et me chuchote : “Prends ma place, tu en as plus besoin que moi.” Elle pose son regard sur mon ventre et m'indique, par ce même regard, le siège désormais vide. Je la regarde encore un peu impressionnée mais elle soutient mon regard, comme pour me gronder si je ne fais pas ce qu’elle dit. Je regarde mon père, il remercie la dame. Je m’assois. Je la remercie d'un hochement de tête, un peu comme ce que font les japonais. La dame s’éloigne et le bus reprend sa route. Deux ou trois arrêts plus tard, la dame est sortie du bus, souriante. Comment a-t-elle sût, je n’en saurais jamais rien? J'ai pris garde que cela ne se voit pas… Cette dame occupe mes pensées tout le long de mon trajet. “Druot” dit une voix de femme dans le bus, Druot étant l’arrêt où l’on doit déscendre, mon père et moi sortons du bus. Le commissariat est juste devant nous, il est 16h 50. Mon père me prend la main et me souris.

-Toujours aussi sûre?

-Oui.

Nous entrons dans ce commissariat et allons à l'accueil. Je prends la parole.

-Bonjour, je, suis Adèle Thomas. J’ai, j’ai déposé une plainte il y a quelques jours. Dis-je à l’homme assis à l'accueil. Je viens pour une confrontation.

-OK, c’est le commandant Téssier qui s’occupe de votre dossier? me demande-t-il.

-Oui.

-Allez patientez là-bas. Dit-il en pointant le couloir à notre droite. Le même que la dernière fois. Nous nous y installons mon père et moi et attendons. Après cinq bonne minutes, la porte s’ouvre.

-Mademoiselle Thomas, content de vous revoir! Dit le commandant Téssier.

-Bonjour. Dis-je un peu surprise. Le commandant sert la main de mon père et nous fait entrer dans son bureau.

-Asseyez-vous. Nous demande-t-il en montrant les cinq chaises disposées en deux groupes de trois et de deux devant son bureau. En un instant, je visualise la scène. Ça me fait peur mais mon père est là, tenant toujours ma main. L'une des chaises du trio est occupée. Une dame se lève et nous accueille.

-Bonjour Adèle, maître De la Tour, je suis ton avocate commise d’office. Je m’occupe de ton dossier. Dit-elle souriante, le commandant ferme la porte et vient s’expliquer.

-Oui, donc voilà votre avocate commise d’office. C’est elle qui s’occupera de votre dossier si vous n’en prenez pas un. Désolé mais on a toujours besoin d’un avocat des deux côtés. Mon père serre la main de l’avocate et lui glisse un “merci”. Nous nous asseyons et le commandant s’installe.

-Alors prête pour la confrontation? Me demande-t-il.

-On essaye, on essaye. Dis-je sans grande conviction.

-Je discutais avec Mme De la Tour et il semble que les interrogatoires avec M.Lecerf n’ont rien donné. On compte beaucoup sur cette confrontation.

-Mais ne vous inquiétez pas, je suis une bête pour défendre mon parti. Dit la dame assise à côté de mon père.

-Merci. Lui répondit-il.

-Mademoiselle, vous êtes prête? Me demande le commandant droit dans les yeux.

-Oui.

-Bien, on va le chercher. Dit-il en se dirigeant vers la porte. Il l’ouvre et marmonne un truc incompréhensible à quelqu’un. Pendant ce temps, je demande à mon père si on ne voit pas trop mon ventre. Il ne sait pas quoi répondre, je le vois.

-Vous inquiétez pas. Évitez par contre de hausser le ton et bien sûr pas de coup de poing. J’en ai vu pas mal, ça ne sert pas à grand-chose non plus. Dit l’avocate. Elle est combative, c’est bien.

J’entends des bruits de pas, plusieurs en même temps, il arrive. La porte s’ouvre et je sens cette présence me glacer le sang. Mon père pose sa main sur mon bras, il se retourne et se lève. On pourrait presque entendre ses dents crisser. Il se retient, c’est courageux. Moi je reste bloquée, je n’avais pas prévu ça comme réaction. Bloquée sur ma chaise alors que tout le monde est levé. Le commandant ferme la porte derrière lui et j’entends ses bruits de pas se rapprocher. Sa présence me terrifie, tout me rappelle ce jour. Soudain, je lève la tête que je tenais baissé et le fixe droit dans les yeux.

Il soutient mon regard d’un air défiant. Je le regarde avec tant de haine, j’ai l’impression que mes yeux vont sortir de mes orbites pour aller le frapper bien comme il faut. Le fait que je sois assise m’en empêche, heureusement. C’est lui qui baisse le regard en premier, un premier signe de faiblesse? Son avocat le pousse à s'asseoir. Il est à côté de moi, à peine deux mètres nous séparent. Le sentir près de moi me met tellement en rage. J’ai l'impression de revivre ce qui s’est passé mais je lutte. Il ne faut pas perdre la face, impossible, pas aujourd’hui. Le commandant casse ce silence.

-Donc Mselle Thomas et vous M.Lecerf êtes en confrontation. Vous monsieur êtes en garde à vue pour le supposé viol de mademoiselle ici présente.

-N’importe quoi. Se défend l'intéressé encore dans le mensonge. Je pense qu’il a très bien compris qu’il est fichu. Il résiste encore mais ne va pas tarder à tout recracher je pense. Son avocat lui fait signe de se calmer. Mon père le toise du regard. S’il le pouvait, il le fusillerait sur place.

-Mselle, identifiez-vous la personne qui vous a agressé sexuellement le 25 septembre dernier.

-Oui, dis-je assurée. C’est lui.

-Mais c’est pas possible! Vous allez croire cette gamine? Cracha-t-il. Je le fusillais du regard. Lui qui m'avait tant fait souffrir.

-Calmez-vous, je vais vous demandé à chacun sa version des faits. Allez-y mademoiselle. Après une grande inspiration, j’ai parlé, encore une fois.

-C’était donc le 25 septembre, à la fin des cours, Monsieur, monsieur Lecerf m’a demandé de rester pour parler d’un devoir. J’ai obéi, quand tout le monde est partit il m’a fait tombé et, et m’a violé.

-Le grand n’importe quoi!!! Vous l’entendez?! Criait toujours le coupable.

-Du calme s’il vous plaît.

-Le fait est que vous êtes tombée enceinte à la suite de ce viol. Rappela le commandant. Je hochais la tête, déterminée à le faire tomber. Lui, se décomposa. Sa tête déformé, ses yeux me fixaient au niveau du ventre. Il trouva la preuve de sa culpabilité, dissimulé sous mon sweet. L’avocat se révolta.

-Nous n’avions pas connaissance de cet élément! Qui ne vous dit que mon client est le père de cet enfant?! A ces mots, je me révoltais.

-J’étais vierge et je n’ai jamais eu de petit copain, surtout pas à ce moment là. Ça ne vous suffit pas! Vous voyez pas qu’il a ruiné ma vie putain! Je me suis inconsciemment mise à lui parler. Tu vois ça là, lui dis-je, les larmes aux yeux en lui montrant mes cicatrices sur mon bras pas tout à fait cicatrisées, ça c’est à cause de toi. Tu dois t’en souvenir non, t’étais là non? A mes mots, il ne put répondre. Je me calma un peu et je continua. Au fond, tu le sais que t’es foutu hein? Le truc là qu’y a dans mon ventre c’est pas à cause de toi? Mon père me prit le bras et me demanda de me calmer. Peut-être ai-je un peu crié, c’est tout à fait possible. Mais j’eu le sentiment qu’il avait réellement compris qu’il était foutu. Son avocat tentait de le raisonner mais lui restait muet. Après ces quelques secondes, le commandant reprit les commandes.

-Bon, à vous monsieur.

-Je… Il laissa planer un long silence. Il réfléchit puis se reprit. Oui. Et il se tût. Il ne dit plus rien de toute la confrontation. Même son avocat était consterné. Il pensait sûrement à l’image que celui-ci donnait.

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